Râhu

divinité hindoue
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Râhu est le dieu (deva) de l'éclipse dans l'hindouisme[1]; il est décrit comme l'un des Navagraha (un des éléments célestes) dans l'astronomie védique et est associé à Ketu. Un des autres noms de Râhu est Bhayanaka[2].

Râhu, statue du British Museum

Mythologie modifier

Ce dieu est décapité, comme Ketu (la comète pouvant menacer la Déesse Terre, Bhūmi, seconde épouse de Vishnou), et provoque les éclipses en prenant tantôt la lune, tantôt le soleil dans sa bouche. Ainsi, quand le soleil ou la lune reparaît, c’est ce planétaire Dieu du Temps (comparé, parfois, à Shiva Bhairava, le « Bon Terrible ») qui rend « son dîner », décapité par la retenue yoguique de son souffle.

Origines modifier

Créature mythologique de la tradition bouddhiste et hindoue, Rahu fût à l'origine créé par les rites magiques de deux ermites. Il s'appelait alors Svarbhānu (Splendeur de Radiance en sanskrit[3]).

De Svarbhānu à Râhu modifier

À l'origine, Svarbhānu était doté d'un corps comme tous les asura.

À l'issue du Barattage de la mer de lait, Il déroba le nectar ou liqueur d'immortalité des dieux (l’amrita). La lune et le soleil, qui l'avaient vu faire, le dénoncèrent alors à Indra (ou Vishnou - Phra Naraï en Thaïlande -[4] selon les versions). Avant qu'il n'eut fini de boire la liqueur, sa tête fut tranchée par ce dernier, demeurant seule immortelle. Le corps devient le démon serpent Ketu et la tête le démon Râhu.

Il erre depuis dans l'espace et, pour se venger du Soleil et de la Lune, tente de les dévorer. Mais comme il n'a plus de corps, ceux-ci s'échappent. C'est l'origine de l'éclipse.

Mythologie bouddhique modifier

Râhu est mentionné explicitement dans une paire d'écrits du Samyutta Nikaya, faisant partie du Pali-canon. Dans le Candima Sutta et le Suriya Sutta, Râhu attaque Surya, le dieu du soleil, et Chandra, le dieu de la lune, avant d'être forcé de les relâcher de par leurs récitations d'une courte strophe transmettant leur respect pour le Bouddha[5],[6]. Ce dernier répond en enjoignant Râhu à les relâcher, ce que Râhu fait plutôt qu'avoir sa "tête séparée en sept parties "[6].

Les rimes récitées par les deux déités célestes et le Bouddha ont depuis été incorporées dans la liturgie bouddhique comme des versets protecteurs récités par les moines comme prières de protection[7].

Culte modifier

 
Statue de Phra Rahu en Thaïlande

Un culte particulier lui est rendu en Thaïlande où il est connu sous le nom de Phra Rahu et où il a son temple (Wat Chiangkang Sarapee Chiang Mai), ses statues et amulettes.

Ses fidèles lui font des offrandes de couleur noire.

Astrologie indienne modifier

Dans l'astrologie indienne, Rahu et Ketu, bien qu'étant des points « immatériels », font partie des navagrahas, les « neuf saisisseurs » censés présider aux destinées humaines comme aux cycles de la nature, en compagnie des deux luminaires et des cinq planètes « traditionnelles » :

Le moment de la journée considéré comme étant sous l'influence de Rahu est appelé Rahu kala et est considéré comme étant peu propice.

Note : les astrologues occidentaux ont une nette tendance à traduire hâtivement et abusivement le terme navagrahas par « planètes ».

Annexes modifier

Notes et références modifier

  1. The A to Z of Hinduism par B.M. Sullivan publié par Vision Books, pages 169 et 170, (ISBN 8170945216)
  2. Madan Gopal, India through the ages, Publication Division, Ministry of Information and Broadcasting, Government of India, , p. 77
  3. Stella Kramrisch et Raymond Burnier, The Hindu temple, vol. 2, Motilal Banarsidass Publ., , 325–6 p. (ISBN 978-81-208-0224-7, lire en ligne)
  4. (th + fr) Wanee Pooput et Michèle Conjeaud (préf. Gilles Delouche), Pratique du thaï - Volume 2, L'Asiathèque - maison des langues du monde, , 352 p. (ISBN 978-2-36057-012-6), Leçon 10 - L'histoire de Rahu pages 80 à 87
  5. Candima Sutta
  6. a et b Suriya Sutta
  7. Access to Insight; see the summary in the Devaputta-samyutta section

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