Palais de Poutine

grand palais à l'italienne situé sur la mer Noire, appartenant prétendument au dictateur Vladimir Poutine
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Palais de Poutine
Résidence du cap Idokopas (Резиденция на мысе Идокопас)
Vue du palais en 2010.
Présentation
Type
Palais
Destination initiale
résidence privée
Style
Architecte
Construction
en construction depuis 2005
Commanditaire
Entreprise de fourniture de production de la Direction administrative du président de la fédération de Russie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Nikolaï Chamalov (premier propriétaire officiel)
Alexandre Ponomarenko (deuxième propriétaire officiel)
Arkadi Rotenberg (troisième propriétaire officiel et actuel)
Vladimir Poutine (supposément le véritable propriétaire actuel, depuis le début de la construction)
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Géolocalisation sur la carte : kraï de Krasnodar
(Voir situation sur carte : kraï de Krasnodar)
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)

Le palais de Poutine, en russe Дворец Путина, Dvorets Poutina ou résidence du cap Idokopas, en russe Резиденция на мысе Идокопас, est une résidence luxueuse située au bord de la mer Noire à Guelendjik, dans le kraï de Krasnodar, au sud de la Russie.

Selon plusieurs sources, cette « datcha » située sur le cap Idokopas, entourée d'un large domaine, aurait été construite pour l'usage personnel du président russe Vladimir Poutine, d'où son nom populaire, avec des fonds publics détournés. Les autorités, notamment le porte-parole de Vladimir Poutine, ont cependant démenti à plusieurs reprises ces dix dernières années tout lien entre cette propriété et le président russe[1].

En 2011, l'homme d'affaires Alexandre Ponomarenko, proche de Vladimir Poutine, achète le palais à Nikolaï Chamalov, autre proche de Poutine. Selon l'opposant politique Alexeï Navalny, cette vente serait fictive et destinée à cacher le véritable propriétaire : Vladimir Poutine. À la suite de la diffusion du documentaire Un palais pour Poutine : L'Histoire du plus gros pot-de-vin publié sur YouTube le , résultat d'une enquête menée par la Fondation anti-corruption (FBK) créée par Navalny, le milliardaire et oligarque russe Arkadi Rotenberg, également proche du président russe, déclare être l'actuel propriétaire du domaine[2].

Présentation modifier

Description modifier

Le palais est d'une superficie de 17 691 m2 avec une orangerie de 2 500 m2, deux héliports , une patinoire souterraine permettant de jouer au hockey sur glace, un étang, une piscine, un casino, un théâtre, une centrale électrique, plusieurs bâtiments pour loger le personnel, un port privé et une église.

La superficie totale de la propriété est de 7 000 hectares, « soit 39 fois la taille de Monaco », avec 300 hectares de vignes comprenant une cave pour la vinification[3],[4],[5].

Construction modifier

 
Le palais en construction.

Sa construction a commencé sous la première présidence de Vladimir Poutine[6] en 2005. Ce « complexe de repos », tel qu'il est nommé dans la presse russe, est joint à partir de 2007 avec la création d'une exploitation viticole ; le tout est dénommé « Projet Sud ».

En , Vladimir Poutine a donné la nationalité russe[7] à Lanfranco Cirillo, l'architecte italien qui a confirmé être l'auteur du palais[8].

Galerie-photos du palais modifier

Polémiques modifier

Premières allégations modifier

En , apparaît une lettre en ligne sur Internet rédigée en anglais et en russe dénonçant des faits de corruption. L'auteur s'avère être Sergueï Kolesnikov (en), homme d'affaires en relation avec Vladimir Poutine à l'époque où celui-ci était à Saint-Pétersbourg avant son entrée dans la vie politique. Le projet dénoncé aurait utilisé de manière illégale des ressources de l'État[6].

Selon une enquête de l'agence Reuters, une partie du financement viendrait « d'un fonds censé financer la modernisation des hôpitaux russes »[9]. Cet argent aurait transité par des comptes ouverts en Suisse avant de rejoindre un compte au Liechtenstein[10].

Cette lettre ouverte de de Sergueï Kolesnikov adressée au président Medvedev[11] décrit en détail son implication dans le projet et appelle le président de la fédération de Russie à enquêter et à prendre des mesures contre la corruption en Russie[12],[13]. Des photographies de bonne qualité du palais et de ses vastes terrains sont ensuite publiées par Ruleaks, un site qui publie les traductions en russe des documents diffusés par le site WikiLeaks en [14]. Ces photographies montrent la décoration intérieure somptueuse et apparemment terminée[15]. À la suite de la publication des photographies le site est temporairement bloqué[16]. Plusieurs interviews de Kolesnikov sont diffusées sur la chaîne russe RTVi, notamment en .

Les porte-paroles de Vladimir Poutine et le gouvernement russe ont toujours rejeté les liens supposés de Vladimir Poutine avec la propriété[17] et les allégations concernant des faits de corruption[18],[19]. En , le journal russe indépendant Novaïa Gazeta indique qu'il a examiné des documents qui soutiennent la thèse de Kolesnikov, et impliquent Vladimir Kojine, chef du Département de la gestion des propriétés à la disposition de la présidence de la fédération de Russie. Celui-ci a démenti toute implication[20]. Un porte-parole a refusé de commenter l'article de Novaïa Gazeta[21]. La présence du Service fédéral de protection (FSO) dans la région a été relevée par certains journalistes comme une preuve supplémentaire de l'engagement de l'État dans cette affaire[22].

Démonstration d'une revente modifier

En , il est signalé que le palais a été vendu pour 350 millions de dollars à Alexandre Ponomarenko, homme d'affaires ayant des liens avec Vladimir Poutine. Ponomarenko a fait fortune en administrant le port de la mer Noire de Novorossiisk. Il a acheté le palais à Nikolai Shamalov (en), père de Kirill Chamalov marié à Katerina Tikhonova la fille cadette de Poutine et homme d'affaires au centre des revendications de Kolesnikov, et de ses partenaires[23],[24]. Bien qu'il n'ait pas révélé ses plans pour son utilisation, Ponomarenko a confirmé que la valeur de la propriété serait proche des 350 millions de dollars[25],[26]. Pour Sergueï Kolesnikov, la construction de la résidence, la création du domaine, etc. est de l'ordre d'un milliard de dollars[27].

Enquête et documentaire du FBK et d'Alexeï Navalny modifier

Dans une vidéo publiée sur YouTube le , résultat d'une enquête menée par sa Fondation anti-corruption (FBK), l'opposant Alexeï Navalny dénonce le faste et les financements de cette immense demeure dotée de nombreux équipements (héliport, patinoire, casino, piscine, spa, aquadiscothèque, etc.). Bien qu'elle soit ultra sécurisée et en zone d'exclusion aérienne, un drone est parvenu à la filmer, tandis que des plans détaillés et des photos sont dévoilés[28],[29].

Alexeï Navalny prête notamment au président Poutine un goût « pathologique » pour le luxe et affirme que la vente de Chamalov en 2011 était fictive. Il s'agirait de montages financiers dont le but serait de « créer comme un tampon autour du palais » quant à son véritable propriétaire. Trois jours après sa publication, la vidéo de près de deux heures a été visionnée 101 millions de fois[30]. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a immédiatement rejeté ces accusations, affirmant à l’agence Ria Novosti que « ce n’est pas vrai », tout en disant ne pas avoir encore pris connaissance des détails de l'enquête[31]. Le , Arkadi Rotenberg, dont la fortune est estimée à 2,5 milliards d’euros déclare être l’actuel propriétaire du domaine, qu’il désire convertir en un appart-hôtel comprenant 16 suites pour des clients russes fortunés. Il affirme : « C'est un endroit magnifique. Nous voulons y construire un appart-hôtel, c'est pourquoi il y a tant de pièces »[32].

Notes et références modifier

  1. « Les images du somptueux « palais de Poutine » au bord de la mer Noire, dévoilées par Navalny », nouvelobs.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Ce milliardaire dit être le propriétaire du "palais de Poutine" dénoncé par Navalny », sur Le HuffPost, (consulté le )
  3. « Russie : depuis sa cellule, Navalny dévoile le palais du roi Poutine », Marianne, 20 janvier 2021.
  4. « Corruption de Poutine : Navalny dévoile la cerise sur le château », Libération, 21 janvier 2021.
  5. « Russie : emprisonné, Navalny dénonce le "palais de Poutine" et appelle à manifester », RTL, 21 janvier 2021.
  6. a et b (en) Andrew Osborn, « Vladimir Putin 'has £600 million Italianate palace' », sur The Telegraph, (consulté le ).
  7. (ru) Publication du décret № 569 de 16.08.2014 du président de la fédération de Russie "Sur l'acquisition de la nationalité russe".
  8. (ru) « Создатель дворца Путина дал интервью: опубликовано видео », sur Апостроф (consulté le ).
  9. (en) Stephen Grey, Jason Bush et Roman Anin, Le "palais de Poutine" financé par le contribuable, Les Échos, 21 mai 2014.
  10. L'argent du "palais de Poutine" aurait transité par la Suisse, RTS.ch, 21 mai 2014.
  11. (en) David Ignatius, Sergey Kolesnikov's tale of palatial corruption, Russian, Washington Post, 23 décembre 2010.
  12. (en) Sergey Kolesnikov, « An Open Letter to President Medvedev from Dr. Sergey Kolesnikov », Corruption Free Russia, (consulté le ).
  13. (en) Reuters Investigates Billion-dollar medical project helped fund “Putin’s palace” on the Black Sea, consulté le 16 octobre 2014.
  14. Polémique autour de photos du prétendu palais de Vladimir Poutine, France 24, 25 janvier 2011.
  15. (ru) « ru:Фотографии "дворца Путина" в Прасковеевке на Черном море » [« Photographs of "Putin's Palace" in Praskoveevka on the Black Sea »], RuLeaks − Russian Wikileaks,‎ (consulté le ).
  16. (en) « WikiLeaks Russia website blocked over Putin palace pix », RIA Novosti, (consulté le ).
  17. Un palais pour Poutine ? Controverse autour d'une résidence de luxe, Le Point, 16 février 2011 : « Le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré que le Premier ministre n'avait "rien à voir" avec ce complexe. ».
  18. « Putin's spokesman dismisses report of palace on Black Sea », RIA Novosti, (consulté le ).
  19. (ru) « ru:Управделами президента РФ не строит дворцов ни для Медведева, ни для Путина » [« Business manager of the Russian president did not build palaces for either Medvedev or Putin »], Interfax,‎ (consulté le ).
  20. (en + ru) Roman Anin, « 740 square metre palace », Novaïa Gazeta, (consulté le ).
  21. (ru) « ru:Хреков не комментирует публикации о дворце, строящемся на Черном море » [« Khrekov has no comment on report of the palace under construction on the Black Sea »], RIA Novosti,‎ (consulté le ).
  22. (ru) (ru) « ru:АКТИВИСТЫ ЭКОЛОГИЧЕСКОЙ ВАХТЫ И ЖУРНАЛИСТ ЗАБЛОКИРОВАНЫ СОТРУДНИКАМИ ФСО, ПОГРАНСЛУЖБЫ И МИЛИЦИИ ВОЗЛЕ ПРЕДПОЛАГАЕМОЙ ДАЧИ ПУТИНА НА МЫСЕ ИДОКОПАС » [« Environmental activists and Watch staff reporter detained by FSO, and border policemen nearby imply Putin's dacha at Cape Idokopas »], Environmental Watch on North Caucasus,‎ (consulté le ).
  23. « Le fastueux mariage de la fille de Poutine est-il aussi passé par le Panama ? » Le Monde, 1 avril 2016.
  24. « 'Putin palace' sells for $350 million », The Telegraph, (consulté le ).
  25. « 'Putin's Palace,' $350 Million Mansion Reportedly Owned By Russian Prime Minister, Sold To Tycoon », The Huffington Post, (consulté le ).
  26. Roland Oliphant, « Oligarch Buys 'Putin’s Palace' », The St. Petersburg Times, (consulté le ).
  27. « Un palais pour V. Poutine ? Controverse autour d'une résidence de luxe », Rtbf.be, 16 février 2011.
  28. Veronika Dorman, « Un docu de Navalny raconte Vladimir Poutine, «l'homme le plus riche du monde» », sur Libération.fr, (consulté le ).
  29. Alain Barluet, « Navalny dévoile dans une enquête choc l'incroyable faste du "palais de Poutine" », sur Le Figaro, (consulté le ).
  30. « Entre Vladimir Poutine et l’opposant Alexeï Navalny, un duel sans merci », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. « Navalny publie une enquête anticorruption visant le « palais de Poutine » », lapresse.ca,‎ (lapresse.ca, consulté le ).
  32. (en) « Builders at 'Putin's £1billion palace' confirm the once-opulent home is riddled with mould and in a constant state of disrepair », dailymail.co.uk,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier