Régiment de marche de la Légion étrangère

unité militaire française de la Légion étrangère

Régiment de marche de la Légion étrangère
Image illustrative de l’article Régiment de marche de la Légion étrangère
Insigne régimentaire

Création - Création le 11 novembre 1915 et dissolution le 20 septembre 1920
- Création le 15 décembre 1942 et dissolution le 1er juillet 1945
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Régiment de marche
Rôle Infanterie
Effectif 2 700
Devise "France d'abord"
Inscriptions
sur l’emblème
Camerone 1863
Artois 1915
Champagne 1915
La Somme 1916
Les Monts-Verdun 1917
Picardie-Soissonnais 1918
Vauxaillon 1918
Guerres Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Fourragères 3 fourragères :
- aux couleurs de la Légion d'honneur avec olives des croix de guerres 1914-1918 et
1939-1945
- aux couleurs du ruban de la Médaille militaire
- aux couleurs de la croix de guerre 1914-1918
Décorations - Légion d'honneur
- Médaille militaire
- Croix de guerre 1914-1918
avec 9 palmes
- Croix de guerre 1939-1945
3 palmes
- Croix de guerre de l'ordre Portugais de la Tour et de l'Épée
- Médaille des volontaires Catalans
- Distinguished Service Medal
Commandant historique Paul Frédéric Rollet

Le régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE) est une unité militaire française de la Légion étrangère ayant existé entre 1915 et 1945.

Il est créé le par fusion du 2e de marche du 1er étranger et du 2e de marche du 2e étranger (71 officiers et 3 315 sous-officiers, caporaux et légionnaires).

Il est par ailleurs, le premier régiment de l'armée française à recevoir la fourragère aux couleurs de la médaille militaire.

Création et différentes dénominations modifier

Historique des garnisons, campagnes et batailles modifier

Première Guerre mondiale modifier

Au cours de la Première Guerre mondiale, le RMLE combat au sein de la Division marocaine aux côtés des 4e et 7e RTA ainsi que du 8e RMZ.

1914 modifier

- La genèse du régiment

Le RMLE est l’héritier des quatre régiments de marche constitués au début de la guerre. Devant l’afflux de volontaires étrangers, le 1er régiment étranger de Sidi Bel-Abbès et le 2e régiment étranger de Saida, cantonnés en Algérie, mettent sur pied quatre demi-bataillons destinés à constituer l’ossature des futurs régiments :

Les engagés proviennent de toute la France où différents dépôts ont été créés (Toulouse, Montélimar, Paris, Nîmes, Lyon, Avignon, Bayonne et Orléans) et regroupent 51 nationalités différentes. Environ 32 000 étrangers sont enrôlés dans les régiments de marche de la Légion étrangère entre et , le plus fort contingent est italien et permet de constituer un régiment entier (4e de marche du 1er étranger), néanmoins d’autres nationalités: russe, suisse, belge, polonaise[a], tchèque, espagnole, allemande, turque, luxembourgeoise et anglaise sont également très représentées.

1915 modifier

Ces quatre régiments sont présents sur le front de fin 1914 à fin 1915 et s'illustrent notamment en Argonne (), dans la Somme et à Craonne (hiver 1914-1915), en Artois () et enfin en Champagne ().

Le , les deux régiments rescapés, le 2e de marche du 1er étranger et le 2e de marche du 2e étranger fusionnent et deviennent le régiment de marche de la légion étrangère.

 
Officiers du régiment étranger, au centre avec sa badine Peppino Garibaldi, janvier 1915.

1916 modifier

- Somme
Le RMLE, constitué alors de 3 bataillons à 4 compagnies, participe à la bataille de la Somme.

  • Chef de corps Lt. colonel Cot
    • 1er bataillon : Commandant Ruelland (tué le )
    • 2e bataillon : Commandant Waddell
    • 3e bataillon : Commandant Mouchet (tué le )

Le lors de la prise de Belloy-en-Santerre, le 3e bataillon est anéanti et perd son commandant. C'est au cours de ce combat qu'est tué le poète américain Alan Seeger, engagé à la Légion étrangère pour la durée de la guerre et auteur du poème “I Have A Rendezvous With Death” Le le 1er bataillon attaque le boyau de Chancelier et perd à son tour son chef. Mi-juillet, le régiment, qui ne compte plus que 3 compagnies par bataillon, est retiré du front pour se reconstituer. Du 4 au , il a perdu 1 368 hommes sur 3 000 (officiers : 14 tués et 22 blessés, légionnaires : 431 tués ou disparus et 901 blessés).

1917 modifier

 
Drapeau du RMLE en 1917 tenu par le lieutenant colonel Rollet. A gauche l'adjudant-chef Max Mader (1880-1947), « héros légendaire » du RMLE.

- Aubérive

  • Chef de corps Lt. colonel Duriez (tué le )
    • 1er bataillon : Commandant Husson de Sampigny
    • 2e bataillon : Commandant Waddell
    • 3e bataillon : Commandant Deville puis capitaine Lannurien

La bataille des monts de Champagne qui se déroule du 17 au se traduit par la mise hors de combat de la moitié des 1500 légionnaires du RMLE et par la perte du chef de corps qui sera remplacé par le commandant Deville.

- Verdun

  • Chef de corps Lt. colonel Rollet
    • 1er bataillon : Commandant Husson de Sampigny
    • 2e bataillon : Commandant Waddell
    • 3e bataillon : Commandant Deville

Le le régiment est chargé de contre-attaquer afin de soulager la ville. En face de lui 4 régiments ennemis sont retranchés. Le 21 tous les objectifs sont atteints, le RMLE a perforé le front sur 3,5 kilomètres de profondeur. C'est lors de ce fait d'armes qu'il gagne sa 6e citation à l'ordre de l'armée et obtient peu après la Légion d'honneur pour son drapeau.

1918 modifier

 
La garde du drapeau du RMLE à Nancy fin novembre 1918.

- Le bois de Hangard

La 131e Division d’Infanterie marche contre le village de Hangard et la cote 99. Même si l’offensive allemande n’est pas une surprise, il y a tout de même urgence à la contenir au mieux. La Division Marocaine se lance dans la bataille sans avoir eu la possibilité de préparer sa contre-attaque. Le Régiment de Marche de la Légion Étrangère est engagé à l’aile droite de la division. Son objectif est le bois de Hangard. La riposte allemande est infernale, Dans le bois, c’est l’enfer, le feu ennemi ne ralentit pas une seconde. Les survivants du 1er Bataillon poursuivent leur progression en tête, suivis de près par ceux de la 11e Compagnie du 3e Bataillon. Les légionnaires, privés de chefs, sont un peu désemparés. C’est le légionnaire Kemmler, volontaire luxembourgeois, infirmier de la section de mitrailleuses, qui prend le relais. Bien que blessé, il prend le commandement des légionnaires survivants. Malgré le feu de l’ennemi, il se dresse et maintient les hommes en place. Les légionnaires trouvent un nouveau héros et font face vaillamment jusqu’à l’arrivée d’un adjudant. L’assaut du Régiment est sauvé. Les nuits et les jours qui se succèdent jusqu’au , sont occupés à aménager les positions tenues et à repousser toutes les contre-attaques. La prise du bois de Hangard le voit l'anéantissement des 1er et 2e bataillons; les pertes du régiment sont de 822 hommes dont 13 officiers.

Mai - - La Montagne de Paris
Le , la division marocaine et le RMLE sont acheminés par camion à l'ouest de Soissons qui vient de tomber aux mains de l'ennemi. Il s'agit de bloquer son avance vers Villers-Cotterêts en prenant position sur la "Montagne de Paris". L'attaque se déclenche au petit matin après un bref mais violent barrage d'artillerie. Nettement supérieur en nombre, l'ennemi réussit à prendre pied dans les positions de la Légion. Obligés d'économiser leurs munitions, les légionnaires perdent 47 tués, 219 blessés et 70 disparus en deux jours de combat. Ces pertes viennent s'ajouter à celles du mois précédent qui n'ont pas été compensées (1.250 hommes). Néanmoins, le RMLE réussit à maintenir ses positions et à bloquer l'avance allemande dans son secteur. Jusqu'au , sur un front de 5 km, le régiment marche de la Légion Étrangère, composé entre autres de volontaires arméniens, les 3e et 10e BCP tiennent seuls pendant six jours et six nuits, sans rempart, sans artillerie lourde, sans aviation, avec une artillerie de campagne très insuffisante, sous la pression d'une armée formidable, repoussant les attaques successives des assaillants.

Le , le régiment est à nouveau sollicité dans la région de Saint-Bandry - Ambleny.

- Seconde bataille de la Marne
Le RMLE participe dès le à la grande contre-offensive de Foch dans la région de Villers-Cotterêts. Le 1er bataillon perd son chef le commandant Husson de Sampigny.

- Ligne Hindenburg
En , le régiment, qui a récupéré ses blessés et complété ses effectifs avec des renforts du dépôt de Lyon et des cadres en provenance du Maroc, compte (48 officiers et (2 540 légionnaires :

  • Chef de corps Lt. colonel Rollet
    • 1er bataillon : Capitaine Jacquesson
    • 2e bataillon : Capitaine Lannurien puis capitaine Sanchez-Carrero
    • 3e bataillon : Commandant Marseille

Le , le régiment donne l'assaut à la ligne de défense de Hindenburg à la hauteur de Terny-Sorny. En deux semaines de combat, le RMLE perd la moitié de ses effectifs 275 tués dont 10 officiers et 1 118 blessés dont 15 officiers. Il déplore en outre la perte d'un chef de bataillon, le capitaine Lannurien. Néanmoins, le , le RMLE repart à l'attaque et enfonce le front au niveau du village de l'Allemant.

Entre-deux-guerres modifier

Le régiment stationne peu de temps en Allemagne. Il est rapidement envoyé au Maroc afin d'accélérer la pacification. Le , le RMLE devient 3e régiment étranger.

Seconde Guerre mondiale modifier

- 3e REIM

À la suite du débarquement des Américains a en Algérie et au Maroc (opération Torch du ), l'ordre est donné à la Légion Etrangère de constituer des unités pour combattre l'armée allemande en Tunisie. Après l'éphémère existence d'une demi-brigade de marche de la Légion étrangère et d'infanterie coloniale (5/12/1942) le général Giraud crée le le 3e REIM (3e régiment étranger d'infanterie de marche) à partir du I/3e REI, du III/3e REI et d'un bataillon mixte dont les effectifs proviennent du 3e et du 2e REI. Chaque bataillon compte alors 4 compagnies.

  • Chef de corps colonel Lambert
    • I/3e REIM : Commandant Laparra
    • II/3e REIM : Commandant Boissier
    • III/3e REIM : Commandant Langlet

En le 3e REIM est engagé en entier pour résister à l'offensive allemande qui vise à dégager le couloir de communication entre les armées de von Arnim de Tunis et celles de Rommel repoussées depuis El Alamein. Le 18, lors des combats du réservoir de l'Oued Kebir, le II/3e REIM est anéanti et son commandant, blessé, est fait prisonnier. Le lendemain c'est au tour du I/3e REIM de disparaître. Lors de ces combats, où le régiment aura le triste privilège de rencontrer les premiers chars Tigre allemands, les pertes sont de 35 officiers et 1 634 légionnaires perdus.

Le régiment ne compte plus que 2 bataillons à 2 compagnies chacun. Retiré du front le il est renforcé le par un détachement en provenance du Maroc.

  • Chef de corps colonel Lambert
    • I/3e REIM : Commandant Laparra
    • II/3e REIM : Commandant Gombeaud

Le , le régiment est affecté à la division marocaine de marche commandée par le général Mathemet. Le , il reçoit la capitulation de (19 000 prisonniers.

Renaissance du RMLE

Le , le 3e REIM, qui entre-temps a été entièrement équipé à l'américaine, redevient le RMLE. Il devient le régiment porté de la 5e DB.

  • Chef de corps colonel Gentis
    • I/RMLE : Commandant Daigny (affecté au CC5)
    • II/RMLE : Commandant Charton (affecté au CC4)
    • III/RMLE : Commandant Gombeaud (affecté au CC6)

Belfort -

Les 14 et , les 3 bataillons débarquent près de Saint-Raphaël sur la plage de Dramont.

Du au , les bataillons du RMLE participent avec les différents Combat Command de la 5e DB aux opérations de la Trouée de Belfort. La 3e compagnie du I/RMLE est décimée à Montreux-Château tandis que des éléments de la 7e compagnie (I/RMLE) s'illustrent près de Delle où elle neutralise une compagnie allemande.

Poche de Colmar -

  • Chef de corps colonel Gaultier (en intérim du colonel Tritschler)
    • I/RMLE : Commandant Daigny (affecté au CC5)
    • II/RMLE : Commandant de Chambost (affecté au CC4)
    • III/RMLE : Commandant Boulanger (affecté au CC6)

Le régiment est engagé avec la 5e DB à partir du dans la contre attaque décidée par de Lattre pour soulager Strasbourg. Le CC6 est engagé avec le 1er RCP à Jebsheim (N-E de Colmar) du 25 au . Le CC5 conquiert Urschenheim le tandis que le CC4 libère Colmar le 2.

Allemagne - Autriche - mars à
Le le colonel Olié remplace le colonel Tritschler décédé au Val-de-Grâce. Le , le CC6 (III/RMLE) es engagé avec la 3e DIA pour la conquête de la Ligne Annemarie puis dans la percée de la ligne Siegfried le 20.

Le , le régiment pénètre dans la Forêt-Noire et conquiert Stuttgart le 21. Continuant sa descente vers le sud il finit par atteindre le Danube puis le Lac de Constance. Il pénètre enfin en Autriche en à la veille de la capitulation allemande.

Traditions modifier

Devise modifier

Le RMLE emprunte sa devise à la 5e division blindée à laquelle il est rattaché en 1943 : France d'abord

Insigne modifier

Drapeau modifier

À sa création, le , le RMLE récupère le drapeau du 2e de Marche du 1er étranger.

  • Sur l'avers :
    • République Française
    • Régiment de marche de la Légion étrangère
  • Sur le revers :
    • Valeur et Discipline (comme tous les régiments de la Légion)
      (sur le drapeau du 3e REI, cette devise est remplacée depuis 1921 par Honneur et Fidélité)

Lors de la seconde guerre mondiale, le nouveau RMLE reçoit le drapeau du 3e étranger.

Depuis se sont rajoutées les inscriptions :

  • Indochine 1946 1954
  • AFN 1952 1962

Chant modifier

Anne Marie (du 3e Etranger à ne pas confondre avec Anne Marie du 2e REI)

Décorations modifier

 

 

Le RMLE a été le premier de tous les régiments de France à recevoir la fourragère jaune et verte aux couleurs du ruban de la Médaille militaire. En 1918, le RMLE reçoit la double fourragère et depuis 1951, il porte la triple fourragère.

Liste des chefs de corps modifier

De 1914 à 1915 : les régiments de marche avant le RMLE modifier

  • 3e régiment de marche du 1er étranger
    • 1914-1914 : colonel Thiebault
    • 1914-1915 : lieutenant-colonel Desgouille
  • 4e régiment de marche du 1er étranger
  • 2e régiment de marche du 2e étranger
    • 1914-1914 : colonel Passard
    • 1914-1915 : colonel Lecomte-Denis
    • 1915-1915 : colonel de Lavenue de Choulot

De 1915 à 1920 : le régiment de marche de la Légion étrangère modifier

De 1920 à 1943 : le 3e régiment étranger d’infanterie modifier

Cf. 3e régiment étranger d'infanterie

De 1943 à 1945 : le régiment de marche de la Légion étrangère modifier

  • 1943-1943 : colonel Gentis
  • 1943-1944 : colonel Tritschler
  • 1944-1945 : lieutenant-colonel Gaultier
  • 1945-1945 : colonel Olié

De 1945 à aujourd'hui : le 3e régiment étranger d’infanterie modifier

Cf. 3e régiment étranger d'infanterie

Faits d'armes faisant particulièrement honneur au régiment modifier

Le RMLE fut, entre autres, décoré pour sa réussite dans la "percée de la Ligne Hindenburg", le . Cette bataille est, depuis, célébrée tous les ans au 3e REI, régiment ayant hérité des traditions du RMLE.

Personnalités ayant servi au sein du régiment modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Plusieurs centaines de volontaires polonais se présentent aux recrutements parmi lesquels se trouveront les Bayonnais (car formés à Bayonne).
  2. Sous son nom de naissance Frédéric-Louis Sauser, a en fait servi au 3e régiment de marche du 1er étranger puis au 2e régiment de marche du 2e étranger, régiment ensuite incorporé au « régiment de marche de la Légion étrangère », lequel a été ultérieurement incorporé au 3e REI.

Références modifier

  1. a et b Louis Garros, « Deux de la Légion, Mader et Rollet » in Historama, n°142, juillet 1963, pp. 37-46.
  2. Max Mader est né le 18 janvier 1880 à Giengen en Allemagne. Adjudant-chef puis lieutenant, il s'illustre au RMLE au cours de la Grande Guerre. Mentionné dans l'historique du RMLE comme « héros légendaire », il est cité 9 fois et décoré de la Légion d'Honneur le 18 mai 1917 par le général Pétain (Historique du régiment de marche de la Légion étrangère : 3e régiment étranger d'infanterie, Berger-Levrault, 1926, p. 148. En ligne) pour son fait d'arme du 21 avril 1917 au combat d'Aubérive (Historique du régiment de marche de la Légion étrangère : 3e régiment étranger d'infanterie, Berger-Levrault, 1926, pp. 115-117. En ligne. Grièvement blessé le 12 juin 1918. Il doit être amputé du bras droit et il est réformé. Après la guerre, il devient surveillant du palais du Rhin à Strasbourg puis gardien-chef du Château de Versailles. Commandeur de la Légion d’Honneur, titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de Guerre 14-18 avec 9 citations, il meurt le 24 octobre 1947 à Plancher-Bas.

Sources et bibliographie modifier

Bibliographie modifier

  • Régiment de marche de la légion, Erwan Bergot, éditions Presses de la Cité, 1984. (ISBN 2-7242-2440-X).
  • Le livre d’or de la Légion étrangère (1831-1955), Jean Brunon et Georges Manue, éditions Charles Lavauzelle et Cie, 1958.

Sources modifier

  • Division histoire et patrimoine de la Légion étrangère
  • Képi blanc

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier