Quand les aigles attaquent

film sorti en 1968
Quand les aigles attaquent

Titre original Where Eagles Dare
Réalisation Brian G. Hutton
Scénario Alistair MacLean
Acteurs principaux
Sociétés de production Metro-Goldwyn-Mayer
Pays de production Royaume-Uni, États-Unis
Genre Guerre
Durée 158 minutes
Sortie 1968

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Quand les aigles attaquent (titre original : Where Eagles Dare) est un film britannico-américain réalisé par Brian G. Hutton, sorti en 1968.

Le scénario permet de suivre une équipe de parachutistes du Secret Intelligence Service qui effectue un raid dans un château. Le film est distribué par la Metro-Goldwyn-Mayer, tourné en Panavision et sur place en Autriche et en Bavière. Alistair MacLean a écrit son premier scénario et le roman éponyme en même temps. Les deux sont devenus des succès commerciaux.

Le film implique certains des meilleurs cinéastes de l'époque et est maintenant considéré comme un classique[1] : le cascadeur hollywoodien Yakima Canutt, qui, en tant que directeur de la deuxième unité, tourne la plupart des scènes d'action, le cascadeur britannique Alf Joint (en) qui double Richard Burton pour des séquences telles que le combat sur le toit du téléphérique, le chef d'orchestre et compositeur primé Ron Goodwin qui écrit la musique du film et le futur nommé à l'Oscar de la meilleure photographie Arthur Ibbetson.

Synopsis modifier

Pendant l'hiver 1943-44, un commando britannique est parachuté en Autriche près du village de Werfen dans le land de Salzbourg (dans les Alpes autrichiennes à moins de 40 km au sud-est de Berchtesgaden et du nid d'aigle de Hitler en Bavière) pour récupérer un général américain, prisonnier dans une forteresse nazie, le Schloss Adler (« Château des aigles »). Le commando comprend également un agent féminin du MI6, connu du seul commandant Smith. La cible à délivrer étant un général américain, un des membres du commando est un lieutenant des Rangers américains. On découvre progressivement que le général américain est un leurre, une doublure destinée à faire avouer aux agents doubles infiltrés dans le commando le nom de la taupe qui, au sein du MI6, renseigne les Allemands.

Fiche technique modifier

Distribution modifier

La liste comporte les voix françaises (V.F.) ainsi que les voix allemandes (V.A.) employées dans le doublage français.

Production modifier

Développement modifier

Richard Burton est approché par le producteur Elliott Kastner[4].

Elliott Kastner consulte Alistair MacLean et lui demande un film d'aventure rempli de mystère, de suspense et d'action. La plupart des romans de l'auteur ayant déjà été adaptés au cinéma ou étant en cours de tournage. Elliott Kastner persuade Alistair MacLean d'écrire une nouvelle histoire. Six semaines plus tard, il livre le scénario, alors intitulé Castle of Eagles (Château des Aigles). Elliott Kastnera déteste le titre et préfère choisir Where Eagles Dare (« Quand les aigles attaquent ») à la place. Le titre provient de l'acte I, scène III de Richard III de William Shakespeare[5].

Elliott Kastner et le coproducteur Jerry Gershwin annoncent en juillet 1966 qu'ils ont acheté cinq scripts à Alistair MacLean, en commençant par Where Eagles Dare et When Eight Bells Toll (Commando pour un homme seul)[6]. Brian Hutton qui vient juste de réaliser le film Les Corrupteurs pour le même producteur est désigné à nouveau pour le réaliser[7].

Tournage modifier

 
Château de Hohenwerfen, à Werfen en Autriche, où les scènes du château ont été filmées.
 
Montagne Grimmin qui apparaît dans les scènes d'ouverture et de fin du film.

Clint Eastwood et Richard Burton auraient surnommé le film « Where Doubles Dare » en raison du temps d'écran pendant lequel les cascadeurs les ont doublés pendant les séquences d'action[1]. Le tournage commence le en Autriche et se termine en juillet 1968[8]. Clint Eastwood reçoit un salaire de 800 000 $ tandis que Richard Burton reçoit 1 200 000 $[8],[9]. C'est l'un des premiers films sonores à avoir utilisé l'effet de projection frontale (en), cette technologie ayant permis de filmer les scènes où les acteurs sont au sommet du téléphérique[10].

Clint Eastwood pense d'abord que le scénario écrit par Alistair MacLean est « terrible » et « tout en exposition et en complications ». Selon Derren Nesbitt, Clint Eastwood demande qu'on lui accorde moins de dialogue. La plupart des répliques de son rôle de « Lieutenant Schaffer » sont confiées à Richard Burton, tandis que lui s'occupe de la plupart des scènes d'action[11]. Le réalisateur Brian G. Hutton exploite les forces de ses acteurs, en permettant à l'expérience théâtrale de Richard Burton d'aider le personnage du « major Smith » et le comportement calme de Clint Eastwood pour le personnage du « lieutenant Schaffer ». Clint Eastwood joue le rôle sur les conseils de son agent, qui estime qu'il serait intéressant de voir son client jouer avec une personne ayant de l'ancienneté. Les deux acteurs s'entendent bien sur le plateau[12].

Derren Nesbitt tient à être le plus authentique possible avec son personnage de « Von Hapen ». Alors qu'il est sur place, il demande à rencontrer un ancien membre de la Gestapo pour mieux comprendre comment jouer le personnage et pour obtenir les insignes militaires corrects. Il est blessé sur le plateau lors du tournage de la scène dans laquelle le « lieutenant Schaffer » tue « Von Hapen ». Le pétard de sang attaché à Derren Nesbitt explose avec une telle force qu'il est temporairement aveuglé, bien qu'il se soit rapidement rétabli[11],[13].

Le tournage est retardé en raison du mauvais temps en Autriche. Finalement il se déroule en hiver et au début du printemps 1968, et l'équipe doit faire face à des blizzards, à des températures négatives et à des risques d'avalanche. D'autres retards sont également constatés lorsque Richard Burton, bien connu pour ses beuveries, disparaît pendant plusieurs jours, avec ses amis Peter O'Toole, Trevor Howard et Richard Harris[14]. Dans le cadre de son accord avec Metro-Goldwyn-Mayer, Clint Eastwood prend livraison d'une moto Norton P11 (en), qu'il « teste » sur le circuit de Brands Hatch[15] accompagné par l'actrice Ingrid Pitt, ce qu'Elliott Kastner lui avait interdit de faire pour des raisons d'assurance en cas de blessure[16].

Le cascadeur Alf Joint, qui a auparavant joué Capungo (l'homme que James Bond électrocute dans la baignoire de Goldfinger), double et remplace Richard Burton, notamment dans la célèbre séquence de saut en téléphérique, au cours de laquelle il perd trois dents[14]. Alf Joint déclare qu'à un moment donné de la production, Richard Burton est tellement ivre qu'il s'est assommé pendant le tournage et le cascadeur a dû le remplacer rapidement[14].

Elizabeth Taylor, épouse de Richard Burton, et Robert Shaw, qui est alors marié à Mary Ure, se sont rendus sur les lieux du tournage[14].

Lors du tournage, Richard Burton est menacé d'une arme par un fan trop zélé, mais heureusement le danger est vite écarté[17].

L'équipe a tourné :

  • les scènes du château dans le château de Hohenwerfen à Werfen en Autriche en janvier 1968 ;
  • les scènes du téléphérique à Feuerkogel Seilbahn à Ebensee en Autriche en janvier 1968. Les scènes mettant en scène le château et le téléphérique ensemble sont filmées à l'aide d'une maquette[18].
  • les scènes de l'aéroport au Flugplatz à Aigen im Ennstal en Autriche au début de 1968. Le lieu exact du tournage est la garnison « Fiala-Fernbrugg », encore utilisée par la HS Geschwader 2 and FlAR2/3rd un bataillon de l'armée autrichienne. La grande montagne rocheuse à l'arrière-plan de l'aérodrome est le Grimming, à environ 40 km à l'est du « Hoher Dachstein », ou à environ 80 km à l'est et 10 km au sud de Werfen[19].

Autour du film modifier

 
Le Ju-52/3m (A-702) utilisé lors du tournage du film dans un hangar de la base aérienne de Dübendorf en 1984. Il porte le camouflage du film et des cocardes suisses.
  • Le principal lieu de tournage fut le château de Hohenwerfen (renommé en Schloss Adler), à Werfen en Autriche. Il ne comportait pas de téléphérique, en conséquence les scènes correspondantes ont été tournées en janvier 1968 dans le téléphérique du massif du Feuerkogel, dans la commune d'Ebensee. À noter qu'une séquence spectaculaire où des personnes prennent la fuite en téléphérique pour échapper à leurs poursuivants nazis avait déjà été tournée par Carol Reed pour clôturer son film Train de nuit pour Munich, sorti en 1940.
  • Le trimoteur Junkers Ju 52 de 1939, que l'on voit au début et à la fin du film était l'un des trois appartenant aux Forces aériennes suisses (Ju-52/3m, immatriculation A-702) qui les entretenaient avec le plus grand soin. Pour le film, il fut repeint suivant les photos et schémas publiés à partir de 1962 par l'historien Balcke. Après le film, il reprit les cocardes suisses mais garda de nombreuses années le camouflage blanc strié de gris. Cet appareil appartenait, jusqu'à son accident, à l'association Ju-Air (de) rattachée au Flieger Flab Museum. Il s'est écrasé le sur le versant ouest du Piz Segnas, dans le canton des Grisons, ce qui causa la mort de vingt personnes[20],[21].
  • L'hélicoptère allemand (en réalité un Bell 47 américain) détruit par les héros est une pure invention des scénaristes. La Luftwaffe possédait bien une escadrille d'hélicoptères mais seulement à partir de et le modèle en était très différent (birotor) ; le sauvetage en montagne fut leur seul emploi.
  • Ce film a inspiré la chanson d'Iron Maiden du même nom que le film (Where Eagles Dare) sur l'album Piece of Mind (1983). Iron Annie était un surnom donné par les anglo-saxons au Junkers Ju 52.
  • Le début du film part du postulat d'une rencontre de généraux alliés en Crète en 1943, or la Crète est tombée aux mains des Allemands en 1941.
  • La version française a pour particularité d'utiliser de nombreux extraits du doublage allemand du film afin de permettre aux personnages allemands de s'exprimer dans leur propre langue, contrairement à la version originale dans laquelle ces derniers parlent anglais avec un accent germanique[22].
  • On voit le personnage incarné par Richard Burton parler allemand dans le film, alors que Richard Burton ne parlait pas du tout cette langue.

Notes et références modifier

  1. a et b (en) « Where Eagles Dare », sur TCM, (consulté le )
  2. Webster, p. 133.
  3. Wall Street Journal 1969, p. 2.
  4. (en) Marika Aba, « The Burtons... 'Just Another Working Couple », Los Angeles Times,‎ , p. 18.
  5. (en) « BROADSWORD CALLING DANNY-BOY … the making of WHERE EAGLES DARE" », sur The Cellulord is Watching, (consulté le )
  6. (en) Betty Martin, « Gene Kelly to Do 'Married », Los Angeles Times,‎ , p. 18.
  7. (en) « Isadora Shooting Under Way », Los Angeles Times,‎ , p. 20.
  8. a et b Hughes 2009, p. 191-192.
  9. Munn 1992, p. 79.
  10. (en) Herb A. Lightman, « Front Projection for "2001: A Space Odyssey », sur American Cinematographer (consulté le ).
  11. a et b (en) « A Conversation with Derren Nesbitt. "Major von Hapen" in "Where Eagles Dare », sur YouTube, (consulté le ).
  12. (en) « Clint Eastwood Archive », sur Blogspot, (consulté le ).
  13. (en) « Actor Injured as Burton Fires 'Shot », Chicago Tribune,‎ , p. 30.
  14. a b c et d (en) « The cellulord is watching: WHERE EAGLES DARE », sur Cellulord, (consulté le ).
  15. (en) « Norton Motors homepage », sur Nortonmotors, (consulté le ).
  16. (en) « If Only », sur Ingridpitt.net, (consulté le ).
  17. (en) « Quand les aigles attaquent, infos », sur Clint Eastwood Archive (consulté le ).
  18. (en) « Galerie du film », sur MGM British Studio (consulté le ).
  19. (en) « Where Eagles Dare », sur Where Eagles Dare.com, (consulté le ).
  20. Le Monde, « Suisse : 20 morts dans le crash d’un avion de la seconde guerre mondiale », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  21. SWI, « De nombreuses questions après le crash du Junkers 52 », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
  22. Where Eagles Dare (1968) - IMDb (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Howard Hughes, Aim for the Heart, Londres, I.B. Tauris, (ISBN 978-1-84511-902-7).  .
  • (en) Michael Munn, Clint Eastwood: Hollywood's Loner, Londres, Robson Books, (ISBN 0-86051-790-X).  
  • (en) Jack Webster, Alistair MacLean : A Life, Chapmans, .  .
  • (en) Monthly Film Bulletin, chap. 422.
  • (en) Sight and Sound, , p. 110.
  • (en) « Metro-Goldwyn Omits Dividend; O'Brien Resigns: Board Cites Possible Loss Of Up to $19 Million in The Current Fiscal Year Bronfman Named Chairman », Wall Street Journal,‎ .  .

Liens externes modifier