Publius Cornelius Scipio

consul romain en 218 av. J.-C.
Publius Cornelius Scipio
Fonctions
Consul
avec Tiberius Sempronius Longus
Sénateur romain
Gouverneur romain
Biographie
Naissance
Vers (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nom dans la langue maternelle
P. Cornelius L.f.L.n. ScipioVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
République romaine moyenne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Famille
Père
Mère
InconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Pomponia (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Gens
Statuts

Publius Cornelius Scipion (255 - 211 av. J.-C.)[1] est un général et homme politique de la République romaine. Il appartenait à la famille des Scipions (branche de la gens Cornelia). Il est le père de Scipion l'Africain (Publius Cornelius Scipio Africanus) et de Scipion l'Asiatique (Lucius Cornelius Scipio Asiaticus). Il est également le petit-fils de Lucius Cornelius Scipio Barbatus, consul en 298 av. J.-C. et le fils de Lucius Cornelius Scipio, consul en 259 av. J.-C.[1].

Biographie modifier

Publius Cornelius Scipion et la deuxième guerre punique modifier

 
La marche de l'armée d'Hannibal vers l'Italie.

Publius Cornelius Scipion a été élu consul avec Tiberius Sempronius Longus en 218 av. J.-C.[2], année durant laquelle le général carthaginois Hannibal déclenche la deuxième guerre punique.

Il reçoit mission d'intervenir en Hispanie[1],[3], avec son frère Cnaeus Cornelius Scipio Calvus (consul en 222 av. J.-C.), à la tête de deux légions[4],[5], 15 000 alliés italiens et 60 navires[1],[6], il prend la mer avec son armée de Pise jusqu'à Marseille (allié de Rome)[7]. À son arrivée à Marseille, il constate qu'Hannibal a déjà franchi les Pyrénées, et qu'il se déplace vers le Rhône[7]. Grâce à sa rapidité de mouvement, Hannibal réussit à franchir le Rhône[8]. Publius Cornelius Scipion a donc échoué dans l'essai d'arrêter Hannibal avant sa traversée du Rhône, car à ce moment-là les soldats romains ne sont toujours qu'à l'embouchure du fleuve[9], et Publius Cornelius Scipion ne se rend compte de son erreur que lorsqu'il remonte la rive gauche du fleuve[10],[9]. Le général romain se replie alors sur l'Étrurie[11] et attend Hannibal à son arrivée en Gaule cisalpine[1],[12].

En Gaule cisalpine, l'armée romaine compte 25 000 hommes sous le commandement de deux magistrats. Publius Cornelius Scipion envoie alors son armée sous le commandement de son frère Cnaeus Cornelius Scipio Calvus en Hispanie. Cette décision est considérée comme importante, car elle oblige les Carthaginois d'Hispanie à laisser des soldats dans cette région, et donc les empêche d'apporter tout le soutien nécessaire au général carthaginois Hannibal dans sa guerre en Italie (notamment après la bataille de Cannes en 216 av. J.-C.)[1].

La bataille du Tessin modifier

 
Carte de la bataille de la Trébie

Une fois que Publius Cornelius Scipion a débarqué à Pise, il prend le commandement de l'armée du préteur et se précipite à la rencontre d'Hannibal[13]. Après, il traverse le à Plaisance, puis il remonte le long de la rive gauche du à la recherche d'Hannibal[13]. Peu de temps après, il construit un pont sur le Tessin et traverse la rivière avec sa cavalerie et son infanterie légère[13].

Après la traversée, Publius Cornelius Scipion rencontre la cavalerie carthaginoise, c'est la bataille du Tessin. Dans cette bataille, Publius Cornelius Scipion en explorant le terrain avec sa cavalerie et son infanterie légère se heurte à l'avant-garde punique. Les Romains subissent une défaite, Publius Cornelius Scipion est gravement blessé et est secouru par son fils Publius Cornelius Scipio Africanus (futur Scipion l'Africain)[14]. Publius Cornelius Scipion bat en retraite ; une fois le Tessin franchi, il fait brûler le pont et il se réfugie à Plaisance[15].

La bataille de la Trébie modifier

Hannibal franchit lui aussi le et offre la bataille, mais Publius Cornelius Scipion refuse à cause de sa blessure qui l'empêche de prendre le commandement de l'armée. Il décide d'attendre l'arrivée de son collègue Tiberius Sempronius Longus qui entre-temps a été rappelé par le Sénat avec son armée pour l'emmener en Gaule cisalpine[16].

Les renforts venant de Sicile arrivent en décembre 218 av. J.-C.[17], Publius Cornelius Scipion participe à la bataille de La Trébie, où les forces romaines menées par l'autre consul Tibérius Sempronius Longus (car Publius Cornelius Scipion est encore blessé et ne peut donc pas assurer son commandement) sont défaites par le général carthaginois Hannibal[18]. Les Romains se replient sur Plaisance[19].

Cnaeus Cornelius Scipio Calvus débarque à Emporion[20] (une cité amie de Rome en Hispanie)[4] dans le but de piller et de conquérir la base arrière de l'armée d'Hannibal.

L'expédition en Hispanie modifier

Malgré les deux défaites subies par Publius Cornelius Scipion, le Sénat et le peuple romain lui renouvellent sa confiance, en lui donnant mandat d'aller combattre en Hispanie au côté de son frère Cnaeus Cornelius Scipio Calvus.

En 217 av. J.-C., Publius Cornelius Scipion, avec un titre proconsulaire, se dirige avec une flotte en direction de l'Hispanie[21] avec 20 navires et 8 000 soldats. Lui et son frère Cnaeus Cornelius Scipio Calvus se battent en Hispanie jusqu'à leur mort en 211 av. J.-C.. Cependant, l'histoire de leurs campagnes, bien que décisives pour la deuxième guerre punique, reste confuse et contradictoire. Il est encore impossible d'affirmer avec exactitude la plupart des événements auxquels ils ont participé[22].

À son arrivée en Hispanie, Publius Cornelius Scipion retrouve son frère qui a débarqué quelques mois plus tôt. L'année précédente (en 218 av. J.-C.), dès le débarquement de Cnaeus Cornelius Scipio Calvus à Emporium, la plupart des peuples ibériques de la côte méditerranéenne se sont joints à son armée, attirés par sa gentillesse et sa bonté, ce qui contraste avec la sévérité et la dureté des commandants carthaginois[4].

Au cours de la même année, Publius Cornelius Scipion remporte une victoire près de la ville de Cissé (Bataille de Cissé), où il capture le général carthaginois Hannon, ce qui fait de lui le maître de presque tout le nord de l'Hispanie des Pyrénées à l'Ebre. Hasdrubal avance à marches forcées jusqu'au nord de l'Hispanie pour relever la cause carthaginoise, mais il arrive trop tard pour accomplir cette tâche et repasse l'Ebre. Publius Cornelius Scipion passe l'hiver à Tarraco (aujourd'hui Tarragone).

Le soulèvement du roi des Massaessyles de Numidie, Syphax, contre Carthage (215 av. J.-C.-212 av. J.-C.), retenant les armées puniques en Afrique[23], permet aux Romains d'étendre leurs conquêtes au sud de l'Èbre. Mais quand Syphax a fait la paix avec Carthage (212 av. J.-C.), les deux armées romaines, qui ont déjà pénétré en Andalousie, subissent séparément un désastre, où leurs chefs périssent (211 av. J.-C.) devant des troupes supérieures en nombre, commandées par Magon et Hasdrubal[24] (frères d'Hannibal Barca). Publius Cornelius Scipion meurt à la bataille du Bétis[25] et Cnaeus Cornelius Scipio Calvus à la bataille d'Ilorci[26] (près de Carthago Nova) à trois semaines d'intervalle.

Publius Cornelius Scipion et sa gens modifier

Publius Cornelius Scipion est le père de Publius Cornelius Scipio Africanus et de Lucius Cornelius Scipio Asiaticus. Le petit-fils adoptif de Publius Cornelius Scipio Africanus est Scipion Émilien (il est donc l'arrière-petit-fils adoptif du consul de 218 av. J.-C.) Paul-Emile est quant à lui, le grand-père de Scipion Émilien (qui combattit Carthage lors de la troisième guerre punique).

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Henri Etcheto, Les Cornelii Scipiones. Famille et pouvoir à Rome à l’époque républicaine, Tome 2, p. 370.
  2. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 6, 3.
  3. Polybe, Histoires: livre III, paragraphe 40.
  4. a b et c Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 60-61.
  5. Polybe, Histoires: livre III, paragraphe 2, 14.
  6. Appien, L'Ibérique, paragraphe 14, 53-54.
  7. a et b Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 26.
  8. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 27-29.
  9. a et b Pierre Grimal, Le Siècle des Scipions: Rome et l'hellénisme au temps des guerres puniques, p.103.
  10. Polybe, Histoires: livre III, paragraphe 41-45.
  11. Polybe, Histoires: livre III, paragraphes 41 à 46.
  12. Polybe, Histoires: livre III, paragraphe 46.
  13. a b et c Yann Le Bohec, Histoire militaire des guerres puniques, p. 170.
  14. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 46.
  15. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 47.
  16. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 51.
  17. Pierre Grimal, Le Siècle des Scipions: Rome et l'hellénisme au temps des guerres puniques, p. 104.
  18. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXI, paragraphe 51-56.
  19. Yann Le Bohec, Histoire militaire des guerres puniques, p. 172-175.
  20. Polybe, Histoires: livre III, paragraphe 76.
  21. Tite-Live, 22, 22 [1].
  22. Barthold Georg Niebuhr, Lecturas sobre la historia de Roma, volume 1, p. 206-207.
  23. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXIV, paragraphe 48.
  24. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXV, paragraphe 32.
  25. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXV, paragraphe 34.
  26. Tite-Live, Histoire romaine: livre XXV, paragraphe 35.

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Auteurs anciens
  • (fr) Polybe (trad. du grec ancien), Histoires : livre III, Paris, les Belles lettres, coll. « Collection des universités de France », , 204 p. (ISBN 2-251-00275-8)  
  • (fr) Tite-Live, Histoire romaine : livre XXI, Paris, les Belles lettres, coll. « Collection des universités de France », , 135 p. (ISBN 2-251-01345-8)  
  • (fr) Tite-Live (trad. du latin), Histoire romaine : livre XXIV, Paris, les Belles lettres, coll. « Collection des universités de France », , 112 p. (ISBN 2-251-01438-1)  
  • (fr) Tite-Live (trad. du latin), Histoire romaine : livre XXV, Paris, les Belles lettres, coll. « Collection des universités de France », , 148 p. (ISBN 2-251-01436-5)  
Auteurs modernes
  • (fr) Pierre Grimal, Le Siècle des Scipions : Rome et l'hellénisme au temps des guerres puniques, Paris, Aubier, coll. « Collection historique », , 414 p. (ISBN 2-7007-0001-5)  
Thèse
  • (fr) Henri Etcheto, Les "Cornelii Scipiones" : famille, pouvoir à Rome à l'époque républicaine, Bordeaux, , 729 p.  

Liens externes modifier