Prosper d'Aquitaine

saint chrétien
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Prosper d'Aquitaine
Biographie
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RomeVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
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Étape de canonisation
Maître
Fête
Œuvres principales
Epitaphium haereseon (d), Ad coniugem suam (d), epigrammata (d), in obtrectatorem Augustini (d), carmen de providentia (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Prosper d'Aquitaine (en latin : Prosper Aquitanus) naquit en Aquitaine vers 390. C'est un écrivain chrétien, disciple de saint Augustin, avec lequel il correspondit et dont il appuya le combat contre les pélagiens. Il s'attacha à diffuser la doctrine de la grâce de saint Augustin. C'est aussi le premier continuateur de la Chronique universelle d'Eusèbe de Césarée poursuivie par saint Jérôme. Il meurt vers 463. Saint laïc, il est fêté le 25 juin[1].

Biographie modifier

 
Citation attribuée à Prosper d'Aquitaine : « La mort rend les sceptres et les houes égaux, la mort, la limite ultime des choses », gravure attribuée à Philippe Galle.

Prosper, originaire d'Aquitaine, était chrétien et marié. Afin de compléter ses études et ses connaissances religieuses, il se rendit vers 427 à Marseille (Massalia) où il vécut quelque temps comme frère laïc. C'est peut-être durant ce séjour qu'il écrivit à son épouse : « Faisons en sorte, chère amie, que la vie que nous menons soit chrétienne. Rends-moi les devoirs que je dois te rendre. Veille sur celui qui doit veiller sur toi. Sois ma consolation dans mes peines. Relève-moi si je tombe, reprends-toi quand je te signale quelque faute. Qu’il ne nous suffise point d’être un seul corps, soyons aussi une seule âme ». Au même moment, Jean Cassien et ses moines donnaient naissance, en réaction aux derniers écrits augustiniens sur la grâce, à ce que l'on appellera à la fin du XVIe siècle le « semi-pélagianisme ».

En 429, il correspond avec saint Augustin à ce sujet[2]. En 431, il vint à Rome pour questionner le pape Célestin Ier, sur les enseignements d’Augustin. En 440, pendant la première année de son pontificat, Léon Ier l’appelle auprès de lui comme secrétaire. La date de sa mort n'est pas connue, mais sa chronique court jusqu’en 455, et le chroniqueur Marcellin le mentionne en 463, ce qui semble indiquer que sa mort est survenue peu de temps après cette date.

Prosper était laïc, mais il se jeta avec ardeur dans les controverses religieuses de son époque, pour la défense et la propagation de la pensée d’Augustin. Dans son « De omnium gentium vocatione » ("L'Appel de toutes les nations») en 1 002 hexamètres, dans lequel la question de l'appel des Gentils est examinée à la lumière de la doctrine de la grâce d'Augustin, Prosper apparaît comme le premier des augustinistes médiévaux.

Son principal ouvrage est le « De gratia Dei et libero arbitrio » (432), écrit contre le « Collatio » de Jean Cassien. Il a également poussé le pape Célestin à publier une lettre ouverte aux évêques de Gaule, « Epistola ad episcopos Gallorum » contre certains membres de l'Église de Gaule. Il avait déjà ouvert une correspondance avec saint Augustin, avec son ami Hilaire[3] (qui n’est pas Hilaire d'Arles), et bien qu'il n'ait pu le rencontrer physiquement, son enthousiasme pour le grand théologien le conduit à faire une version abrégée de son commentaire sur les Psaumes, ainsi qu'une collection de phrases extraites de ses œuvres, sans doute la première compilation dogmatique de ce genre, dans lequel le « Liber Sententiarum » de Pierre Lombard est l'exemple le plus connu. Il a également versifié en 106 épigrammes, quelques-uns des dits théologiques d'Augustin.

Beaucoup plus important historiquement est l’« Epitoma Chronicon » (qui couvre la période de 379 à 455) que Prosper a d'abord composé en 433 et complété plusieurs fois, jusqu’en 455. En l'absence d'autres sources, il est très précieux pour la période de 425 à 455, tirée de l'expérience personnelle de saint Prosper. Par rapport à ses continuateurs, il donne un exposé détaillé des événements politiques. Il couvre les invasions d'Attila de la Gaule (451) et l'Italie (452). Il y a eu cinq éditions différentes, la dernière datant de 455, juste après la mort de Valentinien III. Pendant longtemps, le « Chronicon imperiale » a également été attribué à un certain « Prosper Tiro », mais sans la moindre justification. Il est entièrement indépendant de Prosper, et dans certaines parties montre même des tendances pélagiennes[4].

L'Histoire littéraire de la France lui consacre un long chapitre[5].

Écrits modifier

  • « Adversus Ingratos », écrit vers 430; il attaque les pélagiens dans un poème polémique d'environ un millier de lignes.
  • « De gratia Dei et libero arbitrio, contra Collatorem » de 432. Cet écrit représente l'avis final de Prosper sur le problème de la nécessité de la grâce. Il a été écrit sous le règne du pape Sixte III et répond point à point aux « Collationes » de Jean Cassien.
  • « Capitulla » ; il s'agit d'une liste de dix points de doctrine affirmant l'efficacité et la nécessité de la grâce de Dieu, chacun séparément étayé par les déclarations du pape. Elle a été écrite entre 435 et 442.
  • « De vocatione omnium gentium » (L'Appel de tous les peuples) écrit en 450. C’est la tentative de concilier le dessein de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés et l'enseignement sur la grâce de saint Augustin. L'argument est que, bien que tous les êtres humains ne reçoivent pas la grâce qui sauve, ils reçoivent la grâce de Dieu en général. L’« Appel de tous les peuples » a été la contribution la plus originale de Prosper à la théologie.
  • « Epitoma Chronicon ». C’est la version de Prosper de l'Histoire du Monde. Il y a cherché à donner sa propre version de la controverse pélagienne et dans sa propre interprétation de l'histoire récente. L’« Epitoma Chronicon » se termine en 455.
  • « Sententia » et « Epigrammata ». « Sententia » est une collection de 92 maximes tirées des écrits de saint Augustin. L’« Epigrammata » est une compilation versifiée en 106 épigrammes. Tous deux étaient destinés à être utilisés comme guide pour le chrétien au point de vue moral et doctrinal.
  • « Pro Augustino responsiones »; après la mort d'Augustin, il écrit trois séries de défenses de saint Augustin, en particulier contre Vincent de Lérins.
  • « Carmen de Providentia Divina » (Poème sur la Providence Divine). Le problème de la providence est discuté dans le contexte de l'invasion de la Gaule par les Vandales et les Goths. L’attribution de cette œuvre à saint Prosper est contestée.

Bilan modifier

Plusieurs historiens pensent que sa renommée ne repose pas sur ses travaux historiques, mais sur ses activités de théologien et de propagandiste de la doctrine augustinienne de la grâce. La plupart de ses œuvres étaient destinées à la défense et la propagation des enseignements d'Augustin, notamment celui relatif à la grâce et au libre arbitre. Saint Prosper a été le premier chroniqueur à poursuivre l’œuvre historique de saint Jérôme. Les épigrammes de Prosper, très populaires, ont fourni une méthode de formation à la morale et aux aspects de la doctrine augustinienne. Prosper a également joué un rôle essentiel dans la controverse pélagienne dans le sud de la Gaule dans les années 420.

Pour le Grand Arnauld, Prosper est « le plus grand disciple de saint Augustin, et le chef des disciples de saint Augustin ».

Notes et références modifier

Liens externes modifier