Prochaines élections générales britanniques

élections au Royaume-Uni
Prochaines élections générales britanniques
650 députés de la Chambre des communes
(Majorité absolue : 326 sièges)[a]
au plus tard
Parti conservateur – Rishi Sunak
Sièges en 2019 365
Parti travailliste – Keir Starmer
Sièges en 2019 202
Libéraux-démocrates – Edward Davey
Sièges en 2019 11
SNP – Humza Yousaf
Sièges en 2019 48
Premier ministre
Sortant
Rishi Sunak
Parti conservateur

Les prochaines élections générales britanniques doivent avoir lieu au plus tard le afin de renouveler pour cinq ans les 650 membres de la Chambre des communes du Royaume-Uni.

Après avoir largement remporté les précédentes élections en 2019, le Premier ministre conservateur Boris Johnson est conduit à la démission en juillet 2022 à la suite d'un important scandale politique. Son remplacement par Liz Truss, élue à la tête du parti conservateur, intervient deux jours avant le décès de la reine Élisabeth II. Confrontée à une crise économique et politique déclenchée par la présentation de son budget, Liz Truss démissionne à son tour. Restée 49 jours en poste, son mandat devient le plus court d'un chef de gouvernement britannique. Rishi Sunak lui succède et devient Premier ministre le 25 octobre 2022.

Contexte modifier

Gouvernement Johnson modifier

 
Boris Johnson.

Les élections générales de décembre 2019 ont lieu de manière anticipée du fait de l'incapacité des Premiers ministres Theresa May puis Boris Johnson à faire voter leur accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne par le Parlement britannique[1],[2]. Elles aboutissent à une victoire écrasante du Parti conservateur, qui passe d'une majorité relative des sièges à une importante majorité absolue[3]. Les conservateurs enregistrent leurs meilleurs résultats depuis Margaret Thatcher en 1987[4],[5]. Le Parti travailliste, partisan de l'organisation d'un second référendum sur la question de l'UE, recueille un nombre de sièges historiquement faible, deux ans après le succès de la première campagne menée par son dirigeant, Jeremy Corbyn. Il s'agit du pire résultat des travaillistes depuis 1935, ce qui conduit Jeremy Corbyn à annoncer sa démission de la tête du parti, où il est par la suite remplacé par Keir Starmer[6]. L'ambiguïté de Jeremy Corbyn sur le Brexit et un programme très orienté à gauche sont avancés pour expliquer ce résultat[5]. Le Parti conservateur est par ailleurs parvenu à conquérir les voix d'électeurs traditionnellement travaillistes, souvent d'anciens ouvriers favorables au Brexit et hostiles à l'immigration ; c'est particulièrement le cas dans le Nord-Est et le centre de l’Angleterre, avec des circonscriptions symboliques comme Workington, Blyth Valley ou Sedgefield, ancienne circonscription de Tony Blair[5].

Du côté des autres formations, les Libéraux-démocrates menés par Jo Swinson, qui faisaient campagne sur la promesse de l'annulation du Brexit, n'obtiennent pas un résultat à la hauteur de leurs espérances, tandis que le Parti national écossais conforte son hégémonie en Écosse, bien qu'en-deçà de son record de 2015. Jo Swinson prend acte des résultats de ces élections — qui la voit notamment perdre elle même son siège de députée dans la circonscription de Dunbartonshire Est au profit du Parti national écossais — en abandonnant la direction du parti. Elle est par la suite remplacée par Edward Davey[7]. La dirigeante du SNP et Première ministre d'Écosse Nicola Sturgeon réitère tout au long de la législature son intention d'organiser un second référendum d'indépendance[8]. Pour la première fois, l'Irlande du Nord compte plus de parlementaires nationalistes qu'unionistes, malgré un total en voix inférieur à ces derniers[9],[10]. Le DUP, qui s'était opposé à l'accord négocié par Boris Johnson avec l'UE, subit ainsi un revers, avec notamment la défaite de son numéro deux, Nigel Dodds[5]. Les députés du Sinn Féin refusant historiquement de siéger au parlement britannique, la majorité absolue est de facto moins élevée, s'établissant après les élections à 320 sièges.

Les résultats du scrutin permettent à Boris Johnson d'entreprendre le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne dans les mois suivant les élections, sans devoir s'engager dans un nouveau bras de fer avec le Parlement. La sortie est effective le . Boris Johnson est cependant conduit à la démission un peu moins de trois ans plus tard à la suite d'un scandale politique connu sous le nom de Partygate. Ayant organisé des rassemblements festifs illégaux au 10 Downing Street ainsi que dans divers ministères en 2020 et en 2021 avec des membres du gouvernement, alors que les autorités appliquent alors plusieurs restrictions sanitaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19, le Premier ministre s'enfonce dans une série de mensonges, qu'il oblige les membres de son gouvernement à couvrir. Largement discrédité à la suite des révélations de ce scandale, Boris Johnson démissionne le [11],[12],[13].

Gouvernement Truss modifier

 
Liz Truss.

Johnson est remplacé par Liz Truss le 6 septembre suivant à la suite de son élection à la tête du parti conservateur. Son mandat débute avec la gestion de la mort et des funérailles de la reine Élisabeth II. Le 23 septembre, Liz Truss dévoile sa politique budgétaire, qui prévoit notamment des allègements d’impôts pour les très haut revenus à hauteur de 50 milliards d'euros ainsi qu'un allégement des taxes et de la réglementation sur les transactions immobilières et la suppression du plafond sur les bonus des banquiers[14].

Cette annonce, qui intervient dans un contexte de crise économique et énergétique couplées à une forte inflation, provoque la colère de la population ainsi que des réactions négatives chez les acteurs économiques tels que le Fonds monétaire international et les marchés financiers[15]. La livre britannique chute à son plus bas niveau depuis , à moins de 1,1 dollar, et les taux d'obligations d’État grimpent à un niveau record de 3,7 %[14].

Lizz Truss fait alors face à la chute spectaculaire du parti conservateur dans les sondages d'opinion, qui voient le gouvernement battre des records d'impopularité avec un taux d'approbation de seulement 10 % à la mi-octobre[16]. Une fronde de plus en plus importante s'étant formée au sein de son groupe parlementaire, Liz Truss finit par annoncer le sa démission de la direction du Parti conservateur, expliquant que « vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j'ai été élue par le Parti conservateur ». Elle reste au poste de Premier ministre jusqu'à l'élection au sein du parti de son successeur, Rishi Sunak, qui devient Premier ministre le 25 octobre, soit le cinquième en six ans. Avec 49 jours en poste, Liz Truss établit ainsi le record du plus court mandat au 10 Downing Street, détenu depuis près de deux siècles par un autre conservateur, George Canning, mort en fonction[17],[18],[19],[20].

Gouvernement Sunak modifier

 
Rishi Sunak

Les élections locales organisées le 2 mai 2024 sont considérées comme un test électoral majeur avant les prochaines élections générales. Considérablement affaibli, le Parti conservateur du Premier ministre Rishi Sunak fait face à la perspective d'une défaite face au Travailliste mené par Keir Starmer. les résultats sont par conséquent susceptibles d'influencer la date d'organisation des élections générales, théoriquement prévues au plus tard le 28 janvier 2025[21].

Modalités modifier

 
Le palais de Westminster à Londres, siège de la Chambre des communes.

Mode de scrutin modifier

La Chambre des communes est la chambre basse du Parlement bicaméral du Royaume-Uni. Elle est dotée de 650 sièges pourvus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions. Sur ces 650 sièges, 533 représentent l'Angleterre, 59 l’Écosse, 40 le pays de Galles et 18 l'Irlande du Nord[22].

Date modifier

Depuis la réforme de 2022 abolissant le mandat fixe du Parlement, le Premier ministre britannique peut de nouveau dissoudre la Chambre des communes sur simple demande faite au souverain. La loi électorale dispose que la Chambre des communes est automatiquement dissoute le jour du cinquième anniversaire du jour où la législature s'est réunie pour la première fois. La législature sortante doit donc être dissoute au plus tard le . Les élections ont quant à elles lieu au plus tard 25 jours ouvrables après la dissolution, soit le [23],[24].

Le Premier ministre disposant du pouvoir de demander au souverain britannique la dissolution de la Chambre des communes sur sa seule demande, sans vote préalable du parlement, les élections peuvent avoir lieu à tout moment de la législature, en respectant cependant le délai de 25 jours ouvrables après la dissolution[23].

Campagne modifier

Principaux partis modifier

Parti politique Positionnement Dirigeant Résultats
en 2019
Parti conservateur
Conservative Party
Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, unionisme britannique, libéralisme économique, Eurospectisme modéré
Rishi Sunak 43,63 % des voix
365 sièges
Parti travailliste
Labour Party
Centre gauche à gauche
Socialisme démocratique, social-démocratie
Keir Starmer 32,08 % des voix
202 sièges
Libéraux-démocrates
Liberal Democrats
Centre à centre gauche
Social-libéralisme, libéralisme, sécularisme, fédéralisme, europhilie
Edward Davey 11,55 % des voix
11 sièges
Parti national écossais
Scottish National Party
Centre gauche
Nationalisme, indépendantisme écossais, social-démocratie, europhilie
Humza Yousaf 3,88 % des voix
48 sièges
Parti vert
Green Party
Gauche
Écologie politique, europhilie
Carla Denyer (en) et
Adrian Ramsay (en)
2,70 % des voix
1 siège

Sondages modifier

En raison du mode de scrutin majoritaire à un tour dans plusieurs centaines de circonscriptions, les résultats des sondages au niveau national ne permettent pas de prévoir ceux en sièges, et ne consistent qu'en une indication de la tendance générale.

 
Intentions de votes en vue des prochaines élections générales britanniques :

Parti travailliste modifier

Keir Starmer repositionne au centre le Parti travailliste. Une grande partie du programme de l'ère Corbyn est abandonné : nationalisations, abolition des frais de scolarité à l'université, revalorisation des aides sociales, réintroduction du plafonnement des bonus des banquiers, etc. Le parti se rapproche des préoccupations des milieux d’affaires, faisant de la rigueur budgétaire et de la stabilité économique « la pierre angulaire » de son programme, et prend ses distances avec les syndicats. Les membres du cabinet fantôme présents à des piquets de grève ont été limogés. Le Labour reprend à son compte le programme du Parti conservateur sur la sécurité ou l'immigration. Les élus refusant la ligne socialement conservatrice de Keir Starmer ont souvent été écartés des sélections pour les candidats à la députation en 2024[25].

Le Parti travailliste se distingue cependant par son plan d'investissement de 28 milliards de livres par an dans les technologies vertes, inspiré de l'Inflation Reduction Act de Joe Biden. Les objectifs du plan ont néanmoins rapidement été revus à la baisse en raison des inquiétudes des marchés financiers (ce niveau d’investissement ne serait atteint qu'en deuxième partie de mandat)[25]. L'écologie est restée au second plan dans la campagne du Labour, Keir Starmer critiquant les initiatives du maire de Londres Sadiq Khan sur la lutte contre la pollution automobile et dénonçant les actions du collectif Just Stop Oil[26]. Le plan d'investissement dans l'écologie est finalement abandonné en février 2024 afin de privilégier l’orthodoxie budgétaire[27].

Keir Starmer choisit d'orienter la campagne du Parti travailliste vers des thèmes habituellement dévolus à la droite (patriotisme, loi et ordre, limitation de l’immigration…), plutôt que ceux plus traditionnels à gauche (questions sociales, environnement, lutte contre les discriminations...)[27].

Résultats modifier

Au niveau national modifier

Résultats des élections générales britanniques
Parti Votes % +/- Sièges +/-[b]
Parti conservateur
Parti travailliste
Libéraux-démocrates
Parti national écossais
Parti vert
Reform UK
Parti unioniste démocrate
Sinn Féin
Plaid Cymru
Alliance
Parti social-démocrate et travailliste
Parti unioniste d'Ulster
Parti du Yorkshire
UKIP
Autres partis[c]
Indépendants
Président de la Chambre
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 650  
Abstentions
Inscrits / participation

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les députés du Sinn Féin refusant historiquement de siéger au Parlement britannique, la majorité absolue est de facto moins élevée.
  2. Par rapport aux élections de 2019
  3. X partis, moins de 0,05 % chacun

Références modifier

  1. « GB : Boris Johnson appelle à des législatives anticipées le 12 décembre », sur Le Point (consulté le ).
  2. « Brexit : pour sortir de l'impasse, le Royaume-Uni convoque des législatives anticipées en décembre », sur Les Echos (consulté le ).
  3. « Élections législatives au Royaume-Uni. Boris Johnson remporte la majorité absolue au Parlement », sur Ouest-France.fr, (consulté le ).
  4. (en) « Boris Johnson secures biggest Conservative Party election win since 1987 », sur cnbc.com, (consulté le ).
  5. a b c et d Arnaud de La Grange, « Le Brexit aura bien lieu le 31 janvier, promet Johnson après sa victoire », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  6. (en) « British PM Johnson hails 'powerful mandate' for Brexit », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  7. (en) 1, « Election results 2019: Lib Dem leader Jo Swinson to step down », sur BBC News (consulté le ).
  8. « Elections au Royaume-Uni - Ecosse: Sturgeon met officiellement un deuxième référendum d'indépendance sur la table », sur rtl.be, (consulté le ).
  9. (en) « For the first time, Northern Ireland has more nationalist than unionist MPs », sur thejournal.ie, (consulté le ).
  10. (en) Freya McClements, « North returns more nationalist than unionist MPs for first time », sur irishtimes.ie, (consulté le ).
  11. « DIRECT. Royaume-Uni : "Je suis triste de laisser ce poste", déclare Boris Johnson, en annonçant sa démission de la direction du parti conservateur », sur Franceinfo, (consulté le ).
  12. « Démissions en série, scandales… Pourquoi BoJo a-t-il moins le mojo ? », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  13. « Royaume-Uni : Boris Johnson acculé à la démission », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b « Royaume-Uni : le programme économique de Liz Truss affole les marchés », sur Les Echos,
  15. « "Je n'ai jamais vu une telle incompétence" : au Royaume-Uni, la politique budgétaire de Liz Truss inquiète et provoque la colère », sur Franceinfo, (consulté le )
  16. (en) Reuters, « Eight out of 10 Britons disapprove of Liz Truss-led government - poll », Reuters,‎ (lire en ligne)
  17. Glenn Gillet, « Avec 44 jours en poste, Liz Truss est la Première ministre britannique la plus éphémère de l'histoire », BFM TV,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Royaume-Uni : Liz Truss démissionne après seulement six semaines au pouvoir », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « The U.K. will have 5 prime ministers in just 6 years. What's gone wrong?:NPR », sur NPR.org, (consulté le ).
  20. « Royaume-Uni: Rishi Sunak désigné Premier ministre par les Conservateurs britanniques », sur BFMTV (consulté le )
  21. (en) « Adam Boulton: MPs returning to Westminster are already embroiled in a bitterly contentious campaign to election day », sur Sky News (consulté le ).
  22. « IPU PARLINE database: ROYAUME-UNI (House of Commons), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  23. a et b (en) « Dissolution and Calling of Parliament Act 2022 », sur www.legislation.gov.uk (consulté le ).
  24. (en) « Representation of the People Act 1983 », sur www.legislation.gov.uk (consulté le ).
  25. a et b « Royaume-Uni : le Labour, un super favori qui risque l’excès de prudence », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  26. « L'été où les conservateurs britanniques ont rompu le consensus climatique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  27. a et b « Au Royaume-Uni, le Labour revoit ses ambitions « vertes » à la baisse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)