Guerres franco-wisigothiques

Guerres franco-wisigothiques
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte des manœuvres militaires au cours de
la deuxième guerre franco-wisigothique.
Informations générales
Date (16 ans)
Lieu Aquitaine, Provence, Bourgogne
Issue

Victoire des Francs :

Changements territoriaux La Gaule aquitaine est annexée par le Royaume des Francs.
Belligérants
Royaume des Francs
Armorique
Royaume des Burgondes (post-507)
Empire des Romains
Royaume des Wisigoths
Royaume des Ostrogoths
Royaume des Burgondes (pré-507)
Royaume des Alamans
Commandants
Clovis Ier
Thierry Ier
Godégisile
Gondebaud (post-507)
Alaric II
Geisalic
Théodoric le Grand
Gondebaud (pré-507)

Campagnes de Clovis Ier

Batailles


Liste des guerres et des batailles de France

Les guerres franco-wisigothiques constituent une suite de conflits entre les Francs et les Wisigoths au tournant des Ve – VIe siècles, mais elles impliquèrent également les Burgondes, les Ostrogoths et les Romains.

L'affrontement le plus important du conflit est la seconde guerre franco-wisigothique. Elle opposa le roi des Francs Clovis au roi wisigoth Alaric et, brièvement après la mort de celui-ci en 507, à son épouse Théodigotha mais surtout au fils bâtard d'Alaric, Gésalric, non reconnu par le peuple wisigoth mais qui réussit à faire fuir cette dernière et son fils Amalric. En 508, Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths, vint au secours des Wisigoths au nom du jeune roi Almaric, sans succès. La victoire de Clovis aboutit à l'annexion franque de la majeure partie du sud de la France.

Contexte modifier

En 486, Clovis Ier battu les Gallo-Romains de manière décisive à Soissons, poussant le commandant Syagrius à fuir à la cour d'Alaric II[1]. En 487, alors que Clovis pillait les terres et assiégeait les dernières villes qui résistaient (telles Verdun et Paris), il envoya un ultimatum au roi des Wisigoths : livrer Syagrius ou risquer la guerre. Par conséquent, au lieu d'aider l'exilé, Alaric, réticent à combattre les Francs, livre Syagrius, que Clovis exécute immédiatement[2].

Première guerre franco-wisigothique (492–496) modifier

 
Bataille entre Clovis et les Wisigoths, Bibliothèque royale des Pays-Bas (1325-1335).

Offensive franque modifier

En 491, Clovis avait stabilisé l'ancien territoire romain et se tourna vers le royaume wisigoth[3]. Aussi, il assiégea bientôt Nantes ; la ville la plus septentrionale sous la domination wisigothique. Nantes résista soixante jours. Durant cette phase, Alaric refusa de livrer bataille à Clovis, le laissant ainsi assiéger Poitiers, Saintes et Bordeaux. A son retour de Bordeaux, Clovis s'empare de Tours[2].

Contre-offensive wisigothique modifier

En 496, malgré la victoire de la bataille de Tolbiac contre les Alamans, les Francs subirent de lourdes pertes[4]. Alaric profita de cette occasion et reprit rapidement Bordeaux, Saintes, Poitiers et Tours. Seule Nantes resta sous contrôle franque.

Guerre civile burgonde (500–501) modifier

Intervention franque modifier

Godégisile, frère du roi des Burgondes Gondebaud, proposa à son beau-frère Clovis de renverser Gondebaud en sa faveur en échange d’un tribut annuel et de cessions territoriales, et, en l'an 500, les Francs entrèrent dans le royaume. Gondebaud demanda l'aide de son frère et, ensemble, ils marchèrent contre les envahisseurs.

Les trois armées se rencontrèrent près de Dijon, et, lorsque la bataille débuta, Godégisile combattit son frère aux côtés des Francs. Vaincu, Gondebaud s'enfuit vers la ville d'Avignon, tandis que son frère Godégisile se retire à Vienne et assume la royauté du royaume.

Clovis n'est pas satisfait et marche pour assiéger Avignon. Cependant, Gondebaud lui paya un tribut qui le convainquit de renoncer à la prise d'Avignon[5].

Intervention wisigothique modifier

En 501, Gondebaud refusa de payer son tribut annuel aux Francs et s'allia aux Wisigoths. Avec leur aide, il pris Vienne et exécuta son frère Godégisile qui s'était approprié son trône[6].

Pour leurs efforts, Gondebaud envoya les prisonniers francs à Alaric et lui offrit AvignonI, tandis que ce dernier entreprit de rencontrer Clovis. Les deux rois se rencontrèrent près du village d'Amboise, où Alaric accepta de libérer les captifs, tandis que Clovis rendit tout le territoire wisigoth qu'il détenait encore[7].

Seconde guerre franco-wisigothique (507-508) modifier

Campagne d'Aquitaine modifier

 
Avancées franques et ostrogothes en Aquitaine entre 507 et 509.

Après avoir obtenu l'approbation des magnats de son royaume, Clovis entreprit la libération de l'Aquitaine en 507.

Selon Joël Schmidt, cette campagne aurait été vu par Clovis comme une « libération de l'Aquitaine » et non comme une invasion, ce dernier ayant interdit à ses hommes de piller le pays[8].

Lors de sa marche à Poitiers, Clovis fut surpris par les armées wisigothiques et auvergnates dirigées par Alaric et Apollinaire de Clermont. L'affrontement qui en résulte est appelé la bataille de Vouillé, bien que l'on sache peu de choses sur cet incident, seulement que le noyau de l'armée wisigothique a été détruit et qu'Alaric y trouve la mort (soi-disant tué par Clovis de ses propres mains)[9] :

« On vit marcher contre les Francs, avec une intrépidité étonnante, 10 000 citoyens de la ville d'Auvergne ayant à leur tête le fils du célèbre Sidoine Apollinaire. Le nouveau conquérant, Clovis, ne fut vainqueur que lorsqu'il ne trouva plus aucun Auvergnat pour lui disputer la victoire [...] »[10].

La bataille déboucha sur une victoire décisive de l'armée franque qui put mener à bien la conquête de l'Aquitaine.

Campagne de l'Ouest modifier

Clovis put reprendre Bordeaux avant la fin de 507 et y passer l'hiver[11]. L'année suivante, il entra dans Toulouse où il s'empare du trésor des Wisigoths. Les Francs achèvent la conquête de l'Aquitaine.

La cour wisigothe s'étant déplacé à Narbonne, Clovis aspirait à la prendre également. Cependant, la ville était protégée par un terrain montagneux, il fut donc contraint d'assiéger Carcassonne, située entre Toulouse et Narbonne. Le siège se solda par un échec, car les forces ostrogothes réussirent à chasser les Francs[12]. Clovis, vaincu, fit demi-tour et pris Angoulême[13]. Afin d'annuler les chances des Ostrogoths de reconquérir les cités perdus, Clovis installa de vastes garnisons dans les villes récemment prises[9].

Narbonne finit par être prise par les Francs et les Burgondes de Gondebaud. Le roi wisigoth Geisalic fuit à Barcelone. Les Wisigoths sont ainsi repoussés dans la péninsule ibérique[14].

Campagne de l'Est modifier

Clovis envoya son fils Thierry mener une offensive indépendante. Le prince franc s'avança de Clermont à Rodez, arrivant à Albi. Il fait la conquête du Rouergue, de l'Albigeois, de l'Auvergne et de tout le pays jusqu'à la frontière avec les Burgondes[15]. Pendant ce temps, Gondebaud, aidé par les Francs, assiégea Arles. Néanmoins, après un long siège, les Ostrogoths intervinrent et évitèrent une lourde perte, forçant les Burgondes à battre en retraite[9].

Conséquences modifier

Chez les Francs modifier

Revenu à Tours, Clovis reçoit le titre de consul et la reconnaissance officielle de l'Empire romain d'Orient et d'Anastase pour diriger la Gaule. Il rentre à Paris où il établit sa capitale[16].

En 509, après la mort de Clodéric, le roi des Francs rhénans, Clovis se fait élire comme roi à Cologne et devient roi de tous les Francs[17].

Clovis organise le un concile à Orléans afin d'organiser l'Aquitaine nouvellement conquise et d'instaurer des relations entre le roi des Francs et l'Église[18]. Il s'inspirera en partie du précédent concile d'Agde réuni par Alaric en 506.

Chez les Wisigoths modifier

Le marque le début de la campagne des Ostrogoths sous Théodoric le Grand en direction de la Gaule méridionale pour soutenir les Wisigoths à la suite du siège d'Arles par les Francs et les Burgondes en 508[19]. Ils ne quitteront le territoire qu'en 511, et maintiendront une présence en Provence jusqu'en 536.

Le général ostrogoth Ibba entre en Espagne en 510 et expulse de Barcelone, la nouvelle capitale wisigothique, l'usurpateur Geisalic, fils bâtard d'Alaric, qui se réfugie en Afrique pour demander de l'aide au roi des Vandales Thrasamund[20]. Geisalic se cache ensuite en Aquitaine, puis, battu près de Barcelone, il repart vers la Durance, en territoire burgonde, où il est capturé et mis à mort en 511[21].

Le jeune Amalaric, fils légitime d'Alaric, devient roi des Wisigoths sous la tutelle de son grand-père Théodoric le Grand. Les Ostrogoths influenceront ainsi la direction du royaume wisigoth jusqu'en 526[22].

Références modifier

  1. Edward James, « Childéric, Syagrius et la disparition du royaume de Soissons », Revue archéologique de Picardie, nos 3-4 « Actes des VIIIe journées internationales d'archéologie mérovingienne de Soissons (19-22 juin 1986) »,‎ , p. 9-12 (lire en ligne).
  2. a et b (en) Ralph W. Mathisen, « La première guerre franco-wisigothique et le prélude à la bataille de Vouillé », sur Où la France a commencé, p. 3.
  3. (en) Bernard S. Bachrach, Merovingian Military Organization, 481-751, U of Minnesota Press, (ISBN 9780816657001, lire en ligne), p. 5.
  4. André Van de Vyver, « L'unique victoire contre les Alamans et la conversion de Clovis en 506 », Revue belge de philologie et d'histoire, t. 17, nos 3-4,‎ , p. 793-813 (lire en ligne).
  5. (en) Bernard S. Bachrach, Merovingian Military Organization, 481-751, U of Minnesota Press, , 9–10 p. (ISBN 9780816657001, lire en ligne).
  6. (en) Walter A. Goffart, Barbarians and Romans, A.D. 418-584: The Techniques of Accommodation, Princeton University Press, (ISBN 9780691102313, lire en ligne  ), 155.
  7. (en) Ralph W. Mathisen et Danuta Shanzer, La bataille de Vouillé, 507 CE: Where France Started, Walter de Gruyter, , 5–6 p. (ISBN 9781614510994, lire en ligne).
  8. Joël Schmidt, Le royaume wisigoth d'Occitanie, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 226), , 194 p. (ISBN 978-2-262-02765-0).
  9. a b et c (en) Bernard S. Bachrach, Organisation militaire mérovingienne, 481-751, U of Minnesota Press, , 11–12 p. (ISBN 9780816657001, lire en ligne).
  10. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Philippe Remacle (lire en ligne).
  11. Ferdinand Lot, Naissance de la France, Librairie Arthème Fayard, , 864 p. (lire en ligne).
  12. Patrice Georges Rufino et Jo Ducasse, Clovis contre Alaric : l'histoire de l'Empire wisigoth de Toulouse à Tolède, Jounieh, P.G. Rufino, (ISBN 978-2-9510585-0-7, lire en ligne).
  13. (en) Paul Fouracre, Rosamond McKitterick, The New Cambridge Medieval History : c. 500-c. 700, Cambridge, Cambridge, (ISBN 978-0-521-36291-7, lire en ligne).
  14. Katalin Escher, Les burgondes : Ier – VIe siècles apr. J.-C., Paris, Errance, , 283 p. (ISBN 978-2-87772-325-1, lire en ligne).
  15. Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres, Volume 8, De l'Imprimerie royale, (lire en ligne).
  16. Michel Rouche, Clovis, histoire & mémoire : Le baptême de Clovis, l'événement, Volume 1, Presses Paris Sorbonne, (ISBN 978-2-84050-079-7, lire en ligne).
  17. Mireille Cébeillac-Gervasoni, Alain Chauvot et Jean-Pierre Martin, Histoire romaine, Paris, Librairie Armand Colin, , p. 384..
  18. Michel Rouche, Clovis, histoire & mémoire : Le baptême de Clovis, l'événement, Volume 1, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 929 p. (ISBN 2-84050-079-5, lire en ligne).
  19. Arthur Malnory, Saint Césaire, évêque d'Arles, 503-543, É. Bouillon/Slatkine, (lire en ligne).
  20. (en) Herwig Wolfram (trad. de l'allemand), The Roman Empire and its Germanic peoples, Berkeley (Calif.)/Los Angeles (Calif.)/London, University of California Press, (ISBN 0-520-08511-6, lire en ligne).
  21. Michel Rouche, L'Aquitaine : des Wisigoths aux Arabes, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, Éditions Touzot, (lire en ligne).
  22. Histoire chronologique des Papes, des Empereurs et des Roi, Paris, Pierre de bats, (lire en ligne).