Président de la république arabe d'Égypte

chef d'État d'Égypte

Président de la
république arabe d'Égypte
(ar) رئيس جمهورية مصر العربية
Image illustrative de l’article Président de la république arabe d'Égypte
Armoiries de l'Égypte.

Image illustrative de l’article Président de la république arabe d'Égypte
Drapeau présidentiel.

Image illustrative de l’article Président de la république arabe d'Égypte
Titulaire actuel
Abdel Fattah al-Sissi
depuis le
(9 ans, 9 mois et 11 jours)
Vice-président : Vacant

Création
Mandant Suffrage universel direct
Durée du mandat 6 ans, renouvelable une fois consécutivement
Premier titulaire Mohammed Naguib
Résidence officielle Palais d'el-Orouba (Le Caire)
Rémunération 500 000 EGP par an (en )[1]
Site internet presidency.eg

Liste des dirigeants d'Égypte

Le président de la république arabe d'Égypte (en arabe : رئيس جمهورية مصر العربية) est le chef d'État et du pouvoir exécutif de l'Égypte. En sa qualité de président, il est également le commandant suprême des forces armées du pays.

Selon la Constitution de 2014, il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois de manière consécutive. Avant la révision constitutionnelle de 2019, le président était élu pour un mandat de quatre ans.

La fonction est instaurée le à la suite du renversement de la monarchie et l'établissement de la République. Son premier titulaire est Mohammed Naguib sous le nom de « Président de la république d'Égypte ».

Son actuel titulaire est Abdel Fattah al-Sissi depuis le . Il est élu le , à la suite de son coup d'État en 2013 qui renverse le président Mohamed Morsi.

Histoire modifier

 
Le roi Farouk en 1948.

En 1919, un an après la fin de la Première Guerre mondiale et alors que l’Égypte est sous mandat britannique, les Égyptiens se révoltent contre le Royaume-Uni. Cela provoque l'indépendance de l’Égypte en 1923 mais les troupes britanniques restent en place[2].

Le , le roi Farouk succède à son père Fouad Ier mais continue à accepter la présence britannique. C'est ainsi que les attentats et les actions terroristes se multiplient dans le pays dans le but d'évacuer les forces d’occupation[2] .

Au fil du temps, un mouvement contestataire se met en place à partir de début 1952. C'est ainsi qu'une faction de l'armée égyptienne, n'acceptant pas cela, décide de mettre fin au règne de Farouk. C'est ainsi que le , le roi est renversé par l'armée et remplacé par son jeune fils de six mois, Fouad II. Le gouvernement est limogé et le général Mohammed Naguib, chef des officiers libres qui ont organisé le coup d'État, est désigné dans un premier temps Premier ministre puis président de la République le après l'abolition de la monarchie[2].

Le a lieu la première élection présidentielle[3]. Dès la première élection, Nasser est l'unique candidat à la présidentielle. À sa mort, ses successeurs Sadate et Moubarak font de même jusqu'en 2005.

En 2005, la première élection présidentielle pluraliste a eu lieu[4].

Le , après la révolution de 2011 qui voit la démission de Moubarak, Mohamed Morsi remporte la première élection présidentielle libre de l'histoire de l'Égypte[5].

Élection modifier

Le président de la république arabe d'Égypte est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de six ans, renouvelable une seule fois de manière consécutive. Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, un second est convoqué entre les deux candidats arrivés en tête au premier. Celui des deux recueillant le plus de suffrages l'emporte[6].

L'élection doit être organisée au moins 120 jours avant la fin du mandat du président sortant[6].

Conditions de candidature modifier

Les candidats à la présidence doivent être âgés d'au moins quarante ans au jour du dépôt de leur candidature, posséder la nationalité égyptienne et être nés de parents eux mêmes égyptiens. Ni les candidats, ni leur conjoints, ni leur parents ne doivent posséder ou avoir possédé d'autre nationalité. Ils doivent également être en pleine possession de leur droits civiques et avoir effectué leur service militaire ou en avoir été exempté dans les conditions définies par la loi[6].

Les candidatures à la présidence ne sont valides qu'avec les signatures de soutien d'au moins vingt membres de la Chambre des représentants, ou d'un minimum de 25 000 inscrits sur les listes électorales, à raison d'au moins 1 000 signatures dans au moins 15 des 27 Gouvernorats. Dans les deux cas, une même personne ne peut soutenir qu'un seul candidat à la fois[6].

S'il est membre d'un parti politique, le candidat élu doit le quitter avant sa prestation de serment, la constitution imposant au président de la république de ne pas avoir d'affiliation partisane[6].

Historique modifier

De l'instauration de la république en 1953 à la réforme constitutionnelle de 2005, le président était dans un premier temps élu au suffrage indirect par au moins deux tiers des membres de l'Assemblée du peuple pour un mandat de six ans, renouvelable indéfiniment[7]. Ensuite, les électeurs étaient appelés à valider cette désignation lors d'un référendum[7]. En 1971, le mandat passe à cinq ans, renouvelable une fois, avant de revenir en 1980 à six ans, sans limite du nombre de mandats

À partir de 2005, le président est élu au suffrage universel direct[8]. Après le référendum constitutionnel de 2011, le mandat passe à quatre ans, renouvelable une fois consécutivement, avant de revenir à six ans en 2019, du fait du référendum constitutionnel approuvé cette année là.

Mandat modifier

Serment modifier

Selon la Constitution de 2014, le président élu prête serment devant la Chambre des députés en prononçant la phrase suivante :

« Je jure, au nom d'Allah le Tout‐Puissant de préserver loyalement le régime républicain, de respecter la Constitution et la loi, de veiller pleinement aux intérêts du peuple et de sauvegarder l'indépendance de la patrie et l'intégrité de son territoire[9]. »

Succession modifier

Sous la constitution de 2014, le président de la Chambre des représentants assure l'intérim, ou si celui-ci est dans l'incapacité de devenir président, le président de la Cour constitutionnelle suprême[9].

Auparavant, sous la Constitution de 2012, en cas de vacance du poste de président, le président de la Chambre des représentants assurait l'intérim. Si celui-ci était dans l'incapacité d'assurer l'intérim, la charge revenait dans l'ordre de succession respectivement au président du Conseil consultatif puis au président de la Cour constitutionnelle suprême si aucun des deux cités plus haut ne pouvait devenir président[10].

Fonctions et pouvoirs modifier

Le président est le chef d'État et le chef de l’exécutif mais aussi le chef suprême des forces armées[9].

Étendard modifier

Liste des titulaires modifier

Légende (partis politiques)

Note : le tableau ci-dessous montre les dates de mandats avec les gouvernements respectifs des chefs de l'État. Les dates de la dernière ligne (« Mandat électoral ») font référence à la date des élections (s'il y en a eu), qui ont validé le mandat.

Portrait Nom
(naissance-mort)
Dates du mandat

Mandat électoral
Gouvernement Parti politique Autres fonctions occupées
pendant le mandat
Notes et faits marquants
1   Mohammed Naguib
(1901–1984)
Naguib I ; Nasser I ; Naguib II ; Nasser II Indépendant Premier ministre Premier président après le renversement de la monarchie[11]. Démissionne en 1954 sous la pression de l'armée.
2   Gamal Abdel Nasser
(1918-1970)
Nasser II ; Sabri ; Mohieddin ; Sulayman ; Nasser III Union socialiste arabe Premier ministre Le colonel Nasser renverse le général Naguib le et le remplace à la tête de l'État en qualité de président du Conseil de commandement révolutionnaire jusqu'au où il devient président de la République. Élu président en 1956[3], date de l'adoption de la constitution[12]. Nationalise le canal de Suez en 1956[13], provoquant une crise internationale. Créé la République arabe unie (1958) avec la Syrie[14] et participe à la guerre des six jours en 1967[15], qu'il perdra. Meurt subitement en 1970[16].
1956, 1965
3   Anouar el-Sadate
(1918–1981)
Fawzi ; Sedki ; Sadate I ; Hejazi ; Salem ; Khalil ; Sadate II Parti national démocratique Premier ministre Succède à Nasser en 1970[17]. Fait adopter une nouvelle constitution en 1971[18]. Participe à la guerre du Kippour en 1973[19] puis signe un accord de paix avec Israël (camp David)[20]. Assassiné par un soldat islamiste en 1981[21].
1970, 1976
  Soufi Abou Taleb
(1925–2008)
Moubarak Parti national démocratique Président de l'Assemblée du Peuple Succède à Sadate en 1981 en tant que président par intérim.
4   Hosni Moubarak
(1928-2020)
Moubarak ; Mohieddin ; Ali ; Mahmoud ; Sedki ; al-Ganzouri I ; Ebeid ; Nazif ; Chafik I ; II Parti national démocratique Premier ministre Succède à Sadate en 1981[22]. Réélu en 1987, 1993, 1999 et 2005[23]. Démissionne en 2011 quelques mois avant la fin de son mandat pendant la révolution égyptienne de 2011[24].
1981, 1987, 1993, 1999, 2005
  Mohamed Hussein Tantawi
(1935-2021)
Chafik I ; II ; Charaf I ; II ; al-Ganzouri II Indépendant Création du Conseil suprême des forces armées, organe transitoire chargé d'assumer les pouvoirs du chef de l'État[25]. Il est présidé par Mohamed Hussein Tantawi jusqu'au [26].
Président du
Conseil suprême des forces armées
5   Mohamed Morsi
(1951-2019)
Qandil I ; II Parti Liberté et Justice Élu en 2012[5]. Premier président démocratiquement élu[27] et issu des Frères musulmans. Fait adopter par référendum une nouvelle constitution[28] controversée[29] fin 2012. Destitué par un coup d'état le [30], après un mouvement de protestation de grande ampleur organisé à l'occasion du premier anniversaire de sa prise de fonction[31].
2012
  Adli Mansour
(né en 1945)
el-Beblawi ; Mahlab I Indépendant Président de la Cour constitutionnelle suprême Président de la Cour constitutionnelle suprême, il est désigné par l'armée le pour succéder à Mohamed Morsi, renversé par l'armée[32]. Prête serment le lendemain[33]. Propose un référendum pour remplacer la constitution adoptée sous son prédécesseur en [34], constitution finalement adoptée[35].
6   Abdel Fattah al-Sissi
(né en 1954)
En fonction
Mahlab I ; II ; Ismaïl ; Madbouli
Indépendant Ministre de la Défense de Mohamed Morsi depuis le [36], il renverse ce dernier lors d'un coup d'État[37] et est considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte durant la présidence de Mansour[38]. Il remporte l'élection présidentielle de face à Hamdine Sabahi[39]. Réélu en 2018[40],[41].
2014, 2018, 2023

Frise chronologique modifier

Abdel Fattah al-SissiAdli MansourMohamed MorsiHosni MoubarakSoufi Abou TalebAnouar el-SadateGamal Abdel NasserMohammed Naguib

Observations générales modifier

Longévité :

Décès en cours de mandat :

Anciens chefs d'État encore en vie :

Classement par durée de mandat

Rang Nom En jours En années Dates Commentaire
1 Hosni Moubarak 10 712 jours 29 ans, 3 mois et 28 jours 4 1981-2011 Démissionne.
2 Gamal Abdel Nasser 5 797 jours 15 ans, 10 mois et 14 jours 2 1954-1970 Meurt en fonction (causes naturelles).
3 Anouar el-Sadate 4 026 jours 11 ans et 8 jours 3 1970-1981 Meurt en fonction (assassinat).
4 Abdel Fattah al-Sissi 3 572 jours 9 ans, 9 mois et 11 jours 6 2014-... Mandat en cours.
5 Mohammed Naguib 514 jours 1 an, 4 mois et 27 jours 1 1953-1954 Démissionne.
6 Mohamed Morsi 368 jours 1 an et 3 jours 5 2012-2013 Renversé par un coup d'État.

Notes et références modifier

  1. (en) Mohamed Khairat, « Egypt’s President Sisi Earns $63,000 a Year. Here’s How This Compares to Other World Leaders. », sur egyptianstreets.com, Egyptian Streets, (consulté le ).
  2. a b et c « Événements du 23 juillet 1952 en Égypte », sur Hérodote (consulté le ).
  3. a et b « Nasser président d'Egypte », sur linternaute.com (consulté le ).
  4. « Première élection présidentielle de l’histoire de l’Égypte », sur rfi.fr (consulté le ).
  5. a et b « Égypte : le Frère musulman Mohamed Morsi élu président », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  6. a b c d et e (en) « Egypt 2014 (rev. 2019) Constitution - Constitute », sur constituteproject.org (consulté le ).
  7. a et b « Égypte, système électoral », sur Instiut Médéa (consulté le ).
  8. « En Égypte, un référendum contesté entérine l'institution d'un scrutin présidentiel », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  9. a b et c « Constitution égyptienne du 19 janvier 2014 », sur Université de Perpignan (consulté le ).
  10. « Constitution égyptienne du 26 décembre 2012 », sur Université de Perpignan (consulté le ).
  11. « Mohamed Néguib », sur passion-egyptienne.fr (consulté le ).
  12. « L’évolution constitutionnelle en Egypte », sur sis.gov.eg (consulté le ).
  13. « Nasser nationalise le canal de suez »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur linternaute.com (consulté le ).
  14. « Jour par Jour, République arabe unie »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur linternaute.com (consulté le ).
  15. « Guerre des Six Jours (5 au 10 juin 1967) », sur tsahal.fr (consulté le ).
  16. « Le président Nasser est mort », sur live2times.com (consulté le ).
  17. « Sadate succède à Nasser à la présidence de l'Egypte »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur linternaute.com (consulté le ).
  18. « Égypte: Constitution du 11 septembre 1971 », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  19. « Qui a gagné la guerre du Kippour? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Euronews (consulté le ).
  20. « Signature des accords de camp David entre Israël et l'Égypte », sur Université de Sherbrooke (consulté le ).
  21. « Assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate », sur Université de Sherbrooke (consulté le ).
  22. Ridha Kéfi, « Moubarak succède à Sadate », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne).
  23. « Hosni Moubarak, le pharaon déchu », L'Express,‎ (ISSN 0014-5270, lire en ligne).
  24. « Egypte : Moubarak démissionne », sur Tf1.fr (consulté le ).
  25. « Egypte en direct: le départ de Moubarak laisse l'armée en première ligne », L'Express,‎ (ISSN 0014-5270, lire en ligne).
  26. « Mohamed Morsi devient le cinquième président de la république d'Egypte », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  27. « Mohamed Morsi, premier président égyptien démocratiquement élu », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  28. « VIDEOS. Egypte : la Constitution contestée par l'opposition approuvée à 63,8% », Le Parisien,‎ (ISSN 0767-3558, lire en ligne).
  29. « Nouvelle Constitution égyptienne : ces articles qui changent la donne », sur France 24 (consulté le ).
  30. « Egypte : le jour où Mohamed Morsi a été destitué », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  31. Hassan Ammar, « Egypte. Manifestations massives contre Morsi », Le Nouvel Observateur,‎ (ISSN 0029-4713, lire en ligne).
  32. « Mohammed Morsi n'est plus président », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne).
  33. « Egypte : Adli Mansour, président par intérim, a prêté serment », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  34. « Egypte : le référendum sur la Constitution aura lieu les 14 et 15 janvier », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  35. « Egypte : le référendum sur la Constitution aura lieu les 14 et 15 janvier », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  36. « Morsi met le maréchal Tantawi à la retraite », L'Express,‎ (ISSN 0014-5270, lire en ligne)
  37. « Morsi destitué : les temps forts de la journée », TV5,‎ (lire en ligne)
  38. « Sissi donné vainqueur », BFM TV,‎ (lire en ligne)
  39. « Sissi élu sans surprise ni réelle concurrence », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  40. « Égypte : les résultats officiels donnent la victoire d’Abdel Fattah Al-Sissi, réélu président avec 97,08 % des voix », sur lemonde.fr, .
  41. « Égypte : l'élection présidentielle et la consolidation du pouvoir de Sissi », Al HuffPost Maghreb,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Tangi Salaün et Claude Guibal, L’Égypte de Tahrir : Anatomie d'une révolution, 25, bd Romain Rolland, Paris XIV, Éditions du Seuil, , 247 p. (ISBN 978-2-02-105726-3, lire en ligne)  
  • Robert Solé, Sadate, , 319 p. (ISBN 978-2-262-04329-2, lire en ligne)  
  • Dominique de Roux, Gamal Abdel Nasser, Éditions l'Age d'Homme,  
  • Jean-Pierre Estival, Le naufrage de l'Islam politique à l'épreuve du pouvoir : Chronique d'un fiasco annoncé, Paris, L'Harmattan, , 209 p. (ISBN 978-2-343-01948-2)  

Articles connexes modifier

Liens externes modifier