Ponts couverts (Strasbourg)

Trois ponts situés à Strasbourg, en France

Les ponts couverts de Strasbourg constituent un ensemble de trois ponts enjambant l'Ill au cœur du quartier de la Petite France. Entre les XIIIe et XVIIIe siècles, il y avait à cet endroit quatre ponts couverts. Les ponts actuels ne sont plus couverts mais en ont conservé le nom.

Ponts couverts
Panorama avec les quatre tours des ponts couverts, depuis le barrage Vauban
Panorama avec les quatre tours des ponts couverts, depuis le barrage Vauban
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Strasbourg
Coordonnées géographiques 48° 34′ 48″ N, 7° 44′ 22″ E
Fonction
Franchit l'Ill
Fonction Pont-route
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc
Longueur 230 m
Largeur m
Matériau(x) Pierre[1]
Construction
Construction 1230 - 1250[1]
Historique
Protection Logo monument historique Classé MH (1928, quatre tours, batteries)[2]

Carte

Les quatre tours fortifiées — cinq à l'origine — jalonnant ces ponts sont classées aux monuments historiques depuis 1928[2].

Historique modifier

 
Les ponts encore en bois mais sans couvertures.

Quatre ponts sont construits de 1230 à 1250 sur les bras de la rivière Ill, pour défendre Strasbourg contre des attaques qui viendraient de cette direction. Ils ont été construits par les bourgeois de la ville pour fermer l'accès à l'Ill[3]. En 1332, les piliers de soutènement en bois sont remplacés par de solides piles en maçonnerie.

La dénomination de "Ponts couverts" rappelle que ces derniers formaient une succession de galeries couvertes d'une toiture de tuiles, à partir du XIVe siècle. Si les galeries étaient ouvertes du côté de la ville, elles étaient closes d'une paroi en bois et percées de meurtrières pour l'artillerie du côté extérieur. Au XVIe siècle, Daniel Specklin perfectionne le système défensif de l'ensemble.

Sur ces ponts s'intercalent cinq tours carrées crénelées massives. Vers 1570, des herses en fer sont installées afin de condamner, en cas de danger, l'accès depuis la rivière.

Entre 1681 et 1688, l'ingénieur Jacques Tarade construit, d'après les plans de Vauban, un pont-écluse dit barrage Vauban, une centaine de mètres en amont. Adapté aux techniques militaires de l'époque, cet ouvrage fut utilisé, durant la guerre de 1870, pour inonder la zone située en amont.

En 1784, les toits recouvrant les ponts sont retirés[1]. En 1865 les ponts en bois sont rasés et reconstruits entièrement en pierre dans leur configuration actuelle.

La tour de l'Almosenturm ou Malzenturm est rasée en 1869 après un incendie en 1863. Les quatre autres doivent leur conservation à leur rôle de prison jusqu'à ce que la maison d'arrêt de la rue du Fil soit achevée en 1823.

Description modifier

Les trois ponts actuels sont de type pont en arc[1].

Ce sont, du nord au sud[1] :

  • le "pont couvert I", pour le pont d'une arche franchissant le canal de navigation de l'Ill ;
  • le "pont couvert II", pour le pont de deux arches franchissant le canal du Moulin dit Spitzmühle sous arche rive gauche et Dinsenmühle sous arche rive droite toujours sur l'Ill ;
  • le "pont couvert III", pour le pont d'une arche franchissant le canal du Moulin dit Zornmühle de l'Ill.

Les cinq tours primitives sont dénommées ainsi, du nord au sud :

  1. la Stöckelsturm, la Henkersturm ou « Tour du Bourreau », un peu à l'écart des autres, près du pont de l'Abattoir. Elle ne conserve aucune structure interne en bois antérieure au début du XVIIIe siècle. Son réaménagement date de 1746. Au second étage, les deux cellules en chêne possèdent leurs portes avec les huissiers et ferrures. La prison ferma en 1823.
  2. Tour Malzenturm (détruite ) elle possédait la même charpente que les tours n°3 et 5.
  3. l'Heinrichsturm, « Tour de l'Éclusier » ou « Tour Henri » elle est la seule à conserver des bois d'oeuvre de son état primitif qu'une expertise dendrochronologique permet une datation de 1229 en accord avec les sources écrites . Une première cellule de prison y fut installée au troisième étage en 1351 dont il ne reste que l'ossature donnant une superficie de 13 mètres carrés . La charpente de sa toiture est datée de 1408, elle était dotée de trois bretèches, supprimées plus tard et couvertes de tuiles creuses. En 1529 trois nouvelles cellules furent créées au second étage. Constituées de poutres de chêne juxtaposés laissant un espace réduit au prisonnier soit en moyenne 6,5 métres carrés, sans chauffage ni commodités hygiéniques;
  4. l'Hans von Altheimturm ou « Tour Jean de Altheim » :Cette tour fut intégralement reconstruite pour ses structures internes en bois en 1696, à la suite d'un incendie. Elle perdit ses fonctions militaires au profit de celles d'incarcération dès 1686 lors de la construction du barrage-écluse;
  5. la Französische Turm ou « Tour des Français ». La charpente de sa toiture est identique à celle des tours 2 et 3, mais n'est pas encore datée

Ces tours en briques, partagent un certain nombre de points communs. Elles font 8,60 mètres de côté pour une hauteur de 19 mètres, représentant 5 niveaux que séparent des planchers. On accédait aux tours par des portes en grès dans la façade arrière, au premier pour la tour numéro 4 et au second niveau pour les tours numéros 1,3 et 5 qui devaient être recouvertes d'une toiture dont il ne reste aucun vestige. Ouvrage militaire destiné au gué et à la défense, chaque tour était pourvue sur les trois côtés les plus exposés à une attaque de six à neuf meurtrières par étage, réparties sur trois niveaux. Certaines meurtrières avaient une position en biais de manière à bien orienter les tirs du côté de l'attaque. Le sommet étaient constitué d'ouvertures à la manière d'un crénelage.

Mémoires des détenus modifier

Sur les parois des cellules, les détenus gravèrent quelques 500 graffitis à l'aide d'objet tranchants associés à une vingtaine de millésimes réalisés entre 1530 et 1595.

XIXe siècle modifier

Depuis la fermeture des prisons en 1823 et son remplacement par une prison municipale, les tours subirent quelques travaux pour être affectées à de nouvelles fonctions de courtes durées et ne furent restaurées qu'une seule fois pour les façades entre 1977 et 1981.

Notes et références modifier

  1. a b c d et e « Ponts couverts », sur fr.structurae.de, Structurae (consulté le ).
  2. a et b Notice no PA00085192, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Valérie Serdon, « Villes et forteresses au Moyen Âge », Moyen Âge, no 125,‎ mai-juin-juillet 2021, p. 24 (ISSN 1276-4159).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • H.Zumstein, Les graffiti dans les prisons de la tour dite Heinrichsturm des ponts couverts à Strasbourg, dans Actes du Xe colloque international de cryptographie du m'ont Saint-Odile (France) 4-9 juillet 1996, Braine-le-Château, éditions de la Taille d'Aulme,1997.,p.685-690.
  • M-D.Watton, Les enceintes de Strasbourg à travers les siècles, dans In Situ, n°16, 2011. En ligne:https://journal.openedition.org/insitu/442
  • Franck Billmann, Jean-Marie Le Minor et Louis Schlaefli, « Les Ponts-Couverts vers 1540, à propos d'une des plus anciennes vues imprimées représentant Strasbourg », in Annuaire de la Société des Amis du Vieux Strasbourg, 2008, no 33, p. 73-77.
  • Jean-Paul Haettel, Edmond Maennel (et al.), « Les Ponts Couverts », in Strasbourg et ses ponts, Le Verger, Illkirch, 1990, p. 19-20 (ISBN 2-908367-16-5).
  • Maxime Werlé, Les tours des ponts couverts du XIIIe siècle à nos jours, dans : Dossiers d'archéologie, N°420, novembre-décembre, 2023, pp.52-55
  • J.J. Schwien, F. Pétry, M-D. Waton : L'entrée de la rivière Ill dans Strasbourg, dans Strasbourg dix ans d'archéologie urbaine. De la caserne Barbare aux fouilles du tram , Strasbourg, Musées de Strasbourg, 1994, pp.77-83.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier