Pont romain de Mérida

pont romain sur le Guadiana à Mérida
Pont romain
Géographie
Localisation
Coordonnées
Caractéristiques techniques
Longueur
790 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Travées
60Voir et modifier les données sur Wikidata
Largeur
7,1 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Matériau
Style
Fonction
Franchit
Historique
Patrimonialité
Autres activités de nettoyage des bâtiments; nettoyage industriel (d)
Bien d'intérêt culturelVoir et modifier les données sur Wikidata
Référents
Brueckenweb
Carte

Pont romain de Mérida *
Coordonnées 38° 54′ 47″ nord, 6° 21′ 03″ ouest
Critères [1]
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le pont romain de Mérida (l'Estrémadure, Espagne) est considéré comme le plus long de l'Antiquité[1]. Sous l'Empire romain il traversait le fleuve Guadiana en deux tronçons séparés par un terre-plein. Aujourd'hui, le pont a une longueur de 790 m et repose sur soixante arcs, desquels trois sont restés cachés jusqu'à la fin des années 1990, lorsque les travaux de restauration des berges du fleuve les ont découverts.

Le pont fait partie de l'Ensemble archéologique de Mérida, un des principaux et des plus étendus d'Espagne et qui a été déclaré Patrimoine de l'Humanité en 1993 par l'Unesco.

Histoire et description modifier

Depuis la fondation de la colonie Augusta Emerita en -25, la ville s'est développée devenant le plus important centre du réseau de communications de l'ouest de la péninsule Ibérique, autant par son statut de capitale de la province de Lusitanie que par la facilité à traverser le fleuve Guadiana grâce à son énorme pont de pierre. Ainsi, la Voie de l'Argent, axe majeur qui traversait Hispanie du nord au sud par l'ouest et les chemins menaient à Olissipo (Lisbonne), Corduba, Toletum et Caesaraugusta (Saragosse) partaient de Mérida et traversaient ce pont[2].

 
Le premier tronçon du pont, le moins remodelé.

Le pont fut érigé en même temps qu'était fondée la colonie, dans les dernières décennies du Ier siècle av. J.-C. et c'est cet ouvrage qui a déterminé l'emplacement de la ville[2]. La construction date donc de l'époque d'Auguste. Cependant, le rôle de ce pont au cours de l'histoire et les crues majeures du Guadiana qui ont périodiquement endommagé l'ouvrage font que la construction contemporaine reflète ces multiples transformations et réparations et s'éloignent de son aspect originel. Le lieu choisi est un tronçon peu profond du fleuve dans lequel son large lit est divisé en deux par une île naturelle et dont le lit est composé par des formations de diorites qui créent une fondation solide[3].

L'analyse minutieuse du pont a conclu que l'ouvrage est formé de trois tronçons bien différents. Le premier, depuis la ville jusqu'à la première rampe d'accès (nommée Humilladero) qui donne sur une île en remontant le sens du courant ; le second jusqu'à la seconde rampe d'accès, dite de Saint-Antoine, qui est orientée la même manière et donne sur la berge opposée, et le troisième tronçon jusqu'au bout du pont. Le premier tronçon correspond aux dix arcs initiaux et est celui qui a moins souffert des rénovations et qui conserve son aspect originel. Il est construit en opus caementicium garni de pierre de taille en bossage. Ses piles sont carrées, construites sur un bec semi-circulaire qui atteint toute la hauteur du pilier et par-dessus duquel s'appuient les arcs plein cintre. Les tympans sont percés de petits arcs plein-cintres qui jouent le rôle de seuil. Les ouvertures des arcs diminuent symétriquement sur tout le tronçon et l'écart entre les piles est considérable, élément propre aux ouvrages romains du début de l'époque impériale et qui sera quelque temps plus tard surpassé par des ouvrages de techniquement plus perfectionnés, comme le pont d'Alcántara, du début du IIe siècle[3].

Le deuxième tronçon, au milieu du fleuve, a été le plus exposé à l'usure naturelle et à la destruction par l'homme. En 483, à l'époque wisigothe, sont mentionnées des réparations dont nous sommes assurés que ce n'étaient pas les premières. Une inscription gravée (en latin) sur le pont mentionne sa restauration par le duc wisigoth Salla en l'an 521 de l'Ère d'Espagne, c'est-à-dire l'an 483 de l'Ère commune. Au IXe siècle l'émir Muhammad I de Cordoue, pour contrer une rébellion de Mérida contre le pouvoir musulman, a détruit une pile. Il y eut ensuite des reconstructions aux XIIIe, XVe et XIXe siècles. Nous ne savons pas quelles furent les parties affectées, mais celles qui sont documentées ont presque toute été réalisées sur le tronçon central. La crue de 1603 causa de grandes destructions, comme en a témoigné le chroniqueur Bernabé Brun de Vargas dans son Histoire de la Ville de Mérida (1633), où il signale que les deux ponts originaux qui unissaient l'île centrale avec les berges de part et d'autre furent réunis en un seul ouvrage avec la création de la section centrale[4]. Ainsi, dans ce tronçon nous reconnaissons un œuvre du début du XVIIe siècle, qui fut terminé en 1611 et qui amalgame de façon harmonieuse le style romain avec l'austère architecture des Habsbourgs. Cinq arcs plein-cintres possèdent des ouvertures plus importantes que celles du premier tronçon. Ils reposent sur des piles rectangulaires précédées d'un bec aigu se terminant en pyramide et un contrefort d'appui dans le versant opposé.[3]

Ce tronçon relie le pont et l’île. C'est un ouvrage du XVIIe siècle sur les bases de la plateforme d'origine et en béton romain qui était un énorme terre-plein qui s'étendait sur 150m en amont pour protéger le centre de l'ouvrage des crues du fleuve. Jusqu'à l'arc 36, qui est toujours dans cette zone, furent réalisés au XIXe siècle d'importantes transformations après la Guerre d' Indépendance Espagnole (1808-1814), pendant laquelle furent détruits plusieurs arcs pour empêcher l'accès aux troupes de Napoléon, puis lors d'une inondation en 1823 alors qu'en 1878 il y eut des réparations à la suite de la crue de 1860. Toutes ces interventions essayèrent de conserver l'harmonie avec la construction romaine[3].

Le troisième tronçon, bien que partiellement remanié, conserve une grande partie de l’ouvrage d'origine. C'est une zone qui s'élève sur une berge qui n'est presque jamais inondée en raison du faible débit habituel du Guadiana, raison pour laquelle cette section n'est pas équipée de seuils. Il partage avec le tronçon initial la combinaison de pierres de taille en bossage et des proportions similaires pour les arcs et les piles. La pente marque est plus forte, fruit de l'enfoncement du lit fleuve. Ce dernier tronçon commence au niveau de la rampe de Saint-Antoine, du XVIIe siècle. Au bout de ce dernier se trouvent les restes d'une plate-forme de béton romain qui sont peut être les restes d'un ouvrage romain perdu aussi bien qu'une autre rampe ou un arc de triomphe, compléments qui habillaient l'ouvrage nu que nous contemplons aujourd'hui. Nous savons qu'à l'époque impériale le pont a eu plus d'un arc de triomphe et une porte d'entrée de la ville dans son premier tronçon. Nous connaissons cet aspect parce qu'il apparaît en de nombreuses monnaies romaines frappées dans la colonie, de la même manière qu'il apparaît aujourd'hui comme motif central des armes de la ville. Au XVIIe siècle fut ajouté un lapidaire commémoratif de la restauration de l'époque de Philippe III et la chapelle de Saint-Antoine sur la rampe de l'Humilladero, chapelle pour les voyageurs qui disparut pendant la crue de 1860[3].

Le pont mesure 792 m de long, 12 m au-dessus de l'eau. Su profil actuel est légèrement tordu. Ce n'était pas le cas à sa construction, et c'est le résultat des destructions et reconstructions successives, ainsi que de l'enfoncement du lit du fleuve durant les deux derniers millénaires. Il reste malgré tout une œuvre majeure qui atteste de l'ambition de l’ingénierie romaine[3]. Le pont a supporté le poids du trafic durant presque toute son histoire, mais il devint exclusivement piéton le , jour de l'inauguration du pont de Lusitanie[5].

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • José María Álvarez Martínez, Nosotros. Extremadura en su patrimonio, Barcelone, (ISBN 84-9785-318-0), « La presencia romana en Extremadura »
  • Yolanda Barroso et Francisco Morgado, Mérida, Patrimonio de la Humanidad. Conjunto monumental, Mérida, Consorcio de la Ciudad Monumental Histórico-Artística y Arqueológica de Mérida (Depósito legal: BA-335-1996),
  • (en) Colin O’Connor, Roman Bridges, Cambridge, Cambridge University Press, , 235 p. (ISBN 0-521-39326-4)
  • VV.AA., Monumentos artísticos de Extremadura, vol. II, Mérida, 3ª, (ISBN 84-7671-948-5), « Mérida »

Articles connexes modifier

Liens externes modifier