Pont des Soupirs

pont de Venise
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Pont des Soupirs
Le pont des Soupirs
Le pont des Soupirs
Géographie
Pays Italie
Commune Venise
Coordonnées géographiques 45° 26′ 03″ N, 12° 20′ 28″ E
Fonction
Franchit Rio de Palazzo o de Canonica
Caractéristiques techniques
Type Pont en arc fermé
Longueur 11 m
Matériau(x) marbre et pierre d'Istrie
Construction
Construction 1600
Architecte(s) Antonio Contin

Carte

Le pont des Soupirs ou Ponte dei sospiri, construit au début du XVIIe siècle est l'un des nombreux ponts de Venise en Italie. Ce pont-passerelle couvert qui comporte deux couloirs parallèles passe au-dessus du Rio de Palazzo o de Canonica, reliant les anciennes prisons aux cellules d'interrogatoires du palais des Doges. C'est l'un des lieux touristiques les plus célèbres de la ville.

le pont des Soupirs vu de nuit.

Le nom pont des Soupirs suggère le soupir exprimé par les prisonniers conduits devant les juges, lors de leur dernier regard porté sur Venise. C'était donc la dernière image de la liberté pour ceux qui allaient finir leurs jours en prison.

Il existe plusieurs ponts portant le même nom, notamment à Cambridge et à Oxford.

Histoire modifier

Le pont des Soupirs a été bâti en 1602 pour relier le palais des Doges avec la nouvelle prison (achevée en 1614) par Antonio Contin. Il a travaillé également avec son oncle Antonio da Ponte sur le pont du Rialto. Antonio Contin dessina un pont de style baroque édifié en marbre et pierre d'Istrie blanche. Deux fenêtres « grillagées » en pierre sont présentes sur chacune des deux faces de l'ouvrage.

Un sarcophage volant modifier

Ce « sarcophage qui s'envole », comme l'a appelé l'écrivain André Suarès[1], avait en effet la particularité d'être un pont totalement fermé et ce afin non seulement d'empêcher que l'on puisse entendre les cris et lamentations des condamnés, mais aussi pour que l'on ne puisse pas les voir.

Le fait que le pont soit totalement fermé était également une assurance pour la Sérénissime que ses prisonniers ne pourraient essayer de s'échapper en le franchissant. Sinon, la tentation de se jeter dans le canal aurait évidemment été trop grande.

Des fonctions très précises modifier

Ce pont-passage avait été élaboré pour servir très précisément à ces fins et il est de ce fait constitué comme un double couloir.

Ainsi, selon qu'on l'empruntait dans un sens ou dans un autre, utilisait-on le couloir gauche ou droit, ce qui fait que les condamnés ne pouvaient jamais ni se voir ni se parler.

C'est en effet ce même passage qui les emmenait aussi de la prison aux salles de torture. En le prenant, on allait soit aux « puits », des cachots sombres et humides, situés au sous-sol, soit aux plombs où les prisonniers étouffaient dans la chaleur de cellules situées sous des toits recouverts de grosses plaques de plomb.

Dans les arts modifier

En peinture modifier

Le peintre anglais William Turner le représente dans une huile sur toile exposée à la Royal Academy en 1840 et conservée à la Tate Britain à Londres[2].

Littérature modifier

  • Michel Zévaco, Le Pont des Soupirs (1901) roman d'aventures en deux parties :
    • Le Pont des Soupirs ;
    • Les Amants de Venise.

Inspiré par Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, l'intrigue se déroule en fait entre 1509 et 1518, un siècle avant la création historique du pont par lequel le héros Roland Candiano, accompagné par un bandit repenti, Scalabrino, s'évade pour se venger de ses persécuteurs. Le roman s'inspire également de l'évasion de la prison des Plombs et du pont des Soupirs de l'écrivain, (accompagné ici par un ecclesiastique), Casanova, en 1756.

  • Aujourd’hui, certains associent à tort une image romantique à ce pont, dont les soupirs feraient référence à ceux des amoureux. C’est pourquoi des couples viennent s’y embrasser lors de balades en gondole. Cette vision erronée est en particulier due au poème de Lord Byron, « Le pèlerinage de Childe Harold », paru en 1812, dans lequel il décrit ses émotions à la vue de ce monument :

 « Je me tenais à Venise sur le pont des Soupirs
Un palais d’un côté, une prison de l’autre
Je vis sortant de la vague sa structure s’élever
Semblant venir d’un coup de baguette de l’enchanteur ».

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. « Le pont des Soupirs est un sarcophage qui s'envole.

    Les tragédies des doges sont les jeux de la gloire et de l'amour. La fin de l'or et des plus chaudes lèvres est dans le sang : seul il les fixe. On ne saurait conclure une belle histoire dans la salle du festin. Voilà le charme profond de Venise : on y porte sa mélancolie dans un lieu de fête ; on offre sa tristesse aux bras d'une reine enivrée, qui l'accepte. »

    — André Suarès, Voyage du Condottiere

    [Vers Venise], Paul-Émile frères, Paris, 1922, p. 256, texte intégral.

  2. Turner, Tate Britain

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier