Points-Cœur

ONG humanitaire catholique non rattachée à l'église
Points-Cœur
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Points-Cœur, fondée en 1990 par Thierry de Roucy, est une ONG humanitaire d'origine catholique qui n'est plus rattachée à l'Église catholique depuis 2020.

Histoire modifier

Points-Cœur naît en 1990 à Paranà en Argentine, à l'initiative du père Thierry de Roucy, alors Supérieur général de la Congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie basée à l'abbaye d'Ourscamp, dans l'intention de donner vie à des petites communautés pour l'accueil d'enfants délaissés, abandonnés ou victimes de la violence[1].

Succédant au père Guillaume Trillard (en 2014)[2], le modérateur général de Points-Cœur en 2017 est le père Laurent Pavec[3].

Points-Cœur n'a plus de reconnaissance canonique depuis avril 2020[4].

L'ancien centre américain de Points-Cœur, le « Centre international pour une culture de compassion » a été mis en vente en 2019[5].

Mission modifier

L'ONG a pour objet d'envoyer de jeunes bénévoles à l'étranger dans des quartiers pauvres. Elle intervient dans une quinzaine de pays[3].

Elle a depuis 2005 un statut consultatif spécial au Conseil économique et social de l'ONU[6],[7].

Branches modifier

Après Points-Cœur, Thierry de Roucy a créé trois associations de prêtres et de religieuses qui comptent en 2017 une centaine de membres[3].

  • La Fraternité Molokai regroupe les séminaristes et prêtres au service de la mission de l'œuvre Points-Cœur, sous le vocable de saint Damien de Molokai, « l'Apôtre des lépreux ».
  • Fondées en 1994, les Servantes de la Présence de Dieu est la branche religieuse de Points-Cœur, regroupant des femmes qui vivent du charisme de Points-Cœur selon l'état religieux apostolique. Reconnue par le diocèse de Fréjus-Toulon comme association privée de fidèles en vue de devenir un institut religieux. Elles vivent en petites communautés de cinq ou six réparties dans 4 prieurés : à Flassans-sur-Issole (France), au Pérou, au Salvador[8] et en Argentine. Elles sont aujourd'hui 33 sœurs de 7 nationalités différentes.
  • La Fraternité Saint-Maximilien-Kolbe regroupe des laïcs qui vivent du charisme de Points-Cœur dans le monde, sous le vocable de saint Maximilien Kolbe.

Ces associations ont été dissoutes en 2018 et 2020.

Dérives sectaires modifier

Au début des années 2000, des familles tentent d'alerter l'épiscopat français sur des dérives observées au sein de Points-Cœur et s'inquiètent de l'emprise du fondateur sur les membres de l’œuvre.

En novembre 2013, un collectif animé notamment par l'universitaire Yves Hamant, père d’une ancienne volontaire de Points-Cœur, adresse une lettre aux évêques réunis à Lourdes en commission plénière mettant en cause 14 communautés. En décembre, le bureau « Dérives sectaires » de la Conférence des évêques de France produit un rapport confidentiel sur la base de témoignages recueillis. Une enquête canonique est alors diligentée par Dominique Rey[9].

En 2014, le rapport d'enquête canonique dénonce un « enfermement de l'œuvre sur elle-même », une « méfiance envers l'Église » et des « lacunes [dans] la formation » de ses membres[6],[2]. Dominique Rey nomme un prêtre de son diocèse commissaire pour l’œuvre[10], mais maintient en place le père Guillaume Trillard, modérateur de Points-Cœur, décision contestée par les familles du collectif de Lourdes qui le considèrent comme trop proche du fondateur et incapable de mener une réforme.

En 2016, Dominique Rey confie la direction de Points-Cœur et de ses branches religieuses à Jean-Marie Le Vert, évêque émérite de Quimper. Ce dernier se heurte à une forte résistance de la part d'un groupe de familles de Points-Cœur qui défend Thierry de Roucy et son œuvre[9].

Après le renvoi de l'état clérical du fondateur, la Fraternité Molokai est dissoute le par l'évêque de Fréjus-Toulon après confirmation par la congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique[11], ainsi que les Servantes de la Présence de Dieu en mars 2020[10]. L'association privée de fidèles Points-Cœur s'auto-dissout lors du assemblée générale extraordinaire le [4],[10].

Dans un communiqué du 18 mars 2021, le diocèse de Fréjus-Toulon indique que « les associations canoniques n’existant plus, subsiste seule l’association civile Points-Cœur qui est devenue dès lors une ONG indépendante sur laquelle l’Église n’a plus aucun pouvoir ni de suivi, ni de contrôle »[4].

En 2023, le cardinal Parolin adresse une lettre aux évêques de France, pour alerter sur les pratiques de Points-Cœur qui « continuerait à se faire passer pour une communauté religieuse » alors que l'ONG n'a plus d'existence canonique depuis 2020. Ses membres continueraient de porter un habit religieux et proposeraient à des jeunes une vie consacrée, sans autorisation ecclésiale[12].

En , Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, « interdit toute collaboration entre l’ONG Points-Cœur et les réseaux catholiques romains de son diocèse », Points-Cœur se faisant toujours passer pour une entité ecclésiale malgré la rupture des liens[13].

Abus sexuels modifier

Au début des années 2000, à la suite d'une alerte par l'ex-bras droit du fondateur sur des abus sexuels dont il a été victime, la Congrégation pour la doctrine de la foi ouvre une procédure judiciaire interne qui aboutit au terme d'un procès de sept ans[2],[3].

Le , il est reconnu coupable par le tribunal ecclésiastique de Lyon de « délits d’abus de pouvoir, d’abus sexuel et d’absolution du complice » sur son adjoint, majeur au moment des faits. Il est condamné à ne plus confesser les membres de Points-Cœur pendant trois ans et à dédommager la victime à hauteur de 70 000 euros, montant porté à 80 000 euros en appel par l’officialité de Montpellier en 2015[3],[14].

Début 2016, Dominique Rey déclare Thierry de Roucy suspens a divinis pour « manquement caractérisé » à son devoir d'obéissance. Il ne peut plus prêcher ni délivrer les sacrements. L'évêque indique que cette sanction « renforce l'interdiction faite à Thierry de Roucy de demeurer en contact avec les membres de Points-Cœur »[6].

Le , Thierry de Roucy est finalement renvoyé de l'état clérical[15],[16].

Notes et références modifier

  1. « Points-Cœur », sur Conseil pontifical pour les laïcs (consulté le )
  2. a b et c Céline Hoyeau, « Le Saint-Siège demande un audit sur Points-Cœur », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d et e Bernadette Sauvaget, « Thierry de Roucy, le prêtre intenable que l’Église catholique menace d’excommunier », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c Malo Tresca, « Le diocèse de Fréjus-Toulon s’inquiète de « dérives » au sein de Points-Coeur », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Céline Hoyeau, « Point-Coeur, la mise en vente du Centre de l’ONG catholique fait polémique », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c AG, « Toulon : l'ONG catholique Points-Cœur placée sous surveillance », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, (consulté le )
  7. Comité chargé des organisations non gouvernementales, « Rapports quadriennaux pour la période 2017-2020 présentés par les organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès du Conseil » [PDF], sur Conseil économique et social de l'ONU, (consulté le ), p. 22
  8. Manuella Affejee, « La communauté Point-Cœur auprès des pauvres de San Salvador », sur fr.radiovaticana.va, (consulté le )
  9. a et b Laurence Desjoyaux et Anne-Laure Filhol, « Après la réduction à l'état laïc de son fondateur, retour sur l'affaire Points-Cœur », La Vie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a b et c « Encore une communauté nouvelle qui s’effondre », sur L'Envers du décor, (consulté le )
  11. Maurice Page, « Les évêques ne condamnent pas l'œuvre 'Points-Cœur', mais mettent en garde », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Matthieu Lasserre, « Points-Cœur : le Vatican appelle à la vigilance », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Grégory Roth, « Le diocèse LGF coupe officiellement les ponts avec l’ONG Points-Cœur », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Céline Hoyeau, « Le fondateur de Points Cœur reconnu coupable d’abus sexuel », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Les essentiels Religion : Thierry de Roucy renvoyé de l’état clérical », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  16. Céline Hoyeau, « P. Thierry de Roucy, fondateur de Points Cœur, renvoyé de l’état clérical », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )

À voir modifier

Bibliographie modifier

  • Céline Hoyeau, La Trahison des pères. Emprise et abus des fondateurs de communautés nouvelles, Bayard, , 353 p. (ISBN 978-2-2274-9870-9)

Liens externes modifier