Po-o-uli masqué

espèce d'oiseaux

Melamprosops phaeosoma

Melamprosops phaeosoma
Description de cette image, également commentée ci-après
Po'o-uli masqué
(Melamprosops phaeosoma)
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Passeriformes
Famille Fringillidae

Genre

Melamprosops
Casey & Jacobi, 1974

Espèce

Melamprosops phaeosoma
Casey & Jacobi, 1974

Statut de conservation UICN

(EX)
EX : Éteint

Le Po-o-uli masqué ou Po`o-uli (Melamprosops phaeosoma) est une espèce de passereau de la famille des Fringillidae. C'est la seule espèce du genre Melamprosops.

Description modifier

Le po-o-uli masqué mâle porte un masque noir de forme triangulaire qui s’étend du front au menton, autour de l’œil et est délimité sur le haut par une couronne grise et sur le bas par une tache auriculaire blanche. Les scapulaires et la couverture alaire sont brun-roux foncé. Les primaires et les secondaires sont brun foncé avec les extérieurs des primaires chamois. Le croupion et la couverture supérieure de la queue brun-roux. La queue est brun foncé bordée de roux. La gorge est blanche tachée de gris sur les flancs supérieurs, le menton noir. La poitrine est blanche lavée de gris clair. Le ventre blanc fusionnant avec la couverture sous-caudale cannelle. Les flancs, vers l’avant, sont blancs lavés de gris qui passe progressivement vers l'arrière au chamois teinté de grisâtre puis cannelle. Le dessus des primaires est gris argenté. Le bec est noir, l’iris brun et les pattes sont brun foncé.
La femelle ressemble beaucoup au mâle à la différence qu’elle est plus terne avec un masque grisâtre plus petit. La tache auriculaire est imprégnée de gris et est moins distincte. La gorge est blanche teintée de gris avec la poitrine et les côtés du ventre gris. Les flancs sont plus lavés de gris passant au cannelle à la rencontre des primaires. La couverture sous-caudale est chamois-gris avec les extrémités plus foncées.
Les juvéniles sont semblables aux adultes avec un masque plus petit et le plumage brun pâle et moins de roux et de cannelle[1].

Population modifier

Endémique de l'île de Maui, cette espèce a été découverte pour la première fois en 1973 dans la Réserve forestière de Ko'olau (en).
À la mi-1997, il ne restait que trois individus. L'un a été capturé en 2004, mais il est mort plus tard cette année-là. Les deux autres individus n'ont pas été signalés depuis 2003 et 2004.
Aujourd’hui, cette espèce est considérée comme éteinte[2].

Habitat modifier

Il a été trouvé dans une forêt située entre 1 500 m et 1 950 m d’altitude mais cela peut être un habitat sous-optimal car des fossiles indiquent qu’il fréquentait des forêts de plus basse altitude[3].

Le po-o-uli masqué est inféodé à la forêt relativement dense, dominée par l’ohia Metrosideros polymorpha et l’olapa Cheirodendron trigynum entre 1400 et 2100 m d’altitude mais 80 % des observations ont été faites entre 1800 et 2050 m. Ces arbres mesurent en moyenne 13 m de hauteur et le sous-bois consiste en arbustes et arbrisseaux moussus, et en fougères. Il fréquente, par ordre décroissant de préférence, l’ohia à 43,9 %, l’olapa à 18,3 %, l’ohélo Vaccinium calycinum à 11 %, le kanawao Broussaisia arguta à 6,1 %, le koléa Myrsine lessertiana à 6,1 %, le kawau Ilex anomala à 4,9 %, le pilo Coprosma ochracea à 3,7 % et les autres plantes à 6,1 % (Ottaviani 2020).

Nidification modifier

Les deux nids connus étaient en forme de coupe ouverte et installés parmi les tiges de rameaux foliacés de Metrosideros polymorpha. Ils étaient construits de brindilles nues de Leptecophylla tameiameiae, avec les espaces entre les brindilles remplis de mousse d’Homaliodendron flabellatum, de Thuidium plicatum, de Trachypodopsis auriculata, d’Aerobryopsis wallicia et de Floribundaria floribunda[1].

Alimentation modifier

Elle consiste en petits mollusques, insectes et araignées prélevés sur les branches, les rameaux, les feuillages et les troncs d’arbres, et, plus rarement, en baies Cheirodendron trigynum, araliacée. Ce sont les insectes prélevés sur les branches qui constituent l’alimentation prépondérante. L’oiseau recherche sa nourriture entre quatre et sept mètres de hauteur dans les arbres Metrosideros polymorpha, Cheirodendron trigynum, Vaccinium calycinum et Broussaisia arguta. Il consomme les escargots en les cassant dans son bec et avale le tout (Ottaviani 2020).

Menaces modifier

La disparition de l'espèce serait due à la destruction et la modification de l'habitat ainsi qu'à la propagation rapide des moustiques porteurs de maladies dans les basses terres.
[4] La prédation par les cochons sauvages, les chats et les petites mangoustes indiennes (Herpestes auropunctatus) est également possible. Les rats et l'escargot qui ont été introduits (Oxychilus alliarius) ont été blâmés pour le déclin des escargots terrestres indigènes, source importante de nourriture pour le Po-o-uli masqué[5].

L’espèce semble avoir disparu des forêts sèches après l’arrivée des premiers hommes pour se réfugier dans les forêts reculées plus humides d’où sa découverte tardive par les naturalistes (Pratt 2005). La dégradation de l’habitat et le développement de maladies aviaires transmises par des moustiques introduits à basse altitude semblent avoir été les causes du déclin dans le passé. Dans les années 1990, les agents pathogènes sont toujours présents. Au début des années 2000, les causes précises de son déclin dramatique restent floues mais l’introduction de porcs, de rats, de chats et de mangoustes a sans doute précipité son extinction. L’importation de l’escargot Oxychilus alliarius a supplanté l’escargot endémique qui représentait une importante source de nourriture pour l’oiseau (Ottaviani 2020).

Statut, conservation


Lors de sa découverte en 1973, la population totale est estimée entre 100 et 200 individus mais elle s’effondre entre 1975 et 1985. En 1995, de cinq à sept oiseaux sont répertoriés et seulement trois individus connus en 1997-98. Chacun de ces individus (deux mâles et une femelle) vit dans une aire séparée. Une étude par cartographie suggère qu’il y a très peu de chance pour qu’un couple puisse se former. En 1999, comme aucun nouveau spécimen n’est observé et aucun couple en voie de formation, la décision est prise par l’U. S. Fish and Wildlife Service et le State of Hawaii Division of Natural Resources de déplacer la femelle dans le territoire d’un des mâles. Cette tâche est assignée au Maui Forest Bird Recovery Project. Le plan prévoit de capturer au filet d’abord le mâle pour lui poser un petit émetteur afin de suivre ses déplacements. Mais après un mois d’essais infructueux malgré la présence de l’oiseau dûment constatée, l’équipe décide de concentrer son activité sur la capture de la femelle, cette dernière n’ayant pas donné de signe de vie depuis huit mois. Après 12 jours, elle est capturée, pourvue d’un microémetteur et relâchée dans l’aire du mâle. Mais en l’espace de seulement 24 heures, elle regagne son territoire distant de 1,7 km. Après cette déception, la seule et dernière solution pour sauver l’espèce de l’extinction est la reproduction en captivité, le centre de conservation de Maui basé à Olinda (qui dépend du zoo de San Diego) étant le plus approprié pour cette tâche (Ottaviani 2020).

L’un des trois derniers individus connus est capturé le 9 septembre 2004 et gardé en captivité dans ce centre où il meurt le 26 novembre 2004 de la malaria aviaire, réduisant à néant les chances de survie de l’espèce. Les deux autres ne sont pas revus dans la nature en 2004. Si l’espèce n’est pas complètement éteinte, sa population doit être extrêmement réduite (VanderWerf et al. 2006). En 2006, l’East Maui Forest Bird Survey passe au crible la totalité de l’aire de répartition de l’espèce sans pouvoir observer un seul exemplaire. La même année, l’East Maui Watershed Partnership et l’Hanawi Natural Area Reserve complètent le recensement sur 5000 hectares de territoire supplémentaire incluant les réserves naturelles de Koolau et de Waikamoi mais sans résultat. Il est possible, bien que peu probable, qu’il reste encore quelques individus non répertoriés. L’espèce est listée « en danger critique d’extinction » peut-être éteinte.

A l’heure où j’écris ces lignes (octobre 2015), aucun spécimen n’a été revu malgré une exploration quasi constante de la part de différents naturalistes qui se relaient sur le terrain, l’espèce étant très vraisemblablement éteinte. Des échantillons de tissus ont été prélevés sur le spécimen mâle du centre de Maui dans le but d’une opération ultérieure de clonage. La disparition du po-o-uli masqué constitue une perte irrémédiable mais la campagne médiatique entourant l’opération de sauvetage a sensibilisé l’opinion publique au danger qui menace les autres drépanis. Il est déplorable de constater que l’homme a été contemporain, à la fois, de la découverte et de l’extinction d’une espèce en l’espace d’une trentaine d’années…(Ottaviani 2020).

Notes et références modifier

  1. a et b Article “Description of Adults, Eggshells, Nestling, Fledgling, and Nest of the Poo-uli Author(s)” de Andrew Engilis Jr, Thane Kastle Pratt, Cameron B Kepler, A Marie Ecton et Kimberly M Fluetsch paru dans The Wilson Bulletin, Vol. 108, n° 4, décembre 1996, publié sur le site https://www.researchgate.net
  2. Article paru dans “The Journal of the American Association of Zoo Keepers, Inc”, janvier 2005, p° 38
  3. Article paru dans le journal “‘Elepaio” of the Hawaii Audubon Society, mai 2003, volume 63, n° 4
  4. Article paru dans le magazine “British Birds”, janvier 2005, Vol. 98, p° 109
  5. Article “Ground-based rodent control in a remote Hawaiian rainforest on Maui” de T.R. Malcolm, K.J. Swinnerton, J.J. Groombridge, B.D. Sparklin, C.N. Brosius, John P. Vetter et J.T. Foster paru dans le journal “Pacific Conservation Biology”, septembre 2008, Vol. 14, p° 206-214

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Références taxinomiques modifier

Liens externes modifier

Sources modifier

  • Site https://birdsoftheworld.org
  • Article “Spix’s Macaw heads list of first bird extinctions confirmed this decade” publié le 5 septembre 2018 sur le site https://www.birdlife.org
  • Ottaviani, M. (2020). Monographie des Fringilles - les drépanis des îles Hawaï (carduélinés, drépanini) - Histoire naturelle et photographies. Volume 4, 408 pages. Editions Prin, France.