Plat à décor épigraphique

céramique islamique conservée au musée du Louvre
Plat à décor épigraphique AA96
Plat à décor épigraphique
Artiste
Inconnu
Date
Xe siècle
Type
Céramique argileuse
Dimensions (Diam × H)
37,6 × 5,3 cm
Propriétaire
No d’inventaire
AA 96
Localisation

Le Plat à décor épigraphique est une céramique islamique caractéristique de l'art développé en Iran oriental et en Transoxiane aux alentours du Xe siècle, principalement lors de la dynastie samanide (819-1005). Le plat est présenté au Musée du Louvre, après avoir fait l'objet d'un don par Alphonse Kann en 1935.

Historique modifier

Le Plat à décor épigraphique a été fabriqué à la fin du Xe siècle, en Iran oriental ou en Transoxiane. Les centres de production habituellement cités pour abriter ce type de céramique sont Nishapur et Samarcande. On retrouve mention de ce plat dans une liste établie par le collectionneur A. Vassilieff (Kiev) qui l'aurait acquis d'une personne ayant fait des fouilles à Samarcande, à titre privé. Il est aujourd'hui présenté au Département des Arts de l'Islam du musée du Louvre (numéro d'inventaire AA 96) après avoir fait l'objet d'un don par Alphonse Kann en 1935.

Description modifier

Le plat est de diamètre 37,6 cm et de hauteur 5,3 cm avec un large rebord. Il est fabriqué à partir d'une pâte argileuse avec un décor d'engobe sous glaçure transparente. Il correspond à l'époque des premières faïences de l'histoire de la céramique. Le fond blanc crémeux met en valeur l'inscription circulaire en arabe de style koufique, de couleur brun-noir, qui se détache sur l'ensemble du rebord. Les hampes de certaines lettres semblent converger vers le centre du plat, dont le motif s'inspire du yin et du yang chinois. Le plat, de par ses caractéristiques, semble s'inspirer des porcelaines chinoises

Le texte de l'inscription a été traduit initialement par le texte suivant : La science, son goût est amer au début, mais à la fin plus doux que le miel. La santé (pour le possesseur)[1],[2]. Aujourd'hui, la traduction admise est la suivante, à la suite de la proposition d'un épigraphiste iranien, Abdullah Ghouchani[3],[4] : La magnanimité, son goût est amer au début, mais à la fin plus doux que le miel. La santé (pour le possesseur)[5]. Une inscription identique se retrouve sur une coupe conservée au Metropolitan Museum of Art de New York, sur un objet conservé au Musée national d'Iran de Téhéran et sur un autre objet du Musée du Louvre[6].

L'usage de telles maximes, qui s'est développé à partir du début du IXe siècle, témoigne de la diffusion de la langue arabe et du raffinement de la dynastie samanide.

Jean Soustiel présente ce plat comme l'une des céramiques orientales les plus convoitées de l'histoire des arts du feu[1].

Des céramiques semblables modifier

Les classements de C. Wilkinson et A. Ghouchani modifier

Les coupes caractéristiques de ce modèle à décor calligraphique circulaire, rythmé par les hampes de certaines lettres convergeant vers une zone centrale, appartiennent à l'un des huit groupes répertoriés par Charles K. Wilkinson[7] dans la classification qu'il a réalisée des céramiques fabriquées à Nishapur ; ce groupe intègre également, par ses caractéristiques semblables, celles fabriquées à Samarcande à la même époque.

Ce même groupe a été divisé en quatre sous-groupes en fonction des caractéristiques de l'écriture : hampes droites ou incurvées, traits d'écriture plus ou moins épais, présence ou non de hampes nouées et d'excroissances végétales[8].

Quelques céramiques semblables à travers le monde modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Jean Soustiel, La céramique islamique, Office du livre (Fribourg) et Dilo (Paris), 1985. Collection Le Guide du connaisseur. (ISBN 2-7191-0213-X), page 63.
  2. Marthe Bernus-Taylor, Les Arts de l'Islam, Louvre - Guide du visiteur, éd. Réunion des musées nationaux, 1993, (ISBN 978-2-71182-987-3), page 35.
  3. Carine Juvin, Les objets inscrits de département des Arts de l'Islam - Un projet d'étude épigraphique des collections, in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, La Recherche au musée du Louvre - 2017 - Hors série.
  4. Selon Caroline Juvin (cf. référence précédente), du fait de la stylisation de l'écriture, la traduction antérieure était "science" ('ilm) au lieu de "magnanimité" (hilm), la première lettre du mot n'ayant pas été déchiffrée correctement.
  5. Sophie Makariou (dir.), Les Arts de l'Islam au Musée du Louvre, coéditions Musée du Louvre et Hazan, 2012, (ISBN 978-2-35031-361-0) et (ISBN 978-2-75410-619-1), page 108.
  6. Numéro d'inventaire : MAO 2232.
  7. Selon Soustiel, page 54.
  8. Selon A. Ghouchani, Inscriptions on Nishabur Pottery, Téhéran, éd. Reza Abbasi Museum, 1986 (cité dans Sophie Makariou (dir.), Les Arts de l'Islam au Musée du Louvre, coéditions Musée du Louvre et Hazan, 2012, (ISBN 978-2-35031-361-0) et (ISBN 978-2-75410-619-1), page 108).

Annexes modifier

Liens externes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.