Plages du débarquement allié en Normandie

site de la liste indicative du patrimoine mondial en France
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Les plages du débarquement allié en Normandie représentent cinq plages où les alliés ont débarqué le au cours de la bataille de Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale. En raison de leur importance historique et symbolique, une candidature pour une inscription des Plages sur la liste du patrimoine mondial (UNESCO) a été déposée en par le Gouvernement français.

Utah Beach, l'une des plages du débarquement allié en Normandie (2015).

Situation modifier

 
Un élément clé qui explique le choix du débarquement sur ces plages est l'appui feu limité délivré par l'artillerie terrestre allemande en baie de Seine (ici un des six canons de 155 mm GPF de la pointe du Hoc) alors que les Alliés bénéficieront d'un appui feu naval et aérien important[1].

Les plages sont situées sur la côte occidentale du Calvados (à l'ouest de l'embouchure de l'Orne) et, pour Utah Beach, dans le Plain sur la côte sud-est du Cotentin (dans la Manche).

Le choix d'un débarquement en Europe du Nord-Ouest[2] et plus précisément les plages de Normandie se fait lors de la conférence Rattle (Crécelle) qui a lieu du 29 juin au 4 juillet 1943 à Largs, en Écosse. Présidée par le vice-amiral Mountbatten, chef du Combined Chiefs of Staff, en présence des membres du COSSAC et des commandants des principales forces alliées au Royaume-Uni, la conférence examine tous les plans de l'opération Overlord préparée par le COSSAC. Ce dernier justifie le choix de la Normandie par une traversée de la Manche courte qui facilite la couverture aérienne et la rotation des navires de ravitaillement, des plages d'accès faciles abritées des vent d'Ouest par la péninsule du Cotentin qui avantagent l'opération amphibie, la présence d'un port en eau profonde (Cherbourg), et un littoral moins bien défendu par le Mur de l'Atlantique que celui du Pas-de-Calais, un temps pressenti. Au cours de la conférence de Québec en août 1943, le COSSAC présente un plan complet et cohérent, et fixe au la date de la traversée de la Manche[3].

Désignations modifier

 
Plages du débarquement et accès des navires alliés, zones de regroupement des navires alliés.

Les plages sont, d'ouest en est :

En complément des sites des plages mêmes, un certain nombre de sites sont également proposés à la reconnaissance mondiale comme la pointe du Hoc, la batterie de Longues-sur-Mer, le port artificiel Winston Churchill ainsi que les vestiges subaquatiques au large des plages et l'île du Large (îles Saint-Marcouf), située face à Utah Beach et qui fut libérée à h du matin, le .

Toponymie modifier

Le choix des noms des plages est décidé lors de réunions au SHAEF[4],[5] :

  • pour les Américains, le général Omar Bradley (chef d'état-major au SHAEF) opte pour les noms d'un État et d'une ville du Nebraska d'où sont originaires deux sous-officiers (au moment de baptiser les 2 points prévus pour le débarquement, demanda à deux sous-officiers présents d'où ils étaient originaires ; l'un répondit : « d'Omaha, mon Général », et l'autre : « de l'Utah, mon Général »).
  • pour les Anglo-Canadiens, le maréchal Montgomery choisit les noms abrégés des animaux aquatiques Goldfish (poisson rouge), Swordfish (espadon) et Jellyfish (méduse). Ce dernier nom, dont l'abrégé Jelly signifie confiture, n'est pas apprécié par Churchill et les Canadiens. Le wing commander canadien Michael Dawnay propose Juno, qui est le prénom de son épouse. Après vérification par les services du chiffre, ce nom de code est accepté par le SHAEF.

Projet de candidature UNESCO modifier

En 2014, ces plages figurent sur la liste indicative française pour une inscription au patrimoine mondial. Officiellement déposé par la France en , le dossier de candidature a fait l'objet d'un début d'expertise par ICOMOS International. Toutefois, cette instruction a été suspendue à la suite de la décision prise par le Comité du patrimoine mondial lors de sa dernière session à Bahreïn de confier aux experts internationaux une réflexion sur la manière dont les « sites associés à des conflits récents » pourraient être en rapport avec l'objectif et la portée de la Convention du patrimoine mondial[6]. L'examen des conclusions des experts devrait intervenir lors de la 44e session du Comité (2020).

Tourisme mémoriel modifier

Les plages du débarquement sont associées à des centaines de lieux de mémoire répertoriés (plages, musées, cimetières, sites naturels, vestiges…) qui attirent chaque année 5 millions de visiteurs dont la moitié vient de l'étranger, ce qui en fait le premier site touristique calvadosien le plus visité, le tourisme mémoriel étant pilier de l'économie locale[7]. La promotion par les opérateurs institutionnels du tourisme, participe aux stratégies de coopération ou de concurrence avec les autres sites touristiques tels que le Mémorial de Caen et le musée de la tapisserie de Bayeux[8].

Notes et références modifier

  1. « La force navale de bombardement alliée en baie de Seine comprenait 86 navires de guerre. Leur armement principal se composait d’environ 600 pièces d’artillerie allant du 100 au 381 mm, dont 85 canons d’un calibre supérieur à 170 mm avec une portée d’une trentaine de kilomètres . En face, la vingtaine de batteries d’artillerie côtière allemandes n’alignait pas plus de 96 canons opérationnels du Havre à la pointe de Barfleur, dont 11 d’un calibre d’au moins 170 mm (batteries de La Pernelle et de Crisbecq/Saint-Marcouf dans le Cotentin, batterie du clos des Ronces au Havre). Deux canons de 280 mm sur voie ferrée se trouvaient également à l’intérieur des terres, dans la région de Saint-Lô, mais ne purent entrer en action ce jour-là en raison des dommages sur les voies ». Cf Jean-Luc Leleu, Combattre en dictature : 1944 - La Wehrmacht face au débarquement, Perrin, , p. 153.
  2. Toutes les hypothèses ont été envisagées, depuis la Norvège jusqu'aux Balkans.
  3. Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement en Normandie, Le Seuil, , p. 85-86
  4. « Le Débarquement en Normandie en cinq histoires peu connues », 20 minutes, (consulté le ).
  5. Claude Quétel, Le Débarquement Pour les Nuls, éditions First, , p. 226
  6. « Décision 42 COM 8 », sur UNESCO Patrimoine mondial
  7. Le dossier de presse de candidature des plages du Débarquement à l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, élaboré en 2013, donne les chiffres suivants : cimetière américain de Colleville (estimation d'1,5 million de visiteurs par an) ; pointe du Hoc (estimation de 950 000 visiteurs par an ; mémorial de Caen (400 000 visiteurs par an) ; musée de la tapisserie de Bayeux (350 à 400 000 par an) ; musée du Débarquement d'Arromanches (plus de 300 000 visiteurs par an) ; cimetière allemand de la Cambe (estimation de 190 000 visiteurs par an ; musée Airborne de Sainte-Mère-Eglise (plus de 150 000 visiteurs par an) ; Pegasus Bridge (plus de 100 000 visiteurs par an) ; musée d'Utah Beach (près de 80 000 visiteurs par an) ; Centre Juno Beach (près de 60 000 visiteurs par an)
  8. Frédéric Oblin, « Tapisserie de Bayeux, une conquête permanente », Patrimoine Normand, no 78,‎ , p. 7

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier