Pierre Sergent (militaire)

personnalité politique française

Pierre Sergent, né le à Sèvres et mort en (à 66 ans) à Perpignan, est un résistant, un officier français de la Légion étrangère et l'un des chefs de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) dont il a créé la branche métropolitaine en . Il est également un écrivain et un élu politique du Front national (FN).

Pierre Sergent
Naissance
Sèvres, Seine-et-Oise (France)
Décès (à 66 ans)
Perpignan, Pyrénées-Orientales (France)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance armée Française

OAS

Arme Légion étrangère
Grade capitaine
Années de service 19471961
Commandement 1re section de la 1re compagnie du 1er B.E.P. (1952-1953)

un peloton porté de la 1re C.S.P.L. (1954-1956)

une compagnie du CI 1 du 1er RE

1re compagnie du 1er REP (1959-1960)

Conflits Seconde Guerre mondiale, guerre d'Indochine, guerre d'Algérie
Distinctions Légion d'honneur, croix de guerre T.O.E., valeur militaire (6 citations)
Autres fonctions écrivain et député

fondateur de la revue des élèves de Saint-Cyr

Pierre Sergent
Illustration.
Fonctions
Député français

(2 ans, 1 mois et 12 jours)
Élection 16 mars 1986
Circonscription Pyrénées-Orientales
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique FN-RN
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Sèvres, Seine-et-Oise (France)
Date de décès (à 66 ans)
Lieu de décès Perpignan, Pyrénées-Orientales (France)
Sépulture Cimetière de Passy
Résidence Pyrénées-Orientales

Biographie modifier

Enfance modifier

Pierre Sergent naît le . Il grandit dans la maison familiale située sur les hauts de Sèvres, dans le département de Seine-et-Oise.

Dans ses mémoires, il raconte qu'à la déclaration de guerre, le , la famille Sergent quitte l'Allier, où elle a passé l'été, pour rejoindre Bergerac, en Dordogne, où le père est mobilisé comme officier des Poudres[1]. Au printemps 1940, il est selon lui profondément marqué par les images de la débâcle de l'armée française, qu'il qualifiera plus tard de « fuite éperdue devant l'ennemi », ou « ignoble déroute »[2]. Le , il est à l'écoute de la déclaration radiodiffusée de Philippe Pétain, nouveau président du Conseil des ministres français, mais refuse la défaite[3].

La famille regagne Paris le , où ils retrouvent le chef de famille[4]. Ils emménagent dans leur appartement vide de la rue Denfert-Rochereau, tandis que la villa de Sèvres est occupée par des soldats de la Luftwaffe[5]. Pierre Sergent est alors élève au lycée Henri-IV. Au début de l'année 1942, il fait selon lui partie de ceux qui confectionnent et arborent une étoile de papier jaune pour marquer leur solidarité avec un lycéen juif de leur classe[6].

Résistance (1943-1944) modifier

Pendant deux ans, Pierre et son frère aîné Jacques, élève au lycée Louis-le-Grand, font partie du réseau Front National (créé par le parti communiste français), dans lequel selon Pierre les a introduits un camarade du lycée Henri-IV[7]. Au début, ils portent des journaux et glissent des tracts sous les portes. Puis, au cours de l'hiver 1943-1944, ils entrent au corps franc « Liberté », composé en majeure partie d'étudiants, de candidats aux grandes écoles et d'élèves de mathématiques élémentaires[8]. Après avoir passé son baccalauréat de mathématiques élémentaires, avec son frère Jacques et sept autres étudiants, Pierre Sergent quitte Paris le pour le maquis de Sologne[9].

Ils feront partie des rescapés du corps franc « Liberté » : à la suite d'une trahison de l'un des étudiants venus de Paris (le Dunkerquois André Parent[10], du lycée Condorcet), les Allemands exécutent le 10 juin 41 étudiants, 29 regroupés dans la ferme du By, non loin de La Ferté-Saint-Aubin, et 12 au château de Cerfbois, près de Marcilly-en-Villette[11]. Au cours de cette période, bien que fortement poursuivi, le groupe auquel appartient Pierre Sergent harcèle l'ennemi - sans toutefois de résultat spectaculaire - pendant deux mois[12].

Ramené sur Paris pour la libération de la capitale, le groupe du corps franc "Liberté" est affecté aux Invalides, à la garde des prisonniers allemands.

Corniche et Saint-Cyr (1944-1949) modifier

À la rentrée 1944, Pierre Sergent intègre la corniche du lycée Saint-Louis, c'est-à-dire les classes préparatoires à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Il s'y lie d'amitié avec Bertrand de Gorostarzu[13], cousin de Hélie Denoix de Saint Marc. En 1947, il réussit le concours d'entrée à Saint-Cyr. Le , les Cyrards sont incorporés à l'École spéciale militaire interarmes (ESMIA), récemment établie à Coëtquidan, en Bretagne. Pour les Saint-Cyriens d'alors, le galon de sous-lieutenant est obtenu au bout de deux années, la première étant passée au cours d'un stage probatoire dans un corps de troupe[Note 1], la deuxième à Coëtquidan. C'est ainsi qu'il rejoint le 67e bataillon d'infanterie (67e BI), à Soissons, dès . N'ayant vraisemblablement pas été informé de ce qu'il doit faire de la douzaine de Cyrards qu'il vient de recevoir, le chef de corps du 67e BI les rassemble au sein d'un peloton à part entière au lieu de les mêler immédiatement aux appelés[14]. Aussi, afin que la directive de l'état-major des Armées concernant le passage en corps de troupe des Saint-Cyriens soit respectée, le , il est affecté au 159e bataillon d'infanterie alpine (159e BIA), à Menton. Au printemps 1948, il rejoint l'École des cadres de Strasbourg avec les recrues sélectionnées pour devenir caporaux et sous-officiers[15]. À l'issue du stage de Strasbourg, il est nommé sergent. Le , le galon flambant neuf sur la manche, le sergent Sergent se présente au 81e régiment d'infanterie (81e RI), à Montpellier[16].

Il rejoint Coëtquidan en . Le baptême de sa promotion, la Rhin et Danube, a lieu le [17]. À l'instar de son camarade Bertrand de Gorostarzu, qui lui fait lire un paquet de lettres reçues de son cousin, le lieutenant Hélie Denoix de Saint-Marc, qui se bat alors en Indochine au sein du 3e régiment étranger d'infanterie (3e REI), Pierre Sergent choisit de servir dans la Légion étrangère[13].

Débuts en Algérie et Tunisie (1950-1952) modifier

Il rejoint en le 1er régiment étranger d'infanterie (1er REI), régiment essentiellement chargé de l'instruction commune à toutes les formations de la Légion étrangère, implanté à Sidi Bel Abbès, en Algérie. Il est affecté pour un an au 1er bataillon, stationné au camp des Chasseurs, à Saïda[18]. Lorsqu'au bout d'un an, le bail au 1er REI touche à sa fin, il rejoint le 3e bataillon étranger de parachutistes (3e BEP) à Sétif, le .

Le commandant Albert Brothier, chef de corps du 3e B.E.P., l'affecte à Djidjelli, en petite Kabylie, à 135 km au nord de Sétif, où il sera chargé de l'instruction des pelotons I et II (élèves caporaux et élèves sous-officiers)[19]. La guerre d'Indochine vient arracher Pierre Sergent du sud-tunisien au début du mois d'[20].

L'Indochine (1952 - 1953) modifier

Il est affecté au 1er bataillon étranger de parachutistes (1er BEP)[21], corps de troupe parachutiste de la Légion étrangère rattaché aux Troupes aéroportées du Nord-Vietnam (TAP Nord), commandé par le capitaine Pierre Darmuzai. Au sein de la 1re compagnie, commandée par le lieutenant Yves Le Braz, Pierre Sergent prend le commandement de la 1re section, composée d'une majorité de volontaires vietnamiens encadrés par des légionnaires[22].

Le , le 1er BEP est mis à la disposition de la 2e division de marche du Tonkin (2e DMT) du général René Cogny. Le bataillon s'installe à Trung Xa (secteur de Hung Yen). Le , il participe à l’opération « Marion »[Note 2] qui voit le largage près de Phu Doan, sur les arrières de l'ennemi, de 2 350 parachutistes du 1er BEP, du 2e BEP et du 3e BPC. L'ordre d'évacuation arrivé, le 1er BEP passe en tête, marche vingt-huit kilomètres jusqu'à Ngoc Tap, le . Des camions emmènent les légionnaires à Vietri. Le , ils passent la rivière Claire sur des bacs et, à 17 h 30, arrivent à Hanoï avec un matériel fabuleux à leur actif et seulement trois blessés[23].

Le , Sergent est aérotransporté, avec les premiers éléments du 1er B.E.P., sur le terrain d'aviation du camp retranché de Na San. À peine arrivé, le bataillon est envoyé sur le poste de Co Noï, à une vingtaine de kilomètres au sud-est, pour recueillir les unités qui se replient, notamment le 3e bataillon du 5e REI, et couper la route à la division 316 pour la retarder. Le décrochage débute dans la nuit du 21 au 22. Talonné par le Viet Minh, le bataillon, qui assure l'arrière-garde de la colonne, réussit la mission qui lui a été confiée en rejoignant le camp retranché[24]. À l'aube du , le colonel Gilles, commandant le camp, confie le point d'appui no 8 (PA 8) au 1er B.E.P. qui y installe son P.C., la 1re compagnie et la compagnie de commandement du bataillon (CCB)[25]. Le , le PA 8 subit un puissant bombardement de mortier qui tombe sur la 1re compagnie au moment où Pierre Sergent fait le tour des hommes de sa section, prêts à recevoir un nouvel assaut. Une rafale d'obus de 81 tombe droit sur lui alors qu'il se trouve dans une tranchée, à la hauteur du fusil-mitrailleur d'un groupe de sa section ; Sergent échappe de justesse à la mort[26]. Le 1er B.E.P. est enfin regroupé au complet à Hanoi le [27].

Le , lors d'une opération en Annam, alors que la 1re compagnie progresse en queue du bataillon, le désormais lieutenant Sergent est grièvement blessé en se portant, avec sa section, à la hauteur de l'avant-garde tombée dans une embuscade. Il est transporté en ambulance à l'hôpital de Nha Trang pour y être opéré. C'est à Paris, où il a été évacué, qu'il apprend la chute du camp retranché de Dien Bien Phu, le . Sa convalescence prend fin en , et il retourne en Algérie[28].

Algérie (1954-1960) modifier

Provisoirement inapte au parachutisme, il est affecté à la 1re compagnie saharienne portée de Légion étrangère (1re CSPL) du capitaine Mattéi. Il participe au véritable périple qu'est l'acheminement à travers le Grand Erg oriental de la 1re CSPL vers Fort-Flatters[29], bordj militaire en pierres grises où la compagnie s'installe le [30].

La mission de la compagnie est de contrôler les caravanes et les campements de nomades, en surveillant plus particulièrement la frontière libyenne par laquelle pénètrent armes et ravitaillement à destination des rebelles. Mais l'implantation de cette compagnie dans cette zone du Sahara correspond surtout au début de l'aventure du pétrole saharien. Pendant deux ans, le lieutenant Sergent sillonne en tous sens ce territoire démesuré qui s'étend du parallèle d'Ouargla, au nord, jusqu'à la bordure sud du Tassili des Ajjers, et longe la frontière de Libye sur une profondeur de trois cents kilomètres. Il y rencontre des équipes, de plus en plus nombreuses, de la Société nationale de recherche et d'exploitation de pétrole en Algérie (SNREPAL) et de la Compagnie de recherches et d'exploitation de pétrole au Sahara (CREPS) qui procèdent aux études géologiques préliminaires[31]. Le , le pétrole jaillit d'un puits d'Edjeleh, implanté à proximité de la frontière libyenne : Edjeleh devient l'un des soucis de la 1re C.S.P.L. qui maintiendra sur place, en permanence, un peloton chargé de protéger le chantier, car la proximité de la frontière le met à la merci d'un raid fellagha[32].

Retour au 1er Étranger modifier

Après ces deux années passées dans le Sahara à la tête d'un peloton de la 1re C.S.P.L., Sergent retrouve le 1er régiment étranger (1er RE)[Note 3]. Il prend le commandement de l'une des quatre compagnies du centre d'instruction no 1 (CI 1) implanté à Saïda. Le CI 1 reçoit, dans ses quatre compagnies, les engagés volontaires à qui il dispense, au cours de seize semaines d'activités intenses et sans complaisance disciplinaire, une formation militaire et combattante de base[33],[34],. Il présente dans ses mémoires les évènements du 13 mai 1958 et le patriotisme qu'elle engendre chez la population comme lui redonnant de l'espoir. Le , il se rend à Oran pour « participer » à l'accueil du général de Gaulle[35].

Retour chez les paras modifier

Déésormais capitaine, Sergent prend le commandement de la 1re compagnie du 1er REP, qui participe aux opérations majeures du plan Challe, telles que « Étincelle » et « Jumelles ». Le , le discours du général de Gaulle sur l'autodétermination algérienne est diffusé durant le dîner au PC. À partir de cet instant, Sergent ne comprend plus pourquoi poursuivre ce combat visant à éradiquer la rébellion[36].

Dans la soirée du samedi , le 1er REP est envoyé sur Alger où la population s'apprête à manifester au cours de journées insurrectionnelles constituant la semaine des barricades[37]. La mission initiale est de former des barrages et d'empêcher les Algérois de se diriger en cortèges vers le centre-ville[38]. Sergent aide une compagnie de gendarmes à sortir de l'immeuble de la rue d'Isly où elle était bloquée par la foule[39] ; il se montre néanmoins bienveillant à l'égard des insurgés. Malgré l’ordre reçu d’interdire l’accès au « Plateau des Glières », il laisse passer une colonne de manifestants silencieux[40]. En parallèle, il multiplie les contacts avec les deux chefs du mouvement insurrectionnel dont il fait la connaissance : Pierre Lagaillarde, ancien avocat, élément clé du coup d'État mené à Alger le 13 mai 1958, et devenu depuis député sans étiquette du département d'Alger, et Joseph Ortiz, patron de la brasserie Le Forum, à Alger, et fondateur du Front national français (FNF).

Le dimanche , Sergent doit à nouveau interdire l'accès au « Plateau des Glières » à la population algéroise. Le lundi 1er février, vers 11h30, après que le colonel Dufour a passé une bonne partie de la nuit à organiser la reddition des insurgés et à faire l'intermédiaire entre les autorités de La Reghaïa[Note 4] et les chefs de l'insurrection, Lagaillarde et ses partisans, armés et en rangs, drapeau tricolore en tête, quittent le camp retranché pour rejoindre les camions du 1er REP, passant à l'intérieur de la haie formée par la compagnie du capitaine de La Forest-Divonne et celle du capitaine Sergent. Celui-ci fait présenter les armes au moment où Lagaillarde arrive à hauteur du mât des couleurs dont le drapeau est en train d'être amené[41].

Après cette semaine des barricades, les légionnaires du 1er REP rejoignent leurs djebels. Le , la compagnie de Sergent est héliportée à proximité de la frontière algéro-tunisienne où une unité du contingent vient d'être sévèrement accrochée par des éléments de l'A.L.N.. Le lendemain, les légionnaires-parachutistes reprennent leur progression et bousculent l'ennemi, très nombreux, qui se réfugie en Tunisie. Sa compagnie pénètre alors sur le sol tunisien et « tombe » sur un important camp de l'A.L.N., très bien équipé, que les fellaghas viennent d'abandonner. Le commandant Martin, qui commande le sous-groupement dont fait partie la refuse la poursuite de l'ennemi, bien que celui-ci soit à portée de main, mais se trouve aussi dans l'impossibilité de lui envoyer l'hélicoptère qu'il demande afin de récupérer l'équipement récupéré à l'ennemi. En revanche, il lui enjoint de repasser la frontière sous une demi-heure. Le capitaine Sergent fait alors incendier le camp par ses légionnaires qui, pour cela, utilisent de l'huile d'armes. Plusieurs heures plus tard, les détonations seront encore entendues à des kilomètres de distance. Une fois sa compagnie regroupée sur la crête-frontière, il reçoit l'ordre de revenir au point de départ de la manœuvre en ratissant soigneusement le terrain. Sergent refuse d'obéir, et sa compagnie redescend colonne par un[42].

Le , dans un discours, le général de Gaulle s'adresse aux dirigeants de l'insurrection algérienne, leur déclarant qu'il les attend en métropole pour trouver avec eux une fin honorable au conflit[43]. Le , ont lieu à Melun les premières négociations entre des représentants du gouvernement français et une délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), bras politique du FLN. Sergent se demande alors comment il pourrait participer au sauvetage de l'Algérie française, le commandement de sa compagnie sur le terrain ne lui facilitant pas les choses. Lors de ses brefs passages à Alger, il noue alors des liens avec les milieux « Algérie française » qui préparent une nouvelle action mais qui se cherchent un chef depuis l'emprisonnement de leaders tels que Lagaillarde, Susini, Pérez, Michel Sapin-Lignières des Unités territoriales (UT) ou Ortiz[44].

Préparation d'un coup d'état modifier

En , alors que débute le procès dit des « Barricades », Sergent se rend à Paris. Le procès prend bonne tournure pour les milieux « Algérie française » : d'une part, il offre une tribune aux défenseurs de l'Algérie française, leur permettant ainsi de sensibiliser l'opinion, et, d'autre part, il voit la mise en liberté provisoire, par les juges, de Lagaillarde, Pérez, Susini, Marcel Ronda et Jean Demarquet. Sergent rencontre Lagaillarde avant que celui-ci ne rejoigne le général Salan en Espagne. Lagaillarde lui laisse entendre qu'il a des projets précis et lui déclare que c'est depuis l'Algérie qu'il faut agir. Sergent est mis au courant qu'une opération importante est prévue pour décembre, avant que le général de Gaulle n'obtienne le soutien du peuple français au travers du référendum sur l'autodétermination de l'Algérie programmé le [45]. Au cours d'une réunion tenue le , on lui confie la mission d’aller porter en personne au général Jouhaud[Note 5], qui se trouve à Alger, le « feu vert » du général Salan pour une action immédiate pendant le voyage du général de Gaulle en Algérie programmé du 9 au .

Sergent rejoint sur le champ Orly afin de prendre le premier avion pour Maison-Blanche où il arrive le . Sur place, il constate que le général Jouhaud n'est au courant de rien et qu'il doute qu'il soit possible d'entrer en action à ce moment-là. Il estime dans ses mémoires que l'armée n'est alors pas prête à agir[46]. Sa deuxième visite est destinée aux dirigeants du Front pour l'Algérie française (FAF). Ceux-ci sont prêts à passer à l'action, c'est-à-dire à manifester d'abord, puis à prendre les armes à condition que l'armée « bascule » franchement cette fois[47]. Sergent tente alors de convaincre certains officiers de le rallier. Au 1er REP, le colonel Dufour a reçu un ordre de mutation en métropole et doit passer son commandement au lieutenant-colonel Guiraud ; le lieutenant Degueldre l'a convaincu de ne pas quitter l'Algérie avant le voyage du général de Gaulle. Le colonel Dufour accepte et se réfugie dans un cantonnement proche. Lorsque Sergent le rencontre, Dufour affirme son accord à l'opération projetée, à condition que les autres chefs de corps se joignent à lui car, seul, il ne pourrait rien ; Degueldre prévoit le basculement du régiment avec l'accord individuel de chaque commandant de compagnie[48]. Au soir du , Sergen rencontre une seconde fois Jouhaud, et se montre très optimiste quant aux chances de réussite d'un coup d'état. Le but est de neutraliser personnellement le général de Gaulle pendant son voyage, avec la certitude que personne à Paris ne sera en mesure de poursuivre sa politique et que l'UNR éclatera[49].

Le vendredi , la venue du général de Gaulle, qui atterrit à l'aéroport de Zenata, non loin de Tlemcen, suscite d'importantes manifestations de Pieds-Noirs à Alger parmi lesquels se trouvent des « commandos » de jeunes hommes qui chargent les gendarmes[50]. Le vendredi 9 et le samedi , Pierre Sergent n'a aucune nouvelle du 1er REP[51]. Dufour a préféré « jeter l'éponge » ; tôt dans la matinée du 10, l'adjoint du général Vézinet, commandant le corps d'armée d'Alger, vient lui notifier sa mise aux arrêts et son affectation en Allemagne[52]. Dans la journée, les partisans de l'indépendance descendent dans les rues d'Alger agitant le drapeau du FLN. Simultanément, Sergent apprend la présence aux portes d'Alger des régiments de chefs de corps favorables à une action : il y a le 18e RCP du colonel Masselot, le 8e R.P.I.Ma. du lieutenant-colonel Lenoir et le 14e RCP du lieutenant-colonel Lecomte. À la demande du général Jouhaud, Sergent prend immédiatement contact avec eux. Une réunion préalable à l'intervention se tient à Hydra en présence de Jouhaud, de Sergent et d'une demi-douzaine d'officiers. Un chef de corps s'engage : le colonel Masselot. Les deux autres donnent leur accord sur le fond : le lieutenant-colonel Lenoir demande que son régiment, le 8e R.P.I.Ma., composé de troupes coloniales, ne soit pas à l'avant-garde de l'action ; le lieutenant-colonel Lecomte, qui craint une contre-attaque des chars de la gendarmerie, conditionne la participation de son régiment à la présence d'un régiment de chars à leurs côtés[53]. Le dimanche , des blindés du 2e REC arrivent à Alger, remplissant ainsi la condition émise par le lieutenant-colonel Lecomte. Pierre Sergent rencontre immédiatement le chef de corps des blindés, le lieutenant-colonel de Coëtgoureden, qui demande un peu de temps pour permettre à ses légionnaires de souffler. Il est convenu que les chefs de corps se réuniront dans la nuit du lundi 12 au mardi , et qu'à 7 heures, le colonel Masselot donnera à Pierre Sergent la réponse concertée des quatre colonels. Au soir du , Sergent dit quitter Masselot sur ces mots de celui-ci : « D'ores et déjà, le général Jouhaud peut estimer qu'elle est positive. Vous pouvez le lui dire. »[54]. Mais le lendemain matin, c'est une réponse négative que Masselot donne : les quatre officiers pensent que la situation n'est pas favorable, que la métropole ne comprendrait pas, que Paris réagira mal, qu'ils n'ont ni aviation, ni marine... Sergent transmet alors à Jouhaud la mauvaise nouvelle[55].

En , il est muté disciplinairement au 3e Bureau de l'état-major du groupe de subdivisions de Chartres, avec interdiction de retourner en Algérie, conséquences de son activisme du mois précédent[56]. Il y est chargé, entre autres, de l'instruction des officiers de réserve et de la préparation militaire parachutiste[57], mais estime faire l'objet d'une surveillance étroite de la part de la Sécurité militaire[58]. Il raconte que le général Souard, commandant le G.S. Chartres, un colonel de la Sécurité militaire et « un général occupant de très hautes fonctions à Paris » ne ménagent pas leurs efforts pour essayer de le « remettre sur le droit chemin »[59]. Pendant cette période, il revoit régulièrement Degueldre et Michel de La Bigne, anciens officiers du 1er REP, le premier ayant déserté et rejoint la clandestinité[60]. Les trois hommes estiment qu'à Paris, aucun homme politique de poids n'est prêt à prendre la tête de l'insurrection, et que ceux qui sont favorables à une action pensent que c'est à l'armée qu'il revient d'agir en premier, depuis Alger[61].

Putsch de 1961 modifier

Justement, en Algérie, un « comité des colonels » s'organise : les colonels Yves Godard, Jean Gardes (qui a pris une part active à la semaine des Barricades), Charles Lacheroy, Joseph Broizat, Antoine Argoud, Roland Vaudrey et d'autres se rassemblent pour préparer un passage à l'action prochain[62]. Sergent représente le 1er REP à une réunion secrète au cours de laquelle le général Faure vient annoncer au comité des colonels que le général Challe accepte de prendre la tête du coup d'état militaire[63]. Sergent se dira étonné, à la fois par ce ralliement et par la prise de commandement de Challe alors qu'il lui semblait plutôt indécis face aux barricades[64]. Le , le 1er REP, fer de lance du putsch, arrive à sa base arrière de Zéralda ; il est chargé d'investir Alger, rôle déterminant. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Guiraud est en permission. Le chef de bataillon Hélie de Saint-Marc, commandant le 1er REP par intérim, n'est pas encore au courant. À Paris, Sergent informe ses contacts mutés en métropole et leur demande de se décider : tous décident de partir pour Alger, sauf un capitaine qui restera en métropole pour conserver le commandement de son escadron de chars, son intervention devant faciliter celle de son régiment qui est cantonné à faible distance de Paris[65].

Dans la soirée du mercredi , Pierre Sergent abandonne son poste au sein de l'état-major du groupe de subdivisions de Chartres et rejoint en train la gare de Lyon, y fait ses adieux à son épouse et prend le train pour Marseille. Au début de la nuit du jeudi , sur la base aérienne d'Istres, il embarque, avec la complicité d'un commandant d'aviation, à bord d'un Nord 2501 pour rejoindre sans accroc l'aéroport de Maison-Blanche[66]. Il est considéré comme déserteur à partir de cette date. La filière qui l'a pris en charge le conduit à la villa des Tagarins où le général Challe a installé son P.C. Dans la journée du vendredi , le commandant de Saint-Marc donne son accord au général Challe qu'il est venu rencontrer en personne à la villa. Sergent raconte qu'en sortant, Saint-Marc le prend à part pour l'informer de sa réponse[67].

Le vendredi , Sergent pénètre dans le camp de Zéralda et rejoint son ancien bureau avec le lieutenant Godot, son adjoint. Le capitaine Rubin de Cervens, son successeur à la tête de la 1re compagnie, se met spontanément sous ses ordres. Avant le lancement de l'opération, le commandant de Saint-Marc est informé que l'alerte a été donnée à Alger et que les gendarmes sont partout. Avec les 1re et 2e compagnies, Sergent a pour ordre d'avoir occupé la caserne Pélissier (où siège le corps d'armée d'Alger) pour 2 heures du matin, le samedi [68]. Dans la nuit, il prend la tête de la longue colonne de camion en route pour Alger. Il est presque 2 heures du matin quand les légionnaires parviennent sur la face arrière de la caserne Pélissier[69], mais une incursion individuelle de Sergent, qui tombe nez-à-nez avec le général Vézinet, met le feu aux poudres. Dans la caserne Pélissier, c'est le branle-bas de combat ; toutefois la 1re compagnie profite du moment où le poste de police ouvre la grille pour laisser entrer l'officier d'ordonnance du général Vézinet. Très vite, la totalité du bâtiment est entre les mains des légionnaires et ses occupants sont mis dans l'impossibilité de communiquer avec l'extérieur[70]. Sous l'impulsion du colonel Godard, l'état-major du Corps d'armée se remet « en route » : beaucoup d'officiers lui auraient donné leur accord pour assurer la continuité de leur service[71].

Mais le « mouvement » s'essouffle très vite, et le putsch ralentit peu à peu et perd l'initiative[72]. Les généraux putschistes se gardent ainsi de proclamer qu’ils prennent le pouvoir. Selon Sergent, le général Challe perd de précieuses heures au téléphone à essayer d'obtenir des ralliements[Note 6] et rejette vigoureusement la demande de participation au mouvement exprimée par une délégation de civils, se coupant ainsi du soutien de la population[Note 7],[74]. Sergent ne reconnaît qu'un véritable chef, en la personne du général Zeller lorsque celui-ci, coup sur coup, fait preuve de fermeté vis-à-vis des commandants des deux corps d’armée excentriques[Note 8],[75]. Dans la matinée du , Sergent apprend par Zeller que Challe a décidé de se rendre et lui demande si ses camarades et lui sont décidés à continuer ; Sergent raconte le lui confirmer. Au cours de la journée, tout le dispositif du putsch, notamment dans les départements d'Oran et de Constantine (où le général Gouraud publie à 14 heures un communiqué annonçant sa fidélité au gouvernement)[76]. À 16 heures, Sergent propose à Susini, qui se rend avec le général Salan[Note 9] dans le bureau de Challe pour décider de la suite à donner au mouvement, que Salan reprenne l' « affaire » à son compte[76]. Pour Sergent, rien ne sert à gagner du temps, car l'intention de reddition du « chef » a immédiatement traversé les murs du quartier Rignot et s'est répandu dans les unités[77]. Vers 21 heures, Sergent rédige et enregistre un appel à l'armée dans lequel il adjure les soldats de prendre leurs responsabilités sans tenir compte de la hiérarchie ; c'est l'avant-dernier message diffusé par Radio-France[Note 10],[78]. Dans la nuit, une dernière réunion se tient entre les principaux artisans du putsch dans le salon du Gouvernement général. Sont réunis les quatre généraux, Godard, Saint-Marc et des officiers du 1er REP, dont Sergent. En tant que responsable du 1er REP, Saint-Marc prend la décision de se présenter aux autorités. Sergent, Degueldre et Daniel Godot souhaitent poursuivre la lutte. Le , après s'être vêtus d'effet civils, Sergent et Godot quittent le Gouvernement général et passent la fin de cette nuit mouvementée dans un petit appartement désert d'Alger[79].

OAS et CNR modifier

Sergent rejoint Birmandreis, à 4 kilomètres environ au sud du centre-ville d'Alger[80]. Ses premières « prises de contact », après sa plongée dans la clandestinité, sont avec Degueldre[81], quatre jours seulement après l'effondrement du putsch, puis avec Godard au début mois de mai. Lors de la recontre avec ce dernier dans une villa d'un quartier résidentiel d'Alger, Godard est en train de poser sur le papier le projet de structure de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) pour Alger. La première mission que Sergent dit accepter de remplir consiste à organiser le renseignement en milieu militaire[82]. Quelques jours plus tard, il participe à la première réunion des chefs civils et militaires. Outre Sergent, il y a là le général Paul Gardy, ancien inspecteur de la Légion étrangère, Godot et Degueldre, et cinq ou six civils, dont Susini et Pérez[83]. Sergent dira partager complètement l'analyse faite par le général Gardy sur le déséquilibre des forces en présence : « d'un côté un pouvoir décidé à en finir au plus vite, jouant sur la lassitude de la métropole et son désir de paix, appuyé par un État docile, une presse favorable à son action, une population insouciante ou conditionnée, et de l'autre une minorité divisée, conduite par des chefs contraints à la clandestinité, dans un climat de double hostilité, celle des pouvoirs publics et celle des rebelles algériens. »[84] Il estime finalement, comme Godot, que c'est à Paris qu'il faut se battre pour garder l'Algérie française ; ils prennent alors la décision de gagner la métropole[85].

Fondation de l'OAS/métropole modifier

Le , Sergent embarque clandestinement à bord d'un cargo qui quitte en fin de soirée le port d'Alger pour arriver à Marseille dans la matinée du , et gagner Paris en train le jour même[86]. Dans la capitale, il est pris en charge par Pierre Juhel et Louis-Olivier de Roux, cofondateurs en 1955 de la Restauration nationale, mouvement royaliste succédant à l'Action française. Les deux hommes lui procurent son premier logement clandestin : le domicile inoccupé d'un officier de Marine en activité « qui porte un très grand nom de France »[87]. Mais Sergent ne voit aucune solution venir des hommes politiques favorables au combat des défenseurs de l'Algérie française. Selon lui, seul un mouvement populaire profond en métropole pourrait provoquer le départ du général de Gaulle et, par conséquent, un changement de politique. Pour faire basculer une opinion métropolitaine qui ne se sent de façon générale pas concernée par leur combat, il cherche à créer une situation amenant le gouvernement à réagir violemment et à se discréditer lui-même. Il pose alors, suivant l'organigramme simplifié et schématisé du colonel Godard pour l'Algérie, les structures de ce qui deviendra l'OAS/métropole : la branche « Organisation des masses » (OM) constitue l'armature de l'appareil et est chargée du recrutement et du regroupement de « toutes les bonnes volontés » ; la branche « Action psychologique et propagande » (APP) a pour objectif de retourner l'opinion en faveur de l'Algérie française ; la branche « Organisation Renseignements-Opérations » (ORO) a la double mission d'exécuter les ordres d'opérations donnés par le commandement et de préparer la prise du pouvoir afin d'être en mesure, le cas échéant, d'exploiter une situation favorable. Pour simplifier le développement de cet appareil, il calque son organisation sur l'organisation militaire du territoire, qui comprend neuf régions (elles-mêmes découpées en groupes de subdivisions et subdivisions) ; la base de l'encadrement doit être constituée d'officiers. Avec Godot, qui arrive le 15 juin, et approuve son projet, ils prennent ensemble les premières décisions d'application[88].

Au mois de juin, Sergent confie à son ami Roland Laudenbach, directeur des éditions de la Table ronde qu'il a fondées en 1944, la direction de l'« Action psychologique et propagande ». Laudenbach est notamment l'une des plumes de L'Esprit public, revue politique et littéraire fondée en par des intellectuels de droite, unis par leur hostilité au gaullisme, dont le comité éditorial originel comprend le sociologue et professeur à l'École de guerre Jules Monnerot, l'historien et universitaire Raoul Girardet, les écrivains Jacques Laurent et Philippe Héduy, le député d'Alger-banlieue Philippe Marçais, les journalistes et écrivains Jean Brune, expulsé d'Algérie, et André Brissaud et Étienne Malnoux et Roland Laudenbach lui-même[89]. La branche « Organisation des masses » est confiée à un colonel (identifié sous le pseudonyme Romieu par Sergent dans ses mémoires), mais c'est Godot qui selon Sergent en est la pierre angulaire, recrutant et organisant inlassablement[90]. La branche « Organisation Renseignement-Opérations » (ORO) revient au colonel Buchoud[91].

Sergent n'ignore pas que son statut d'officier subalterne est un très grand handicap pour le poste qu'il occupe à la tête de l'OAS/métropole. Apprenant au début du mois de juillet que le colonel Argoud est de passage à Paris, Pierre Sergent le rencontre pour lui proposer d'assumer cette charge, mais Argoud (selon Sergent) se contente de ne pas lui répondre[92]. Selon Sergent, depuis Madrid, où le colonel a rejoint Lagaillarde et l'OAS/Madrid[Note 11] au mois de juillet, et associé au colonel Lacheroy, Argoud va expédier en métropole, dès le mois d'août, courriers et émissaires chargés de rallier les cadres de l'OAS/métropole à leurs thèses et leur organisation[93]. Pendant cette crise interne, Sergent fait la connaissance de Maurice Gingembre, directeur général adjoint de la société des mines de phosphate de Djebel Onk, qui accepte de devenir le financier de son organisation. Sous couvert de ses déplacements professionnels fréquents en Algérie et en Espagne, Gingembre permet à Pierre Sergent d'être en liaison régulière avec l'état-major de l'OAS et aide de son mieux à l'unification du commandement[94]. Le paraît l'instruction particulière no 1 de Salan qui, tout en constituant l'acte de naissance de l'OAS, reconnaît officiellement l'existence de l'OAS/métropole créée par Pierre Sergent en juin de la même année. Dans ce document, Salan désigne le général Paul Vanuxem et André Regard, haut fonctionnaire au ministère des Finances, pour assurer le commandement de l'OAS/métropole. Pierre Sergent dit avoir été très affecté, non pas d'être « coiffé » de la sorte, mais de ne pas avoir été consulté ; lui-même devient alors le chef d'état-major de l'OAS/métropole[95].

Actions en métropole modifier

Les 7 et , des coups sévères sont portés par le gouvernement à l'OAS/métropole. Le 7, Maurice Gingembre est arrêté à sa descente d'avion à l'aéroport de Maison-Blanche, en possession de son carnet d'adresses. Pierre Sergent venait de lui remettre, quelques heures auparavant, une lourde enveloppe contenant des documents importants - certes soigneusement codés et démarqués - destinés à l'état-major d'Alger, plus particulièrement à Godard. Le 8, le général de Gaulle échappe à un attentat par explosif sur la route de Colombey les Deux Églises, près de Pont-sur-Seine. Dès lors, bien que n'étant pas à l'origine de cet attentat[Note 12], l'OAS/métropole se retrouve dans le collimateur du gouvernement. Le lendemain, les généraux Vanuxem et Boucher de Crèvecœur sont arrêtés, ainsi que le professeur Raoul Girardet et le colonel Le Barbier de Blignières[Note 13]. Ce dernier étant en possession d'éléments permettant aux policiers de remonter jusqu'à Sergent, celui-ci se « met au vert » pendant quelques jours.Le soir même, sa photographie paraît dans la presse et est diffusée à la télévision[96].

Sergent prend une part active importante à l'offensive politique de l'OAS[réf. nécessaire]. Pour marquer les esprits au sein de l'opinion et prouver aux « enragés du plastic » qu'il est possible de monter des opérations plus sérieuses ayant des retombées bien plus bénéfiques pour la cause de l'OAS, Sergent organise, le , l'évasion de deux condamnés du complot de Paris[Note 14], le colonel Roland Vaudrey et le capitaine Philippe de Saint-Rémy[97] ; le , il accorde une interview à une journaliste suédoise dans une petite maison maquillée pour l'occasion en véritable P.C. de campagne[98]. Le , Guy Courcol, juge d'instruction à Paris, décerne un mandat d'arrêt à son encontre pour attentat et complot contre l'autorité de l'État[99]. Le , mécontent de Buchoud[100], Sergent confie la branche Organisation Renseignement-Opérations (ORO) au capitaine Jean-Marie Curutchet[101]. Avec la complicité de la police parisienne qui lui fournit des renseignements de premier ordre, le capitaine Curutchet organise l'attaque de plusieurs repaires du FLN[réf. nécessaire]. Les constats d'attentats ne mettent pas systématiquement en cause l'OAS, certains commissaires parlant d'ailleurs de règlements de compte entre le Mouvement national algérien (MNA) et le FLN[102]. Sergent et Curutchet préparent des plans très ambitieux qui prennent les noms de « Coup de poing » et « Paso-doble » : le premier vise à contrôler les points sensibles de commandement, civils et militaires, en métropole ; le second consiste à paralyser le gouvernement sans se dévoiler, au cas où l'insurrection serait déclenchée en Algérie avant que la métropole ne soit complètement prête[103]. Néanmoins, quelques mois plus tard en , Sergent tempère son optimisme en informant Salan qu'en cas de déclenchement de l'insurrection en Algérie, la « métropole » sera en mesure de ne générer que deux ou trois maquis, dont un qui serait directement placé sous son commandement[104]. Des armes et du ravitaillement sont en place dans des caches connues des seuls responsables locaux, et Sergent a obtenu le concours d'éléments militaires assez nombreux pour garantir la survie de ces maquis pendant plusieurs semaines, leur permettant ainsi de « fixer » en métropole des moyens militaires importants qui ne pourraient donc pas être envoyés en Algérie pour réduire l'insurrection[105].

Dans le courant du mois de , l'autorité du Délégué général en métropole[106] et celle de Sergent - en tant que chef d'état-major de l'OAS/métropole - sont contestées par André Canal, dit « Le Monocle ». Celui-ci revendique l'autorité tout entière de l'OAS en métropole et laisse entendre dans tous ses contacts qu'il ne connaît pas la Délégation générale et qu'il ne veut pas la connaître. Lors d'une rencontre, Canal soumet à la lecture de Sergent une lettre signée du général Salan, en date du , dans laquelle le chef suprême de l'OAS désigne André Canal pour coordonner, au titre de la mission « France III », tous les réseaux existants en métropole sous le titre de l'OAS[107]. Salan revoit sa position dans l'Instruction no 17 qu'il adresse à l'OAS/métropole le  : il donne tous pouvoirs au Délégué général pour « prendre les décisions qu'il jugera nécessaires pour arriver à la totale et définitive intégration de tous les groupes et toutes les individualités »[108]. Sergent revoit une nouvelle fois Canal pour lui faire part des ordres d'intégration de la mission « France III » à l'OAS/métropole. Malgré l'accord du « Monocle » d'être hiérarchiquement subordonné au capitaine Curutchet[109], chef de l'ORO, rien n'y fait : dans la nuit du 17 au 18 janvier 1962, dix-huit explosions de plastic touchent presque à la même heure tous les quartiers de la capitale[pas clair][110].

Au début de l'année 1962, l'OAS lance une offensive contre le Parti communiste français (PCF). Cette offensive a deux objectifs. L'un est stratégique : en attaquant directement le communisme, l'OAS attaque l'allié le plus puissant du FLN. Le second objectif est tactique : il s'agit de mettre le pouvoir gaulliste dans une position délicate, en l'obligeant à choisir soit de tolérer les réactions du PCF à l'offensive de l'OAS et d'apparaître comme son complice, soit de s'opposer à lui au risque de se couper de la gauche. Le jeudi , un commando de l'OAS mitraille la façade du siège du Parti, située place Kossuth, en plein centre de Paris ; un militant communiste est abattu d'une rafale de pistolet-mitrailleur alors qu'il ripostait depuis une fenêtre du second étage[réf. nécessaire]. La manifestation anti-OAS du samedi , qui suit ces événements, est perçue par Sergent comme un échec partiel pour le PCF : la S.F.I.O. - pourtant conviée - et les centrales syndicales refusent de s'associer au mouvement ; 20 000 manifestants seulement descendent dans la rue ce jour-là. Ce refus des formations de gauche non communiste d'afficher leur solidarité avec le PCF est d'une importance considérable sur le plan politique ; pour Sergent, l'OAS pourrait, par des actions strictement limitées au PCF, couper en deux la gauche. Mais la manifestation anti-OAS du , interdite par le préfet de police de Paris Maurice Papon, donne lieu à des affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre. Huit personnes trouvent la mort écrasées contre les grilles fermées de la station de métro Charonne. De Gaulle voit son prestige affaibli et se trouve dans une position très inconfortable, privé du soutien des forces de gauche qu'il vient de mettre contre lui[111], et qui manifestent en masse.

Le , Sergent affecte les lieutenants Nicolas Kayanakis et Jean Caunes, évadés de la prison de Mont-de-Marsan le , à l'APP. Connaissant bien le milieu étudiant[Note 15], Kayanakis organise en quelques semaines l'OAS/Métro/Jeunes dont les réseaux regroupent fin février plus de quatre cents étudiants et lycéens. Fort de ce premier résultat positif, Sergent lance le un appel à tous les jeunes Français au nom de toutes ces provinces françaises « sous-développées, sous-alimentées, sous instruites » qui ont besoin d'eux[112]. Entre temps, le , le Tribunal militaire spécial l'a condamné à la peine de mort par contumace.

Fondation du CNR et fin de la lutte modifier

Les évènements s'accélèrent avec la signature des accords d'Évian le 18 mars 1962, qui se traduisent par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain. À Alger, l'état-major de l'OAS décide de créer un organisme politique, le Conseil national de la Résistance française en Algérie (CNRFA), qui confie à Salan la mission de constituer un gouvernement provisoire. Celui-ci prend le nom de Commission de Gouvernement et de Défense nationale (CGDN). Le , Salan institue en métropole un Conseil national de la Résistance (CNR), organe politique qui reçoit, par délégation de la CGDN, mission d'organiser l'action de la résistance en métropole[113]. La présidence du CNR échoie à Georges Bidault que le général Salan désigne également comme son successeur à la tête de l'OAS, le , à la suite de l'arrestation de Jouhaud le [114]. Mais une série d'arrestations fragilise l'organisation : Degueldre le 25 mars, Salan le 20 avril, et pour ce qui concerne spécifiquement l'OAS/métropole, Marc Robin - que Sergent considère comme le meilleur de ses chefs de commando - par la D.S.T. le , l'adjoint de Sergent Godot le 9 avril[115]. Sergent reste l'un des rares chefs en liberté ; son bureau de renseignements lui transmet trois ou quatre messages l'informant de dangers imminents[116].

L'arrestation de Salan précipite d'autant plus vite la division de l'OAS que Bidault, entré dans la clandestinité depuis le , demeure injoignable. Le , en accord avec le Délégué général pour la métropole, Sergent gagne la Belgique où se trouve Argoud, qu'il rencontre le lendemain à Bruxelles. Ce dernier revendique dès lors le commandement de l'OAS/métropole ; Sergent et le sénateur Claude Dumont[Note 16] s'emploient à défendre la Délégation générale en métropole, faisant valoir qu'un tel changement dans le commandement ne peut se faire que si le Délégué général lui-même en valide le principe[117]. Sur insistance de Dumont, et toujours en accord avec le délégué général, Sergent gagne Rome pour y rencontrer Jacques Soustelle alors en exil. Ils sont bientôt rejoints par Argoud puis Bidault ; les quatre hommes se réunissent dès lors quasi quotidiennement pour déterminer la compétence du CNR, définir sa composition et donner les premières directives. Répondant à l'appel de Sergent, le Délégué général adjoint[118] de l'OAS/métropole participe aux débats et accepte qu'Argoud prenne le commandement des opérations sur le territoire métropolitain à condition que Sergent conserve son poste de chef d'état-major. L'objectif est d'amener au pouvoir un gouvernement de salut public composé des représentants de toutes les familles politiques favorables à l'Algérie française. La « conférence de Rome » s'achève le par la création du comité exécutif du CNR, chargeant celui-ci de la conduite générale de la guerre. Les membres du comité exécutif sont Bidault (son président), Soustelle (en charge des relations extérieures), Argoud et Sergent. Cette conférence voit également la nomination d'Argoud au commandement de l'OAS/métropole et la confirmation de Sergent à la fonction de chef d'état-major[119]. Des personnes appartenant à l'OAS/métropole mancifestent une farouche opposition aux décisions prises par le comité exécutif, allant jusqu'à la mise en place d'un organisme parallèle, le Conseil national de la Résistance intérieure (CNRI) ; selon Sergent, cette opposition est due à l'installation du comité exécutif du CNR à l'extérieur du territoire français, et à la présence en son sein de Jacques Soustelle, proche et ancien ministre du général de Gaulle dont il œuvra pour le retour en 1958[120].

Sur le plan de l'action, suivant les ordres confirmés par Sergent, les commandos de l'ORO multiplient leurs actions : attaques sur les permanences du PCF, notamment celles de Paris, Neuilly, Montreuil-sous-Bois, Saint-Denis ; attentats envers des repaires du FLN à Paris[121], Saint-Ouen, Aubervilliers, Issy-les-Moulineaux, Aulnay-sous-Bois, au Bourget ; ils châtient Jean-Luc Van Cauwenberghe pour l'arrestation de Godot[122]. À l'issue d'une réunion tenue à Keerbergen le , l'APP est chargée de créer quatre publications : conçu et réalisé directement par le comité exécutif, le Bulletin d'information du CNR est diffusé à toute la presse nationale et internationale ; le journal bimensuel Appel de la France sera rédigé en commun par l'équipe parisienne et Jean Brune, désigné par le comité exécutif comme le chef de l'APP du CNR ; des lettres, traitant un certain nombre de thématiques, tels que l'Algérie et le communisme, sont destinées à certaines catégories de citoyens comme la jeunesse, les militaires, les paysans, les industriels ; la rédaction du bulletin Presse-Service est poursuivie. Enfin, le directeur du quotidien belge La Dernière Heure ouvre, les 9 et , les colonnes de son journal à Bidault et Argoud[123].

Le , après l'arrestation d'Argoud et l'exil au Brésil de Bidault, Sergent proclame la poursuite de la lutte et la transformation du Conseil national de la Résistance en Conseil national de la révolution, dont il prend la présidence[124]. Le , Curutchet est arrêté à Dakar par la police du Sénégal alors qu'il se trouve à bord d'un avion italien, puis transféré à Paris dès le lendemain. Le , Sergent écrit à Antonio Segni, président de la République italienne, pour lui demander de sauver la vie de l'ancien chef de l'ORO, dont il craint la condamnation à mort[125]. Libérés respectivement en et le , Georges et Nicolas Kayanakis le rencontrent tantôt en Belgique, tantôt en Suisse ; Sergent les encourage à poursuivre légalement leur combat contre le régime[126]. C'est ainsi qu'est créé le Mouvement jeune révolution (MJR), créé en décembre 1966.

Il bénéficie de la loi d'amnistie no 68-697 du et regagne la France en [127].

Engagement politique au Front national modifier

Lors de l'élection présidentielle de 1974, il soutient la candidature de Valéry Giscard d'Estaing.

Après avoir rejoint le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) en 1983, il adhère au Front national en 1985. Il reçoit pour « mission » d'implanter le Front national dans le département des Pyrénées-Orientales. Son premier succès intervient très rapidement. En effet, lors des élections législatives du 16 mars 1986, qui se déroulent au scrutin proportionnel, il est élu député des Pyrénées-Orientales. Dans le cadre des élections régionales qui se déroulent le même jour, il est élu conseiller régional de Languedoc-Roussillon et permet, avec les sept autres conseillers du FN, l'élection de Jacques Blanc (UDF) à la présidence de l'assemblée régionale.

À l'occasion des élections législatives de 1988, le « retour » du scrutin majoritaire uninominal à deux tours par circonscription lui fait perdre son siège de député. Sur la promesse « Je me donnerai un an pour faire de Perpignan la ville la plus sûre de France », il obtient respectivement 25% et 30% aux deux tours des élections municipales de 1989, mais n'est pas élu. Aux élections européennes du 15 juin 1989, sa quatorzième position sur la liste Europe et Patrie conduite par Jean-Marie Le Pen, qui obtient dix sièges, ne lui permet pas d'être élu[128]. Il soutient en 1990 la guerre contre l'Irak, ce qui le place à l'opposé de la ligne de son parti[129]. Enfin, il est réélu conseiller régional de Languedoc-Roussillon le .

Décès et hommage modifier

Pierre Sergent meurt le , à l'âge de 66 ans, des suites d'une longue maladie. Il repose au cimetière de Passy, à Paris, dans la 8e division[130].

L'historien Nicolas Lebourg relève qu'« à la messe qui est donnée pour ses obsèques, l'affluence et la présence des notables témoignent que Pierre Sergent est parvenu à dédiaboliser le FN en Roussillon et à y assurer son succès durable »[131].

Le 22 septembre 2022, le conseil municipal de Perpignan, présidé par le vice-président de l'ex-FN (désormais Rassemblement national) Louis Aliot, décide de faire baptiser une esplanade de Perpignan au nom de Pierre Sergent, ce qui provoque des controverses[132] et l'enlèvement de la plaque en février 2023[133].

Décorations modifier

Œuvre modifier

Pierre Sergent commence sa carrière d'écrivain alors qu'il est toujours dans la clandestinité. En 1967 et 1968, les éditions de La Table Ronde publient Ma peau au bout de mes idées puis La Bataille.

Sergent est également l'auteur de nombreux livres sur la Légion étrangère.

  • Ma peau au bout de mes idées, La Table ronde, 1967 (réédition de 1984 : (ISBN 2-7103-0189-X))
  • La Bataille, La Table ronde, 1968
  • Je ne regrette rien, Fayard, 1972 (réédition de 1983 : (ISBN 2-213-00243-6))
  • Le Malentendu algérien : 12 ans après, Fayard, 1974 (entretiens avec André-Louis Dubois)
  • Lettre aux officiers, Fayard, 1975
  • Les Maréchaux de la Légion : L'Odyssée du 5e Étranger, Fayard, 1977
  • La Légion saute sur Kolwezi, Presses de la Cité, 1979 (réédition de 1984 : (ISBN 2-258-00426-8))
  • Camerone, Fayard, 1980
  • Un étrange Monsieur Frey, Fayard, 1982
  • Paras-Légion : Le 2e BEP en Indochine, Presses de la Cité, 1982 (ISBN 2-258-00986-3)
  • 2e REP, Presses de la Cité, 1984 (ISBN 2-258-01370-4)
  • La Légion, Graphiques Lafayette, 1985 (en collaboration avec Bertrand de Castelbajac)
  • Les Voies de l'honneur, tome 1, Presses de la Cité, 1987 (roman)
  • Les Voies de l'honneur : La Revanche, tome 2, Presses de la Cité, 1989 (roman)
  • Les Voies de l'honneur : Le Coup de grâce, tome 3, Presses de la Cité (roman)

Bibliographie modifier

  • Portrait (avec de nombreuses photographies) par Philippe Randa dans le magazine Hommes de Guerre no 15, .
  • Erwan Bergot, Les Marches vers la gloire, Presses de la Cité, 1993, 899 p.
  • Georges Joumas, La tragédie des lycéens parisiens résistants, 10 juin 1944 en Sologne, Éd. Corsaire, 2014, 160 p.
  • Bertrand Le Gendre, Confessions du n° 2 de l'OAS, Les Arènes, 2012.
  • Edmond Jouhaud, Ô mon pays perdu !, Paris, Fayard, 1969.
  • Jacques Fauvet et Jean Planchais, La Fronde des généraux, Paris, Arthaud, 1961.
  • Le procès de Raoul Salan, compte rendu sténographique, Albin Michel, 1962, 549 p. Plaidoirie de Maître Tixier-Vignancour. (p. 507 à 548)
  • Maurice Vaïsse, Le putsch d'Alger, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « histoire », 2021, 336 p. (ISBN 978-2-7381-5495-8), présentation en ligne [archive]).
  • Paul Guérande, O. A. S. métro ou les enfants perdus, récit, éd. du Fuseau, 1964, 184 p.
  • Georges Fleury, Histoire de l'OAS, Grasset, 30 oct. 2002, 1048 pages.
  • Colonel Henri Le Mire, L'épopée moderne de la Légion, Société de production littéraire (SPL), 1977.
  • Jean Brunon - Georges-R. Manu - Pierre Carles, Le livre d'or de la Légion étrangère (édition du cent cinquantième anniversaire (1831-1981)), Lavauzelle, 1981.
  • Pierre Dufour, La Légion en Algérie, Lavauzelle, 2002.
  • Rémi Kauffer, OAS - Histoire d'une guerre franco-française, éditions du Seuil, 2002.

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Suivant une idée du général de Lattre de Tassigny, il s'agit, pendant un an, de faire suivre au futur officier le sort normal des appelés afin que, vivant au milieu d'eux, il puisse mieux comprendre les difficultés du métier et les réactions de ceux qu'il sera amené à commander.
  2. L'opération « Marion » est le volet aéroporté de l'opération « Lorraine ».
  3. Le 1er REI devient 1er RE en juillet 1955.
  4. Le jeudi 28 janvier, en pleine insurrection, Paul Delouvrier, délégué général du gouvernement en Algérie, et le général Challe, commandant en chef des forces françaises en Algérie, quittent Alger pour La Reghaïa.
  5. Après avoir été commandant de la 5e région aérienne en Algérie et adjoint interarmées du général Salan du temps où celui-ci était commandant en chef des forces françaises en Algérie, le général Jouhaud est chef d'état-major de l'Armée de l'air du 1er octobre 1958 au 14 mars 1960.
  6. En particulier celui du général Gambiez, commandant en chef des forces armées en Algérie mis en prison.
  7. Selon Sergent, le général Challe rejette ce qu'il voit comme une immixtion politique dans une action qu'il veut pure de toute compromission avec les activistes[73].
  8. Dans l’après-midi du 23 avril, le général Zeller se rend personnellement à Constantine pour « recadrer » le général Gouraud, commandant le Corps d’armée de Constantine, qui a accepté de recevoir les deux envoyés du gouvernement – le général Olié, chef d'état-major général de la Défense nationale que le général de Gaulle vient de nommer commandant en chef des forces armées en Algérie, et Louis Joxe, ministre des affaires algériennes – comme s’ils étaient encore ses supérieurs. Puis, le 24 avril, le général Zeller met en état d’arrestation le général de Pouilly, commandant du Corps d’armée d’Oran, qui a refusé de se rallier au mouvement et qui est venu à Alger pour convaincre le général Challe de renoncer à poursuivre son action.
  9. Le général Salan et Jean-Jacques Susini sont arrivés d'Espagne dans la matinée du dimanche 23 avril 1961. L'arrivée en Algérie du général Salan s'est faite dans la plus grande discrétion pour ne pas gêner le général Challe qui ne souhaite pas donner une dimension politique à ce retour.
  10. Il s'agit de Radio Alger devenue France V le 1er janvier 1958.
  11. L'OAS/Madrid est un groupe dissident revendiquant la « Direction centrale » de l'OAS que les colonels Argoud et Lacheroy intègrent en juillet 1961.
  12. Les participants se revendiquent de l'OAS sans semble-t-il en avoir fait partie.
  13. Le 20 septembre 1961, Le Monde publie la lettre que lui a adressée le général Salan dans laquelle il déclare n'avoir pas ordonné l'attentat de Pont-sur-Seine et souligne que les généraux Vanuxem et Boucher de Crèvecœur n'ont jamais appartenu à l'Organisation - ce dernier point étant en contradiction donc avec son instruction particulière n°1.
  14. Pendant métropolitain du putsch des généraux
  15. Nicolas Kayanakis a été secrétaire général des étudiants d'Action française de 1951 à 1954.
  16. Claude Dumont est sénateur UNR de la circonscription Sétif-Batna. Il est un proche de Jacques Soustelle, gouverneur général de l'Algérie de janvier 1955 à janvier 1956. Les deux hommes ont fondé, en mars 1956, l’Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie française (USRAF), qui regroupe les partisans les plus déterminés de l'Algérie française.

Références modifier

  1. In Ma peau au bout de mes idées, p. 18.
  2. In Ma peau au bout de mes idées, p. 20.
  3. In Ma peau au bout de mes idées, p. 21.
  4. In Ma peau au bout de mes idées, p. 23
  5. In Ma peau au bout de mes idées, p. 24.
  6. In Ma peau au bout de mes idées, p. 28-29.
  7. In Ma peau au bout de mes idées, p. 30.
  8. In Ma peau au bout de mes idées, p. 31.
  9. In Ma peau au bout de mes idées, p. 32.
  10. Les Lycéens, le Traître et les Nazis, documentaire de David André, diffusé sur France 2 en 2021.
  11. Annie Pennetier, « La Ferté-Saint-Aubin, Marcilly-en-Villette (Loiret) 10 juin 1944 », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  12. In Ma peau au bout de mes idées, p. 51.
  13. a et b In Ma peau au bout de mes idées, p. 77.
  14. In Ma peau au bout de mes idées, p. 63.
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