Pierre Mouronval

joueur français de rugby à XV
Pierre Paul Mouronval
Description de l'image Pierre Mouronval – Polytechnicien.jpg.
Fiche d'identité
Naissance
Avesnes (Nord)
Décès (à 74 ans)
Paris 17e
Taille 1,74 m (5 9)
Poste Ailier
Carrière en senior
PériodeÉquipeM (Pts)a
Stade français ? (?)


a Compétitions nationales et continentales officielles uniquement.
Dernière mise à jour le 31 août 2015.

Pierre Mouronval, né à Avesnes (aujourd'hui Avesnes-sur-Helpe) (Nord) le , mort à Paris (17e arrondissement) le (à 74 ans), est un polytechnicien, joueur de rugby au Stade français, commandant l'escadrille N 77[1],[Note 1] durant la première guerre mondiale.

Biographie modifier

Origines familiales modifier

Pierre Paul Mouronval naît le à Avesnes-sur-Helpe et est le frère jumeau[Note 2] de Francis, comme lui polytechnicien de la même promotion 1901[4], pareillement joueur de rugby à XV[Note 3] dans le même club (Stade français) et également affecté lui-aussi à l'aéronautique militaire[Note 4] durant la première guerre mondiale[Note 5].

Formation modifier

 
Pierre Mouronval – Polytechnicien

Pierre Mouronval fait avec son frère jumeau ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand[Note 6]. Après l'obtention du baccalauréat ès-sciences (mathématiques élémentaires), il y poursuit avec son frère ses études en classes préparatoires puis intègre avec son frère à tout juste 20 ans l'École polytechnique en 1901[Note 7]. Il en sort en 1903 sous-lieutenant dans l'Artillerie[9] ; il est nommé avec rang du lieutenant de réserve[10],[11] au 37e régiment d'artillerie.

Carrière professionnelle modifier

Pierre Mouronval démissionne de l'armée et poursuit une carrière professionnelle comme ingénieur civil des mines[12].

Service pendant la Première Guerre mondiale modifier

La première Guerre mondiale éclate le quand l’Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie ; en France, le gouvernement décrète la mobilisation générale le même jour, à 16 h. Âgé de 33 ans, Pierre Mouronval rejoint le [13] comme lieutenant son régiment d'affectation, le 37e régiment d'artillerie[14].

Il sert comme observateur[Note 8] de l'escadrille MF 44[15] jusqu'au . Il reçoit la Croix de Guerre et une citation à l'ordre du corps d'armée en puis est affecté au 36e régiment d'artillerie[13],[16].

Il passe alors au Groupe des divisions d'entraînement et est détaché le de l'artillerie comme élève pilote[16] à l'aéronautique militaire[Note 4]. Il obtient le le brevet de pilote militaire no 4471 à l'école d'aviation militaire de Juvisy[17]. Il suit ensuite jusqu'au un entrainement plus poussé avec un premier stage "Avions Rapides" à l'école d'aviation militaire d'Avord[18], suivi d'un second de tir à l'école de tir aérien de Cazaux[19] et enfin d'un troisième de "Haute-École" à l'école d'aviation militaire de Pau[20].

Après un passage au Groupe des divisions d'entraînement du 4 au , il rejoint l'escadrille N 68[Note 9]. Il sert comme pilote jusqu'au . Nommé capitaine, le [22], il prend ensuite, du au , le commandement de l'escadrille N 77[1] connue sous le nom « Escadrille des Sportifs » en raison du grand nombre d'athlètes dans ses rangs[23],[24].

Mouronval est en mission du 20 au  ; il est abattu en combat aérien, aux commandes d'un SPAD XIII, le . Son adversaire est probablement le Lieutenant Walter Blume du Jasta 9 qui obtient là sa 9e victoire. Mouronval est grièvement blessé et fait prisonnier à la citadelle de Mayence (Allemagne) jusqu'à la fin de la guerre.

Nommé le Chevalier de la Légion d'Honneur[Note 10], il est réformé le à 65 % pour blessures de guerre avec une affectation dans la réserve au 36e régiment d'artillerie.

Rugbyman modifier

Contexte modifier

Le rugby à XV a été introduit en France vers 1870 par des Britanniques travaillant dans l’Hexagone. Dès 1872, certains d’entre eux fondent le Havre Athletic Club avec lequel ils pratiquent une forme hybride de rugby et de football qu'ils appellent combination.

Le premier véritable club de rugby français est le English Taylors RFC, fondé par des hommes d'affaires anglais à Paris en 1877, suivi par le Paris Football Club l'année suivante[26]. Ce dernier a une durée de vie éphémère. Sa scission entraîne la formation du Racing club de France en 1882, du Stade français en 1883 (ou 1887) et de l'Olympique en 1888[26], entièrement ou en partie créés par des français.

Le développement du rugby est favorisé en France par Pierre de Coubertin, passionné de rugby et qui souhaite reproduire ce modèle éducatif anglais dans les grands établissements parisiens en guise de rééducation physique et morale des futures élites du pays qui a connu la défaite de 1870[27].

Débuts modifier

En 1900, Pierre Mouronval et son frère jumeau occupent le poste de trois-quarts à l'Association sportive du lycée Louis Le Grand. À leur entrée à l'Ecole Polytechnique en 1901, ils s'imposent dans l'équipe première du Racing Club de France[28].

Stade français modifier

Pierre Mouronval est, comme son frère jumeau Francis, sociétaire du Stade français où son gabarit de 1,74 m pour 76 kg le fait jouer au centre ou à l'aile.

Le , devant 2 000 spectateurs, la finale du championnat de France de rugby à XV 1903-1904, qui se joue à La Faisanderie (Saint-Cloud) avec Pierre Mouronval comme trois-quarts centre sans son frère, voit la victoire du SBUC[29],[L'A 1],[LeF 1],[Note 11].

L'année suivante, son club, qui aligne pour la circonstance les frères jumeaux dans les lignes arrières, est battu le par le SBUC en finale du championnat de France de rugby à XV 1904-1905 disputée au Stade du SBUC (Bordeaux)[30],[L'A 2],[LeF 2],[Note 12].

Deux ans plus tard, le , les deux mêmes équipes se rencontrent à nouveau en finale du championnat de France de rugby à XV 1906-1907 disputée au Stade Sainte-Germaine (Bordeaux) avec à nouveau les jumeaux, mais aux postes de troisième ligne aile du Stade français. Le SBUC remporte encore le titre[31],[L'A 3],[LeF 3],[Note 13].

L'année suivante, ces deux mêmes équipes s'affrontent encore le au Stade du Matin à Colombes pour la finale du championnat de France de rugby à XV 1907-1908. Le Stade français remporte enfin la victoire et son huitième titre de champion de France. Francis Mouronval fait partie de l'équipe victorieuse du SBUC au poste de trois-quarts centre, sans son frère Pierre à ses côtés[32],[L'A 4],[LeF 4],[Note 14].

Après la guerre, on retrouve Pierre Mouronval avec son frère le dans l'équipe du Stade français pour le 56e match contre le Racing club de France disputé au Parc des Princes[L'A 5],[LeF 5],[Note 15].

Distinction modifier

Pierre Mouronval est nommé officier de l'ordre de la Légion d'honneur le [13],[Note 16]. Il est également décoré de la Médaille militaire et de la Croix-de-Guerre avec palme.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Carrière sportive modifier

Première guerre mondiale modifier

  • Jacques Mortane, Une escadrille sportive, Paris, P. Lafitte, coll. « La Vie au grand air » (no 838), , 20e année éd., 39 p. (lire en ligne), p. 17-21.  
  • Pierre David, Les escadrilles de l'aéronautique militaire française : symbolique et histoire, 1912 - 1920, Vincennes, Service Historique de l'Armée de l'Air, , 607 p. (ISBN 2-11-094692-X).  
  • (en) Jon Guttman (ill. Harry Dempsey), SPAD XII/XIII aces of World War I, Oxford, Osprey, coll. « aircraft of the aces » (no 47), , 96 p. (ISBN 978-1-84176-316-3).  
  • Hervé Joly et Antoine Compagnon, À Polytechnique, X 1901 : enquête sur une promotion de polytechniciens de la Belle Époque aux Trente Glorieuses, (ISBN 978-2-08-151210-8 et 2-08-151210-6, OCLC 1237556288, présentation en ligne)

Iconographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « L'ESCADRILLE 77 : unité d'élite qui s'est classée, dès sa formation, parmi les mieux entraînées et les plus redoutables pour l'ennemi. Remarquablement commandée par le capitaine DE L'HERMITE qui l'a formée et lui a communiqué son enthousiasme ardent, puis par le capitaine MOURONVAL, tombé, dans les lignes ennemies en la menant au combat, a abattu 22 avions ennemis, incendié 13 drachens, rapporté plus de 1 000 photographies de l'arrière-front allemand, exécuté, en monoplace, Quatre opérations de bombardement de jour, à basse altitude, avec plein succès. (Ordre du 18 juillet 1918.)[2] »
  2. Né le second des jumeaux, Pierre Paul Mouronval est le fils de Saint Ange Edmond André François Mouronval, docteur en médecine, et de Marie Marguerite Lubin[3].
  3. Pierre Mouronval est de plus joueur international de rugby à XV avec une sélection avec l'équipe de France[5].
  4. a et b L'histoire de l'Armée de l'air française débute avec l'aéronautique militaire en 1909, qui dépendait alors de l'Armée de terre française. C'est la plus ancienne force aérienne au monde. L'Armée de l'air est devenue une arme à part entière le .
  5. Francis Mouronval est affecté à l'escadrille MF 62 - N 62 - SPA 62 (en)[6].
  6. Élèves en classe de quatrième au lycée Louis-le-Grand, les frères Mouronval sont cités dans le palmarès de l'année scolaire 1895 lors de la distribution solennelle des prix[7].
  7. Dans le dossier de Pierre Mouronval conservé à la bibliothèque de l'École polytechnique, on le trouve candidat en 1900 et 1901 où il est classé 28e au concours d'admission[8] ; il sort 94e sur 179 élèves en 1903[4].
  8. Sur la majorité des avions utilisés au début de la Première Guerre mondiale l'observateur était installé en avant du pilote, et disposait d'un pistolet ou d'un mousqueton.
  9. « N » pour Nieuport, avions des pilotes de l'escadrille[21],.
  10. « MOURONVAL (Pierre-Paul), capitaine d'artillerie (réserve), commandant l'escadrille X. : a pris part, comme officier d'artillerie, aux premières affaires de la campagne. Devenu observateur en avion, puis pilote, n'a cessé de faire preuve de la plus grande bravoure. Chef d'escadrille remarquable, volant sans cesse à la tête de ses pilotes ; a fait de son unité une escadrille de chasse d'élite. S'est distingué dans les récents combats. Deux citations[25]. »
  11. « Le STADE bordelais a triomphé hier après-midi dans le match final du Championnat de France, disputé sur le terrain de Saint-Cloud, en, battant, par 3 points à rien,l'équipe du Stade français, champion de Paris. La rencontre avait attiré à Saint-Cloud une foule considérable. Le jeu a été fort bon, d'une grande activité rude et d'excellente tactique. Le Stade bordelais est donc champion de France pour la seconde fois. Cette victoire est très remarquable[LeF 1]. »
  12. « Football Rugby, Le Stade Bordelais bat le Stade Français par 12 points à 3. Malgré le terrain détrempé, la partie a été très intéressante. Les Bordelais ont fait preuve d'une supériorité indiscutable, et c'est aux acclamations d'une foule énorme, malgré le temps détestable, qu'ils ont été proclamés vainqueurs[LeF 2]. »
  13. « Une fois de plus le Stade bordelais triomphe et enlève le Championnat de France ; il a, hier, à Bordeaux, battu le Stade français par 14 points à 3. Il n'y a pas à épiloguer sur ce résultat ; la victoire est complète et magnifique. Elle a été acquise au milieu d'un indescriptible et légitime enthousiasme ; je croyais à la supériorité du Stade français, qui semblait avoir une équipe quasi parfaite, homogène, allante, endurante et riche en ressources tactiques ; cette équipe, tout à fait excellente, a été matée par celle du Stade bordelais ; il n'y a que des compliments à décerner aux vainqueurs qui, par un éclatant succès, ont confondu les pronostiqueur de leur défaite... dont j'étais. Le match a été joué au milieu d'une affluence considérable de curieux ; la partie a été magnifique d'adresse et de vitesse dans l'attaque et dans la défense[LeF 3]. »
  14. « Le Stade Français est champion de France : tel est le résultat, de la brillante victoire qu'il a remportée hier après-midi sur le Stade Bordelais par 16 points (4 essais,' 2 buts) à 3 points (1 essai). [...] Près de 10 000 personnes assistaient à cette partie, et firent, comme bien on pense, une folle ovation au Stade Français, qui vient de faire rentrer à Paris le beau trophée du Championnat de France que les Bordelais détenaient depuis quatre ans. C'est justice, car les Stadistes nous ont fait assister hier à une des plus jolies parties qu'on ait vues à Paris[LeF 4]. »
  15. « Le eut lieu au Parc des Princes le 56e match Stade-Racing. Tous les vieux Stadistes et Racingmen étaient présents : Mamelle, L. Dedet, Jack Muir, Hadley, Betjeman, S. et H. Cagninacci, Etling, F. et P. Mouronval, Gondouin, Colas, De Malmann, Bernstein, A. Muhr, Demeuves, Pharamond, Worth... évoquant les vieux souvenirs. Le R. C. F. a une équipe lourde et puissante qui doit avec du travail et de l'entraînement aller loin dans le championnat de France. Elle compte dans ses rangs plusieurs internationaux accourus pour défendre les couleurs bleues et blanches : Chilo, Jaurréguy, Crabos, Bordes, Thierry, Dillensenger. Au Stade Français un homme fut hors pair : Piron[33]. »
  16. « MOURONVAL (Pierre-Paul), capitaine au 36e reg. d'artillerie de campagne : excellent chef d'escadrille. A été blessé très grièvement au cours d'un combat aérien, le . Chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre. 3 citations antérieures[34]. »

Références modifier

Archives de L'Auto modifier

La bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France met en consultation sur son site Gallica la collection complète des numéros de L'Auto de 1900 à 1944 d'où sont extraits les articles ci-après relatifs à des rencontres de rugby disputées par les jumeaux Mouronval :

Archives du Figaro modifier

La bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France met en consultation sur son site Gallica la collection complète des numéros du Figaro de 1826 à 1942 d'où sont extraits les articles ci-après relatifs à des rencontres de rugby disputées par les jumeaux Mouronval :

  1. a et b  : S.B.U.C. - Stade Français (3-0).
  2. a et b  : S.B.U.C.-Stade Français (12-3).
  3. a et b  : S.B.U.C. - Stade Français (14-3).
  4. a et b  : Stade Français - S.B.U.C. (16-3).
  5.  : R.C.F. - Stade Français (14-0).

Autres sources modifier

  1. a et b Escadrille N 77 – SPA 77 sur le site albindenis.free.fr
  2. Citations à l'ordre de l'armée, JORF, , [lire en ligne].
  3. Guillaume de Tournemire, « Pierre Paul Mouronval », sur le site de généalogie Geneanet (consulté le ).
  4. a et b Biographie de Francis et Pierre Mouronval sur le site de la Bibliothèque de l’École polytechnique.
  5. « MOURONVAL Francis, international no 48 », sur l'ancien site de la F.F.R. (consulté le ).
  6. Escadrille MF 62 - N 62 - SPA 62 sur le site albindenis.free.fr
  7. Les distributions de prix (Lycée Louis-le-Grand), Le Figaro, , [lire en ligne]
  8. Liste d'admission à l'École polytechnique, JORF, , [lire en ligne].
  9. Nominations au grade de sous-lieutenant d'Artillerie, JORF, , [lire en ligne].
  10. Nominations au grade de lieutenant de réserve, JORF, , [lire en ligne]
  11. Nominations au grade de lieutenant de réserve, JORF, , [lire en ligne]
  12. Diplôme supérieur d'ingénieur des mines, JORF, , [lire en ligne]
  13. a b et c « Cote 19800035/227/30070 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  14. Historique sommaire du 37e régiment d'artillerie : 1914-1918 [lire en ligne]
  15. Escadrille MF 44 – F 44 – AR 44 – BR 44 sur le site albindenis.free.fr
  16. a et b Mémoire des hommes, base des Personnels de l'aéronautique militaire, Pierre Mouronval [lire en ligne]
  17. Écoles de Juvisy - Port Aviation sur le site albindenis.free.fr
  18. École d'Avord sur le site albindenis.free.fr
  19. Écoles de tir aérien de Cazaux sur le site albindenis.free.fr
  20. Écoles de Pau sur le site albindenis.free.fr
  21. Escadrille N 68 – SPA 68 sur le site albindenis.free.fr
  22. Nominations au grade de capitaine, JORF, , [lire en ligne]
  23. Une escadrille sportive, p. 17-21
  24. Spad XII/XIII Aces of World War I, p. 65
  25. Nominations au grade de chevalier de la Légion d'honneur, JORF, , [lire en ligne]
  26. a et b Histoire des sports, p. 87-88
  27. Le Rugby Pour les Nuls
  28. Joly et Compagnon 2021
  29. Compte rendu de la finale de 1904, sur lnr.fr
  30. Compte rendu de la finale de 1905, sur lnr.fr
  31. Compte rendu de la finale de 1907, sur lnr.fr
  32. Compte rendu de la finale de 1908, sur lnr.fr
  33.  : R.C.F. - Stade Français (14-0), La Vie au grand air, .
  34. Nominations au grade d'officier de la Légion d'honneur, JORF, , [lire en ligne]
  35. a et b Le site de Frédéric Humbert, consacré au rugby