Pierre Dujardin, dit le capitaine de la Garde (né et décédé à Rouen à des dates non déterminées), est la deuxième personne faisant état d'un projet d'assassinat d'Henri IV lié à la mort de ce dernier le . Son Manifeste, publié en 1619, met indirectement en cause Philippe III, roi d'Espagne.

Assassinat d'Henri IV par Gaspard Bouttats (vers 1640 – vers 1695).

Pierre Dujardin est également l'auteur du Factum de Pierre du Jardin, sieur et capitaine de la Garde, natif de Rouen, province de Normandie, prisonnier en la Conciergerie du Palais de Paris, contenant un abrégé de sa vie et des causes de sa prison, pour oster à un chacun les mauvais soupçons que sa détention pourroit avoir donnez, rédigé avant son Manifeste.

Biographie modifier

Fils d'un plâtrier de Rouen, Pierre Dujardin est un soldat combattant pour divers intérêts. Il sert en Provence sous les ordres d'Henri 1er, duc de Guise, rejoint ensuite l'armée du duc de Lesdiguières puis combat en Bourgogne dans l'armée du maréchal de Biron.

Il se met au service de la République de Venise, puis du Saint Empire. En 1608, il est au service du grand-duc de Toscane, et séjourne à Naples lorsqu'il aurait été approché pour prendre part à un complot visant à assassiner le roi de France.

Effrayé, il se serait rendu en France et aurait été entendu par Henri IV au château de Fontainebleau, mais celui-ci n'aurait pas pris la menace très au sérieux. Pierre Dujardin prétend avoir été victime en 1614 d'une tentative de meurtre par des hommes du duc d'Épernon. En 1616, il est arrêté, selon lui en raison de ses propos sur la conspiration de Naples[1]. Son procès débuté le , mais ne semble pas avoir été mené à terme. Après quelques années de détention, Pierre Dujardin est libéré et Louis XIII lui octroie une pension annuelle de 600 livres. Il termine sa vie dans sa ville natale de Rouen.

La conspiration de Naples : deuxième complot lié à l'assassinat d'Henri IV modifier

Plusieurs Français anciens membres de la Ligue (parmi lesquels Charles Hébert, ancien secrétaire du duc de Guise) séjournent à Naples lorsque Pierre Dujardin s'y installe. Approché par ce petit groupe à qui il inspire confiance en raison de son engagement passé auprès du maréchal de Biron, il aurait feint de partager leurs opinions. Il aurait ainsi été mis en contact avec le père Alagon, un jésuite espagnol, lequel se serait présenté comme un parent du duc de Lerma, favori de Philippe III. Le père Alagon lui aurait alors proposé d'assassiner Henri IV :" si vous vouliez entreprendre de le tuer, chose qui vous serait facile, je vous ferais l'un des plus riches gentilshommes qui soient en la cour du roi d'Espagne et vous recevriez autant d'honneurs que vous sauriez désirer".

Quelques jours plus tard, il aurait croisé Jean-François Ravaillac, qui aurait déclaré s'apprêter à retourner en France pour y tuer le roi. Pierre Dujardin se serait vu proposer d'accomplir le même acte en parallèle de Ravaillac contre la somme de 50 000 écus. Selon lui, les conjurés de Naples préparent alors le soulèvement qui doit suivre l'assassinat d'Henri IV. Il les dénonce alors auprès du sieur Zamet, résidant à Naples, puis de l'ambassadeur de France à Rome. Il obtient ainsi une entrevue auprès d'Henri IV, laquelle n'a pas de conséquence.

Interprétations modifier

Faisant suite aux accusations formulées par Jacqueline d'Escoman, ses propos contribuent à la construction par Jules Michelet de l'hypothèse d'un complot ourdi par la marquise de Verneuil, le duc d'Epernon, et Concini, complot mené sous l'égide de Philippe III[2].

Pour Jean-Christian Petitfils, les propos de Pierre Dujardin sont peu vraisemblables. Ainsi, il est très peu probable que Ravaillac se soit rendu à Naples en 1608, sa présence à Angoulême étant attestée en mai, septembre et décembre de cette année. Il est de même étonnant qu'une conspiration, prévoyant le débarquement de plusieurs milliers d'hommes en France à la suite de la mort d'Henri IV, ne soit évoquée par aucune autre source. L'existence d'un projet d'assassinat du roi de France, fomenté à Naples en 1608 est plausible, mais les accusations présentes dans le Manifeste de Pierre Dujardin viseraient surtout à discréditer le duc d'Épernon et Marie de Médicis, entrée en disgrâce en 1619, et expliqueraient sa libération et la pension dont il a bénéficié jusqu'à sa mort.

Notes et références modifier

Cet article tire la majeure partie de ses informations de l'ouvrage de Jean-Christian Petitfils "L'assassinat d'Henri IV" (Paris, ed.Perrin) publié en 2009 (ISBN 978-2-262-03914-1), de celui de Jean-Pierre Babelon (Henri IV, ed. Fayard, première édition en 1982, (ISBN 978-2-213-64402-8)) et des récits attribués à Pierre Dujardin.

  1. Jules Finot, Un complice de Ravaillac arrêté à Bruxelles en 1616, Lille, L. Quarré, , p. 163
  2. Jules Michelet, Histoire de France , Tome 11 : Henri IV et Richelieu, Paris, Chamerot, , Pages 242 et suivantes