Piazzale degli Uffizi

Piazzale degli Uffici
Image illustrative de l’article Piazzale degli Uffizi
Le Piazzale degli Uffizi vue côté Palazzo Vecchio
Situation
Coordonnées 43° 46′ 07″ nord, 11° 15′ 20″ est
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Province Toscane
Ville Florence
Quartier(s) Quartier 1, centre historique de Florence
Morphologie
Type Place
Histoire
Monuments Galerie des Offices

Carte

Le piazzale degli Uffizi est un espace du centre historique de Florence, dominé par la galerie des Offices. La place est accessible depuis la via della Ninna, depuis le lungarno Anna Maria Luisa de' Medici (it), depuis la via Lambertesca et la piazza della Signoria.

Histoire modifier

Avant la création des Offices, cet espace, appartenant à la paroisse de San Pier Scheraggio, était insalubre et infâme, habité par des ouvriers travaillant à des entreprises malodorantes, tels que la teinture et le tannage, qui déversaient des eaux usées dans le fossé du Scheraggio. La prostitution était très répandue, à tel point que le quartier s'appelait aussi della Baldracca (« de la trainée »). Cette mauvaise réputation est, par exemple, rappelée par le désagréable épisode vécu par le prêtre Amadio della Val di Pesa, qui, en 1131, s'était retrouvé dans une auberge si mal entourée qu'il préféra dormir dans la rue à l'air libre ; de ses tourments naîtra la Congrega di Gesù Pellegrino destinée à accueillir dignement les religieux de passage dans la ville. Se trouvaient également dans cette zone le premier bâtiment de la monnaie, et diverses rues et places où, entre autres, était installée l'Arte dei Fornai.

Cosme Ier de Toscane décide de réunir tous les magistrats florentins près de sa nouvelle résidence au Palazzo Vecchio, à la fois pour les contrôler plus facilement et pour fournir un service public plus efficace, concentrant de nombreuses institutions civiles, judiciaires et financières en un seul endroit (les « Offices  », c'est-à-dire les bureaux) jusqu'alors disséminés dans la ville. Le projet d'un nouveau grand complexe est confié à Giorgio Vasari, qui y travaille de 1560 (les démolitions commencent dès 1545) jusqu'à sa mort en 1574. L'architecte s'inspire des constructions de Jacopo Sansovino sur la place Saint-Marc à Venise, avec un élégant rideau d'arcades et des bâtiments aux mêmes modulations architecturales qui entourent l'espace urbain. Le chantier de construction du nouveau bâtiment des Offices peut être considéré comme achevé dans ses structures essentielles vingt ans plus tard, en 1580, lorsque la nouvelle construction rejoint le bâtiment de la Monnaie, formant un seul grand bâtiment qui, face à l'Arno présente une grande loggia ouverte, fermée vers la place par l'ancienne loggia des Lanzi, tandis que vers le fleuve, et plus loin jusqu'au palais Pitti, elle est enrichie par une liaison surélevée, le Corridor de Vasari. Lorsque Vasari meurt en 1574 et que les travaux se poursuivent avec Alfonso Parigi l'Ancien et Bernardo Buontalenti, ce dernier place la loggia aux étages supérieurs du bâtiment, initialement conçue comme une terrasse ouverte.

D'autres travaux d'adaptation suivent aux XVIIIe et XIXe siècles ; en 1842-1846 notamment, les vingt-huit niches sont décorées avec les Uomini illustri toscani (les Illustres Hommes toscans), dans le cadre d'un projet promu par Vincenzo Batelli, mais substantiellement déjà prévu dans le projet du XVIe siècle.

Description modifier

 
Vue vers le Palazzo Vecchio.

Le piazzale constitue un espace extrêmement scénographique et unitaire, mis en valeur par la loggia qui se développe sans solution de continuité, équipée de bancs en pierre, qui d'un côté agit comme une lunette pour encadrer l'Arno, avec de l'autre côté, la masse puissante du Palazzo Vecchio et de sa tour. Le sol est constitué de dalles en vrac.

Vingt-huit statues en marbre d'illustres Toscans sont placées à l'extérieur des Offices, dans les niches des piliers du portique (quatre donnant sur l'Arno sur le Lungarno Anna Maria Luisa de' Medici), réalisées entre 1842 et 1845, par de grands sculpteurs de l'époque.

Dans le coin le plus proche de via della Ninna (côté « long », à l'Est) se trouve l'entrée du XIXe siècle du musée des Offices, entre les deux statues de Laurent de Médicis et Cosme de Médicis, correspondant à ce qui reste de la nef de San Pier Scheraggio. Suivent toutes les autres portes du complexe, correspondant à l'escalier, à l'ancienne billetterie et à toutes les pièces du rez-de-chaussée, avec des inscriptions sur les portails qui rappellent les magistrats qui y étaient à l'origine installés. Sur l'un des portails près de l'Arno se trouve un Buste du Sauveur, une œuvre précieuse des XVIIe – XVIIIe siècles.

Le bras central, celui de Vérone, est scénographiquement ouvert sur l'Arno. Sur l'arc médian, surplombant la place intérieure, se trouve une statue de Cosme Ier, œuvre de Jean Bologne (1585), flanquée de deux sculptures allégoriques représentant Rigueur et Équité, de Vincenzo Danti (1566).

Sur le petit côté (Ouest) se trouvent la nouvelle billetterie (inaugurée en mai 2021), l'auditorium Vasari et la réception des bureaux, à partir desquels différentes salles du rez-de-chaussée sont accessibles. La dernière porte, vers le nord, est celle de l'Accademia dei Georgofili, dont le siège s'étend en profondeur jusqu'à la torre dei Pulci. Sous la voûte de la via Lambertesca se trouve la Porta delle Suppliche de Buontalenti, d'architecture maniériste, et plus loin le bâtiment de la Poste Royale ; enfin, juste avant la loggia des Lanzi, une des sorties du musée correspondant au parcours « court » par «  l'escalier Natalini ».

Des artistes de rue sont régulièrement présents sur la place.

Statuaire modifier

Il n'est pas clair que Vasari a conçu les niches des piliers de la loggia comme un pur élément de clair-obscur ou comme le site d'un cycle statuaire. Vers 1834, l'idée de les utiliser pour un cycle de célébration des hommes les plus illustres de Toscane a commencé avec un typographe et éditeur Vincenzo Batelli, qui a réussi à convaincre les institutions de la ville de son idée, d'autant qu'il a réussi à trouver ressources nécessaires à l'entreprise. Sur une députation présidée par le prince Andrea Corsini, par les marquis Gino Capponi et Pietro Torrigiani, par le comte Luigi de Cambray Digny et par l'avocat Cesare Capoquadri, il a été calculé que si quatre mille abonnés étaient prêts à donner un florin par mois pendant trente mois, les frais seraient couverts. Parvenant à n'en trouver que sept cents, Batelli créa une autre députation composée des artistes de la scène toscane, présidée par Giovanni Benericelli Talenti, qui eut d'autres idées brillantes pour augmenter la trésorerie, comme l'organisation de quatre grandes tombolas par an, avec la distribution de prix particulièrement attrayants, scientifiquement étudiées par le mathématicien Giovanni Antonelli. Les fonds furent bientôt suffisants pour démarrer l'entreprise et les statues furent toutes réalisées par les meilleurs sculpteurs actifs de l'académie des beaux-arts de Florence en l'espace de huit ans.

Le choix des personnages, bien que s'inscrivant dans une tendance bien ancrée dans la culture citadine du culte de ses hommes les plus illustres, s'est inspiré d'un programme particulièrement large, comprenant des représentants des Arts figuratifs, de la Littérature, des Sciences politiques et des Sciences juridiques, des Arts militaires, de l'Exploration, des Sciences mécaniques, de la Biologie et des Sciences médicales, de la Philosophie, de la Musique. Arnolfo di Cambio et Filippo Brunelleschi, par exemple, n'ont pas été choisis, car ils avaient déjà été célébrés par Luigi Pampaloni en 1830 au Palazzo dei Canonici.

Le thème commémoratif fut idéalement repris quelques années plus tard dans la décoration de la façade de la cathédrale Santa Maria del Fiore, et eut une tentative de se poursuivre dans les niches de la loggia del Mercato Nuovo, qui s'arrêta cependant à seulement trois statues sur huit.

Image Statue Effigie Sculpteur Date Position Remarques
  Cosimo Pater Patriae Cosme de Médicis Luigi Magi 1846 Loggia interne est Signé L. M. F.[ece]
  Lorenzo il Magnifico Laurent de Médicis Gaetano Grazzini 1846 Loggia interne est
  Andrea Orcagna Andrea di Cione dit l'Orcagna Niccolò Bazzani 1843 Loggia externe est SignéN. BAZZANTI F.[ait]. L'inscription Orgagna est désuète.
  Niccola Pisano Nicola Pisano Pio Fedi 1849 Loggia externe est Signé P. FEDI S.[culpteur]. Don de Léopold II de Lorraine
  Giotto Giotto di Bondone Giovanni Dupré 1845 Loggia externe est Don de la Grande-Duchesse Maria Antonia de Bourbon
  Donatello Donatello Girolamo Torrini 1848 Loggia externe est
  Leon Batt. Alberti Leon Battista Alberti Giovanni Lusini 1850 Loggia externe est
  Leonardo da Vinci Léonard de Vinci Luigi Pampaloni 1842 Loggia externe est
  Michelang. Buonarroti Michel-Ange Emilio Santarelli 1842 Loggia externe est
  Dante Allighieri Dante Alighieri Emilio Demi 1842 Loggia externe est Signé E. DEMI F.[ait]. La statue de Dante, ici nommé avec l’inscription Allighieri, a été dédié d'un épigramme sombre, car il avait déjà une statue dans le cénotaphe de la basilique Santa Croce de Florence, assis et renfrogné ; ici il lève un doigt vers le nez, non loin de la statue de Pier Capponi qui déchire les pactes de Charles VIII (roi de France) : « Dante, poeta dell'itala Musa, / in Santa Croce la fa e qui l'annusa / e perché non si sporchi i pantaloni / la carta gli fornisce Pier Capponi ! »[1]
  Francesco Petrarca Pétrarque Andrea Leoni 1845 Loggia externe est Signé A. LEONI F.[ait] L'A[n]° 1845
  Giovanni Boccaccio Boccace Odoardo Fantacchiotti (en) 1843 Loggia externe est
  Niccolò Macchiavelli Nicolas Machiavel Lorenzo Bartolini 1843 Loggia externe est La statue porte le nom de « Macchiavelli », avec l’écriture avec la double C qui est aujourd’hui généralement écartée.
  F. Guicciardini Francesco Guicciardini Luigi Cartei (it) 1847 Loggia externe est Signé L. Cartei. F.[ait] 1847
  Amerigo Vespucci Amerigo Vespucci Gaetano Grazzini 1846 Loggia de Vérone, côté piazzale Signé GAEO GRAZINI
  Francesco Ferrucci Francesco Ferrucci Pasquale Romanelli 1847 Lungarno Anna Maria Luisa de' Medici
  Giovanni delle Bande Nere Jean des Bandes Noires Temistocle Guerrazzi 1856 Lungarno Anna Maria Luisa de' Medici
  Pier Capponi Piero Capponi Torello Bacci 1844 Lungarno Anna Maria Luisa de' Medici
  Farinata degli Uberti Farinata degli Uberti Francesco Pozzi 1844 Lungarno Anna Maria Luisa de' Medici Signé FO POZZI S.[culpteur]
  Galileo Galilei Galilée Aristodemo Costoli 1851 Loggia de Vérone, côté piazzale Signé COSTOLI. Donnée par le prince héritier Ferdinand IV de Toscane
  Pier Antonio Micheli Pier Antonio Micheli Vincenzo Consani 1856 Loggia externe ouest Signé V. CONSANI DI LVCCA F.[ait] 1856
  Francesco Redi Francesco Redi Pietro Costa (?) v. 1880 Loggia externe ouest
  Paolo Mascagni Paolo Mascagni Lodovico Caselli 1852 Loggia externe ouest Signé LCO. CASELLI S.[culpteur]
  Andrea Cesalpino Andrea Cesalpino Pio Fedi 1854 Loggia externe ouest Signé FEDI S.[culpteur]
  S. Antonino Antonino Pierozzi Giovanni Dupré 1854 Loggia externe ouest Signé G. DUPRÈ F.[ait] 1854
  Accorso Accursius Odoardo Fantacchiotti 1852 Loggia externe ouest
  Guido Aretino Guido d'Arezzo Lorenzo Nencini 1847 Loggia externe ouest Signé LO NENCINI F.[ait] 1847
  Benvenuto Cellini Benvenuto Cellini Ulisse Cambi (en) 1845 Côté ouest vers la poste Signé ULISSE CAMBI F.[ait] 1845

Références modifier

  1. Bargellini-Guarnieri, cit., p. 220.

Bibliographie modifier

 
Le passage vers l'Arno avec des artistes de rue.
  • Comune di Firenze, Stradario storico e amministrativo della città e del Comune di Firenze, Firenze, Tipografia Barbèra, 1913 , p. 140, no 978.
  • Comune di Firenze, Stradario storico e amministrativo della città e del Comune di Firenze, Firenze, 1929, , p. 118, no 1068 ;
  • Piero Bargellini, Ennio Guarnieri, Le strade di Firenze, 4 voll., Firenze, Bonechi, 1977-1978, IV, 1978, p. 216-221 ; IV, 1978, p. 216-221.
  • Gli uomini illustri del Loggiato degli Uffizi: storia e restauro, a cura di Magnolia Scudieri, Firenze, Edifir, 2001.
  • Comune di Firenze, Stradario storico e amministrativo del Comune di Firenze, Piero Fiorelli e Maria Venturi, III voll., Firenze, Edizioni Polistampa, 2004, p. 467.

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Articles connexes modifier

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