Philologie du sanskrit

La philologie du sanskrit fut pratiquée tant par les anciens grammairiens indiens que par différents érudits occidentaux.

Érudits indiens anciens et modernes modifier

Anciens modifier

Comme pour tous les documents de l'histoire indienne, les dates restent sujettes à caution, et vives sont les controverses. Il est communément admis de situer L’Œuvre en huit chapitres (अष्टाध्यायिन् Aṣṭādhyāyī) de Pāṇini au IVe siècle av. J.-C., à l'époque de la floraison des royaumes de Kosala et de Magadha qui sépara la tentative de conquête du Perse Darius (521-486 av. J.-C.) de celle du Macédonien Alexandre le Grand (326 av. J.-C.). Bouddhisme et jaïnisme créaient une gêne grandissante pour la suprématie du brahmanisme post-védique… et de sa langue.

Deux siècles plus tard le grammairien Patanjali (Patañjali-) écrivit son mahā- bhāṣya-, Grand Commentaire du Aṣṭādhyāyī-, durant le règne des maurya- bouddhistes qui rayonnaient de leur capitale Pataliputra- (actuelle Patna) jusqu'à l'Indus, le Śrī Laṅkā, et l'Extrême-Orient. Un puriste s'avérait bien nécessaire pour éviter l'intrusion de barbarismes dans la vieille langue sacrée…

Modernes modifier

Érudits occidentaux modifier

L'étude de la grammaire du sanskrit dépasse largement les frontières de la France. Allemands, Anglais, Hollandais, Américains, y participent activement. Il conviendrait de citer les indianistes suivants :

  • Paul Thieme (1905 - ?), allemand, Tubingue ;
  • Jan Gonda (1905 - ?), hollandais, professeur à Utrecht, (voir bibliographie en fin d'article) ;
  • Mircéa Eliade (Bucarest 1907 - Chicago 1986), né roumain, naturalisé américain ;
  • John Brough (1917-1984), écossais

Érudits français modifier

François Bernier (Joué-Étiau 1620 - Paris 1688), né en Maine-et-Loire, devint durant douze ans médecin d'Aurangzeb. Surnommé Joli Philosophe, ce docteur épicurien collabora à l’Arrêt burlesque de Boileau, publia un Abrégé de la philosophie de Gassendi en 1678, visita l'Angleterre en 1685, publia un Traité du libre et du volontaire (1685), puis ses Voyages de Bernier contenant la description des États du Grand Moghol et de l'Hindoustan (réédité à Amsterdam en 1699).

Gaston-Laurent Cœurdoux, jésuite (Bourges 1691 - Pondichéry 1779) aborda l'Inde en 1732. Missionnaire à Bukkapuram(Andhra Pradesh) en 1736, puis supérieur de la mission du Maduré de 1744 à 1751, ce disciple du philologue Jean Calmette (jésuite), compara le sanskrit au grec et au latin. Ses observations linguistiques, abrégées en 1776 par l'officier Desvaulx, intéresseront vivement Anquetil-Duperron, l'Abbé Dubois, et Max Müller qui le nommera "père de la philologie comparée".

Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron (Paris 1731 - Paris 1805) marcha de 1755 à 1758 de Pondichéry à Surat, où Darab l'initia au parsi. En 1762, il déposa 180 manuscrits à la bibliothèque de Louis XVI ; l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dont les Mémoires contiennent ses travaux, l'appela. Il traduisit l’Avesta en 1771, fonda l'École Orientaliste, et publia : Législation orientale (1778), Recherches historiques et géographiques de l'Inde (1786), Oupanishads traduits en latin (1804) qui enthousiasmeront Arthur Schopenhauer (1788 - 1860).

Joseph Héliodore Garcin de Tassy (1794 - 1878) traduisit le poète Mir Taki (1826), rédigea un Mémoire sur les particularités de la religion musulmane en Inde (1831), puis une Notice sur les fêtes populaires des hindous (1834), Les femmes poètes dans l'Inde (1854), Les auteurs hindoustanis et leurs ouvrages (1868), Histoire de la littérature hindouie et hindoustani (1870,71).

  • La première chaire de sanskrit en Occident fut occupée par Antoine-Léonard Chézy au Collège de France en 1814.
  • Son compatriote Eugène Burnouf (1801-1851) donna aussi ses leçons de védisme à Paris.
  • Abel Bergaigne (1838-1888) tenta ensuite une interprétation philologique rigoureuse du r.gveda-.
  • Alexandre Langlois (1788-1854) en donna une traduction plus "littéraire" que précise (éditée en 1872, voir bibliographie ci-dessous).
  • V.Henry (1850-1907) enseigna à Paris lui aussi, fortement influencé par les Vedische Studïen de l'Allemand Karl Geldner.
  • Au XXe siècle se détache l'œuvre de Louis Renou (1896-1966), sa Grammaire sanskrite datant de 1935, et sa Grammaire védique de 1952, sont magistrales.
  • Les études éclectiques et grammaticales de Jean Varenne méritent aussi de retenir l'attention.
  • Quant aux ouvrages de Madeleine Biardeau, ils dépassent les cadres étroits de la linguistique pour offrir des points de vue originaux sur la culture classique indienne.

Étude de la culture d'expression sanskrite en France modifier

La littérature sanskrite étant une des plus riches du monde, tout à la fois par son extension dans le temps et par la variété des sujets dont elle traite, elle a fasciné de nombreuses personnes en dehors de l'Inde. En France, le plus important contributeur à la connaissance de la culture d'expression sanskrite est l'indianiste Louis Renou (1896-1966).

Un important ouvrage de référence en français, très utile pour la connaissance de cette culture, est L'Inde Classique, Manuel des études indiennes (2 vol.), qu'il a dirigé avec son collègue Jean Filliozat (1906-1982).

Notes et références modifier


Bibliographie modifier

  • Françoise Bonnefoy et dix-sept autres auteurs, Chronologie de l'histoire mondiale : grands événements classés par année (de 4000 av. J.-C. à 1977 de notre ère) et par rubrique (208 pages), grands hommes cités dans un tableau synoptique (de 700 av. J.-C. à 1977 de notre ère) en 57 pages polychromes, index, et quatorze planisphères historiques, collection Chronos, Sélection du Reader's Digest, première édition, Paris, 1978, 378 pages.
    (Le tableau synoptique cite de nombreux grands indiens, de Bouddha à Gandhi, mais l'histoire de l'Inde commence, dans la section événements, en 2000 av. J.-C.).
  • Georges Ifrah, Histoire universelle des chiffres, ouvrage publié avec le concours du Centre national de la recherche scientifique, Éditions Seghers, Paris, 1981, 568 pages.
    (Origine des chiffres "indo-arabes" au chapitre 30, informations relatives aux écritures indiennes anciennes, et repères chronologiques en fin d'ouvrage).
  • Nadine Stchoupak, Chrestomathie sanskrite, préfacée par Louis Renou, publication de l'institut de civilisation indienne, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, Jean Maisonneuve successeur, Paris, 1977, 88 pages.
    (Contient une rareté : un lexique du français au sanskrit).
  • Krishna Baldev Vaid, Histoire de renaissances, nouvelles présentées et traduites du hindi par Annie Montaut, avec le concours du Centre national du livre, ouvrage bilingue hindi-français, Langues & Mondes, l'Asiathèque, Paris 2002, 211 pages (ISBN 2-911053-81-8)
    (Pour se familiariser avec l'écriture nâgarî- contemporaine).
  • Alexandre Langlois, membre de l'Institut, Rig-Véda ou livre des hymnes, traduit du sanscrit, deuxième édition datée de 1872 revue, corrigée et augmentée d'un index analytique par Ph. Ed. Foucaux, réimpression en 1984, Librairie d'Amérique et d'Orient, Jean Maisonneuve successeur, Paris, 646 pages (ISBN 2-7200-1029-4)
    (Nombreuses transcriptions de mots sanskrits « à la française », antérieures au Xe Congrès des Orientalistes en 1894).

Grammaires modifier

  • Louis Renou, Grammaire sanskrite, Paris 1935
  • Louis Renou, Grammaire védique, Paris 1952
  • Louis Renou, Grammaire sanskrite élémentaire, 109 pages, Librairie d'Amérique et d'Orient, Adrien Maisonneuve, J.Maisonneuve, succ., Paris 1978.
  • Jan Gonda, professeur à l'université d'Utrecht, (traduit de l'allemand par Rosane Rocher, aspirant du fonds national belge de la recherche scientifique), Manuel de grammaire élémentaire de la langue sanskrite, 173 pages, E.J. Brill, Leiden, & Adrien Maisonneuve, Paris, 1966 (Éd. revue et corrigée 1997, réimpression 2002).
  • Jean Varenne, professeur à l'université de Provence, Grammaire du sanskrit 128 pages, Presses Universitaires de France, collection "Que sais-je" n° 1416, Paris 1971 (ISBN 9782130358947)

Lexiques modifier

Voir aussi modifier

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