Peenemünde

commune allemande

Peenemünde
Peenemünde
La gare de Peenemünde.
Blason de Peenemünde
Armoiries
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Drapeau du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale Mecklembourg-Poméranie-Occidentale
Arrondissement
(Landkreis)
Poméranie-Occidentale-Greifswald
Bourgmestre
(Bürgermeister)
Rainer Barthelmes
Code postal 17449
Code communal
(Gemeindeschlüssel)
13 0 75 106
Indicatif téléphonique 038371
Immatriculation OVP
Démographie
Population 351 hab. ()
Densité 14 hab./km2
Géographie
Coordonnées 54° 08′ 00″ nord, 13° 46′ 00″ est
Altitude m
Superficie 2 497 ha = 24,97 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
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Peenemünde
Géolocalisation sur la carte : Mecklembourg-Poméranie-Occidentale
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Peenemünde
Liens
Site web www.amt-usedom-nord.de

Peenemünde est un petit port d'Allemagne situé dans l'arrondissement de Poméranie-Occidentale-Greifswald et le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.

Situation de Peenemünde dans l'arrondissement de Poméranie-Occidentale-Greifswald.
De gauche à droite : le général Emil Leeb, Heinrich Lübke et (?), en arrière-plan, Fritz Todt, Walter Dornberger, à Peenemünde le 1941 (archives allemandes).

Géographie modifier

Peenemünde est la commune la plus septentrionale de l’île d’Usedom. Elle est située au nord-ouest de la station balnéaire de Karlshagen, sur l’estuaire du Peenestrom.

Histoire modifier

Le petit port a été mentionné pour la première fois en 1284. Le roi Gustave-Adolphe de Suède y a débarqué à la tête de quinze mille hommes au début de la guerre de Trente Ans, le . Il prend rapidement toute la baie et la région environnante. La paix de Westphalie (1648) l'attribue, comme toute la province, à la Poméranie suédoise.

Base militaire allemande modifier

Ancien site militaire de recherche de l'armée allemande, la base de Peenemünde était à la fois, entre 1936 et 1943, un centre de fabrication et un site d'essais de missiles.

Le centre a produit les bombes volantes allemandes V1 et V2, dirigé par Walter Dornberger pour le V2 et la Luftwaffe pour le V1.

En Allemagne, pendant la République de Weimar, à la fin des années 1920, les amateurs de fusées sont nombreux. Ils se retrouvent sur un terrain militaire, loué par la ville de Berlin, situé à Tegel. Vers 1930, grâce à de nouveaux produits et matériaux (aluminium, oxygène liquide...), ils expérimentent de petits moteurs-fusées. La crise économique stoppe leurs projets. Parmi ces passionnés se trouve Wernher von Braun. C'est lui qui trouve le terrain idéal en l’île d’Usedom, située sur la mer Baltique, pour les essais des fusées A1, A2, A3, A4, A5... Ces tests serviront de base pour le futur V2.

En , l'armée de terre confirme son financement du centre de recherche. Le 1er avril, la Luftwaffe annonce sa participation au projet. Dès , d'immenses travaux commencent et les premiers ateliers sont opérationnels le . Wernher Von Braun est nommé directeur technique du centre de recherche de l'armée de terre. Tous les travaux ont été réalisés par des prisonniers.

Il y a deux camps de travail. Le premier, le hall F1 : les prisonniers dorment au rez-de-chaussée et travaillent dans les étages pour la fabrication en série des fusées A4.

Le deuxième camp est installé près de l’aérodrome. Les prisonniers travaillent à l’aérodrome en effectuant des travaux de terrassement et de camouflage, ainsi que le réapprovisionnement des avions en essence. Ils ramassent, dans les marais, les pistons de la catapulte de tir de la rampe de lancement Walther, après les lancements des bombes volantes V1.

Les deux camps dépendaient du camp de concentration de Ravensbrück. Le Reichsführer Heinrich Himmler visite Peenemünde en .

En Angleterre, Reginald Victor Jones identifie une fusée sur une photo aérienne de Peenemünde. Dans la nuit du au , la RAF bombarde massivement le centre de recherche (opération Hydra), causant la mort d’environ 600 personnes.

Le bombardement de Peenemünde a plusieurs conséquences. Les essais seront désormais faits à Blizna en Pologne occupée (gouvernement général de Pologne). De plus, une usine souterraine, dénommée « Mittelwerk » (« usine du centre »), est aménagée en Thuringe, près de Nordhausen : c'est le camp de concentration de Dora. Les travaux d’aménagement y débutent le avec l’arrivée à Nordhausen d’un premier groupe de déportés venus de Peenemünde par Buchenwald, pour former un Kommando de travail baptisé « Dora ».

En , devant l'avance des forces alliées et plus particulièrement celles de l'armée soviétique, le régime nazi décide d'évacuer et de dynamiter le centre de recherche.

Peu avant la capitulation sans condition de l'armée allemande, Wernher von Braun organise sa fuite vers l'ouest et négocie son départ vers les États-Unis (voir opération Paperclip). Des 500 membres de son équipe, les Soviétiques ne saisiront que Helmut Gröttrup, responsable du système de guidage des missiles.

Opération Hydra modifier

L'opération Hydra fut préparée en Angleterre. À h le , 598 bombardiers Avro Lancaster, Halifax et Stirling du Wing Commander J. H. Searby, partis la veille à 22 h d’Angleterre, frappèrent la base de Peenemünde. La pleine lune permit aux avions de frapper les cibles désignées par les rapports et photos aériennes. La surprise des Allemands fut complète, mais les escadrilles de protection venant de Berlin arrivèrent rapidement sur les lieux et les pertes alliées furent lourdes (40 bombardiers abattus).

Une erreur dans l'emploi des fusées colorées de marquage des cibles diminua notablement l'efficacité finale du raid en attirant le gros du bombardement sur les baraquements de Trassenheide abritant la main-d'œuvre concentrationnaire (dont émanait une partie des renseignements parvenue aux services de renseignement scientifiques dirigés par Reginald Victor Jones).

Toutefois, le bilan fut positif pour les Alliés :

  • 1 900 tonnes de bombes, dont 300 tonnes de bombes incendiaires, furent larguées.
  • Le général von Chamier-Gliczinski, directeur de Peenemünde, fut tué.
  • L'ingénieur Walter Thiel, un des hommes clés du projet V2, spécialiste de la mise au point des moteurs-fusées à combustible liquide, fut tué avec toute sa famille.
  • Le général Hans Jeschonnek, chef d’état-major de la Luftwaffe, commandant en second après Hermann Göring, a été une victime indirecte du raid : trompé par les Anglais qui avaient utilisé les paillettes « Window » pour faire croire à un raid sur Berlin, il y expédia inutilement 200 avions de chasse, pendant que les bombardiers Lancaster pilonnaient Peenemünde. Déjà sous pression en raison des difficultés croissantes de la Luftwaffe et s'estimant déshonoré, il se suicida[1].
  • 500 techniciens des armes V et de nombreux experts en disciplines auxiliaires telles que l’électronique furent également tués.
  • Des modèles, des maquettes, tous les plans et une grande partie de l’outillage de production furent détruits.

Cette attaque a vraisemblablement préservé Londres et les ports de débarquement d'un « rideau de pluie » de V1.

Dans son livre Most secret War, le responsable du renseignement scientifique britannique R.V. Jones estime que l'opération Hydra fit perdre aux Allemands six à huit semaines dans la course à la mise en œuvre opérationnelle des V1 et V2. Ce délai fut critique pour lancer sans encombre les préparatifs du débarquement de Normandie de .

Le , la ville est occupée par les troupes soviétiques.

Le musée des techniques modifier

 
L'usine de liquéfaction de l'oxygène.

Depuis 1991, un musée des techniques de Peenemünde (HTM) occupe les bunkers et l'emprise de l'ex-centrale thermique de Peenemünde. Ce musée est consacré à l'histoire du centre d'essais militaires de Peenemünde et du pas de tir Peenemünde-West, ainsi qu'aux missiles, fusées et autres aéronefs qui y ont été conçus et testés entre 1936 et 1945.

Notes et références modifier

  1. (en) R V Jones, Most Secret War, Londres, Penguin (non-fiction), , 608 p.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Documentaires télévisés modifier

  • L'arme de représailles : 2e épisode de la série Nazi Mégastructures, sur National Geographic.
  • Les armes secrètes d'Hitler, de Bernard George et Yves Le Maner, sur France 3.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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