Pedro Damiano
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Pedro Damiano, né Pedro Damião à Odemira, dans le Sud du Portugal (1480-1544) est un apothicaire et un joueur d'échecs portugais. Connu pour avoir écrit un traité d'échecs, il est le premier problémiste portugais.

Biographie modifier

Sur les circonstances de la vie de Damiano on ne sait presque rien. On suppose qu'il s'appelait à l'origine Pedro Damião et que, comme juif, il s'était réfugié à Rome en 1497 après que le roi Manuel Ier eut donné à choisir aux juifs du Portugal entre la mort et l'expulsion[1].

Il travailla de nouveau à Rome comme apothicaire et s'y fit appeler Damiano (son homonymie avec un évêque du Moyen Âge Pierre Damien a été dans le passé la cause de malentendus). Il n'est pas exclu d'ailleurs qu'il s'agisse simplement d'un pseudonyme pris par un auteur inconnu puisque saint Damien est le patron des apothicaires.

 
Monument en l'honneur de Pedro Damiano à Odemira.

On n'a conservé aucun portrait de lui, ce qui n'a pas empêché sa ville natale, Odemira, de lui élever un monument voici quelques années[2]. On y organise chaque année en son honneur, le tournoi d'échecs Open Damiano de Odemira.

Le Questo libro… modifier

Son traité d'échecs, rédigé en italien et en espagnol, s'intitule Questo libro et de imparare giocare la scachi: Et de belitissimi Partiti, et est publié en 1512 à Rome, ville où il s'était réfugié lors de l'expulsion des Juifs du Portugal sous le règne de Manuel Ier. Selon Mário Silva Araújo, spécialiste portugais des échecs et auteur du livre Damiano, o Português e a sua Obra (Éd. Poligrafada), on ne peut voir une coïncidence fortuite dans le fait que dès l’année suivante le pape Léon X ait levé la condamnation des échecs proclamée auparavant par divers synodes et interdits en tous cas aux ecclésiastiques. Grand amateur de ce jeu le saint-père avait été trop heureux de voir qu'il pouvait avoir une valeur scientifique, artistique et pédagogique[3].

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La défense Damiano après 1.e4 e5 2.Cf3 f6

Dans son traité, dont un grand nombre de parties avaient déjà été publiées par Lucena, Damiano analyse quelques ouvertures, en suggérant qu'après 1.e4 e5 2.Cf3, la réponse 2… Cc6 est la meilleure et que 2… d6, recommandée plus tard par Philidor (et appelée désormais défense Philidor) n'est pas aussi bonne car elle ferme la diagonale du Fou du roi. Damiano a condamné à juste titre 2...f6 comme clairement inférieure : « … he pegio … » (la pire)[4], notant que les Blancs peuvent jouer 3. Cxe5 avec avantage[5] ; cependant et ironiquement, on a donné à cette défense Damiano le nom de celui qui avait cherché à en décourager l'usage[5]. Dès 1561, Ruy López, écrivait dans son Livre de l'invention libérale et art du jeu d'échecs que « en Espagne, il est appelé le gambit de Damiano »[4].

Dans son livre, qui comporte dix chapitres, Damiano suggère que les échecs ont été inventés par Xerxès, et que c'est la raison pour laquelle on les appelle Xadrez en portugais et Ajedrez en espagnol. De fait, ces mots sont venus du vieux persan chaturanga par l'intermédiaire de l'arabe xaţrandj. On lit chez lui ces conseils : « Quand tu as en vue un bon coup, examine toujours s'il n'en n'existe pas un qui serait meilleur. Quand on possède un avantage matériel, il convient d'échanger le plus de pièces possible, si ces échanges ne présentent pas de danger ». Il consacre un chapitre à « L'Art de jouer en réfléchissant ».

Voici les « 10 Règles de Damiano »[6] :

  1. Ne jouez aucun coup sans but, à moins que la nécessité ne vous y force.
  2. Ne péchez pas par négligence ou par aveuglement.
  3. Ne jouez pas vite.
  4. Si vous disposez d’un bon coup, regardez toujours s’il n’y en a pas un qui lui soit préférable.
  5. Quand on a l’avantage, on doit faire des échanges, pourvu qu’on n’y perde pas cet avantage.
  6. Si vous avez un avantage au moyen duquel vous puissiez gagner la partie, n’abandonnez pas l’attaque (ou n’abîmez pas votre position) pour gagner un pion.
  7. Utilisez le saut du Roi pour le mettre en sûreté.
  8. Les deux pions situés du côté où le Roi a été placé (par exemple g2 et h2) ne doivent être joués qu’en cas d’absolue nécessité.
  9. Élargissez le front de vos pièces.
  10. On doit ouvrir le jeu avec ses Pions, et se garder de tenir ses pièces enfermées. On doit faire tous ses efforts pour soutenir les pions du Roi et de la Dame à la 4e case (d4 et e4) et, si possible, les deux pions des Fous à leurs côtés (c4 et f4, soit les coups introduisant le Gambit Dame et le Gambit Roi).

Notes et références modifier

  1. Interview de Mário Silva Araújo, auteur de l'étude Damiano, O português e a sua obra
  2. Harald Fietz et al.: Kreative Autodidakten am Rande Europas (avec une vue du monument) Article de Rochade Kuppenheim, Août 2004
  3. Damiano war es nicht: Interview mit Mário Silva Araújo.
  4. a et b (en) Peter J. Monté, The Classical Era of Modern Chess, McFarland, , 616 p., p. 439.
  5. a et b Michel Roos, Histoire des échecs, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 978-2130-42928-9), p. 58
  6. On les retrouvera à la page 9 du livre de Damiano Questo libro e da imparare giocare a scachi et de le partite.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier