Paulette Goddard

actrice américaine, XXe siècle (1910-1990)
Paulette Goddard
Description de cette image, également commentée ci-après
Paulette Goddard en 1940.
Nom de naissance Marion Levy[a]
Naissance [b]
New York (États-Unis)
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 79 ans)
Ronco (Suisse)
Profession Actrice
Films notables Les Temps modernes
Le Dictateur
Les Naufrageurs des mers du Sud
Le Journal d'une femme de chambre
Les Conquérants d'un nouveau monde

Marion Levy[a], dite Paulette Goddard, est une actrice américaine née le à New York[b] et morte le à Ronco en Suisse.

Elle est l'actrice principale des Temps modernes, de Charlie Chaplin, qu'elle rencontre en prévision du tournage puis qu'elle épouse secrètement l'année de sortie du film (1936), et dont elle divorce six ans plus tard. Elle s'est remariée en 1958 avec Erich Maria Remarque, le célèbre auteur du roman À l'Ouest, rien de nouveau sur la Première Guerre mondiale.

Elle a été pressentie, sans être retenue, pour incarner le personnage de Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent[c].

Biographie modifier

Origines familiales modifier

Paulette Goddard est la fille de Joseph Russell Levy (1881-1954), fils d'un prospère cigarettier juif de Salt Lake City, tandis que sa mère, Alta Mae Goddard (1887-1983), est une protestante épiscopalienne d'origine anglaise. Son père dirigeant d’une chaîne de salles de cinéma des frères Warner, est souvent en déplacement professionnel et est régulièrement accompagné de son épouse, laissant leur fille sous la garde de ses grands-parents ou de proches. Très tôt, les époux Levy se séparent et Paulette est alors élevée par sa mère[11].

Elle fait ses études primaires notamment à Caldwell dans le New Jersey, puis à Pittsburgh en Pennsylvanie. Après avoir séjourné au Canada, Paulette et sa mère s’installent en 1923 à Great Neck dans la banlieue de New York[11].

Ses parents divorcent en 1926 et sa mère, qui se remarie à deux reprises, suit ensuite sa fille tout au long de sa carrière et de sa vie amoureuse ; sa mère meurt en Suisse en 1983 dans la villa dont Paulette Goddard avait hérité de Erich Maria Remarque, son dernier mari[11],[12].

Chorus girl modifier

 
Paulette Goddard en 1940.
 
Charlie Chaplin et Paulette Goddard dans Le Dictateur.

À l’âge de 13 ans et après quelques petits emplois, dont celui de mannequin, Paulette Goddard débute comme Ziegfeld Girl chez Florenz Ziegfeld dans plusieurs de ses célèbres revues[13].

Elle choisit alors d'adopter le prénom Paulette et de l'accoler au nom de sa mère, Goddard. Mariée en 1927 à l'âge de seize ans, à Edgar James, un riche industriel, elle en divorce dès 1929. Par la suite, elle se dirige vers Hollywood et décroche des petits rôles souvent non crédités chez Hal Roach avec Laurel et Hardy et Samuel Goldwyn, où elle joue les Goldwyn girls aux côtés de Betty Grable, Lucille Ball et Jane Wyman dans Le Roi de l'arène, Roman scandals ou Kids millions. Toujours non créditée, elle figure dans des films de prestige signés George Fitzmaurice, Rouben Mamoulian, Raoul Walsh, avec en vedettes Rod La Rocque et Barbara Stanwyck ou Gary Cooper et Sylvia Sidney, côtoyant ailleurs Charley Chase ou Eddie Cantor.

Avec Charlie Chaplin modifier

C’est la rencontre avec Charlie Chaplin qui va la propulser au rang de star. Rencontrée en 1932, Paulette Goddard va inspirer à Charlie Chaplin le rôle de la gamine des Temps modernes[14]. Pour le film, elle prend des cours de chant, de danse et répète inlassablement des scènes du film jusqu’à l’épuisement[15]. À sa sortie, Les Temps modernes est assez mal accueilli par la critique et c’est de ce film que date l’hostilité persistante dont Charlie Chaplin ne cesse plus de faire l’objet en Amérique[16].

Épuisé par le tournage, le couple embarque en pour une croisière en Extrême-Orient et, au cours du voyage, les amants se marient, une union qui reste secrète[17] et donne lieu plus tard à une polémique pendant les préparatifs du casting du film le plus célèbre du cinéma, Autant en emporte le vent. En effet, en 1938, le producteur David O. Selznick recherche sa Scarlett pour le film en question et toutes les actrices en vue se mettent sur les rangs pour décrocher le rôle. Paulette Goddard est l’une des actrices pressenties. Elle passe un bout d’essai et tourne deux scènes sous la direction de George Cukor[18]. Selznick est séduit et l’envoie à La Nouvelle-Orléans pour travailler son accent du Sud[19]. Le producteur s’est presque décidé à la choisir quand la rumeur se répand que Paulette Goddard et Charlie Chaplin ne sont pas réellement mariés ; alors, sans preuve irréfutable de leur acte de mariage, le rôle tant convoité lui échappe[19].

Mais elle sait rebondir : George Cukor lui propose un rôle dans son prochain film Femmes où elle interprète avec énergie le rôle de Miriam. Remarquée à nouveau par la Paramount Pictures, la compagnie lui fait signer un contrat et Paulette Goddard devient une des plus grandes stars de la firme pendant dix ans[20].

Star à la Paramount modifier

Tout de suite, Paulette rencontre un triomphe avec Le Mystère de la maison Norman, une comédie débridée, remake d’un classique du film d’horreur[21] avec un Bob Hope qui inaugure toute une série de films à succès à la Paramount.

L’année 1940 est prolifique ; elle retrouve Bob Hope pour Le Mystère du château maudit, avec les mêmes ingrédients que pour le précédent et les mêmes résultats au box-office. Charlie Chaplin fait appel à elle pour jouer le rôle d’Hannah, une jeune fille juive, dans Le Dictateur, brillante satire anti-hitlérienne. Néanmoins, le couple divorce deux ans plus tard.

 
Goddard dans Les Anges de miséricorde.

Elle tourne également Swing Romance, une comédie musicale avec Fred Astaire, lequel vient de se séparer de sa partenaire de prédilection Ginger Rogers. Autre succès, la même année, avec un film à gros budget de Cecil B. DeMille qui rapporte à la Paramount les plus grosses recettes de l’année[20] : Les Tuniques écarlates, face à la star Gary Cooper. Paulette retrouve ensuite par deux fois De Mille dans des superproductions aux recettes garanties : Les Naufrageurs des mers du Sud en 1942, avec à la clé, tempêtes, naufrages, trésor, calamar géant, combat sous-marin, le tout sublimé par le flamboyant Technicolor ; puis Les Conquérants d'un nouveau monde en 1947, dans lequel elle retrouve Gary Cooper. Epopée à gros budget (à peu près cinq millions de dollars[20]) dédiée aux premiers colons américains, Paulette y affronte la déportation coloniale, les Indiens, les feux, les explosions, et un Cecil B. De Mille décidé à lui faire subir les pires tourments.

En 1944, elle obtient une nomination pour l’oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Les Anges de miséricorde, film consacré aux infirmières de la Seconde Guerre mondiale. Elle contribue également à l’effort de guerre en participant aux tournées destinées à soutenir le moral des troupes, ainsi qu'aux films de divertissement avec une pléiade de stars dans leur propre rôle, tels que Au pays du rythme ou Duffy's Tavern.

Parmi ses meilleurs films on peut encore citer Par la porte d'or, brillant mélodrame avec Charles Boyer et Olivia de Havilland en co-vedettes ; La Duchesse des bas-fonds, un film d’époque inspiré par le mythe de Pygmalion, les deux signés Mitchell Leisen (un de ses réalisateurs de prédilection), et Le Journal d'une femme de chambre. Paulette Goddard produit ce dernier film avec son troisième mari, l’acteur Burgess Meredith, rencontré sur le tournage de Swing Romance (ils s'étaient ensuite mariés en 1944). Grâce à eux, le réalisateur Jean Renoir jouit pour ce tournage d’une entière liberté[22]. Avec cette extraordinaire tragi-comédie adaptée très librement du roman d'Octave Mirbeau, Jean Renoir se démarque de ses films précédents, plus lyriques, et marque le début d’une période plus stylisée et laconique[23]. Souvent partenaire de James Stewart et de Gary Cooper, mais plus fréquemment de Ray Milland et Fred MacMurray, Paulette Goddard est ailleurs opposée à Claudette Colbert et Veronica Lake ; elle figure également parmi les héroïnes des films de King Vidor, John Huston et de George Stevens (ces deux derniers n'ont pas été crédités sur La Folle Enquête).

 
E.M. Remarque (assis de dos) et Goddard, en dans leur villa de Porto Ronco, en Suisse.

A la fin des années 1940, la carrière de Paulette Goddard décline et elle ne tourne plus qu’une dizaine de films. Elle fait néanmoins des apparitions à la télévision. Divorcée de Burgess Meredith en 1949, elle se remarie une quatrième et dernière fois en 1958 avec l’écrivain Erich Maria Remarque et s’installe la même année en Europe, à Porto Ronco, sur le rivage suisse du lac Majeur, dans la villa Casa Monte Tabor. La fin de sa carrière cinématographique la mène du Mexique (The Torch d'Emilio Fernández avec Pedro Armendáriz), en Italie (Les Deux Rivales de Maselli, son dernier film en 1964). Elle passe de Un mari idéal d'après Oscar Wilde aux Mille et une filles de Bagdad codirigée par Edgar Ulmer. Elle interprète Lucrèce Borgia et la biblique Jézabel (n'échappant pas à la vogue du péplum), joue dans un film policier avec Edward G. Robinson, Paris Model avec Marilyn Maxwell et Eva Gabor, travaille avec le cinéaste britannique Terence Fisher et l'acteur français Jean-Pierre Aumont.

À la télévision, Paulette Goddard s'illustre dans un épisode de Sherlock Holmes (1954) et Aventures dans les îles (1959), un remake de The Women (1955) aux côtés de Ruth Hussey, Shelley Winters, Mary Astor et Cathleen Nesbitt, Mademoiselle Fifi d'après Maupassant (1956, dans la série The Errol Flynn Theatre).

Erich Maria Remarque, son dernier mari, meurt en 1970. Paulette Goddard apparaît une dernière fois à l'écran pour la série The Snoop Sisters en 1972, avec Helen Hayes et Mildred Natwick en vedettes.

En 1990, elle meurt chez elle d’une crise cardiaque à l'âge de 79 ans.

Cinq ans plus tard, grâce à un don de vingt millions de dollars de Paulette Goddard, est créé, au sein de l’université de New York, le « Erich Maria Remarque Institute », un centre de recherches sur l'histoire contemporaine de l'Europe et sur les rapports entre l'Europe et l'Amérique. L'historien Tony Judt en assure la mise en place et la direction jusqu'à sa mort, en 2010.

La villa Casa Monte Tabor modifier

La villa de Paulette Goddard et d'Erich Maria Remarque sur les bords du lac Majeur est transmise, par héritage, à l’université de New York. Comme celle-ci refuse de verser les importants droits de succession, la villa est mise aux enchères en 1994. Cinq ans plus tard, Helen et Gerald Palmer acquièrent la villa[24].

Dans le but de la transformer en musée et en résidence d'artistes axée sur la créativité, la liberté et la paix (selon les dernières volontés de Paulette Goddard)[25],[26], une tentative de levée d'une somme de 6 millions de francs suisses (soit environ 7 millions de dollars) est lancée vers 2010 pour racheter la propriété, puis l'aménager. Début 2014, la villa toujours en vente est estimée désormais à plus de 7 millions de francs suisses[24].

Filmographie modifier

Au cinéma modifier

 
L'affiche du film La Famille sans-souci (1938).
 
Goddard dans Coup de théâtre (1938).
 
Fred Astaire et Paulette Goddard dans Swing Romance (1940).
 
Goddard en 1941.
 
L'affiche du film Le Journal d'une femme de chambre (1946).

À la télévision modifier

Distinctions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b Les noms de naissance cités sont nombreux, compte tenu de l'inclusion ou non d'autres prénoms et aussi de la présence ou non de celui de sa mère (Goddard) : Marion Levy[1],[2],[3],[4] ; Pauline Marion Levy[5] ; Marion Goddard Levy[6],[7],[8].
  2. a et b Il y a des divergences selon les sources, concernant son année de naissance. Selon sa biographe Julie Gilbert, elle est née en 1910[9]. Des documents légaux et un passeport donnent 1905 et 1915 comme année de naissance[9]. Dans une interview en 1945 avec Life, Goddard dit qu'elle est née en 1915[9],[10].
  3. Les bonus du DVD du film montrent quelques-uns de ses bouts d'essai.

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Paulette Goddard » (voir la liste des auteurs).
  1. David Thomson, The New Biographical Dictionary of Film: Completely Updated and Expanded, Knopf Doubleday, 2010, p. 385.
  2. Marlon Brando, Brando: Songs My Mother Taught Me, Random House Publ., 1994, p. 79.
  3. Georgia Hale, Charlie Chaplin: Intimate Close-Ups, Scarecrow Press, 1999, p. 38.
  4. Otto Friedrich, City of Nets: A Portrait of Hollywood in the 1940s, Univ. of California Press, 1986, p. 187.
  5. Keith M. Booker, Historical Dictionary of American Cinema, Scarecrow Press, 2011, p. 150.
  6. Jane Scovell, Oona Living in the Shadows: A Biography of Oona O'Neill Chaplin, Grand Central Publishing, 1998, ebook.
  7. Lita Grey, Wife of the Life of the Party: A Memoir, Scarecrow Press, 1998, p. 115.
  8. Ellen Stange, New York State of Fame, Page Publishing, 2015, ebook.
  9. a b et c Walter Rimler, George Gershwin : An Intimate Portrait, University of Illinois Press, , 240 p. (ISBN 978-0-252-09369-2 et 0-252-09369-0, lire en ligne), p. 147
  10. Oliver Jensen, « The Mystery of Paulette Goddard », Time Inc, vol. 19, no 25,‎ , p. 124 (ISSN 0024-3019, lire en ligne) :

    « The interview moved on to her date of birth. It was pointed out that the dates most frequently given were 1911, 1905, and 1914. "Isn't that funny", observed Miss Goddard, "because I was actually born in 1915." »

    .
  11. a b et c « Paulette Goddard sa vie », sur paulette-goddard.fr (consulté le ).
  12. « Paulette Goddard Casa Monte Tabor », sur paulette-goddard.fr (consulté le ).
  13. Grand dictionnaire illustré du cinéma, vol. 2, 1985, éditions Atlas, (ISBN 2-7312-0414-0) édité erroné.
  14. site officiel des Temps Modernes.
  15. Charlie Chaplin, mon père, Chaplin Charles Junior, 1961, Gallimard, Paris.
  16. Le Cinéma, grande histoire illustrée du 7e art, vol. 9, 1984, éditions Atlas.
  17. Site sur Charlie Chaplin.
  18. Les grands films, Jacques Zimmer, éditions J’ai lu Cinéma.
  19. a et b Le Cinéma, grande histoire illustrée du 7e art, vol. 2, 1984, éditions Atlas.
  20. a b et c La fabuleuse histoire de la Paramount, John Douglas Eames, CELIV.
  21. The Cat Creeps 1927 (muet) et 1929 (parlant) deux films Universal Pictures, La fabuleuse histoire de la Paramount, John Douglas Eames, CELIV.
  22. Paris-Hollywood, Les Français dans le cinéma américain, Dominique Lebrun, Hazan, 1987 (ISBN 2-85025-136-4).
  23. Le Cinéma, grande histoire illustrée du 7e art, vol. 3, 1984, éditions Atlas.
  24. a et b « Paulette Goddard et sa villa suisse : la Casa Monte Tabor », sur paulette-goddard.fr (consulté le ).
  25. (de) « La villa d'Erich Remarque en danger », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
  26. « La villa Remarque, cherche acquéreur désespérément », sur swissinfo.ch, (consulté le ).

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