Paul Magnaud

magistrat et homme politique français
Paul Magnaud
Paul Magnaud photographié par Nadar.
Fonctions
Juge
Tribunal civil de la Seine (d)
-
Député de la Seine
-
Président
Tribunal civil de Château-Thierry (d)
-
Jean Héré (d)
Lucien Binet-Gallot (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Marie Bernard Paul MagnaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Le Bon JugeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Parti politique
Distinctions
signature de Paul Magnaud
Signature

Jean Marie Bernard Paul Magnaud, né le à Bergerac (Dordogne) et mort le à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), est un magistrat et homme politique français.

Biographie modifier

D'abord inscrit au barreau de Paris, il entre dans la magistrature en 1880. Il fut substitut à Doullens, juge d'instruction à Montdidier, puis Senlis et Amiens, et président du tribunal civil de Château-Thierry entre le et le , date à laquelle il est élu député radical-socialiste de la Seine. Il ne se représente pas en 1910 et devient juge au tribunal de la Seine, puis conseiller à la cour d'appel de Paris.

Mort sans enfant, il était marié à la féministe Marie-Thérèse Beneix[1], filleule de George Sand.

Affaire Louise Ménard modifier

 
Palais de justice de Château-Thierry.

Le , le juge Magnaud relaxe Louise Ménard, une jeune fille-mère qui avait dérobé du pain chez un boulanger de Charly-sur-Marne parce qu'elle n'avait rien mangé depuis 36 heures. Le juge fonde sa décision sur l'état d'absolue nécessité de la prévenue, en interprétation des dispositions de l'article 64 du code pénal. Il rembourse lui-même le coût du vol au dit boulanger. Si la cour d’appel d'Amiens confirme la relaxe le , elle censure la motivation. En effet, l’état de nécessité n’est pas fondé en droit, mais elle reconnait à la prévenue une absence d'intention frauduleuse[2],[3].

Cette affaire fait la une de la presse parisienne à l'époque et lui vaut le surnom de « bon juge », attribué par Georges Clemenceau, et qui sera ensuite inscrit sur sa pierre tombale.

En 1994, le code pénal reconnaît officiellement l'« état de nécessité »[1].

Autres avancées modifier

 
Buste de Paul Magnaud, 1903. Henri Godet, sculpteur.

Dans l'affaire Eulalie Michaud, il défend cette fille-mère en fustigeant « cette lacune de notre organisation sociale, laissant à une fille-mère toute la charge de l’enfant qu’elle a conçu, alors que celui qui, sans aucun doute, le lui a fait concevoir, peut se dégager allègrement de toute responsabilité matérielle »[1].

Plusieurs autres affaires sont explicitées, analysées et mises en perspective, dans une synthèse de Jean Touzet, procureur général honoraire près la cour d'appel de Reims[4].

Distinctions modifier

Décorations françaises[5]
Décorations étrangères[10]

Paul Magnaud et la postérité modifier

en littérature
  • 1900 : Jean Marteau - II - La Loi est morte mais le juge est vivant, récit profitable d'Anatole France dans lequel on fait l'apologie du discernement du juge Magnaud.
au théâtre
au cinéma
dans les arts
  • 1901 : Portrait du président Magnaud, huile sur toile par le peintre Maxime Dastugue, exposé au Salon des artistes français de Paris en (n° 573 du catalogue de l'exposition)[11],[12]. Localisation actuelle inconnue.
  • 1902 : Portrait de Paul Magnaud, président du tribunal de Château-Thierry, buste en plâtre par le sculpteur Henri Godet, exposé au Salon des artistes français de Paris en (n° 2515 du catalogue de l'exposition)[13]. Localisation actuelle inconnue.
  • 1903 : Paul Magnaud, buste en marbre[14] par le sculpteur Henri Godet, exposé au Salon des artistes français de Paris en mai 1903 (n° 2805 du catalogue de l'exposition) et offert par souscription au magistrat en [15],[16]. Localisation actuelle inconnue[17].
  • 1946 : Le président Magnaud, médaille en bronze par le graveur Albert Herbemont[18] exposée au Salon d'hiver de Paris en (n° 137 du catalogue de l'exposition[19]). Localisation actuelle inconnue.

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c Pascale Robert-Diard, « Le juge Magnaud, défenseur de la cause des femmes », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Arnaud-Dominique Houte, « Le bon juge Magnaud et l’imaginaire de la magistrature à l’aube du XXe siècle », Délibérée, vol. 5, no 3,‎ , p. 38–42 (ISSN 2555-6266, DOI 10.3917/delib.005.0038, lire en ligne, consulté le )
  3. « L’Affaire Louise Ménard et le « bon juge » Magnaud - Archives départementales de l'Aisne », sur archives.aisne.fr (consulté le )
  4. Jean Touzet, « Les mésaventures d'un 'bon juge' presque champenois », Travaux de l'Académie nationale de Reims, vol. 188,‎ , p. 277-293
  5. Ces différentes décorations figurent dans son dossier à la chancellerie de la Légion d'Honneur. Base Léonore. Dossier LH/1685/69.
  6. Ministère de la Guerre. Légion d'Honneur. Journal Officiel, 14 juillet 1897, p. 3991, lire en ligne sur Gallica.
  7. Le Bon Juge commandeur de la Légion d'Honneur. Comoedia, 19 septembre 1923, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
  8. Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Officiers de l'Instruction publique. Journal Officiel, 9 février 1903, p. 749, lire en ligne sur Gallica.
  9. Ministère de l'Agriculture. Grade de chevalier. Journal Officiel, 30 juillet 1905, p. 4671, lire en ligne sur Gallica.
  10. Ces décorations figurent également dans son dossier à la chancellerie de la Légion d'Honneur et plus précisément sur ses états de services § Décorations étrangères (vue 16/30). On les voit distinctement sur la photographie de Paul Magnaud par Nadar (agrafées sur sa robe pour les décorations roumaine et russe, portée en cravate pour la décoration tunisienne).
  11. Le Salon. Société des artistes français. Le vernissage. Salle 18. La Lanterne, 2 mai 1901, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
  12. Trop de fleurs ! Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, 25 juin 1901; p. 1, lire en ligne sur Gallica.
  13. Sculpture. Godet (Henri). Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture [...], 1er mai 1902, p. 264, lire en ligne sur Gallica.
  14. Il s'agit de la réplique du buste en plâtre présenté au Salon de 1902.
  15. Hommage au président Magnaud. Le buste du bon juge. Le XIXe siècle, 26 mars 1903, p. 1, lire en ligne sur Gallica.
  16. Au jour le jour. Hommage au président Magnaud. Le Temps, 1er novembre 1903, p. 3, lire en ligne sur Gallica
  17. On perd sa trace après le décès de Paul Magnaud en 1926. Aurait été offert par sa veuve à la commune de Saint-Yrieix-la-Perche (sous réserve de vérification).
  18. Auguste Albert Herbemont (1874-1953), sculpteur et graveur en médailles, était un élève de Jules Chaplain. Chevalier de la Légion d'Honneur (1937).
  19. 38e Salon d'hiver 1946. Explication des œuvres exposées. Catalogue des œuvres exposées, 30 novembre-31 décembre 1946, p. 16, lire en ligne sur Gallica.

Liens externes modifier