Pas redoublé

pas cadencé et genre musical

Le pas redoublé ou pas-redoublé est un pas cadencé qui correspond au pas de charge et au pas de marche des armées de Napoléon Ier. Son rythme est le double de celui du « pas ordinaire »[1]. Il correspond à une indication de tempo de l'ordre de 120 pulsations par minute environ et a inspiré un genre musical correspondant à une marche militaire pour formation (bande) d'instruments à vent et tambours (fanfare, orchestre d'harmonie, batterie-fanfare...) depuis 1790 en France. Il existe désormais un répertoire très fourni de pas redoublé servant aux cérémonies officielles et aux parades militaires.

Pas redoublé (1890) de Camille Saint-Saëns, arrangé pour orchestre par Josneau.

Histoire et forme musicale modifier

Le pas redoublé (défini de la façon suivante : deux pas de 24 pouces en une seconde) apparaît avec la codification du pas cadencé vers 1750 pour l'infanterie française[2],[3].

La forme musicale appelée « pas redoublé » apparait à la Révolution française, notamment avec la création de la Musique de la Garde nationale par le capitaine Bernard Sarrette et l'amélioration des instruments de musique à vent au XIXe siècle ; elle correspond à une pièce de forme ternaire A-B-A avec da capo, issue du « menuet et trio » ou du « scherzo et trio », qui constitue souvent le troisième mouvement d'une symphonie, d'une sonate ou d'une œuvre apparentée. Le deuxième thème B est alors dénommé trio et offre un « contraste mélodique »[4] avec le thème A.

« Les airs de musique militaire, les instruments et leur emploi sont en constante évolution. Ainsi va naître le Pas redoublé. La construction du Pas redoublé prend modèle sur celle du menuet, danse française à l'honneur aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il comprend schématiquement deux pièces distinctes qui s'enchaînent sans interruption et dont la première est reprise intégralement à la fin de la seconde appelée trio. »

— François-Xavier Bailleul, Chef de musique des armées, Directeur du conservatoire militaire de musique de l'armée de terre, Revue "Les Chemins de la Mémoire n° 163" - Juillet-Août 2006 - MINDEF/SGA/DMPA'[5]

A partir de la fin du XIXe siècle, le pas redoublé est joué en concert par les sociétés de musique et « se détourne de sa fonction militaire initiale pour devenir un genre divertissant à part entière »[6].

Sélection d'œuvres modifier

Dès la fin du XVIIIe siècle, de nombreux compositeurs au Conservatoire de musique et de déclamation et au gymnase musical militaire sous l'impulsion de Bernard Sarrette et de François-Joseph Gossec (David Buhl, Luigi Cherubini[7], Hyacinthe Klosé, Victor Caussinus...) ont écrit des pas redoublés ; une grande partie des chants militaires français sont arrangés avec un pas redoublé. Il existe également de nombreuses pièces de divertissement pour piano intitulées pas redoublé.

À titre d'exemples, on citera notamment :

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Michel Brennet, Dictionnaire pratique et historique de la musique, Paris, A. Colin, , 487 p. (BNF 31829600, lire en ligne), p. 338.  

Notes et références modifier

  1. « Définition dans dictionnaire du XIXe siècle », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  2. Secrétariat d'État de la Guerre (15..-1791), Instruction pour l'infanterie concernant l’exécution de l'ordonnance du 7 mai 1750, Paris, Imprimerie royale, (BNF 33705847, lire en ligne), p. 5.
  3. Arnaud Guinier, « De guerre et de grâce : le pas cadencé dans l’armée française de la seconde moitié du XVIIIe siècle (1750-1791) », e-Phaïstos, vol. IV-1 « Dossier thématique : Les arts de guerre et de grâce (XIVe – XVIIIe siècles). De la codification du mouvement à sa restitution : hypothèses, expérimentations et limites »,‎ , p. 15-26 (DOI 10.4000/ephaistos.618) :

    « Pour donner une idée de la vitesse de ces mouvements, le petit pas représente un déplacement de l’ordre de 0,8 km/h, le pas ordinaire de 2,3 km/h et le pas redoublé de 4,7 km/h. »

  4. Brennet 1926, p. 238.
  5. François-Xavier Bailleul, « La musique militaire - Patrimoine et mémoire », Les Chemins de la Mémoire, no 163,‎ (lire en ligne).
  6. Jérôme Cambon, « Chapitre VII. Le répertoire », dans Les trompettes de la République : Harmonies et fanfares en Anjou sous la Troisième République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 9782753567795, DOI 10.4000/books.pur.119001, lire en ligne), p. 243-299.
  7. (en + fr) Raymond David Burkhart, « The Paris factor: French influence on brass chamber music, 1840-1930 / La facture parisienne : l’influence française sur la musique de chambre pour cuivre, 1840-1930 : Actes du colloque », dans PARIS : UN LABORATOIRE D'IDÉES Facture et répertoire des cuivres entre 1840 et 1930 / PARIS: THE FACTORY OF IDEAS The influence of Paris on brass instruments between 1840 and 1930, Musée de la musique & Historic Brass Society, 29, 30 juin et 1er juillet 2007 (lire en ligne [PDF]), p. 6.
  8. Camille Saint-Saëns et Auguste Josneau, Pas redoublé de C. Saint-Saëns, arrangé (pour musique militaire) par Josneau, Paris, Evette et Schaeffer, (BNF 43252685, lire en ligne).
  9. « Enregistrement Michel Strogoff, pas redoublé, par La Musique de l'Air ; dir. Commandant Robert Clerisse, 1956. », sur gallica.bnf.fr (BNF 37943556).

Articles connexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes modifier