Parc de la Bouillie

espace vert inondable situé en rive gauche de Blois (Loir-et-Cher)

Le parc de la Bouillie, parfois appelé la boire de Blois, est un espace inondable, en cours d’aménagement en parc urbain, situé au sud de Blois, dans le Loir-et-Cher. Il constitue une zone tampon semi-naturelle entre le quartier Vienne, protégé par des digues, et les communes de Saint-Gervais-la-Forêt et de Vineuil, quant à elles construites sur le coteau sud de la vallée de la Loire.

Parc de la Bouillie
la Boire
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Loir-et-Cher
Commune Blois
Saint-Gervais-la-Forêt
Vineuil
Quartier Blois-Vienne
Superficie 35 ha
Cours d'eau la Loire
le Cosson
la Noue
Histoire
Création 2025
Caractéristiques
Type Déversoir inondable (boire)
Parc urbain
Gestion
Propriétaire Agglopolys
Localisation
Coordonnées 47° 35′ 06″ nord, 1° 21′ 06″ est

Carte

Avec le parc des Mées et le parc de l'Arrou, il est le 3e plus grand espace vert de la ville de Blois.

Toponymie modifier

Le nom de « Bouillie » s'appliquait initialement à une ferme située au niveau de l'actuel échangeur entre la D951 et la voie rapide, au début du pont Charles-de-Gaule.

Par métonymie, ce terme désigne communément l'espace situé hors de l'enceinte des digues entourant Blois-Vienne par l'est et le sud.

Le terme de « boire », terme traditionnel du Val de Loire au sens proche de « déversoir », est également utilisé par les locaux pour désigner la plaine inondable.

Géographie modifier

Généralités modifier

La plaine de la Bouillie est cernée par :

Hydrographie modifier

Hors période de crue, le parc de la Bouillie se trouve bordé par trois cours d'eau, à savoir le fleuve de la Loire, la rivière du Cosson, et le ruisseau de la Noue.

Histoire modifier

Le chenal ligérien modifier

 
La Bouillie en tant que bras secondaire de la Loire, sur une carte de l’île de Vienne

Jusqu’au XVIIIe siècle, la Bouillie est d’abord un bras secondaire de la Loire, soit constamment inondé[1], soit de nature plutôt marécageuse[2]. Le chenal fut chevauché de divers ponts reliant le faubourg de Vienne et à la rive gauche de la Loire, notamment les ponts Chartrains allant vers Vineuil ainsi que les ponts Saint-Michel vers Saint-Gervais-la-Forêt.

Administrativement, la Bouillie relevait de la seigneurie de Vineuil[3].

Dans le cadre de la construction du pont Jacques-Gabriel à partir de 1717[4], les levées entourant Blois-Vienne sont renforcées[5]. C’est ainsi que, la même année, le chenal de la Bouille est asséché par une digue érigée au début du bras ligérien, concentrant le fleuve sur un unique lit sur toute sa traversée à Blois.

Le déversoir d’urgence modifier

Après la construction en 1717 d’une digue légèrement plus petite que les levées entourant Vienne, le secteur de la Bouillie est converti en déversoir inondable en cas de crue[6]. Cet effort architectural s'est cependant avéré insuffisant face à l’ampleur des crues centennales qui se succédèrent au XIXe siècle : d’abord en 1846, puis en 1856 (la pire depuis 1789[7]), ainsi qu'en en 1866[8].

Au XXe siècle, la Bouillie n'a été inondée que lors de la crue de la Loire de 1907 et celle de 1922[8].

Les études les plus récentes estiment que l'absence de ce déservoir représenterait une surélévation de la ligne d'eau d'environ 30 cm au niveau du pont Jacques-Gabriel[9].

Dans son état actuel, le déversoir est totalement inondé lorsque la Loire atteint les 4,90 m au niveau du pont Jacques-Gabriel[10], ou lorsque le Cosson atteint les 3 m au niveau de Chailles.

Le camp d'entraînement militaire modifier

Pendant la Première Guerre mondiale, la Bouillie a servi de camp d'entraînement pour les nouvelles recrues de l'armée[11].

Les premiers aménagements modifier

Dans les années 1980, des habitations ont commencé à être construites sur le site de la Bouillie mais, surtout, à l’extérieur de l’enceinte des digues de protection et, donc, sur terrain inondable[Note 1],[6]. Y sont aménagés un parc des expositions, un hippodrome, des terrains de football, des jardins familiaux, ainsi que des habitations. La mairie remporta non sans mal gain de cause contre les nouvellement propriétaires ou occupants de ces logements, invités à ne pas investir cette zone inondable. Depuis, d’autres équipements ont été construits dans l’enceinte des levées, comme la piscine Aggl’eau ou les courts de tennis municipaux.

En 2021, sur l'ensemble des 143 logements construits, 132 ont été acquis par la ville, dont 128 ont été démolis[12]. Aujourd'hui, les gens du voyage représentent la principale résistance au projet de réhabilitation.

Le parc urbain modifier

En 2021, la municipalité a annoncé l’aménagement du site de la Bouillie en parc urbain et naturalisé, aménagé d’espaces de pâturages et de pistes pédestres et cyclables[12],[13],[14].

Le projet consiste alors à conserver la fonction de déversoir en cas de crue tout en valorisant cet espace et sa biodiversité le reste du temps. Si les conséquences du dérèglement climatique sur la fréquence et la puissance des crues ligériennes sont encore mal connues, la crue exceptionnelle du Cosson du [15],[16] a rappelé que la Bouillie n'est pas seulement sujette aux caprices de la Loire, ce qui a naturellement renforcé son importance pour protéger le quartier dans son ensemble.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les habitations avaient été pour la plupart construites le long de l'avenue Wilson, face au parc des expositions, au lieu-dit nommé du Glassis.

Références modifier

  1. Georges Touchard-Lafosse, Histoire de Blois et de son territoire, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, France, , 480 p. (lire en ligne  )
  2. Didier Josset et Viviane Aubourg, « Le val de Blois, du IIIe siècle avant notre ère à l'an 1000 : des territoires à la ville, des confins aux réseaux », Archéopages : Archéologie et société, no 48,‎ , p. 54–63 (ISSN 1622-8545, DOI 10.4000/archeopages.10170, lire en ligne  )
  3. Louis-Catherine Bergevin et Alexandre Dupré, Histoire de Blois, vol. 1, Blois, Chez tous les libraires, , 600 p. (ISBN 978-1-160-10666-5, lire en ligne  ), partie II, chap. V-5 (« Crues de la Loire »), p. 421
  4. Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage, Blois : Insolite et secret, Sutton, , 160 p. (ISBN 9782813809803), p. 63
  5. Annie Cosperec, Blois, la forme d'une ville, Imprimerie Nationale, , 408 p. (ISBN 978-2-110-81322-0, lire en ligne  ), p. 284
  6. a et b Grégory Morisseau, « Le quartier périurbain de la Bouillie (Blois) », Revue scientifique sur la conception et l'aménagement de l'espace,‎ (lire en ligne  )
  7. Lionel Oger, « Le jour où Blois-Vienne faillit être englouti par la Loire », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne  )
  8. a et b Olivier Brosset, « Crue centennale : toujours un risque », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne  )
  9. Sylvain Rode, « La prévention du risque d'inondation, facteur de recomposition urbaine ? L'agglomération de Blois et le déversoir de la Bouillie », L'Information Géographique, vol. 72, no 4,‎ , p. 6 (lire en ligne   [PDF])
  10. Olivier Brosset, « Crue centennale : toujours un risque », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne  )
  11. Jean Chavigny, Blois au matin de ma jeunesse (1905-1920), FeniXX, , 140 p. (ISBN 978-2-307-26254-1, lire en ligne  )
  12. a et b « Le secteur de la Bouillie reprend vie »  , sur le site officiel de la Ville de Blois, (consulté en )
  13. Chorème, « Parc agricole naturel et urbain de la Bouillie », Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles ? (Appel à projets),‎ (lire en ligne  )
  14. Jean-Luc Vezon, « L’aménagement de la Bouillie : un projet emblématique », Magcentre,‎ (lire en ligne  )
  15. Audrey Capitaine, « Inondations : la situation toujours critique en Loir-et-Cher ce jeudi 2 juin », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne  )
  16. « Inondations de 2016 en Loir-et-Cher : retour sur les premiers jours sous les eaux », La Nouvelle République,‎ (lire en ligne  )