Pamela Colman-Smith

artiste et illustratrice symboliste britannique
Pamela Colman Smith
Pamela Colman-Smith
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
BudeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Pseudonyme
PixieVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Archives conservées par
University of Victoria Special Collections and University Archives (d) (SC487)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Pamela Colman Smith, née le à Pimlico (Grand Londres) et morte le à Bude en Cornouailles, surnommée Pixie, est une artiste et illustratrice symboliste britannique. Elle était également femme de théâtre, occultiste et militante féministe. Elle est connue notamment pour avoir créé les illustrations d'un des jeux de Tarot les plus renommés au monde, anciennement désigné comme Rider-Waite mais récemment plus justement dénommé Waite-Smith tarot ou Rider-Waite-Smith grâce aux recherches de K.Frank Jensen[2].

Biographie modifier

Pamela Colman Smith est née le à Londres de parents américains, Charles Smith et Corinne Colman. La famille du père est composée d'hommes de loi et de marchands, intéressés par la collection d’œuvres d'art, et la famille Colman possède une forte fibre artistique et mystique. Corinne Colman exerce d'ailleurs le métier d'actrice. D'abord établie à Manchester, la famille déménage ensuite en Jamaïque vers 1889. C'est là que Pamela Colman-Smith se familiarise avec la culture occulte.

En 1893, Colman Smith commence des études d'art au Pratt Institute à Brooklyn. Là elle s'intéresse à l'art japonais. En 1897, à l'âge de dix-neuf ans, ses aquarelles sont exposées à la William Macbeth's gallery.

En 1899, Pamela Colman Smith publie trois ouvrages illustrés de sa main, The Golden Vanity/Green Bed, Widdicombe Fair et Annancy Stories, un livre de contes jamaïcains. De plus, elle illustre le livre de Seamus MacManus, In Chimney Corners. La même année, elle devient actrice et tourne avec la troupe théâtrale londonienne Lyceum Theatre, dirigée par Henry Irving. Durant plusieurs années, elle joue dans les productions de la compagnie et exerce les métiers de régisseuse et de costumière. Cette expérience théâtrale influence considérablement son travail artistique, emprunt d'une forte théâtralité. D'ailleurs, nombre de ses esquisses de l'époque représentent l'actrice la plus talentueuse du Lyceum Theatre, Ellen Terry, dans ses grands rôles, ou encore Bram Stoker, qui remplit le poste de gestionnaire de la troupe pour financer son travail d'écrivain.

Elle commence alors à être reconnue en tant qu'artiste de talent : un article très élogieux, signé par Gardner Teall dans la revue d'art américaine Brush and Pencil, parle d'elle comme d'un véritable génie, louant à la fois ses décors de théâtre et ses œuvres graphiques[3].

En 1901, elle rejoint The Hermetic Order of the Golden Dawn(Ordre Hermétique de l'Aube Dorée), une société secrète anglaise. Elle y côtoie William Butler Yeats, Aleister Crowley et Arthur Edward Waite. À cette époque, Colman-Smith a des visions qu'elle peint, appelant ces œuvres "peintures musicales". Dans un esprit très Symboliste, elle s'intéresse beaucoup à la synesthésie, qui devient centrale dans son art.

En 1902, elle collabore avec Jack Yeats à la revue A Broadside avant de créer, l'année suivante, sa propre revue, The Green Sheaf, sous la marque Elkin Mathews. Y contribueront William Butler Yeats, Christopher St John, Gordon Craig, George William Russell, Dorothy Ward et John Todhunter. En 1903 aussi, elle expose à la galerie John Baillie à Londres.

En 1904, à la suite de dissensions internes, Arthur Edward Waite et Pamela Colman Smith quittent la Golden Dawn pour rejoindre une branche dissidente, the Independent and Rectified Rite of the Golden Dawn. En outre, Colman-Smith réalise, en collaboration avec Edith Craig, les décors de la pièce de William Butler Yeats, Where There is Nothing.

Mais la première exposition personnelle d'importance de Pamela Colman Smith a lieu à la toute nouvelle galerie du photographe Alfred Stieglitz, The Little Galleries of the Photo-Secession, qui expose son travail en dépit du fait qu'elle n'est pas photographe. Stieglitz apprécie en effet le primitivisme, l'inspiration mystique et le travail sur les correspondances entre peinture et musique dans l’œuvre de Colman Smith[4]. Il l'invite à nouveau à exposer en 1908 et en 1909.

En 1909, Arthur Edward Waite et Pamela Colman-Smith publient ensemble un jeu de tarot divinatoire (qui sera connu sous le nom de Tarot Waite-Smith) chez Rider and Son. Inspiré par la philosophie de la Golden Dawn, le jeu reprend la structure du tarot de Marseille. Colman-Smith innove en illustrant les cartes numérales, qui ne comportaient jusque-là que des symboles. Malgré ses significations occultes, Waite s'emploie à développer largement la diffusion du jeu, sans pour autant les dévoiler au grand public.

C'est aussi en 1909, que Colman-Smith rejoint le mouvement des Suffragettes et apporte sa contribution à la lutte pour le droit de vote des femmes en travaillant dans le Suffrage Atelier à Londres, illustrant affiches, programmes, cartes postales, etc.

Très proche d'Edith Craig, elle la suit dans nombre de ses aventures théâtrales. En 1903, elle se joint à cette dernière et à William Butler Yeats dans la création d'une société théâtrale au répertoire symboliste, The Masquers. Elle effectue notamment toutes les recherches documentaires pour la société. Puis, en 1911, Edith Craig forme une troupe théâtrale politique et féministe, en réaction au sexisme ambiant dans le monde du théâtre, "The Pioneer Players". Colman-Smith se charge de concevoir les programmes et les affiches, notamment pour la mise en scène de la pièce The Theatre of the Soul de Nicolas Evreinoff par Edith Craig.

En 1911, Pamela Colman Smith se convertit au catholicisme. En 1941, elle se voit reconnue comme membre de la prestigieuse Royal Society of Arts, accédant au titre de « FRSA ». Elle est distinguée par la RSA en tant qu'artiste, illustratrice et conteuse de récits populaires jamaïcains.

Après la Première Guerre mondiale, elle achète une maison à Cornwall. Elle gagne alors sa vie en établissant une maison d'hôte pour les prêtres catholiques. Malgré tout, Colman-Smith meurt dans une relative pauvreté en 1951. Même si son œuvre la plus connue, les illustrations du tarot Waite-Smith s'est relativement bien vendue, popularisant largement le jeu de tarot, il semblerait que seul Waite en ait tiré profit, spoliant Colman-Smith, qu'il n'aurait gratifiée que d'un maigre salaire.


À l'occasion du centenaire de la création du tarot Waite-Smith, en 2009, U.S. Games, sous la direction de Stuart Kaplan a publié The Pamela Colman Smith Commemorative Set, incluant le jeu de tarot et deux publications.

Origines modifier

Colman-Smith est née en Angleterre de parents américains. De son vivant comme dans les écrits l'évoquant après sa mort, l'artiste est souvent identifiée comme une femme métisse, d'origine Anglo-américaine et Afro-caribéenne, ou encore comme une femme d'apparence « exotique ». Par exemple, lorsqu'en compagnie de son père, elle rencontre pour la première fois John Butler Yeats en 1899, le peintre irlandais dépeint la rencontre dans une lettre à son fils, William Butler Yeats en des termes exotisants. Il décrit le père et la fille comme des « gens à l'apparence la plus farfelue, les américains les plus primitifs ». Bien qu'il « les apprécie beaucoup » et qu'il loue l'originalité « naïve » de l’œuvre de Pamela Colman (« une savante au cœur d'enfant »), il semble vraiment frappé par son apparence, et notamment par le fait qu'elle ne lui semble pas vraiment blanche (« elle ressemble vraiment à une japonaise »)[5]. Il n'est pas anodin que ses contemporains l'ait considérée comme « étrange » en comparaison à l'identité blanche dominante et lui aient attribué d'autres origines ethniques. Il est vrai que les portraits photographiques de Pamela Colman-Smith semblent corroborer l'hypothèse de son identité métisse. Compte tenu de l'histoire américaine, il n'est pas impossible que des métissages se soient produits dans la généalogie familiale des Colman-Smith. Pour autant, aucun élément tangible ne permet cependant d'en connaître le caractère.

Orientation sexuelle modifier

Autant que ses origines ethniques, la question de l'orientation sexuelle de Pamela Colman-Smith est controversée. Elle ne s'est jamais mariée et n'a pas eu d'enfants, ce qui constitue un choix de vie singulier pour une femme du début du XXe siècle. Il n'y a aucune trace dans sa biographie d'une quelconque relation sentimentale avec un homme. En revanche, on sait qu'elle fréquente les cercles lesbiens autour d'Edith Craig, dont elle est très proche et qu'elle dépeint sous les traits de la Reine de Bâton dans le tarot Waite-Smith. Plusieurs femmes occupent d'ailleurs une position extrêmement forte dans sa vie. Si Colman-Smith n'était probablement pas hétérosexuelle, en l'absence d'informations plus précises, il est cependant difficile de l'identifier en tant que lesbienne, bisexuelle ou encore femme asexuelle.

Publications et illustrations modifier

  • Pamela Colman-Smith, "Two Negro Stories from Jamaica", The Journal of American Folk-Lore, Vol IX, October - December 1896.
  • Pamela Colman-Smith, Widdicombe Fair, Doubleday & McClure, 1899
  • Pamela Colman-Smith, The Golden Vanity and The Green Bed, Doubleday & McClure, 1899.
  • Pamela Colman-Smith, Annancy Stories, RH Russell, 1899
  • MacManus, Seumas, In Chimney Corners Irish Folk-Tales, Doubleday & McClure, 1899. PCS did the illustrations for this.
  • Revue The Green Sheaf, Green Sheaf Press, 1903. Thirteen issues.
  • Waite, Arthur Edward et Smith, Pamela Colman, Tarot Deck, William Rider and Son Limited, 1910
  • Stoker, Bram, The Lair of the White Worm, William Rider and Son Limited, 1911. ( Colman-Smith a réalisé six planches en couleur).
  • Waite, Arthur Edward, The Pictorial Key to the Tarot, William Rider & Son Limited, 1911. illustrations de Colman-Smith.
  • Terry, Ellen, The Russian Ballet, The Bobbs-Merrill Company, NY AND Sidgwick & Jackson Ltd, London, 1913. illustrations de Colman-Smith.
  • Fuller, Eunice, The Book of Friendly Giants, The Century Company, 1914

Bibliographie modifier

  • Caldwell, Martha, « Pamela Colman Smith: a search », SECAC Review, Vol. 8, Fall 1974, pp. 33–38.
  • Coldwell, Joan, « Pamela Colman Smith and the Yeats Family », The Canadian Journal of Irish Studies, vol. 3, no. 2, 1977, pp. 27–34.
  • Colman-Smith, Pamela , "Should the art student think?", The Craftsman, , p. 417–419 ([1]).
  • Eldredge, Charles C, American Imagination and Symbolist Painting, Grey Art Gallery and Study Center, 1979.
  • Homer, William Innes, Alfred Stieglitz and the American Avant-Garde, Boston, New York Graphic Society, 1977.
  • Kaplan, Stuart R, The Encyclopedia of Tarot, Vol III, US Games Systems Inc, 1990.
  • Stuart R. Kaplan, The Artwork and Times of Pamela Colman Smith, Pamela Colman Smith Commemorative Set, 2009.
  • Parsons, Melinda, To All Believers - The Art of Pamela Colman Smith, catalogue d'exposition, Delaware Art Museum, 1975.
  • Parsons, Melinda, « Mysticism in London », in Kathleen J. Regier (ed.), The Spiritual Image in Modern Art, Theosophical Publishing House, 1987, pp. 73–101.
  • American Women Artists 1819-1947, The Washington County Museum of Fine Arts, 2003.
  • Teall, Gardner, « Cleverness, Art, and an Artist », Brush and Pencil, vol. 6, no. 3, 1900, pp. 135–141.

Notes et références modifier

  1. « https://uvic2.coppul.archivematica.org/pamela-colman-smith-collection » (consulté le )
  2. K. Frank Jensen, The Waite-Smith Tarot , 2006, Association of Tarot Studies.
  3. Teall, Gardner, « Cleverness, Art, and an Artist », Brush and Pencil, vol. 6, no. 3, 1900, pp. 135–141.
  4. Homer, William Innes, Alfred Stieglitz and the American Avant-Garde, Boston, New York Graphic Society, 1977
  5. Coldwell, Joan, « Pamela Colman Smith and the Yeats Family », The Canadian Journal of Irish Studies, vol. 3, no. 2, 1977, pp. 27–34.

Liens externes modifier