Pétunidine

composé chimique

Pétunidine
Image illustrative de l’article Pétunidine
Pétunidine
Identification
Nom UICPA 2-(3,4-dihydroxy-5-méthoxyphényl)-3,5,7-trihydroxychroménylium
Synonymes

pétunidol

No CAS 1429-30-7
No ECHA 100.014.409
PubChem 441774
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C16H13O7
Masse molaire[1] 317,270 2 ± 0,015 8 g/mol
C 60,57 %, H 4,13 %, O 35,3 %,
Écotoxicologie
DL50 1 g·kg-1

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La pétunidine (ou le pétunidol) est un composé organique naturel de la famille des anthocyanidols. C'est un pigment végétal donnant une couleur rouge sombre à mauve à quelques baies ou à certains pétales de fleurs.

Son nom vient du fait d'avoir au début du XXe siècle été identifié dans la fleur de pétunia, bien qu’on sache maintenant que le rôle de la pétunidine dans le pétunia cultivé soit mineur vis-à-vis des trois autres pigments présents : la cyanidine, la malvidine et la péonidine (Ando[2], 2004).

Propriétés modifier

La pétunidine fait partie des six anthocyanidols principaux rencontrés chez les plantes (avec la cyanidine, la delphinidine, la pélargonidine, la malvidine et la péonidine). Dans ce groupe, elle se caractérise par la présence de deux groupements hydroxyles -OH et d'un groupement méthoxyle -CH3 sur le cycle aromatique B.

En raison de son noyau flavylium possédant une forte réactivité avec les nucléophiles, la pétunidine est une molécule relativement instable et donc peu présente sous forme libre dans les tissus végétaux[3]. L'addition d'un sucre en position C-3 (par O-glycosylation) lui confère une meilleure stabilité et solubilité. D'une manière générale, l'addition d'un ou plusieurs oses, éventuellement acylés, forme des anthocyanosides beaucoup plus stables. Une autre voie de stabilisation découverte ces dernières années est l'association intermoléculaire non covalente avec des co-pigments ou la complexation avec des métaux.

Hétérosides de pétunidine dans l'alimentation modifier

Sur les 539 anthocyanosides recensés par Andersen et Jordheim[4] en 2006, on trouve 27 hétérosides de pétunidine.

La base PHENOL-EXPLORER[5] indique neuf 3-O-glycosides de pétunidine dans les aliments :

Table 1. Fruits et légumes riches en 3-O-glycosides de pétunidine
 
numérotation du noyau
numérotation du noyau
Petunidin 3,5-O-diglucoside Vin rouge
Petunidin 3-O-(6"-acetyl-galactoside) Vaccinium corymbosum, Vaccinium angustifolium
Petunidin 3-O-(6"-acetyl-glucoside) Vin rouge (0,57 mg/100g), Vaccinium corymbosum, Vaccinium angustifolium (4,73 mg/100g)
Petunidin 3-O-(6"-p-coumaroyl-glucoside) Vin rouge, cassis (5,45 mg/100g), raisin noir
Petunidin 3-O-arabinoside Vaccinium corymbosum (8,53 mg/100g), Vaccinium angustifolium (3,54 mg/100g)
Petunidin 3-O-galactoside Vaccinium corymbosum (12,73 mg/100g), Vaccinium angustifolium (9,05 mg/100g)
Petunidin 3-O-glucoside Vin rouge (1,40 mg/100g], Vaccinium corymbosum (6,09 mg/100g), Vaccinium angustifolium (11,20 mg/100g), raisin noir (2,76 mg/100g), haricot noir cru
Petunidin 3-O-rhamnoside
Petunidin 3-O-rutinoside Cassis (4,09 mg/100g)

Les hétérosides de pétunidine se trouvent essentiellement dans le cassis, le raisin noir et le vin rouge et dans des baies américaines : l'airelle à feuilles étroites (Vaccinium angustifolium) et l'airelle en corymbe (Vaccinium corymbosum).

Pigment coloré des végétaux modifier

Les pigments végétaux dérivés de la pétunidine sont classés parmi les colorants alimentaires, sous le code E163f mais restent rarement utilisés en France.

Les hétérosides de pétunidine ne représentent que 5 % de la totalité des anthocyanosides naturels découverts[4]. Ils sont en général associés en petite quantité à des hétérosides d'autres anthocyanidols et à des co-pigments.

L'aster de Stokes (ou Stokésie bleue) est une plante vivace ornementale de la famille des astéracées, originaire du sud-est des États-Unis. Cette fleur a l'avantage de comporter de nombreux cultivars aux couleurs différentes tout en ayant une composition en pigments flavonoïdes exceptionnellement simple. L'analyse des pigments floraux par HPLC[N 1] indique la présence soit de la pétunidine[6] pour les cinq cultivars aux couleurs bleue ('Omega Skyrocket', 'Blue Danube'), lavande ('Peachies Pick') ou mauve ('Honeysong Purple', 'Purple Parasols') soit de la cyanidine pour les deux cultivars rose pâle ('Colorwheel', 'NC-Maroon'). Le cultivar blanc 'Alba' contient aussi de la pétunidine mais en quantité bien moindre. La recherche de co-pigment n'a révélé qu'un seul composé, la lutéoline (de la famille des flavones), commune à tous les cultivars. Dans le cultivar 'Mary Gregory' aux fleurs jaune pâle, la lutéoline n'est associée à aucun anthocyanoside.

Stokesia laevis, mauve
(pétunidine + lutéoline)
Composition en anthocyanidols et flavones
des cultivars de l'aster de Stokes
  Couleur des fleurs Pétunidine Cyanidine Lutéoline
Bleu, lavande
ou mauve
+ - +
Rose pâle - + +
Blanc trace - +
Jaune pâle - - +


  • Pétunias
 
Pétunia

La pétunidine est peu présente chez les pétunias cultivés. Une analyse en composantes principales[2] du contenu en anthocyanidols des fleurs de 195 cultivars a donné trois classes : la première qui accumule principalement la cyanidine est formée de 69 cultivars de couleurs rouges ou saumon, la seconde accumulant principalement la malvidine comporte 67 cultivars dans les bleus à pourpres et la dernière qui accumule la péonidine comprend 59 cultivars roses. Toutefois à l'intérieur du deuxième groupe à malvidine, on trouve un sous-groupe formés de quatre cultivars ('Fantasy Violet', 'Silver Madness', 'Prime Time Blue Star' et 'Satin Purple') accumulant la pétunidine.

Notes modifier

  1. les échantillons ont été préalablement hydrolysés à l'acide HCl à 100 °C pour libérer l'aglycone

Références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a et b Toshio Ando, « Delphinidin accumulation is associated with abnormal flower development in petunias », Phytochemistry, vol. 65, no 15,‎ , p. 2219-2227 (ISSN 0031-9422, DOI 10.1016/j.phytochem.2004.06.028, lire en ligne, consulté le ))
  3. P. Sarni-Manchado, V. Cheynier, Les polyphénols en agroalimentaire, Lavoisier, Editions Tec & Doc, , 398 p. (ISBN 2-7430-0805-9)
  4. a et b (en) Kenneth R. Markham (Oyvind M. Andersen (ed.)), Flavonoids : chemistry, biochemistry and applications, Boca Raton, CRC Press Inc, , illustrated edition éd., 1237 p. (ISBN 0-8493-2021-6)
  5. « Phenol-Explorer: Polyphenols » (consulté le )
  6. J G Barb, « Genetics and biochemistry of flower color in stokes aster », Journal of the American Society for Horticultural Science, vol. 133, no 4,‎ , p. 569-578