Ouvrage du Village-de-Coume

Ouvrage du Village-de-Coume
Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de Boulay
└─ sous-secteur de Tromborn
Numéro d'ouvrage A 29
Année de construction 1931-
Régiment 161e RIF
Nombre de blocs 3
Type d'entrée(s) Entrée par un bloc (casemate)
Effectifs 135 hommes et 2 officiers
Coordonnées 49° 10′ 22″ nord, 6° 35′ 23″ est
Localisation de l'ouvrage
Localisation de l'ouvrage

L'ouvrage du Village-de-Coume est un ouvrage fortifié de la ligne Maginot, situé sur la commune de Coume, dans le département de la Moselle.

C'est un petit ouvrage d'infanterie, comptant trois blocs. Construit à partir de 1931, il a été épargné par les combats de .

Position sur la ligne modifier

Faisant partie du sous-secteur de Tromborn dans le secteur fortifié de Boulay, l'ouvrage du Village-de-Coume, portant l'indicatif A 29, est intégré à la « ligne principale de résistance » entre les ouvrages de Denting (A 28) à l'est et de Annexe Nord de Coume (A 30) au sud-est, à portée de tir des canons des deux casemates RFM[1] du Bovenberg (BCa 2) et du Bois d'Ottonville (BCa 1)[2].

L'ouvrage est installé sur la cote 326.

Description modifier

L'ouvrage est composé en surface de trois blocs de combat, dont l'un sert aussi de bloc d'entrée, avec en souterrain des magasins à munitions (M 2), des stocks d'eau, de gazole et de nourriture, des installations de ventilation et de filtration de l'air, une usine électrique et une caserne, le tout relié par des galeries profondément enterrées. L'énergie est fournie par deux groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel Renault 6-115 (six cylindres, délivrant 54 ch à 750 tr/min) couplé à un alternateur. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

Le bloc 1 est une casemate d'infanterie flanquant vers l'ouest, armé avec un créneau mixte pour JM/AC 47 (jumelage de mitrailleuses et canon antichar de 47 mm), un autre créneau pour JM et deux cloches GFM (guetteur fusil-mitrailleur).

Le bloc 2 est une casemate cuirassée d'infanterie, équipée avec deux cloches JM et deux cloches GFM.

Le bloc 3 est un bloc d'infanterie, avec une tourelle de mitrailleuses et une cloche GFM[3].

Histoire modifier

L'ouvrage est servi par les hommes du 161e RIF sous les ordres du capitaine Albert Lussus[4],[5]. Après la percée de Sedan, celui-ci comprend qu'il est vain d'attendre les Allemands dans la ligne Maginot dont les canons sont tournés vers le nord d'où l'ennemi ne viendra plus. Il décide de son propre chef de sortir de son ouvrage avec ses hommes pour entreprendre des escarmouches contre la Wehrmacht qui a commencé d'investir la Lorraine. Ses supérieurs finissent par lui enjoindre de regagner sa base.

L'ouvrage est encerclé par les Allemands le et son équipage se rend le lendemain. Interné dans l'Oflag X-C, le capitaine Lussus s'en évade en compagnie du lieutenant Girot. Arrêtés par la Gestapo, les deux hommes sont exécutés et incinérés[6] ; ils demeurent les deux seuls officiers français exécutés par les Allemands pour fait d'évasion[7].

L'ouvrage a vu certaines de ses chambres ornées de peintures, réalisées pendant la drôle de guerre à même les murs, par l'artiste-peintre Robert Humblot (1907-1962), alors mobilisé en qualité de sapeur-téléphoniste.

L'ouvrage aujourd'hui modifier

De nos jours, ce petit ouvrage a quasiment disparu du paysage. Peu après sa revente par l'armée, ses équipements et cuirassements ont été démontés en intégralité, et ses blocs totalement remblayés.

Notes et références modifier

  1. Le niveau de protection d'une casemate de la ligne Maginot dépend de son modèle et de sa période de construction. De 1928 à 1935 sont construits les modèles les plus puissamment protégés : les casemates et ouvrages CORF (Commission d'organisation des régions fortifiées), avec des murs et dalles épais jusqu'à 3,5 mètres de béton). Puis viennent à partir de 1935 les blockhaus MOM (main-d'œuvre militaire), avec de 0,60 à 1,5 m de béton, avec des modèles très variés selon la région : RFM (région fortifiée de Metz), RFL (région fortifiée de la Lauter), 1re, 2e, 20e et 7e RM (région militaire). Les MOM les plus protégés sont appelés FCR (fortification de campagne renforcée). De 1937 à 1940, le STG (Service technique du Génie) standardise les constructions, avec une protection de 1,50 à 2 m de béton.
  2. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 99.
  3. Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, op. cit., t. 3, p. 108.
  4. « La ligne Maginot à Denting et Coume et la défense de ce secteur en 1940 », sur joursdhistoire.org (consulté le ).
  5. Deux ouvrages, l'un de l'Institut Hoover (La Vie de la France sous l'occupation) et l'autre d'Alfred Malet (Pierre Laval: De la reconquête du pouvoir à l'exécution) le désignent par erreur comme le « capitaine Lucius ».
  6. « Publication au sujet du Lieutenant Michel Girot et du Capitaine Albert Lussus par le RP Congar »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur memoireetavenir.fr (consulté le ).
  7. Institut Hoover, La Vie de la France sous l'occupation (1940-1944), Paris, Plon, , p. 207.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2), (réimpr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3 : Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Histoire et collections, , 246 p. (ISBN 2-913903-88-6).

Liens externes modifier

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Descriptions et photos

Articles connexes modifier