Ouvrage de Fressinéa

musée en France

Ouvrage de Fressinéa
Le bloc 3 ; la grille de protection a été enlevée et le fossé diamant a été comblé.
Le bloc 3 ; la grille de protection a été enlevée et le fossé diamant a été comblé.

Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée-Vésubie,
quartier Gaudissart
Année de construction 1931–1939
Régiment 84e BAF
Nombre de blocs 3 + un abri extérieur
Effectifs 3 sous-officiers et 33 hommes
Coordonnées 44° 03′ 45,44″ nord, 7° 07′ 01,68″ est
Géolocalisation sur la carte : France

L'ouvrage de la Fressinéa, orthographié aussi Fraisinéa ou Frassinéa, est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, situé sur la commune de Rimplas dans le département des Alpes-Maritimes.

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie, construit en complément du gros ouvrage de Rimplas afin d'interdire à d'éventuels troupes ou blindés italiens la route bordant la Tinée menant à Nice.

Description modifier

Le petit ouvrage de la Fressinéa est situé sur la rive gauche de la Tinée en bordure de la D 2205 (l'ancienne N 205 Nice-Barcelonnette) à environ 3,2 km au sud de Saint-Sauveur-sur-Tinée, en bas du gros ouvrage de Rimplas.

Mission modifier

Le petit ouvrage avait pour mission de couvrir la route venant de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Il était protégé par la casemate MOM de l'Abéliera située un kilomètre plus bas, toujours en bordure de route, et surtout par l'ouvrage de Rimplas.

Souterrains modifier

À l'intérieur de l'ouvrage, on trouve les installations nécessaires à la vie d’une trentaine d’hommes : des chambres, une cuisine, des réserves d’eau et de nourriture, une cuisine, des lavabos, des latrines et tous les équipements de ventilation. L'électricité était produite par deux groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel SMIM 2 SR 14 (deux cylindres, fournissant 24 ch à 750 tr/min)[1] couplé à un alternateur, complétés par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch à 1 000 tr/min)[2] servant à l'éclairage d'urgence de l'usine et au démarrage pneumatique des gros diesels. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

Blocs modifier

Le petit ouvrage est constitué de trois blocs :

À l’origine, les créneaux du bloc 3 étaient protégés par une grille mais, pour des raisons de sécurité, elle a été retirée par la Direction départementale de l'équipement qui a également comblé le fossé diamant.

Armement modifier

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage étaient chacun protégé par une trémie blindée et étanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la même cartouche de 7,5 mm à balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de 9 g pour la modèle 1929 C)[3].

Les mitrailleuses étaient des MAC modèle 1931 F, montées en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portée maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est théoriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trémie limite le pointage en élévation à 15° en casemate et à 17° dans une cloche GFM), la hausse est graduée jusqu'à 2 400 mètres et la portée utile est plutôt de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[4]. La cadence de tir théorique est de 750 coups par minute[5], mais elle est limitée à 450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[6]. Le refroidissement des tubes est accéléré par un pulvérisateur à eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) étaient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portée maximale est de 3 000 mètres, avec une portée pratique de l'ordre de 600 mètres[7]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de défense intérieure[4]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 à 140 coups par minute[8],[9].

Histoire modifier

Construction modifier

Le petit ouvrage a été construit de 1931 à 1939[10]. Il a coûté 1,7 million de francs[11] (valeur de )[12].

Les combats modifier

Le petit ouvrage de la Fressinéa n’a pas été touché par les combats de juin 1940. Après l’armistice, les Italiens ont conservé les clefs de l’ouvrage mais ne l’ont pas occupé.

État actuel modifier

Le petit ouvrage de la Fressinéa a été entretenu par le ministère de la Défense jusqu'en 1970, puis vendu à la commune de Rimplas. En 2013, il est parfaitement entretenu par une association, « Les amis de l’ouvrage Maginot de la Frassinéa », et peut être visité à certaines périodes de l'année.

Notes et références modifier

  1. La SMIM, Société des moteurs pour l'industrie et la marine, est basée à Paris, construisant des moteurs sous licence Körting. Les SMIM 2 SR 14 ont deux cylindres à quatre temps, chacun avec 2 700 cm3 de cylindrée (alésage de 140 mm, pour 180 mm de course).
  2. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installée à Fives-Lille), au nombre de cylindre (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriqué sous licence Junkers ») et à son alésage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrée).
  3. « Munitions utilisées dans la fortification », sur wikimaginot.eu.
  4. a et b Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  5. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  6. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  7. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur maginot.org.
  8. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  9. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  10. « ouvrage d'infanterie dit ouvrage de Fressinea », sur dossiersinventaire.regionpaca.fr.
  11. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  12. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur insee.fr.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle était, ce qu'il en reste, Sercap, 1985.
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 4 - La fortification alpine, Histoire & Documents, 2009, (ISBN 978-2-915239-46-1).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel et Jacques Sicard, La ligne Maginot - Tome 5 – Tous les ouvrages du Sud-Est – Victoire dans les Alpes – La Corse – La ligne Mareth – La reconquête – Le destin, Histoire & Documents, 2009, (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • Général Étienne Plan et Éric Lefevre, La bataille des Alpes, 10-, Charles Lavauzelle, 1982.
  • Claude Raybaud, Fortifications de l'époque moderne dans les Alpes-Maritimes, Serre éditeur, 1992, (ISBN 978-2864101550).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquête, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Liens externes modifier

Articles connexes modifier