Ouvrage d'infanterie de Fèves

Ouvrage d’infanterie de Fèves
Infanterie-Werk Fèves
Illustration du fort.
Description
Ceinture fortifiée seconde ceinture fortifiée de Metz
Type d’ouvrage ouvrage d'infanterie
Dates de construction 1914-1916
Dates de modernisation ouvrage inachevé
Garnison
Armement 4 pièces d’artillerie
(2 × 77 mm, 2 × 100 mm)
Usage actuel désaffecté
Protection néant
Coordonnées 49° 11′ 55″ nord, 6° 07′ 01″ est
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Ouvrage d’infanterie de Fèves
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Ouvrage d’infanterie de Fèves
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Ouvrage d’infanterie de Fèves

L’Infanterie-Werk Fèves, rebaptisé ouvrage d’infanterie de Fèves après 1919, est un ouvrage militaire situé près de Metz. Il faisait partie de la seconde ceinture fortifiée des forts de Metz et connut son baptême du feu, fin 1944, lors de la bataille de Metz.

Contexte historique modifier

Pendant l’Annexion, Metz, dont la garnison allemande oscille entre 15 000 et 20 000 hommes au début de la période[1] et dépasse 25 000 hommes avant la Première Guerre mondiale[2], devient progressivement la première place forte du Reich allemand[3].

L'ouvrage d'infanterie de Fèves complète la seconde ceinture fortifiée de Metz composée des Festen Wagner (1904-1912), Kronprinz (1899-1905), Leipzig (1907-1912), Kaiserin (1899-1905), Lothringen (1899-1905), Freiherr von der Goltz (1907-1916), Haeseler (1899-1905), Prinz Regent Luitpold (1907-1914) et l’I-werke Belle-Croix (1908-1914).

À partir de 1899, le plan Schlieffen de l’état-major allemand conçut les fortifications de la Moselstellung, entre Metz et Thionville, comme un verrou destiné à bloquer l’avance éventuelle des troupes françaises en cas de conflit[4]. Ce concept de ligne fortifiée sur la Moselle constituait une innovation significative par rapport au système Séré de Rivières développé par les Français. Il inspirera plus tard les ingénieurs de la ligne Maginot[5].

Construction et aménagements modifier

L’ouvrage de Fèves a été construit entre 1914 et 1916 près de Metz en Moselle. Les travaux ont cessé en 1916, laissant les fortifications inachevées. Le fort devait recevoir deux canons de 77 mm, deux canons de 100 mm et une casemate de mitrailleuses.

Affectations successives modifier

À partir de 1890, la relève dans les forts est assurée par les troupes du XVIe Corps d’Armée stationnées à Metz et à Thionville. En 1919, le fort est de nouveau occupé par l’armée française. Début , au début de la bataille de Metz, le commandement allemand l’intègre au dispositif défensif mis en place autour de Metz.

Seconde Guerre mondiale modifier

Le , Metz est déclarée forteresse du Reich par Hitler. La place forte doit être défendue jusqu’à la dernière extrémité par les troupes allemandes, dont les chefs ont tous prêté serment au Führer[6]. Le lendemain, , le général Krause, alors commandant de la place forte de Metz, établit son Oberkommando, le poste de commandement principal, dans la caserne du fort Alvensleben. Le jour même, les troupes du général Krause prennent position sur une ligne allant de Pagny-sur-Moselle à Mondelange, en passant à l’ouest de Metz par Chambley, Mars-la-Tour, Jarny et Briey.

Après un premier repli opéré le sur Saint-privat et Amanvillers, les lignes allemandes s’appuient maintenant solidement sur les forts du secteur, en particulier sur le groupe fortifié Lorraine, ou Feste Lothringen, et sur les positions fortifiées des carrières d’Amanvillers, ou Steinbruch-Stellung, Kellermann, ou Wolfsberg-Stellung, Richepance, ou Batterie Vemont et Canrobert, ou Horimont-Stellung. Le secteur d’Amanvillers - Saint-Privat est alors tenu par les hommes du Sicherungs-Regiment 1010 du colonel Richter, un régiment récemment intégré à la 462e Infanterie-Division de Metz. Mais l’offensive américaine, lancée le sur la ligne ouest des forts de Metz, tourne court. Fin , les troupes américaines s’arrêtent finalement sur la Moselle, malgré la prise de deux têtes de ponts au sud de Metz. Buttant contre des forts mieux défendus que prévu, les troupes américaines sont bientôt à bout de souffle. Le général McLain, en accord avec le général Walker, décide de suspendre les attaques, en attendant de nouveaux plans de l’état-major de la 90e Infantry Division[7].

Lorsque les hostilités reprennent en , après un mois pluvieux, les soldats de la 462e Volks-Grenadier-Division tiennent toujours solidement les forts de Metz, même si les ravitaillements se font plus difficilement, sous les tirs d’artillerie et les bombardements fréquents[8]. Le , en guise de prélude à l’offensive sur la cité messine, l'Air Force envoie pas moins de 1 299 bombardiers lourds, B-17 et B-24, déverser 3 753 tonnes de bombes, de 1 000 à 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée[9]. La plupart des bombardiers ayant largué leurs bombes sans visibilité, à plus de 20 000 pieds, les objectifs militaires sont souvent manqués. À Metz, les 689 chargements de bombes destinés à frapper sept groupes fortifiés de Metz, désignés comme des cibles prioritaires, ne font que des dégâts collatéraux, prouvant une fois de plus l’inadéquation des bombardements massifs sur des objectifs militaires[10].

Le , les ouvrages de la ligne Canrobert, dans le bois de Fèves, sont attaqués par le 378e Infantry regiment du colonel Metcalfe. Vers 11h00 du matin, dans la brume matinale, après une préparation d’artillerie, le fort nord de la ligne Canrobert est le premier à tomber, permettant aux troupes américaines d'atteindre le bois de Woippy. Durant l’après-midi, les hommes du 1217e Grenadier-Regiment « Richter », formé par le régiment de sécurité no 1010, et ceux du 1515e Grenadier-Regiment « Stössel » de la 462e Volks-Grenadier-Division, font plusieurs tentatives infructueuses pour repousser les Américains derrière la ligne Canrobert. Sous la pression, les grenadiers allemands finissent par décrocher, laissant derrière-eux de nombreux morts et blessés[11]. Les grenadiers, qui devaient se retirer sur une ligne entre le point d’appui Leipzig et le fort de Plappeville, se replient en désordre vers Metz. Le , alors que les Américains progressent rapidement dans Woippy, le groupe fortifié Lorraine, puissante position défensive derrière la ligne Canrobert, est évacué sans combattre par les troupes de Kittel. L’attaque simultanée des 377e et 378e Infantry Regiment avait atteint ses objectifs[11].

Le fort Jeanne-d’Arc fut le dernier des forts de Metz à déposer les armes, le . La résistance allemande, déterminée, les intempéries et les inondations, inopportunes, ainsi qu’une tendance générale à mésestimer la puissance de feu des fortifications de Metz, ont contribué à ralentir l’offensive américaine, donnant l’occasion à l’armée allemande de se retirer en bon ordre vers la Sarre[12]. L’objectif de l’état-major allemand, qui était de gagner du temps en fixant le plus longtemps possible les troupes américaines en avant de la ligne Siegfried, sera donc largement atteint.

Notes et références modifier

  1. René Bour, Histoire de Metz, 1950, p. 227.
  2. L’Express, no 2937, du 18 au 24 octobre 2007, dossier « Metz en 1900 », Philippe Martin.
  3. François Roth : Metz annexée à l’Empire allemand, in François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, Privat, Toulouse, 1986, (p. 350).
  4. Donnell Clayton, The German Fortress of Metz: 1870-1944. Oxford, Osprey, 2008, p. 24.
  5. Donnell Clayton, The German Fortress of Metz: 1870-1944. Oxford, Osprey, 2008, p. 10-13.
  6. René Caboz, La bataille de Metz, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1984, p. 132.
  7. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 176-183.
  8. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 256.
  9. Général Jean Colin, Contribution à l’histoire de la libération de la ville de Metz ; Les combats du fort Driant (septembre-décembre 1944), Académie nationale de Metz, 1963, p. 13.
  10. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 424.
  11. a et b Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 435-436.
  12. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 448.

Voir aussi modifier