Oskar Kokoschka

écrivain et peintre expressionniste autrichien
Oskar Kokoschka
Oskar Kokoschka en 1963 (photo Erling Mandelmann).
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Clarens (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
autrichienne (-)
autrichienne (-)
tchécoslovaque (à partir de )
autrichienne (-)
britanniqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Formation
Représenté par
Lieux de travail
Mouvement
Influencé par
Distinctions
Liste détaillée
Prix Érasme ()
Prix Lovis-Corinth ()
Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d)
Lichtwark Award (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Bibliothèque centrale de Zurich (Nachl. O. Kokoschka 1 - 632, 1000 - 1005)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Prométhée, La Fiancée du vent
signature d'Oskar Kokoschka
Signature
Vue de la sépulture.

Oskar Kokoschka, né le à Pöchlarn, non loin de Vienne, en Autriche-Hongrie et mort le à Montreux en Suisse, est un peintre expressionniste et écrivain autrichien.

Maison natale d'Oskar Kokoschka à Pöchlarn, Basse-Autriche (août 2006).

Biographie modifier

Oskar Kokoschka est le second fils de Gustav Josef Kokoschka (1840-1923), qui est issu d'une famille d'orfèvres de Prague, et de son épouse Maria Romana Loidl (1861-1934). En 1887, la famille quitte Pöchlarn pour la capitale. Son frère aîné Gustav meurt la même année. Deux ans plus tard, sa sœur Bertha Theresia naît (1889-1960), et trois ans plus tard son frère cadet Bohuslav (1892-1976).

Modernisme modifier

De 1905 à 1909, Kokoschka suit les cours de la Kunstgewerbeschule de Vienne, où il est élève de Gustav Klimt, de Carl Otto Czeschka et condisciple d'Elsa Oeltjen-Kasimir. Il participe aux expositions du modernisme menées par Gustav Klimt et Josef Hoffmann (Vienne, Kunstschau, 1908 et 1909)[2].

Dès 1908 et jusqu'à la Première Guerre mondiale, il peint des portraits de personnalités de la société viennoise, s'attachant à révéler la vie intérieure de ses modèles[3],[4] quite à choquer ses commanditaires par son point de vue acerbe, mettant la vérité au dessus de la beauté, pour reprendre la célèbre formule de son ami Arnold Schönberg.

En 1909, dans sa pièce de théâtre Mörder, Hoffnung der Frauen (« Meurtrier, espoir des femmes »), publiée dans Der Sturm, le jeune artiste présente un violent combat entre hommes et femmes, est comprise comme un prototype de la mise en scène expressionniste[3],[5]. Cette pièce assoit sa réputation d'offenseur de la morale publique[6] et du conformisme bourgeois.

Kokoschka rejette rapidement le Jugendstil, ce qui a des conséquences sur son travail. Pour cette raison, il s'établit en 1910 à Berlin avant de revenir à Vienne qu'en 1911.

Relation avec Alma Mahler, Première Guerre mondiale modifier

À partir de 1912, Kokoschka, qui a 26 ans, vit une grande passion avec Alma Mahler, veuve du compositeur Gustav Mahler, de 7 ans son aînée. Cet amour et leurs échanges épistolaires passionnés lui inspirent différentes œuvres d'art, dont la peinture La Fiancée du vent, en 1913, et des tableaux les représentant tous deux amants. Après leur rupture, Kokoschka demande à Hermine Moos (de), une costumière de théâtre à Munich, de fabriquer une poupée de tissu grandeur nature représentant Mahler. Il donne à Moos des instructions très précises sur la fabrication de cet objet destiné à « abuser tous les sens », dans des lettres écrites de l'été 1918 au printemps 1919[7]. Il peint la poupée à plusieurs reprises mais finit par la décapiter[8].

 
Autoportrait, 1917, « Un fauve à Vienne », musée d'Art moderne de Paris, 23 septembre 2022 - 12 février 2023.
 
Oskar Kokoschka par Hugo Erfurth, 1919, MoMA.
 
Le pouvoir de la musique, Eindhoven, Musée Van Abbe

Sa peinture, à cette époque, évolue vite : il commence à travailler avec des brosses plus larges et applique de plus en plus de couleurs. En 1914, il se joint aux peintres de la Sécession viennoise à Berlin. En 1915, il s'engage dans l'armée Austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale, il est gravement blessé lors d'un combat en Ukraine (balle dans la tête et coup de baïonnette dans le poumon), puis l'année suivante par un tir de grenade[2],[9].

En 1917, il s'installe à Dresde, où il rencontre Adolf Loos, architecte et ami viennois[10]. De 1919 à 1924, on lui confie une chaire à l'École des arts de Dresde. Ne souhaitant pas être débordé par l'académie, le peintre entreprend des voyages. Il revient à Vienne en 1933.

Art dégénéré modifier

Après la mort de sa mère, il s'exile pour des raisons politiques en 1934, à Prague où il rencontre celle qui va devenir sa femme, Olda Palkovská ; le régime national-socialiste considère son art comme dégénéré et décroche ses œuvres des musées allemands[9]. Huit de ses œuvres sont présentées à l’exposition munichoise Art dégénéré de 1937[2]. Des tableaux sont détruits ou disparaissent. D’autres sont vendus en Suisse pour financer l’effort de guerre[11]. Parmi ceux-ci, son œuvre la plus célèbre, La Fiancée du vent, peinte en 1913-1914[12].

Voyages modifier

Après Prague, où il reste jusqu'en 1938, puis Londres (1938-1953), Oskar Kokoschka effectue de nombreux voyages, en Grèce, en Italie, en Allemagne et en Angleterre, en Tunisie, en Libye, en Turquie et au Maroc ou encore à New York et à Jérusalem. Il en rapporte plusieurs séries dessinées qu’il transpose ensuite en lithographies[2].

il s’établit en 1953 définitivement à Villeneuve, en Suisse, à l'extrémité orientale du lac Léman, il y passe les vingt-sept dernières années de sa vie. En 1960, il est honoré par le prix Érasme à Copenhague et un titre de docteur honoris causa de l’université d’Oxford[2]. En 1974, il reçoit la citoyenneté d’honneur autrichienne. L'artiste décède le . Il est enterré au cimetière de Clarens sur la commune de Montreux. Sa veuve meurt en 2004.

Oskar Kokoschka est partie prenante des documenta 1 (1955), documenta 2 (1959) et documenta 3 en 1964 à Cassel.

Héritage modifier

Oskar Kokoschka inspire des générations de peintres, parmi lesquels Egon Schiele et Alkis Pierrakos, qu'il rencontre à plusieurs reprises à Londres en 1950, mais aussi Hans Bellmer. Le Prix Oskar Kokoschka est attribué tous les deux ans depuis 1980 par le gouvernement autrichien, le 1er mars, jour anniversaire de la naissance du peintre.

Olda Kokoschka crée la Fondation Kokoschka en 1988 à laquelle elle fait don des œuvres en sa possession. Celle-ci se situe au musée Jenisch de Vevey (Suisse). Olda Kokoschka dote également la Zentralbibliothek de Zurich du fonds manuscrit et lègue au Oskar Kokoschka-Zentrum à Vienne les photographies biographiques et la bibliothèque d'Oskar Kokoschka[2],[13].

Après le Museum of Modern Art de New York (1949), la Tate Gallery de Londres (1962), le musée d'Art moderne de Paris consacre une exposition au peintre, Un fauve à Vienne, du 23 septembre 2022 au 12 février 2023, avec 150 œuvres présentées (peintures, dessins, affiches, gravure)[9].

Peintures modifier

Écrits modifier

Kokoschka rédige des essais et des articles, dont une autobiographie : Mein Leben, en 1971. Ses correspondances sont publiées en 1984. Ses pièces sont réellement redécouvertes dans les années 1990 :

  • 1908 : Meurtrier, espoir des femmes[5].
  • 1911 : Der brennende Dornbusch (Le Buisson ardent).
  • 1919 : Orphée et Eurydice.
  • 1917 : Hiob.
  • 1917 : Die träumenden Knaben (Les Garçons rêveurs), orné de lithographies originales.
  • 1984 : Mirages du passé, éditions Gallimard (ISBN 2-07-070235-9).
  • 2021 : L’Œil immuable – Articles, conférences et essais sur l’art, préface d’Aglaja Kempf, traduit de l’allemand & de l’anglais par Régis Quatresous, L’Atelier contemporain/Fondation Oskar Kokoschka.

Bibliographie modifier

  • (de) : Tilo Richter (Hg.), Horst Tappe Kokoschka, avec des photographies de Horst Tappe, des citations et des dessins d'Oskar Kokoschka, préface de Christoph Vitali, Christoph Merian Verlag, Basel 2005, 96 S., geb. (ISBN 3-85616-235-6).
  • (de) : Die Fächer für Alma Mahler-Werfel (ISBN 3-88379-462-7).
  • (de) : Widerstand statt Anpassung: Deutsche Kunst im Widerstand gegen den Faschismus 1933–1945 (Résistance plutôt qu'adaptation. L'art allemand dans la résistance contre le fascisme, 1933-1945), Berlin, édition Elefanten Press Verlag GmbH, 1980.
  • (fr) Dr Tayfun Belgin, Pr Ralph Melcher, Jacqueline Munck, Andrei Nakov, Marc Restellini, Pr Raimund Stecker, Denise Wendel-Poray, Detmar Westhoff, Dr Roman Zieglgänsberger, Expressionismus & Expressionismi: Der blaue Reiter vs Brücke - Berlin-Munich 1905-1920, catalogue de l'exposition de la Pinacothèque de Paris, 2011, 376 p. (ISBN 9782358670241).

Filmographie modifier

  • Kokoschka œuvre-vie, film documentaire de Michel Rodde, Suisse, 2017, 91 min, distribué au Canada par K-Films Amérique (VSD)[15].
  • Kokoschka, portraits européens, film documentaire réalisé par Stéphane Ghez, 2022, Arte[16].

Notes et références modifier

  1. « https://zbcollections.ch/home/#/content/3ffcd6c76b444f4b8834eb03ca2adb5c » (consulté le )
  2. a b c d e et f « Fondation Oskar Kokoschka - Biographie - Biographie », sur oskar-kokoschka.ch (consulté le ).
  3. a et b Encyclopædia Universalis, « OSKAR KOKOSCHKA »  , sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  4. « Kokoschka, enfant terrible de la peinture », sur France Culture, (consulté le ).
  5. a et b Itzhak Goldberg, « Oskar Kokoschka, portraitiste de la société viennoise - 19 octobre 2022 - Le Journal des Arts - no 597 », sur Le Journal Des Arts (consulté le ).
  6. Roselee Goldberg (trad. de l'anglais), La Performance : Du futurisme à nos jours, Londres/Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », 256 p. (ISBN 978-2-87811-380-8), chap. 3 (« Dada, Kokoschka à Vienne »).
  7. Ces lettres, publiées à Berlin en 1925, influenceront Hans Bellmer pour la conception de ses propres poupées. Voir Hélène Frédérick, « La Poupée de Kokoschka », Le Monde, 25 février 2010, [1].
  8. « Exposition Kokoschka au musée d’Art moderne de Paris : l’itinéraire décapant d’un artiste total »  , sur Télérama, (consulté le ).
  9. a b et c « Oskar Kokoschka - Un fauve à vienne », sur www.mam.paris.fr (consulté le ).
  10. Il demeure dans un des pavillons du Grand Jardin de Dresde.
  11. Inès Boittiaux, « Oskar Kokoschka : la peinture rugissante », sur Beaux Arts (consulté le ).
  12. Philippe Lançon, « Rétrospective Kokoschka à Paris: cages de déraison »  , sur Libération (consulté le ).
  13. « Oskar Kokoschka, maître de l’expressionnisme autrichien », sur www.austria.info (consulté le ).
  14. https://www.imago-images.de/fotos-bilder/oskar-kokoschka-adenauer
  15. Article du journaliste André Lavoie « Kokoschka, œuvre-vie », Le Devoir, 18 mai 2019, [2].
  16. Stéphane Ghez, « Oskar Kokoschka - Portraits européens - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le ).

Annexes modifier

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Article connexe modifier

Liens externes modifier