Ordre des Trois-Toisons d'Or

décoration française

L'Ordre des Trois-Toisons d'Or est un ordre honorifique institué par Napoléon Ier à partir de Schönbrunn par lettres patentes[1],[2] du . Il n'a jamais été distribué, et a été dissous par Napoléon le .

Ordre des Trois-Toisons d'Or
Ordre des Trois-Toisons d'Or
Projet d’insigne de l’ordre des Trois Toisons d’or
Décernée par Drapeau de l'Empire français Empire français
Type Ordre honorifique comportant 3 grades
Campagne Campagnes de la Grande Armée :
Autriche (1805)
Prusse (1806)
Pologne (1807)
Allemagne et Autriche (1809)
(Ulm - Austerlitz - Auerstaedt - Iéna - Eylau- Friedland- Eckmühl- Wagram)
Décerné pour Mérite militaire et civil
Statut Jamais décerné
Chiffres
Date de création
(Camp impérial de Schœnbrunn)
Importance

Ruban de la médaille
Ruban de l'Ordre

Institution

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Après avoir placé son frère Joseph sur le trône d'Espagne le à Madrid, et vaincu l’Autriche à Wagram le , Napoléon a l'idée de fusionner les deux ordres de la Toison d'or, l'espagnol, et l'autrichien, en y ajoutant une branche française.

La dotation de l'Ordre fut constituée à partir de certains domaines pris dans les États de Rome et des mines d'Idrija (en italien : Idria)[3]. Les titulaires devaient pouvoir percevoir une rente :

  • 4 000 francs pour les Commandeurs ;
  • 1 000 francs pour les Chevaliers.

On avait déjà dressé l’état des corps qui avaient participé aux grandes batailles de la Grande Armée, commandée par l’empereur en personne. Tout le travail était prêt, et les promotions allaient commencer, lorsque le mariage de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise fit renoncer à l’établissement d’un ordre qui aurait contrarié le beau-père[4]. La signature du Traité de Schönbrunn le , mettant un terme à la Cinquième Coalition, et plus encore son mariage avec Marie-Louise d'Autriche en 1810, amène Napoléon à vouloir ménager son beau-père François Ier, empereur d'Autriche, qui est farouchement opposé à la dissolution de l'ordre autrichien.

En France Napoléon rencontre également l'opposition des membres de la Légion d'honneur, craignant la dévalorisation de leur décoration.

L'empereur prononce la dissolution de cet ordre mort-né le et la réunion de ces biens à ceux de la Légion d'honneur.

« Le comte Andréossi perdit alors son titre de grand chancelier, et moi celui de secrétaire général, qui m’avait été promis. Mais en 1814, Napoléon n’avait plus à ménager son beau-père, et le général Andréossi reprit à Constantinople le titre d’un ordre qui, sans la chute de l’Empire, aurait été organisé. »

— V-VE[4].

Organisation

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L'ordre est dirigé par un conseil composé :

Rangs et Compositions

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Il devait être composé au maximum de :

Bénéficiaires

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L’Ordre impérial des Trois Toisons d’Or devait récompenser :

Selon le général Oudinot, cet ordre avait surtout pour but de récompenser l'ancienneté des services militaires, auxquels aurait cependant manqué l'occasion de se distinguer par des actions d'éclat[8].

Éligibilité

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Exception faite des princes, des grands dignitaires de l’Empire, du président du Sénat, des ministres et des ministres d’État, l’Ordre ne devait être attribué qu’en période de guerre aux soldats les plus méritants.

  • Le Prince impérial seul a de droit la décoration en naissant : les « Princes du sang » ne peuvent la recevoir qu'après avoir fait une campagne de guerre, ou avoir servi pendant deux ans.
  • Les grands dignitaires et les ministres peuvent être admis dans l'Ordre des Trois-Toisons d'Or lorsqu'ils ont conservé leur portefeuille pendant dix ans ;
  • Les ministres d'État peuvent être admis dans l'Ordre après vingt ans d'exercice
  • Les présidents du Sénat, lorsqu'ils ont présidé le Sénat pendant trois années.
  • Les descendants directs des maréchaux qui ont commandé les corps de la Grande Armée, pourront être admis dans cet Ordre lorsqu'ils se seront distingués dans la carrière qu'ils auront embrassée.
  • Aucune autre personne que celles ci-dessus désignées, ne peut y être admise, si elle n'a fait la guerre et reçu trois blessures.

Pour être Grand Chevalier, il faut avoir commandé en chef, soit dans une bataille rangée, soit dans un siège, soit un corps d'armée, dans une armée impériale dite « la Grande Armée ».

  • Une décoration de Commandeur sera donnée à celui des capitaines, lieutenants ou sous-lieutenants de chaque régiment ayant fait partie de la Grande Armée, qui sera désigné comme le plus brave dans le régiment.
  • Une décoration de Chevalier sera donnée au sous-officier ou soldat de chacun de ces régiments, ayant reçu au combat trois blessures au moins et qui sera également désigné comme le plus brave du régiment. « Nous nous réservons toutefois d'admettre dans l'ordre des trois toisons d'or, les militaires qui n'ayant pas reçu trois blessures, se seroient distingués soit en détendant leur aigle, soit en arrivant des premiers à la brèche, soit en passant des premiers sur un pont, ou qui auroit fait toute autre action d'éclat constatée.[9] »

La nomination des Commandeurs ou Chevaliers des régiments sera faite par l'Empereur, sur la présentation qui sera adressée, cachetée, au grand chancelier de l'Ordre par le colonel, et concurremment par chacun des chefs de bataillon pour les régiments d'infanterie. L'Empereur prononcera sur ces présentations à la réunion des grands chevaliers de l'Ordre, qui aura lieu chaque année le , jour où toutes les promotions seront publiées.

Une lettre du général Compans, datée du , en explique le principe :

« Le général réunira les colonels et les chefs de bataillon et leur fera faire séparément la présentation d’un capitaine, d’un lieutenant, d’un sous-lieutenant pour Commandeur et d’un sous-officier ou soldat pour Chevalier. Ces présentations seront faites secrètement et cachetées par les colonels et les chefs de bataillon et adressées directement au Grand chancelier. Le général de son côté effectuera une semblable proposition sans communiquer, sur le choix, avec les colonels et les chefs de bataillon et l’enverra cacheté au Grand chancelier. »

Il est à noter que les commandeurs et les chevaliers ne pouvaient plus quitter leur régiment, « et devaient mourir sous les drapeaux[4] ».

Des chevaliers potentiels

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L'insigne

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Le baron Lejeune avait réalisé un dessin de l’insigne selon les desiderata de Napoléon, qui stipulait :

« Sera mon aigle aux ailes déployées, tenant suspendue dans chacune de ses serres une des toisons antiques qu’elle a enlevées et elle montrera fièrement en l’air, dans son bec, la toison que j’institue. »

Si plusieurs médaillistes et joailliers réalisèrent des modèles ; c’est celui du fabricant Coudray[10] qui fut choisi par le Conseil d’administration de l’Ordre et présenté à l’Empereur. Rappelant dans ses grandes lignes le pendentif de l'ordre de la Toison d'or, l'insigne définitif, double face, en or, représentait trois dépouilles de bélier suspendues à un motif central comportant une pierre bleue de laquelle partaient de chaque côté des étincelles orangées. Ce motif était surmonté par un aigle couronné et aux ailes déployées[11].

La décoration devait se porter en sautoir par les Grands Chevaliers, et à la boutonnière par les Commandeurs et les Chevaliers[12].

L'insigne était suspendu à un ruban rouge avec de chaque côté deux raies dorées à 2 mm du bord.

Uniforme

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Un uniforme, avec cuirasse d’or et casque, devait être porté par les membres de l’Ordre des Trois Toisons d’Or[3].

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Almanach impérial pour l'année 1810
  2. « Décrets Impériaux.
    En notre camp impérial de Schœnbrunn, le .
    Napoléon par la grâce de Dieu et par les constitutions, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, etc. etc,
    Voulant donner à notre grande-armée une preuve toute particulière de notre satisfaction,
    Nous avons résolu de créer, comme nous créons par les présentes lettres-patentes, un ordre qui portera le nom, d'ordre de Trois Toisons d'Or.
     »

    Source
    Lewis Goldsmith, Recueil de décrets, ordonnances, traités de paix, manifestes, proclamations, discours etc, etc, de Napoléon Bonaparte : Contenant les pièces des années 1807, 1808 et 1809, (lire en ligne)
  3. a et b « www.france-phaleristique.com », Ordre des Trois-Toisons d'Or - 15 août 1809 - (consulté le )
  4. a b et c Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes., t. 1, (lire en ligne)
  5. 15855. — Au comte de Lacépède,
    Grand chancelier de la Légion d'honneur, à Paris.
    Schœnbrunn, 24 septembre 1809.

    « Vous recevrez le décret par lequel j'ai institué l'ordre des Trois-Toisons d'or. Jusqu'à ce que j'aie organisé cet Ordre, mon intention est que vous remplissiez les fonctions de chancelier de la même manière que vous remplissez celles de grand chancelier de la Légion d'honneur. En consé'quence, vous prendrez possession des revenus que nous attacherons à l'ordre des Trois-Toisons d'or. Vous ferez faire les décorations conformément au modèle, et vous ferez enfin pour cet Ordre tout ce que vous faites en votre qualité de grand chancelier de la Légion d'honneur. »

    — Napoléon., D'après la minute. Archives de l'Empire.

    Source
    Correspondance de Napoléon Ier, empereur des Français, vol. 19, Imprimerie impériale, (lire en ligne)
  6. 16210. — À M. Maret, Duc de Bassano,
    Ministre-Secrétaire d'État, à Paris.
    Paris. .

    « Monsieur le Duc de Bassano, mon intention est que le rapport sur les comptes de la Légion d'honneur soit imprimé dans le Moniteur avec le budget de 1810. Présentez-moi la nomination d'un conseil qui se tiendra sous la présidence de l'architrésorier pour arrêter tous les comptes de la Légion d'honneur.
    Il se tiendra mercredi prochain, chez l'archichancelier, un conseil de l'ordre des Trois Toisons d'Or. Le grand chancelier, le grand trésorier et le major général seront appelés à ce conseil, qui aura pour objet de me rendre compte de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire pour mettre en activité l'ordre des Trois Toisons d'Or. Dimanche prochain, le grand chancelier me présentera un modèle de la décoration de cet Ordre. Expédiez les lettres d'avis et de convocation nécessaires.
     »

    — Napoléon., D'après l'original. Archives de l'Empire.

    Source
    Correspondance de Napoléon Ier, empereur des Français, vol. 20, H. Plon, (lire en ligne)
  7. « Les huit plus grandes batailles d'Ulm à Wagram » sont :
    1. Ulm ;
    2. Austerlitz ;
    3. Auerstaedt ;
    4. Iéna ;
    5. Eylau ;
    6. Friedland ;
    7. Eckmühl ;
    8. Wagram.
  8. Source :
  9. Étienne Alexandre Bardin, Mémorial de l'officier d'infanterie, vol. 1, Magimel, , 2e éd. (lire en ligne)
  10. COUDRAY Orfèvre Joaillier des Ordres du Roi. Ci-devant vis-à-vis Henri IV. Chargé de la fabrication des Croix des ordres de St.Michel et du St.Esprit, de Saint-Louis, du Mérite militaire, de St.Lazare et autres. Demeure présentement Rue du Roule à la Fabrique des Croix de tous les Ordres du Roi. À Paris. s.d. (vers 1830).
    Source
    « www.galaxidion.com » (consulté le )
  11. « www.france-phaleristique.com », Pendentif définitif de l'Ordre des Trois-Toisons d'Or (consulté le )
  12. A.-L. d'Harmonville, Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques ou les tables de l'histoire : répertoire alphabétique de chronologie universelle..., vol. 2, A. Levasseur, (lire en ligne)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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