Olivia (film, 1951)

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Olivia

Réalisation Jacqueline Audry
Scénario Colette Audry
Acteurs principaux
Sociétés de production Memnon Films
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
Durée 95 minutes
Sortie 1951

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Olivia est un film français sorti en 1951 et l’un des premiers films, en France, à décrire ouvertement des relations lesbiennes. Sa réalisatrice, Jacqueline Audry, est également l’une des premières et rares femmes, en France, à tourner des longs-métrages.

Le scénario du film est inspiré par le roman éponyme de Dorothy Bussy, publié en Grande-Bretagne en 1949[1],[2], qui connut un grand succès. Jacqueline Audry en acheta les droits avec l'aide de Jean Paris qui souhaitait un rôle pour Marie-Claire Olivia.

À la sortie du film, le matériel promotionnel[3] indiquait : « Le film de la Féminité ! ». En effet, Olivia est un film réalisé par une femme, adapté par une femme d'un roman écrit par une femme, joué quasiment exclusivement par des femmes. Il est à noter que Jacqueline Audry a souvent adapté des œuvres littéraires et, en particulier, des auteurs féminins : La Comtesse de Ségur (Les Malheurs de Sophie ), Colette (Gigi, Minne, l'ingénue libertine et Mitsou), Dorothy Bussy (Olivia) et Colette Audry (Fruits amers adapté de la pièce de théâtre Soledad).

Le matériel promotionnel indiquait également : « Rien de comparable depuis Jeunes filles en uniforme ! ». Olivia s’inscrit donc explicitement dans le sous-genre du film de pensionnat.

Épigraphe modifier

L’Amour a toujours été la grande affaire de ma vie…

Que les Dieux m’accordent la grâce de ne pas avoir profané un pur, un adorable souvenir.

Olivia

Synopsis modifier

Mademoiselle Julie, directrice d'une institution près de Fontainebleau, reçoit notamment des élèves anglaises. Nouvelle venue, Olivia bouleverse le cœur de Julie et vit un grand amour platonique. Cara, l'amie de Julie, va tomber sous l'emprise intéressée de Frau Riesner.

Fiche technique modifier

Distribution modifier

Le personnel du pensionnat :

  • Edwige Feuillère : Mlle Julie, codirectrice de la pension, professeure de littérature
  • Simone Simon : Mademoiselle Cara, codirectrice, professeure, compagne de Mlle Julie
  • Lesly Meynard : Frau Riesener, professeure d'allemand et de piano, amie intéressée de Mlle Cara
  • Rita Rethys (créditée Rita Roanda) : Mlle Palleto dite Signorina, professeure d'italien
  • Suzanne Dehelly : Mademoiselle Dubois, professeure d’arithmétique à l'appétit insatiable
  • Yvonne de Bray : Victoire, cuisinière perspicace du pensionnat

Les élèves :

  • Marie-Claire Olivia (créditée Claire Olivia) : Olivia Realey, nouvelle élève, amoureuse de Mlle Julie
  • Marina de Berg : Mimi, pensionnaire qui fait une démonstration de danse dans le hall du pensionnat
  • Tania Soucault : Georgie
  • Nadine Olivier : Cécile, coquette pensionnaire étasunienne
  • Ludmila Hols (créditée Ludmilia Hols) : Olga, pensionnaire russe
  • Michèle Monty : Nina
  • Sophie Mallet : Gertrude
  • Violette Verdy : une pensionnaire
  • Lisette Lebon : une pensionnaire
  • Hélène Rémy : une pensionnaire
  • Marcelle Arditti : une pensionnaire
  • Catherine Albat : une pensionnaire
  • Martine Bridoux : une pensionnaire
  • Suzy Dumas : une pensionnaire
  • Éliane Salmon : une pensionnaire
  • Evelyne Salmon : une pensionnaire
  • Jacqueline Sibere : une pensionnaire
  • Patricia Solair : une pensionnaire

Les anciennes élèves :

  • Danièle Delorme : Béatrice, ancienne élève rencontrée au salon de thé
  • Philippe Noiret (non crédité) : le soupirant de Béatrice
  • Elly Norden : Laura Thomson, fille d'un ministre anglais, ancienne élève de la pension qui revient y séjourner, élève « préférée » de Mlle Julie et détestée de Mlle Cara

Les enquêteurs :

Autre :

  • Fernand Fabre (non crédité) : l’un des notaires venus pour la signature de l’acte de séparation

Rôles indéterminés :

  • Christine Tsingos :
  • Elly Overzier :
  • Renée Coriou :
  • Renée France :
  • Joselyne Saturnin :
  • Chantal Schoenlaub :

Lieux de tournage modifier

Musique du film modifier

Valse-thème du film Olivia (René Rouzaud) chantée par André Claveau accompagné par André Grassi et son orchestre, éditions Choudens - disque Polydor n°560-319

Œuvres mentionnées dans Olivia modifier

Sculpture modifier

Dans la voiture qui amène Olivia au pensionnat, la cuisinière s’enorgueillit de s’appeler Victoire comme la Victoire de Samothrace dont la réplique se trouve dans le bureau de Mlle Julie.

Peinture modifier

Mlle Julie emmène Olivia au Musée du Louvre et lui montre la toile en disant : « Il n’y a rien de solide, de charnel… Simple jeu de lumières et de couleurs. Watteau était malade ! ».

Littérature modifier

À l’étude des grands, Olivia prend le roman de Madame de La Fayette.

Olivia rend à sa camarade Laura, le recueil des poèmes de Shelley qu’elle lui a emprunté.

Le sujet de dissertation de Mlle Julie :

Mlle Julie donne à ses élèves un sujet de dissertation qui porte sur cette pièce de théâtre : « Chimène vous paraît-elle une fille dénaturée comme le décréta l’Académie, dans ses sentiments pour le Cid ? »

Dans sa dissertation, l’une des élèves, Olga, compare Chimène à Anna Karénine. Lorsque Mlle Julie lui rend sa copie, elle lui dit : « Chimène ne ressemble pas à cette Anna Karénine dont vous me parlez tant. »

Les lectures du soir de Mlle Julie :

Olivia, très impressionnée par la lecture de Mlle Julie, se plonge dans ce recueil, ce qui donne lieu à la lecture d’un autre extrait, celle du sixième quatrain.

Mlle Julie a annoncé son départ pour le Canada et lit cet extrait de Bérénice à ses élèves en guise d’adieu.

Devant la dépouille de Mlle Cara :

Au moment où elle perd la femme qu’elle aime, Mlle Julie ne cite plus les auteurs classiques mais la Bible.

Autour du film modifier

  • Les Avons, le pensionnat qui se situe près de Fontainebleau où séjourne le personnage d’Olivia, est inspiré du pensionnat des Ruches, qui se trouvait, lui aussi, près de Fontainebleau puis a déménagé pour Avon. Les personnages de Julie et Cara sont inspirés des directrices des Ruches, la pédagogue Marie Souvestre et sa compagne Caroline Dussault.
  • Mlle Julie est une amie de la mère d’Olivia, qu’elle a rencontré en Suisse il y a longtemps. Lorsqu’Olivia était enfant, Mlle Julie lui a offert un livre, Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur. C’est, sans doute, un clin d’œil au premier long métrage de la réalisatrice, Les Malheurs de Sophie, adapté ce même roman.

Le saphisme dans Olivia modifier

Dans Olivia, Jacqueline Audry aborde sans détour le thème de l'homosexualité féminine, présentant ses personnages sans les juger[4]. Le film est un emblème féministe, qualifié par Brigitte Rollet dans le livre qu'elle consacre en 2015 à Audry de «force de sédition» «contre le pouvoir masculin»[2].

Un des moments emblématiques du film de ce point de vue est une fête de Noël au cours de laquelle les élèves donnent un spectacle. On y voit Tania Soucault travestie en homme danser avec une jeune fille[5].

Un des seuls rôles masculins est interprété par Philippe Noiret, qui campe le rôle d'un jeune amoureux dans un salon de thé.

Accueil critique modifier

Le film fait scandale[6] lors de sa sortie en 1951, il est interdit au moins de seize ans[5] et critiqué[4].

Distinction modifier

Nomination modifier

Copie restaurée modifier

En 2018, le film est numérisé et restauré par Lumières Numériques pour l’image et par L.E. Diapason pour le son, et sort une nouvelle fois en salle[7] en France.

Références modifier

  1. « Critique : Olivia, de Jacqueline Audry », sur critikat.com - le site de critique de films, (consulté le )
  2. a et b Rollet, Brigitte, (19..- ...)., Jacqueline Audry : la femme à la caméra, Presses universitaires de Rennes, dl 2015, 232 p. (ISBN 978-2-7535-3960-0 et 275353960X, OCLC 907311500, lire en ligne)
  3. « Dossier de presse d’Olivia », sur cinematheque.fr, (consulté le )
  4. a et b « Redécouverte d’une œuvre féministe : Olivia, de Jacqueline Audry (1951) », sur Revus & Corrigés, (consulté le )
  5. a et b « «Olivia», drame culotté », sur Libération.fr, (consulté le )
  6. Camille Nevers, « Jacqueline Audry, bandes de filles », sur Libération.fr, (consulté le )
  7. « "Olivia" : femmes entre elles », sur L'Obs (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-Pierre Darre, L'Écran français, no 305, , p. 8
  • Film raconté par Jacques Fillier, « Olivia», Le Film completno 278, Paris, Société Parisienne d’Edition, , p. 1,3-7, 8-14
  • Raymond Chirat, « Olivia», Catalogue des films français de long métrage. Films de fiction 1940-1950, Editions Imprimerie Saint-Paul, Luxembourg (ville), 1981, article no 553
  • Raymond Chirat, « Olivia », La Saison cinématographique 1950/1951 (La Revue du cinéma hors série - XXXII), U.F.O.L.E.I.S, Paris, , 216 p., p. 130, (ISSN 0019-2635)
  • Daniel Collin, « Olivia », Guide des Films F-O (sous la direction de Jean Tulard), Éditions Robert Laffont (collection Bouquins), Paris, 2005, 2399 p., p.2354, (ISBN 9782221104521)
  • Brigitte Rollet, Jacqueline Audry, la femme à la caméra, Presses universitaires de Rennes, 2015, (ISBN 978-2753539600)

Liens externes modifier