Oles Bouzina

journaliste ukrainien
Oles Bouzina
Oles Bouzina en 2008.
Fonction
Rédacteur en chef
Biographie
Naissance
Décès
(à 45 ans)
Kiev (Ukraine)
Sépulture
Cimetière de Berkovets (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Олесь БузинаVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
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Autres informations
Parti politique
Russian Bloc (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genres artistiques
Site web
Vue de la sépulture.

Oles Alexeïevitch Bouzina (en russe : Оле́сь Алексе́евич Бузина́ ; en ukrainien : Оле́сь Олексі́йович Бузина́), né le à Kiev (URSS) et mort assassiné le à Kiev (Ukraine), est un journaliste et essayiste ukrainien.

Biographie modifier

Jeunesse et famille modifier

Il naît à l'époque de l'Union soviétique dans une famille ukrainienne russophone. Selon ses dires, ses parents descendent de paysans et de cosaques[1]. Son père, Alexeï Grigorievitch Bouzina, est officier au département no 5 du KGB. L'arrière-grand-père d'Oles Bouzina a servi comme officier dans l'armée impériale pendant la Première Guerre mondiale. Il est condamné pendant la période de dékoulakisation et de collectivisation des années 1930 à la détention dans un camp du goulag, créé pour la construction du canal Mer Blanche-Baltique, décidé par Staline[2].

Études et débuts en tant que journaliste modifier

Oles Bouzina réalise ses études secondaires à Kiev à l'école spécialisée Chevtchenko no 82. Comme la majorité des Ukrainiens, il est bilingue, ukrainophone et russophone.

Il achève en 1992 ses études à la faculté de philologie de l'université de Kiev, dans la filière de préparation au métier d'enseignant de langue et de littérature russes. Cependant, il n'enseigne jamais par la suite. Il commence rapidement à travailler dans diverses maisons d'édition de presse de Kiev, par exemple aux Kievskie vedomosti (1993-2005), au journal 2000 et dans les revues L'Ami du lecteur (« Друг читателя »), Leader (« Лидер »), le magazine féminin Nathalie (« Натали »), Ego (« Эго »), « XXL », etc.[réf. nécessaire]

À partir de 2007, il est chroniqueur et ouvre un blog[3] pour le journal ukrainien russophone Segodnia (« Сегодня » ; en français : « Aujourd'hui »), financé par l'oligarque ukrainien Rinat Akhmetov.

Son livre sur l'artiste ukrainien Taras Chevtchenko, paraît en 2000 et qui se moque de la figure de la littérature ukrainienne, est attaqué en justice par l'Union nationale des écrivains ukrainiens. Il se décrit lui-même comme « Chevtchenkophobe »[4].

Il présente l'émission Teen-Liga sur la chaîne ukrainienne Inter (« Интер » ou « Інтер ») d' à sa mort en , ainsi que des émissions de jeux télévisés comme Brain-ring « брейн-ринг ». Il apparaît à partir de 2011 dans l'émission dérivée de Bachelor (« Холостяк. Как выйти замуж? », « Comment épouser un célibataire ? ») aux côtés d'Anfissa Tchekhova.

Il intervient également régulièrement, à partir de 2014, dans les médias russes[4].

Carrière politique modifier

Il est candidat aux élections législatives de 2012 en Ukraine, en tant que représentant du parti prorusse ultraminoritaire « Bloc russe », à la circonscription no 223 de Kiev. Il ne remporte, malgré sa notoriété, que la quatrième place avec 8,22 % des suffrages[5],[6]. Il ne recueille plus que 3,11 % des suffrages aux élections de 2013.

Il s'oppose à la révolution orange de 2004, qualifiant régulièrement le président Viktor Iouchtchenko de « néonazi ».

À partir de 2015, Bouzina est rédacteur-en-chef de Segodnia. Mais il démissionne en comme marque d'opposition à ce qu'il considère comme une « censure »[4],[7].

Oles Bouzina considère que les Russes, Ukrainiens et Biélorusses forment « un seul et unique peuple. »[8].

Il accusait les Ukrainiens de l'Ouest de « vouloir détruire la culture russe », le russe n'étant plus langue d'enseignement à l'université et largement remplacé par l'ukrainien dans l'enseignement secondaire, sauf dans l'enseignement technique[9].

Mort modifier

Il est victime d'une fusillade le dans le centre-ville de Kiev, près de son domicile, dans le quartier de la rue Degtariov au no 58. Les tirs selon les témoins ont été effectués à partir d'une Ford Focus de couleur bleu foncé[10],[11] et l'atteignent dans le dos[12].

Petro Porochenko déclare, quelques heures après l'annonce de la mort du journaliste, qu'il s'agit d'une « provocation évidente », à l'instar de l'assassinat du journaliste ukrainien russophone Sergueï Soukhobok trois semaines auparavant[13] et l'assassinat par balles, la veille, d'un ancien député ukrainien du Parti des régions, Oleg Kalachnikov, opposé au mouvement d'Euromaïdan[8] : « ces crimes ne profitent qu'à nos ennemis, à ceux qui veulent déstabiliser la situation intérieure en Ukraine et jeter le discrédit sur le choix du peuple ukrainien ». Deux jours avant leur mort, les adresses privées de Bouzina et Kalachnikov avaient été révélées aux public sur le site Myrotvorets, site d'informations créé en soutien du gouvernement ukrainien actuel et afin d'« identifier » les opposants qualifiés de « séparatistes » et de « terroristes »[14].

Vladimir Poutine exprime ses condoléances à la famille et aux proches pendant son émission en direct à la télévision, ce même jour[15]. Il qualifie de « politiques » les motivations de ce meurtre[16].

L'assassinat est revendiqué par le groupe « Armée des insurgés ukrainiens », un groupe reprenant le nom d'une organisation fasciste et collaborationniste de la Seconde Guerre mondiale, créée par Roman Choukhevytch[17].

L'inhumation de Bouzina donne lieu à une manifestation antigouvernementale[réf. nécessaire].

Vie personnelle modifier

Avant sa mort, Oles Bouzina est marié et père d'une fille.

Publications modifier

Oles Bouzina est l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion et d'histoire, notamment des liens de son pays avec la Russie :

  • « Вурдалак Тарас Шевченко » (2000), [Taras Chevtchenko, la goule]
  • «Тайная история Украины-Руси» (2005), [L'Histoire secrète de l'Ukraine et de l'Ancienne Russie]
  • «Верните женщинам гаремы» (2008), [Rendez aux femmes les harems]
  • «Революция на болоте» (2010), [Révolution dans le marais]
  • «Воскрешение Малороссии» (2012) [La Résurrection de la Petite Russie ]
  • «Союз плуга и трезуба. Как придумали Украину» (2013) [L'Union de la charrue et du trident. Comment a-t-on inventé l'Ukraine]
  • «Докиевская Русь» (2014) [L'Ancienne Russie d'avant Kiev]

Notes et références modifier

  1. (ru) « О.Бузина: «Если Богу будет угодно, то без крови разбежимся. Если нет - будем жить дальше в коммунальной квартире» », sur From-UA (consulté le )
  2. (ru) « Истории от Олеся Бузины. Голодомор от 1933-го до 2009-го », sur ukraine.segodnya.ua,‎ (consulté le )
  3. (uk) « Новини. Останні новини 2023 сьогодні. Новини дня онлайн | СЕГОДНЯ », sur www.segodnya.ua,‎ (consulté le )
  4. a b et c « Ukraine: un journaliste et un ex-député prorusses tués par balles », sur L'Express, (consulté le )
  5. (ru) « Центральная избирательная комиссия зарегистрировала кандидатов в народные депутаты от «Русского блока» », Сайт партии «Русский блок» (consulté le )
  6. (uk) « Центральна виборча комісія України - WWW відображення ІАС "Вибори народних депутатів України 2012" » [archive du ], ЦИК Украины (consulté le )
  7. (ru) Да, я написал заявлени об увольнении
  8. a et b « Une vague de morts politiques intrigue l'Ukraine », sur LEFIGARO, (consulté le )
  9. « Ukraine : deux personnalités pro-russes tuées par balle à Kiev en 24 heures », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  10. (ru) Le fameux journaliste Oles Bouzina est assassiné à Kiev // Газета.ру, 16 avril 2015
  11. (ru) « Убит журналист Олесь Бузина », sur www.unian.net (consulté le )
  12. (ru) Gazeta.ru, article du 16 avril 2015
  13. (ru) « Je suis Бузина… », sur From-UA (consulté le )
  14. Vincent Coquaz, « Qu’est-ce que la plateforme Myrotvorets, présentée comme la «liste des personnes à abattre» des autorités ukrainiennes ? », sur Libération (consulté le )
  15. (ru) « Прямая линия с Владимиром Путиным », sur Президент России,‎ (consulté le )
  16. (de) tagesschau.de, « Internationale Nachrichten aus aller Welt », sur tagesschau.de (consulté le )
  17. Sandrine Delorme, « "L'Armée des insurgés ukrainiens" revendique la mort de Bouzina et Kalachnikov », sur euronews, (consulté le )

Liens externes modifier