Le Nouvel An malgache (traduit littéralement en malgache par Taombaovao Malagasy) est une fête nationale et populaire en voie de résurgence depuis le début des années 1990. Cette fête a été célébrée en cachette par de nombreux malgaches, à la suite de son abolition officielle par l'autorité coloniale française en 1897, qui l'a jugée d'être une institution ancestrale entretenant dans le cœur, mais aussi dans l'esprit des Malgaches, des valeurs culturelles malgaches telles que l'attachement aux terres ancestrales, la conception malgache de l'univers ainsi que la solidarité malgache.

La bénédiction.
Zébu offert par le peuple.
Zébus.
La danse d'ouverture "Afindrafindrao".

Détermination de la date du Nouvel An malgache modifier

Le calendrier malgache est lunaire, une année malgache comporte treize mois lunaires de 28 jours. Un mois lunaire débute par une première lune. Jusqu'en 1810, chaque région de Madagascar a son propre calendrier. Toutefois, une uniformisation du calendrier malgache s'est opérée sous l'égide du Royaume de Madagascar (1810 - 1896). De 1810 à 1881, le nouvel an du Royaume de Madagascar débute par le premier jour du mois d'Alahamady, soit la première lune du mois. Ce mois correspond à la fin de la saison de pluie et à la période de récolte de riz, l'aliment de base des Malgaches. Par rapport au calendrier grégorien, le " fararano" et naturellement le mois d'Alahamady se situent entre mars et avril. Avec le " fararano ", les Malgache se félicitent d’être sortis victorieux des vents violents, des pluies torrentielles, des glissements de terrains, des feux dévastateurs mais aussi de la période de " Maintso ahitra" (sous-dure ou famine). Ainsi, le mois d'Alahamady est naturellement propice à des événements de nature à la fois festive, religieuse et politique. En effet, le mois d'Alahamady qui représente aussi le destin Alahamady est le symbole de la puissance, du pouvoir royal et de la richesse. Ce fait est illustré par la célèbre formule du grand roi Andrianampoinimerina (1787-1810) selon laquelle, "Je n'ai pas d'ennemi à part la famine". Ce souverain à l'origine de l'unification de Madagascar porte le destin alahamady du fait qu'il est né durant le premier jour du mois d'Alahamady. Sa formule traduit symboliquement la victoire du destin alahamady mais aussi du mois d'Alahamady sur la période du "maintso ahitra".

La cérémonie du Nouvel An malgache a lieu durant le premier jour du mois d'Alahamady. Par rapport au calendrier grégorien, ce premier jour du Nouvel An malgache correspond à la première lune la plus proche du jour d'équinoxe du 21 mars. Pourtant, pour des raisons pratiques, certains organisateurs ont l’habitude de choisir le weekend qui suit le jour de la première lune d'Alahamady pour la célébrer.

Pour l'année 2015, la première lune la plus proche de l’équinoxe du aura lieu le à 12 h 36 min. Mais comme Malgaches considèrent que la journée commence le matin, le premier jour de l’an sera donc le .

Appellation de la célébration modifier

Historiquement, l’appellation du nouvel an n'a cessé d'évoluer depuis des siècles à Madagascar. Avant l'unification politique de la Grande Ile par Radama I (1810-1828), chaque région de Madagascar a sa propre dénomination. En Imerina, du Roi Ralambo (1575-1610) au Roi Andrianampoinimerina (1787-1810), elle est connue sous le nom d'« Alahamadibe » (le grand jour d'Alahamady) en ce que la célébration se tient tous les ans durant la première lune du mois d'Alahamady. À l’arrivée de la religion chrétienne en 1810, les rois de Madagascar qui se sont convertis au christianisme ne voulaient plus utiliser le nom « Alahamadibe » mais « Fandroana » (bain royal). En effet, l'Alahamadibe est associée par les Malgaches christianisés à des pratiques païennes telles que l'orgie collective et les cultes des morts. Sous le règne de la Reine Ranavalona III (1881-1896), le nouvel an se fêtait non plus le premier jour du mois d'Alahamady mais le 22 novembre, la date d'anniversaire de ce souverain. Cette date se situe durant la saison du Asara, aussi le terme "« Asaramanitra » fut utilisé pour dénommer le nouvel an du Royaume. Pendant et après la colonisation française, le terme "Asaramanitra" fut utilisé indistinctement lors de la célébration respectivement du (fête nationale française), du (premier jour du nouvel an grégorien) ainsi que du (célébration de l'indépendance de Madagascar)

Pour marquer la différence avec les diverses appellations avant et pendant la colonisation, "Taombaovao Malagasy" a été adoptée d'un commun accord par le Trano Koltoraly Malagasy et l'Académie Nationale Malgache pour designer le "Nouvel An malgache". Ce dernier n’a rien à voir avec l’« Alahamadibe », le « Fandroana » et l’« Asaramanitra » lesquelles se rattachent aux traditions anciennes des royaumes merina.

Valeurs cachées modifier

Le Taombaovao Malagasy est une fête traditionnelle séculaire permettant de véhiculer et d'entretenir les 07 fondements de la philosophie malgache, à savoir : la foi en zanahary (le Dieu créateur), la valeur du Aina (la vie), le fahamasinana (le sens du sacré), le fihavanana (la solidarité et entre-aide), le fahamarinana (le sens de l'équité et de la justice), le fahasoavana (le bonheur) ainsi que l'attachement aux héritages ancestraux.

Premièrement, la célébration du Nouvel An malgache diffère de celle du 1er janvier. Les ancêtres malgaches accordaient de l’importance à la purification du cœur, de l’esprit et de l’environnement pour le retour aux valeurs, pour se réconcilier, pour renforcer le « fihavanana » (valeur ancestrale qui constitue le cœur de l’entraide et de la solidarité au sein de la population malgache).

Par ailleurs, la célébration du Nouvel An malgache constitue une opportunité pour améliorer l’économie malgache grâce au développement de l’artisanat et du tourisme.

Et enfin, plusieurs pays (les occidentaux, les chinois, les arabes, les pays musulmans…) ont su garder leur propre nouvel an. La célébration du Nouvel An malgache a été supprimé par la France en 1896. Le fait de célébrer à nouveau le Nouvel An malgache officiel prouverait que Madagascar jouit de sa pleine souveraineté et s'est renoué avec son âme qu'est son histoire et sa coutume.

Mode de célébration du "Taombaovao Malagasy" ou Nouvel An malgache de nos jours modifier

Le Nouvel An malgache n'est ni une fête réservée à la famille royale ni celle d'une ethnie. Ceci est une fête nationale et populaire qui ne verse point dans une quelconque discrimination. Comme le « Taombaovao Malagasy » ne veut pas qu’on distingue la religion, l’origine ou la race, le Trano Koltoraly Malagasy (Centre Culturel Malgache) n’associe aucune pratique religieuse à la célébration du Nouvel An malgache. Le Trano Koltoraly Malagasy a donc supprimé tout ce qui concerne les pratiques religieuses notamment les cultes des « sampy » (idoles), les sacrifices d’animaux, les cultes des tombeaux. L’allumage des « afo tsy maty » (feux éternels), le port des « harendrina » (lampions), les « tsodrano » (bénédictions) sont gardés et peuvent changer d’une région à une autre.

Par ailleurs, pour le Trano Koltoraly Malagasy, il n’a jamais été question d'imposer la célébration du Nouvel An malgache selon les rituels d'un groupe ethnique ou d'un village ou d'une famille de notoriété en ce que de par son appellation, le Taombaovao Malagasy est la fête de tous les Malgaches sans distinction d'origine, d'ascendance, de sexe ainsi que de religion. L’organisation de l’événement est libre et dépend des organisateurs et des régions. On encourage même l’adoption des couleurs de chaque région, de chaque ethnie pour la célébration du nouvel an dans tout Madagascar. Par ailleurs, chaque groupe religieux peut célébrer selon leurs pratiques. Les artistes et tout secteur d’activités peuvent également célébrer comme ils le souhaitent: par exemple, le , un groupe de danseurs de notoriété vont faire des représentations au-devant de Tahala Rarihasana. Des restaurants organisent des repas festifs le à l'Espace Jeanni. Les élèves de « Kabary » (art du discours) de la Fjkm Ambohidrabiby font également des représentations lors du Nouvel An malgache. Les descendants d’Ambohidrabiby organisent un culte œcuménique à la Fjkm Ambohidrabiby le dimanche à partir de 14heures. L’association Mamelomaso, par exemple, suit la tradition royale merina pour la célébration du Nouvel An malgache. Des écoles célèbrent également ce jour au sein de leur établissement respectif. Les descendants des familles royales célèbrent selon leurs propres rituels.

Notons aussi que les rituels ont changé tout au long des siècles. Par exemple, avant l’avènement de la religion chrétienne, les festivités comportaient des cultes des morts et des pratiques païennes. Depuis le règne de Radama II (1861-1863) jusqu’à la fin des royaumes malgaches (1896), le « Fandroana » (bain sacré) et l’« Asaramanitra » (grande fête) étaient célébrés selon les pratiques chrétiennes.

Mode de célébration Nouvel An sous la royauté merina (1575 à 1810) et le Royaume de Madagascar (1810-1896) modifier

Avant l'unification de la Grande Ile par le royaume merina vers la fin du XVIIIe siècle, chaque région de Madagascar a son calendrier et sa façon à elle de célébrer son nouvel an.

Particulièrement pour l'Imerina, une région des Hautes Terres centrales de Madagascar de laquelle partait un mouvement d'unification politique de la Grande Ile sous le Royaume de Madagascar (1810-1896), c'est le Roi Ralambo (1575-1610) qui a inventé la célébration officielle du nouvel an, dans le but de renouveler son hasina (sacralité et pureté) et ce, le jour de son anniversaire qu'est le premier jour du mois d'alahamady qui n'est autre que la première lune du mois d'Alahamady. Ainsi, la première célébration du nouvel an merina s'est déroulée officiellement en 1575 apr. J.-C. sur la colline sacrée d'Ambohidrabiby le "Hasin'Imerina". Depuis, à chaque célébration du nouvel an et pour rendre hommage au roi Ralambo, le village royal d'Ambohidrabiby a droit à quelques privilèges qui le mettaient au-dessus des autres collines sacrées. Ainsi, c'est Ambohidrabiby qui a la primauté d'allumer le « afo tsy maty » (le feu éternel) avant tous les autres collines et villages du royaume. Ensuite, les « Tendrombohitra 12 masina » (douze collines sacrées) du royaume ont le droit d'abattre des "omby volavita" (zébus royaux) durant la célébration du nouvel an. Ces douze collines sacrées de l'Imerina sont Ambohidrabiby, Antananarivo, Ambohimanga, Imerimanjaka, Alasora, Namehana, Antsahadinta, Ikaloy, Ampandrana, Ambohitrontsy, Imerimandroso, Ilafy. Les autres villages nobiliaires n'ont droit qu'à des "omby malaza". À ce propos, ce sont les omby volavita d'Ambohidrabiby qui sont abattus en premier dont les " trafonkena" (bosse de zébu) sont offerts au souverain à titre de présents. Les autres collines sacrées sont privées de ce privilège. Enfin, à l'issue de leur bain sacré censé régénérer leur "hasina" (sacralité et pureté) ainsi que celui de l'univers, les rois merina se vêtent d'une étoffe pourpre neuve en soie tissée par les Andriandoriamanjaka d'Ambohidrabiby. Ainsi, tous les rites de la célébration du nouvel an traditionnel merina sont liés à la colline sacrée d'Ambohidrabiby ainsi qu'à Ralambo. Ce souverain fondateur du royaume merina y a associé divers rites devenus séculaires autour de la célébration du nouvel an merina et de celui du royaume de Madagascar. Ce sont le bain royal, le tatao, le saforano, le nofokena mitampihavanana et le zara-hasina.

Le bain sacré ou fandroana modifier

La célébration s’ouvre par un Fandroana ou « bain sacré ». Ce rituel a toujours lieu la veille du premier jour du nouvel an. Le Souverain ainsi que ses sujets se baignent.Le bain du roi est sacré et a pour but de purifier la personne du roi et par la même occasion de purifier aussi l'univers. Le roi même prend son bain au coin des ancêtres qui n'est autre que le coin nord-est de l'intérieur du palais royal, coin dénommé aussi " zoro firarazana " (coin des ancêtres) ou encore "zoro alahamady" (coin d'alahamady).

Le afo tsy maty (feu étérnel) et le "andro tsy maty" (nuit blanche) modifier

Durant l'après-midi du jour qui précède le jour du nouvel an, tout le monde, assiste à la cérémonie du feu éternel ou afo tsy maty" suivi du "harendrina" ou lampions. Ce sont les enfants et les femmes qui sont chargés de faire 7 fois le tour de leur village avec leurs lampions et ce, pour chasser les mauvais sorts et les mauvais esprits. La lumière émanant de la bougie représente la vie et la chaleur ainsi que le bonheur. Durant la nuit, les Malgaches pratiquent le "andro tsy maty", une sorte de veille nocturne pour veiller à ce que le "afo tsy maty" (feu éternel) ne s'éteint pas jusqu'à la levée du soleil du jour du nouvel an. Durant la nuit, jadis, les anciens pratiquaient l'orgie collective sans qu'il y ait distinction de parenté et de statut social ainsi que de lien matrimonial.

Le santatra modifier

Au matin du nouvel an, les malgaches se vêtent d'habits neufs. Les nattes utilisées dans les foyers sont changées par des neuves.

Le safo-rano misandratr’andro modifier

La célébration du nouvel an débute par le safo rano misandratr’andro, c’est le moment du tso-drano ou bénédiction. Ce rituel se traduit par la bénédiction des parents à tous les membres de la grande famille présents à la fête. L’eau pure que l’on a puisée vao mangiran-dratsy très tôt le matin est chauffée dans une cruche en argile, cette eau chaude est posée dans la maison du roi, tous les assistants plongent leurs mains dedans, ils les mettent ensuite sur leur tête en prononçant des vœux pour le nouvel an (des vœux de bonheur et de prospérité). Mais ces vœux là sont surtout adressés à Dieu ou Andriamanaitra Andriananahary

Le tatao modifier

Après, les assistants passent au t'atao il s'agit pour tous les assistants de mettre sur leur tête le riz arrosé de lait et de miel : cette pratique est faite surtout pour se protéger de la mort et pour souhaiter une vie plus agréable tout au long de la nouvelle année. Ce riz arrosé du lait et du miel constitue le repas qui est un véritable partage de bonheur et de joie.

Le nofo-kena mitam-pihavanana modifier

Le « nofon-kena mitam-pihavanana » concrétisant par des présents la valeur du Fihavanana est à ne pas négliger. Marqué par le partage de viande, ce rituel met en évidence l’union et la solidarité de tous les Malgaches. En effet, plusieurs zébus sont tués ce grand jour, selon la tradition malgache, qui se base sur le respect de la hiérarchie, il faut commencer par tuer les zébus offerts par la famille très proche du souverain, ces zébus sont de couleur rouge et blanche et on les appelle omby volavita. Et c’est après que l’on peut tuer ce que le peuple donne pour ce grand partage de viande

Le zara-hasina modifier

Ce grand événement est également est une occasion pour faire des offrandes, il s’agit surtout des épis de riz, ce rituel est un moyen d’éradiquer la famine étant considéré comme l’ennemi du peuple Ces offrandes sont des signes de gratitude envers les ancêtres, qui d’après la tradition et la croyance des Malgaches, travaillent sans cesse pour bénir leurs descendants. Le culte aux ancêtres est un rituel très important que le peuple n’oublie jamais dans tous les événements marquant de leur vie.

Ambiance et animation modifier

Ce grand événement culturel malgache est animé par le Hira gasy et le Vako-drazana et se termine. Pendant des jours encore après le premier jour du nouvel an, les Malgaches se rendent visitent.

Notes et références modifier

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