No pasarán

phrase prononcée par les partisans de la Seconde République espagnole

¡No pasarán!, signifiant « Ils ne passeront pas ! » en espagnol, a été prononcée par les partisans de la Seconde République espagnole (1936-1939) en lutte contre les rebelles nationalistes commandés par le général Franco, dont le soulèvement des 17 et 18 juillet 1936 déclenche la guerre civile espagnole. Le peintre Ramón Puyol Román l'utilise dans ses affiches[1].

Pancarte républicaine utilisant le slogan « ¡No pasarán! » pendant la bataille de Madrid.
Affiche de Ramón Puyol Román durant la guerre d'Espagne.

Ce slogan politique reste associé à Dolores Ibárruri par la vigueur avec laquelle celle-ci le proclama dès le premier jour de la lutte dans un discours radio-diffusé, puis dans Madrid assiégée quelques mois plus tard, période durant laquelle il devient le cri de ralliement des républicains espagnols[2].

Devenu le symbole de la résistance antifasciste, « ¡No pasarán! » est ensuite repris dans de multiples contextes.

Étymologie modifier

La phrase serait une reprise du slogan politique lancé par le général Robert Nivelle pendant l'offensive allemande sur Verdun, en 1916 (« Ils ne passeront pas ! »)[3].

Jordi Cuixart a rappelé lors de son procès, en 2019, que c’était la traduction d’un poème en catalan d’Apel·les Mestres, protestant contre l’invasion de la Belgique, pays neutre, en 1914[4]. Ce poème était populaire parmi les engagés volontaires catalans dans l’armée française lors du premier conflit mondial.

Des soldats franquistes, victorieux, entrant dans Madrid assiégée tout à la fin de la guerre d'Espagne, crièrent en réponse : « ¡Ya hemos pasado! » (« Nous sommes passés ! »).

Réutilisations modifier

 
Graffiti « No bassaran » en soutien à la lutte contre les méga-bassines, sur un mur du centre-ville de Nantes en mars 2023.

En France, Le Réseau No Pasaran, organisation antifasciste libertaire, s'inspire de cette phrase.

En 2011, la récupération du cri de résistance « ¡No pasarán ! » fut l’expression de la détermination des Indignés en Espagne de continuer à occuper l’espace public en dépit des tentatives policières pour les expulser et déloger les campements, dont les médias se firent rapidement écho.[réf. nécessaire]

En 2012, lors du procès du groupe de musique Pussy Riot en Russie, l'une des accusées portait le slogan sur son tee-shirt[5].

En 2022, la candidate à l'élection présidentielle et maire de Paris Anne Hidalgo déclare «¡ No pasarán ! » dans un discours de campagne à Montpellier[6].

L'association Bassines Non Merci, qui lutte contre la multiplication des méga-bassines agricoles en France, a pour slogan une version légèrement modifiée : « No bassaran ! »[7].

Notes et références modifier

  1. (en) « Ramón Puyol - ¡No pasarán! Julio 1936, Julio 1937 ¡Pasaremos! (They Will Not Pass! July 1936, July 1937. We Will Pass!) », sur www.museoreinasofia.es (consulté le )
  2. Madrid 1936-1939, un peuple en résistance ou l'épopée ambiguë, coll. « Autrement / Mémoires », .
  3. (en) Michael Mould, The Routledge Dictionary of Cultural References in Modern French, New York, Routledge, (ISBN 978-0-415-59792-0, lire en ligne), p. 55.
  4. "'No passareu', el poema d'Apel·les Mestres que va inspirar la resistència", El Nacional, 19.7.2017, en ligne.
  5. « Russie. 2 ans de camp pour les Pussy Riot coupables de "hooliganisme" », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  6. « "No Pasaran!": à Perpignan Hidalgo défend une France "juste" et "réunie" », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  7. Nicolas Celnik, « «No bassaran» : dans les Deux-Sèvres, la manif interdite contre un projet de méga bassine marquée par des affrontements », sur Libération (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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