Nicolas-Didier Boguet

peintre et graveur français actif en Italie (1755-1839)
Nicolas-Didier Boguet
Portrait de Boguet par Guillaume Bodinier (1827).
Fonction
Membre correspondant
Institut de France
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
RomeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Nicolas-Didier BoguetVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
DidinoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
Membre de
Mouvement
Genre artistique
Œuvres principales
Vallée du Tibre, campagne romaine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Nicolas-Didier Boguet
Signature de Boguet en 1821.
Monument à Nicolas-Didier Boguet dans le bas-côté de l’église Saint-Louis-des-Français de Rome (1839).

Didier Boguet, né le à Chantilly et mort le à Rome, est un peintre et aquafortiste néoclassique français.

Biographie modifier

Fils du tailleur d’habits Jean-Baptiste Boguet et de Marie-Anne Mongault[1], Boguet dessine, très jeune, les sites des environs de Chantilly, les arbres, la forêt retenant spécialement son attention[2]. Le prince de Condé encourage sa vocation précoce en l’envoyant, à l’âge de 23 ans, à Paris, où il le loge au Palais Bourbon du au [2]. Agréé, sur recommandation d’Augustin Pajou, à l’Académie royale de peinture et de sculpture, il étudie la peinture d’histoire pendant six ans[2].

Cinq ans plus tard, en 1783, son protecteur le confie aux bons soins du cardinal de Bernis, ambassadeur de Louis XVI auprès de Pie VI. Parti pour l’Italie avec l’intention d’y passer six mois, le jeune peintre parcourt Rome et les environs, peignant, dessinant, découvrant les grands maitres dans les églises et les musées. Il commence à se concentrer sur la peinture de paysage et, dès lors, passe ses étés à voyager et à peindre dans la campagne italienne, produisant des centaines de peintures. Il ne songe désormais plus à quitter l’Italie où il vivra jusqu’à sa mort[3].

« Il est aussi intéressant à étudier comme peintre que comme graveur. Dans le premier genre, il fut surtout un paysagiste. Ce n’est pas sans raison qu’on en a fait un disciple de Poussin et du Lorrain. Ses tableaux se font remarquer par un velouté extrême, une grande richesse de coloris, et une réelle noblesse de composition. Il excelle en la peinture des arbres[4]. »

— Bénézit.

Vers la fin du XVIIIe siècle, plusieurs aristocrates européens lui passent des commandes de paysages italiens[n 1]. C’est ainsi qu’il produisit, en 1795, pour le comte-évêque de Bristol, une Vue du lac d’Albano[n 2]. Il envoie de Rome plusieurs tableaux aux Salons de Paris[4]. Il débute en 1800 avec une Vue du Lac de Ménin. Principalement connu pour ses paysages extérieurs, Boguet représente néanmoins également des personnes. On lui doit d’excellents tableaux de batailles, notamment ceux qu’il exécute, sur l’ordre de Napoléon auquel, ayant été présenté en 1796, ce dernier l’a incité à produire des illustrations de ses campagnes dans la péninsule italienne. Un résultat notable de ce travail est la bataille de Castiglione : La bataille de Rivoli et Le Passage du Pô, à Plaisance. Dans ces toiles encore, il se révèle habile paysagiste par le soin spécial apporté dans la peinture du décor. Quelques biographes, notamment Nagler, ont reproché à Boguet d’être trop affecté et d’avoir trop servilement copié Gaspard Poussin[4].

Comme graveur, Boguet s’est surtout consacré à la reproduction à l’eau-forte de ses propres œuvres[4]. Ayant joui, de son vivant, d’une grande réputation, il a laissé quelques estampes assez recherchées des collectionneurs[4]. Élu, le , correspondant de l’Institut de France, il est également membre de l’Académie romaine de Saint-Luc, de l’Académie des Beaux-Arts de Toscane et de la Congrégation des pieux et royaux établissements français à Rome[5]. Ayant exposé aux salons de 1800 à 1836, il obtient, en 1819, une médaille de 2e classe[5].

À Rome, Broguet se lie d’amitié avec le peintre Guillaume Bodinier[6], qui y séjourne de 1822 à 1841. Il a également un ami très proche en la personne de Marius Granet qui séjourne, quant à lui à Rome de 1802 à 1824[7].

À sa mort le à Rome, il est inhumé dans l’église Saint-Louis-des-Français, où son fils unique, Didier, élève, à sa mémoire, un monument sculpté par P. Lemoyne, en 1840[8]. Il avait épousé une Française de Rome, morte en 1805 après six ans de mariage, lui laissant un fils, Nicolas-Didier, né à Rome en 1802, futur élève de son père. Il avait également un frère, Louis, sculpteur, mort à Rome et enterré à Saint-Louis-des-Français, comme lui[9].

Iconographie modifier

Jean-Jacques Feuchère a gravé son buste en marbre, aujourd’hui au musée des beaux-arts d'Angers[10]. Guillaume Bodinier a peint son portrait à l’huile, aujourd’hui dans la collection de l’Accademia di San Luca[11].

Conservation modifier

Les musées d’Aix-en-Provence, Angers, Chantilly, Grenoble, Montpellier et Versailles possèdent certaines de ses œuvres[12].

Œuvres modifier

  • Vue du lac de Nemi, près de Rome, prise au soleil couchant, 1800.
  • Vue de la ville et du port d’Ancône, 1806.
  • Paysages, 1808.
  • La reine Andovare précipitée dans un torrent par ordre de Frédégonde, 1819, musée d’Amiens.
  • Vue du lac d’Albano, musée de Grenoble.
  • Vue du Campo-Vaccino.
  • Vue de Saint Vito, près Subiaco , 1824.
    A appartenu au duc de Blacas.
  • Vue du Tibre, près Rome, 1827.
  • Vue de la villa Aldebrandini, à Frascati, 1827..
  • Vue du champ de bataille de Rivoli, 1836.
  • Le Passage du Pô sous Plaisance par l’armée française, le , musée de Versailles.
  • La Prise d’Ancône, le , galeries de Versailles.
  • Intérieur d’un bois traversé par un chemin, musées d’Aix-en-Provence.
  • Côtes d’Italie.
  • Vue de la Villa Aldobrandini à Frascati.
  • Cascatelles de Tivoli.
  • Vue du lac d’Albano, musée de Grenoble.
  • Trois Paysages, musée de Montpellier.
  • Prise d’Ancône, 1797, musée de Versailles.
  • Combat dans les gorges du Tyrol, 1797 , musée de Versailles.
  • Paysage italien, Ateneum d’Helsinski.

Notes et références modifier

Notes
  1. Elizabeth Cavendish, le comte Gourief, le comte de Bunge, le prince Kinski ou le général Davidof.
  2. Aujourd’hui au musée de Grenoble.
Références
  1. Gustave Macon, Les Arts dans la maison de Condé, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, , 156 p., in-4°, p. 106.
  2. a b et c Gazette des beaux-arts : courrier européen de l’art et de la curiosité, Paris, J. Claye, , 587 p. (OCLC 806831094, lire en ligne), p. 392 et suiv..
  3. Il y sera surnommé « Didino ». Voir Isabelle Néto, Granet et son entourage : correspondance, Nogent-le-Roi, Jacques Laget, , 417 p., 27 cm (ISBN 978-2-85497-051-7, OCLC 489902877, lire en ligne), p. 285.
  4. a b c d et e Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays : par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers, t. 1 A - C, Paris, R. Roger et F. Chernoviz, , XI, 1056 (OCLC 247646161, lire en ligne), p. 638.
  5. a et b Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'école française : depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, t. 1, Paris, Renouard, , 1027 p. (lire en ligne), p. 106.
  6. Revue de l’Anjou, Paris, Cosnier et Lachèse, (lire en ligne).
  7. Isabelle Néto, Granet et son entourage : correspondance, Nogent-le-Roi, Jacques Laget, , 417 p., 27 cm (ISBN 978-2-85497-051-7, OCLC 489902877, lire en ligne), p. 285.
  8. Anatole de Montaiglon, Archives de l’art français : recueil de documents inédits relatifs à l'histoire des arts en France, t. 5, Paris, J.-B. Dumoulin, , 385 p. (lire en ligne), p. 33.
  9. Louis Dussieux, Les Artistes français à l’étranger, Paris, Jacques Lecoffre et Cie, , 3e éd., 643 p., in-8° (lire en ligne sur Gallica), p. 499.
  10. Numéro d’inventaire MBA 301.
  11. (it) Accademia nazionale di San Luca, « Nicolaus Desiderius Boguet », sur accademiasanluca.eu (consulté le ).
  12. (it) Giulia Fusconi, I paesaggi di Nicolas-Didier Boguet e i luoghi tibulliani : dalle collezioni del Gabinetto Nazionale delle Stampe, Rome, De Luca, , 116 p., 21 cm (lire en ligne), p. 33.

Ouvrages cités modifier

Bibliographie modifier

  • Marie-Madeleine Aubrun, « Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) : un émule du Lorrain », Gazette des Beaux-Arts, vol. 83,‎ , p. 319-336.
  • Marie-Madeleine Aubrun, « La Tradition du paysage historique et le paysage naturaliste dans la première moitié du XIXe siècle français », L’Information d’histoire de l’art, no 13,‎ , p. 63-74.
  • Didier Boguet, Essai biographique sur la vie de Nicolas Didier Boguet paysagiste français : suivi d’une notice sur ses principaux ouvrages, Rome, s.n., , 46 p., 16 cm (OCLC 908544612).
  • Luciana Frapiselli, « Nicolas-Didier Boguet e Roma », Strenna dei Romanisti, no 64,‎ , p. 337-346.
  • Giulia Fusconi, « Nicolas-Didier Boguet : « le doyen des peintres français à Rome » », Corot, un artiste et son temps,‎ , p. 499-525.
  • (it) Andreina Fasano, « Granet e Boguet : dialoghi estivi a Frascati », Quaderni delle Scuderie Aldobrandini per l'Arte, no 5,‎ , p. 101-108.
  • (en) Clare Hornsby, Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) : landscapes of suburban Rome, Rome, Artemide Edizioni, , 233 p., 29 x 32 cm (ISBN 978-88-86291-72-9, OCLC 845545895).
  • Patrick Le Nouëne, « L’Amitié entre deux peintres : Nicolas-Didier Boguet et Guillaume Bodinier », La revue des musées de France, vol. 60, no 4,‎ , p. 61-70
  • Paul Marmottan, « Le Paysagiste Nicolas-Didier Boguet (1755-1839) », Gazette des Beaux-Arts,‎ , p. 15-34.

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :