Niau

île française

Niau
Fakaau (mul)
Vue satellite de la NASA
Vue satellite de la NASA
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel Tuamotu
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 16° 10′ 16″ S, 146° 21′ 38″ O
Superficie 20 km2
Point culminant non nommé (7,5 m)
Géologie Atoll
Administration
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
District Tuamotu
Commune Fakarava
Démographie
Population 246 hab. (2017[1])
Densité 12,3 hab./km2
Plus grande ville Tupana
Autres informations
Découverte 1606
Fuseau horaire UTC-10
Géolocalisation sur la carte : îles Tuamotu
(Voir situation sur carte : îles Tuamotu)
Niau
Niau
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Niau
Niau
Atolls en France

Niau, également appelé Fakaau[2], est un atoll situé dans les îles Tuamotu en Polynésie française. L'atoll est une commune associée de la commune de Fakarava. Depuis 1977, Niau fait partie des sept atolls de la commune de Fakarava classés Réserve de biosphère par l’UNESCO[3].

Géographie modifier

Situation modifier

Niau est situé à 29 km au sud-ouest de Toau, l'atoll le plus proche, à 52 km à l'ouest de Fakarava et à 340 km au nord-est de Tahiti. C'est un atoll de forme circulaire avec un diamètre d'environ 8 km présentant une surface de terres émergées de 20 km2 et un lagon de 33 km2, d'une profondeur moyenne de 2 m et maximale de 5 à 6 m[4], dépourvu de passe de communication avec l'océan, entrainant la présence d'une eau saumâtre[5].

Géologie modifier

D'un point de vue géologique, Niau est un atoll résultant de l'excroissance corallienne (de seulement quelques mètres) du sommet du très petit (environ 405 km3) mont volcanique sous-marin homonyme, qui mesure 1 190 mètres depuis le plancher océanique, formé il y a 56,8 à 59,3 millions d'années[6].

C'est un atoll surélevé (le point le plus élevé est à 7,5 mètres au dessus du niveau de la mer vers la pointe nord de l'île), résultant d'un feo c'est-à-dire d'un récif corallien mis à nu et « dolomitisé » par sa mise hors de l'eau lors d'un bombement de la lithosphère survenu il y a 1 à 2 millions d'années[7],[4],[8]. Avec une géologie de type karstique, Niau présente de nombreuses cavités, dolines et grottes dont les plus importantes (Titi Tautau, Vaipoiri, Vaimauri et Fare Marama) se trouvent à proximité de Tupana[9].

Démographie modifier

En 2017, la population totale de Niau est de 246 personnes[1],[10] principalement réparties dans les deux villages que sont Tupana et Ofare rattachés administrativement à la commune de Fakarava ; son évolution est la suivante :

1983 1988 1996 2002 2007 2012 2017
147 163 160 151 171 226 246
Sources ISPF[11] et Gouvernement de la Polynésie française.

Histoire modifier

Découverte par les Européens modifier

La première mention faite par un Européen de l'atoll est due au navigateur espagnol Pedro Fernandes de Queirós qui l'aborde le et le nomme « La Decena[12] ». L'atoll fut redécouvert par le navigateur russe Fabian Gottlieb von Bellingshausen le [13] et l'appelle île Grieg[2]. C'est ensuite son compatriote Otto von Kotzebue qui le visite en , puis le capitaine anglais Ireland qui l'aborde le . Enfin le navigateur français Jules Dumont d'Urville l'accoste le [12].

Période moderne modifier

Au XIXe siècle, Niau devient un territoire français, d'environ 30 habitants, qui développe la production d'huile de coco (de quelques tonneaux par an vers 1860)[14]. L'atoll est alors évangélisé avec la fondation de la paroisse Saint-Jean-de-la-Croix à Fakarava et l'édification de l'église Saint-Thomas-de-Tupana en 1857 à Niau, rattachée au diocèse de Papetee[15]. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, c'est cependant l'église Sanito, membre de la Communauté du Christ discidente du Mormonisme, qui devient la principale confession de l'atoll[16].

En 1977, l'atoll – avec six autres de la commune de Fakarava que sont Aratika, Fakarava, Kauehi, Raraka, Taiaro et Toau – est classé « Réserve de biosphère » par l'UNESCO, classement renouvelé en 2006 et 2017[3],[5].

Flore et faune modifier

Flore modifier

Du fait de ses caractéristiques de feo, la geomorphologie spécifique d'atoll surélevé a permis la croissance d'une végétation bien plus abondante, variée (243 espèces végétales recensées dont 65 autochtones et six endémiques[16]), et vigoureuse que sur les atolls classiques, les espèces pouvant s'ancrer plus profondément dans un sol enrichi en humus et trouver les éléments minéraux et organiques nécessaires à leur croissance.

Faune modifier

Inscrit en Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO), l'atoll de Niau héberge une centaine de Martin-chasseurs des Gambier (Todiramphus gambieri niauensis ; en polynésien koteuteu), espèce en voie d'extinction qui n'est plus présente que dans cet atoll[5], et une population endémique de Rousserolles à long bec (es. Acrocephalus caffer niauensis)[17]. Parmi les autres espèces recensées sur l'atoll, se trouvent l'Aigrette sacrée, la Frégate du Pacifique, le Colombar à front nu (introduit)[16].

Dans son lagon d'eau hyposalée se trouvent deux espèces de poissons : Chanos chanos (ou poisson-lait) anciennement introduit avec le peuplement polynésien et Oreochromis mossambicus, espèce de Tilapia introduite dans les années 1950 ; trois de mollusques : un Lucinidae bivalve, Ctena bella, et deux gastéropodes, Cerithium punctatum et Melanoides tuberculata (introduit) ; et une espèce de crevette Palaemon debilis[4]

Économie modifier

Niau pratique traditionnellement la pêche au filet de poisson-lait dans le lagon[16] et plus récemment la récolte des holothuries, dans la zone centrale du lagon, qui sont exportées vers l'Asie[10]. L'île est également exploitée pour sa production de coprah et d'agrumes divers, envoyés à Tahiti lors des rotations bimensuelles du cargo de ravitaillement[16].

Depuis 2005, l'aérodrome de Niau – qui possède une piste de 1 350 mètres – est desservi par la compagnie locale d'Air Tahiti tous les vendredis matin. Il accueille, en moyenne, environ 130 vols et 3 000 passagers par an, dont la moitié en transit[18].

Notes et références modifier

  1. a et b Recensement de 2017 – Répartition de la population de la Polynésie française par îles, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  2. a et b Names of the Paumotu Islands, with the Old Names So Far As They Are Known par J.L. Young dans The Journal of the Polynesian Society, vol. 8, no 4, décembre 1899, pp. 264-8.
  3. a et b Réserve de biosphère de la commune de Fakarava, MAB France, consulté le 3 mars 2019.
  4. a b et c Jean Tröndlé et Bernard Salvat, La thanatocénose du lagon de l’atoll Niau (Polynésie française) avec la description d’une nouvelle espèce de Strombus (Mollusca, Gastropoda, Strombidae), Zoosystema, 36:613-623, janvier 2011, DOI 10.5252/z2010n4a5.
  5. a b et c Commune de Fakarava, UNESCO, février 2015.
  6. (en) Niau Seamount sur le catalogue Seamount de earthref.org
  7. (en) Pirazzoli P. A. et Montaggioni L. F., « Holocene sea-level changes in French Polynesia », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology (1988), vol. 68, pp. 153-175.
  8. Feo de Niau, www.tahitiheritage.pf, consulté le 14 mars 2020.
  9. Grottes de Niau, www.tahitiheritage.pf, consulté le 14 mars 2020.
  10. a et b Atlas de Polynésie : Niau, Direction des ressources marines du Gouvernement de la Polynésie française, consulté le 1er avril 2019.
  11. Population, naissances et décès entre deux recensements (RP), Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  12. a et b Les Atolls des Tuamotu par Jacques Bonvallot, éditions de l'IRD, 1994, (ISBN 9782709911757), pp. 275-282.
  13. Tahiti et ses archipels par Pierre-Yves Toullelan, éditions Karthala, 1991, (ISBN 2-86537-291-X), p. 61.
  14. Notices sur les colonies françaises, Étienne Avalle, éditions Challamel aîné, Paris, 1866, p. 634.
  15. Paroisse Saint-Jean-de-la-Croix sur le site l'archidiocèse de Papeete.
  16. a b c d et e (it + en) Marco Boaria, Documentaire sur Niau, Youtube, 23 février 2012, 30 min.
  17. (en) Arthur L. Dahl, « Review of the protected areas system in Oceania », IUCN Commission on National Parks and Protected Areas, United Nations Environment Programme, éd. IUCN, 1986, (ISBN 9782880325091), pp. 203-204.
  18. Statistiques de l'aérodrome de Niau, Union des aéroports français, consulté le 28 février 2019.

Liens externes modifier