Ni Dieu ni maître (devise)

devise anarchiste

Ni Dieu ni maître est une devise anarchiste, utilisée dès la fin du XIXe siècle[1]. Elle exprime la volonté de l'individu de ne se soumettre à aucune autorité politique ou divine[2]. En langue française, l'expression n'avoir ni dieu ni maître peut aussi désigner le désir de quelqu'un de vivre sans aucune contrainte.

« Ni Dieu ni maître ni patron ni mari », graffiti féministe en France.
Sépulture contenant la mention "Ni Dieu ni maître".

Historique modifier

L'expression trouve son origine dans le journal homonyme fondé en 1880 par Auguste Blanqui. Selon le chercheur du socialisme Maurice Dommanget, elle aurait été inspirée par une brochure du docteur Étienne Susini (1839-1908, militant socialiste parisien) intitulée Plus de Dieu, plus de maître, qui avait été publiée en 1870[3]. Aussi, selon Dommanget, le « maître » de la formule originale ne s'étend pas à toute forme d’autorité, mais fait référence uniquement au Capital et l’exploitation économique qu’il suppose[3].

Dès les premières décennies de la Troisième République en France, de manière minoritaire, l'inscription « Ni Dieu ni maître » était parfois utilisée pour orner les tombes à caractère républicain ou révolutionnaire[4]. L'expression donne aussi son nom à une chanson de Léo Ferré, qui est dédiée à la dénonciation de la peine de mort. Elle a été aussi reprise dans de nombreuses publications, affiches et chansons du mouvement punk. Dans le mouvement féministe, la mention « ni mari » est parfois ajoutée[5].

Critiques modifier

Dès les débuts de sa popularité, la devise anarchiste a fait aussi objet d'une forte contestation, notamment de la part des chrétiens catholiques[6]. À cette phrase, Paul Claudel avait répliqué « Choisir Dieu est le seul moyen radical de n'avoir aucun maître »[7].

Références modifier

  1. Duneton, Claude, 1935-2012., Le bouquet des expressions imagées : encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française, Seuil, (ISBN 978-2-02-009958-5, OCLC 23869793, lire en ligne)
  2. Michael Löwy, « Le concept d'affinité élective en sciences sociales », Critique Internationale, vol. 2, no 1,‎ , p. 46 (lire en ligne).
  3. a et b Blanqui, Auguste, 1805-1881. et Impr. Corlet), Ni dieu ni maître, Bruxelles/Le Kremlin-Bicêtre, Éd. Aden, dl 2009, 78 p. (ISBN 978-2-930402-77-2, OCLC 470784495, lire en ligne)
  4. Jacqueline Lalouette, « La Libre pensée et la symbolique iconographie révolutionnaire », Archives de sciences sociales des réligions, vol. 66, no 1,‎ , p. 65-88, cité par Jacqueline Lalouette, « Dimensions anticléricales de la culture républicaine (1870-1914) », Histoire, économie et société, vol. 10, no 1,‎ , p. 138 (lire en ligne).
  5. Voir, par exemple, le journal féministe La Voix de la femme. Nicole Fourtané, Michèle Guiraud, L'identité culturelle dans le monde luso-hispanophone, Presses Universitaires de Nancy, 2006, page 248.
  6. Voir, par exemple, The Reformation of the Nineteenth Century (1896), où Richard M. Meyer dénonce la vacuité de la formule.
  7. « Les saisons noires du jeune Claudel (1882-1895) », Revue d'histoire littéraire de la France,‎ , p. 400 (lire en ligne).

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