Mygalomorphae

sous-ordre d'araignées
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Les mygales (du grec μυγαλῆ (mugalễ), « musaraigne », formé de μῦς (mũs), « rat, souris », et de γαλῆ (galễ), « belette, putois ») forment le sous-ordre des Mygalomorphae, les araignées orthognathes (Orthognatha), ce qui signifie que la base des chélicères est dirigée vers l'avant. Ce taxon est tantôt considéré comme un sous-ordre, tantôt comme un infra-ordre du sous-ordre des Opisthothelae.

Il compte 15 familles, 321 genres et 2 651 espèces[1].

Caractéristiques modifier

Les mygales sont caractérisées par une articulation crochets-partie supérieure des chélicères qui se fait dans l'axe longitudinal du corps. Au repos, les crochets ne se croisent pas et sont repliés parallèlement. Le corps des mygales est beaucoup plus massif que celui des aranéomorphes et des mésothèles.

Dépourvues de trachée, elles sont dites « tétrapneumones » car elles ont deux paires de poumons feuilletés[2].

Bien que les mygales soient avant tout des animaux nocturnes, les mygales mâles se déplacent la journée en quête de femelles lors des périodes de reproduction[3].

Espérance de vie modifier

Les mygales femelles sont parmi les araignées qui vivent le plus longtemps. L'espérance de vie de certaines espèces de mygales est de trente ans en captivité pour les femelles. Cependant, l'espérance de vie des mygales mâles est très brève (ils meurent généralement après leur première saison de reproduction), ce qui les force à rechercher des femelles très rapidement pour se reproduire. Cette différence entre l'espérance de vie mâle et femelle pourrait être due au fait que les mâles ont un rythme métabolique plus élevé que les femelles : par exemple, pour l'espèce Aphonopelma anax, les mâles sont moitié moins lourds que les femelles[4].

Physiologie modifier

Mue modifier

Les mygales muent régulièrement.

De nombreuses espèces de Theraphosidae tissent une toile spéciale lorsque sonne l'heure de la mue. Les araignées sont dépourvues de squelette interne (endosquelette) et ne possèdent qu'une cuticule qui joue le rôle de squelette externe (exosquelette). Les animaux à mue ont une croissance non pas linéaire, mais par « paliers ». L'épiderme synthétise des protéines qui vont former une couche non cellulaire au niveau de la surface du corps, la cuticule. Cette couche est plus ou moins rigide, ce qui empêche l'organisme de croître. Ainsi, l'animal doit s'en débarrasser afin de continuer sa croissance grâce à un contrôle neuroendocrinien.

Pendant leurs premières années de vie, les mygales muent tous les deux ou trois mois, à chaque stade de la croissance. Arrivées à l'âge adulte, elles ne changent de peau qu'une fois chaque année[5]. Les mâles, quant à eux, effectuent leur dernière mue, la mue imaginale, qui leur permettra d'atteindre la maturité sexuelle. Ils ne mueront plus pour le reste de leur vie.

Nutrition modifier

Certains genres chassent à l'affut, cachées dans des terriers munis d'une porte[6]. Malgré leur taille, les mygales ne peuvent pas ingurgiter directement leurs proies. Après que les crochets ont inoculé le venin, les glandes maxillaires des araignées sécrètent de puissantes enzymes digestives qui dissolvent rapidement les organes intérieurs de leurs victimes, les transformant en bouillie nutritive. Les mygales aspirent ensuite le produit transformé qui passe successivement par la bouche, l'œsophage, le jabot aspirateur et l'estomac avant l'assimilation dans l'intestin[7].

Venin modifier

Le venin des mygales est puissant. En effet, celui-ci entraîne une paralysie immédiate de la proie et une mort rapide. Cependant, contrairement aux idées reçues, assez peu de morsures de mygales sont dangereuses pour l'homme[8],[9]. Chez certaines espèces, le venin est néanmoins un puissant neurotoxique qui s'attaque au système nerveux périphérique, engendrant des signes locaux ou locorégionaux (douleurs, œdèmes, faiblesse musculaire, anesthésies ou paresthésies) et parfois des signes généraux parasympathiques (hyper-salivation, nausées, bradycardie). Certaines espèces (Poecilotheria, Cyriopagopus, Stromatopelma) peuvent provoquer des signes généraux graves, avec des cas de comas. Une seule espèce (Atrax robustus) peut provoquer la mort, des cas fatals ayant été relevés avant 1980, date de la mise au point d'un antivenin spécifique. La victime, en état de choc, connaît une chute de pression sanguine. Actuellement, l'administration de sérums antivenin permet le traitement adéquat de ces morsures.

Outre le venin, il faut également considérer la blessure mécanique que peuvent provoquer les grands chélicères des plus grandes espèces (Theraphosa blondi).

Puisque les mygales sont encore peu connues et que de nombreuses espèces restent encore à recenser, il est difficile de dire si certaines sont réellement mortelles pour l'homme. Toutefois, les études récentes montrent que les seuls symptômes observés sont, chez l'adulte et dans la majorité des cas, des douleurs et des vomissements.

Par ailleurs, le venin des mygales est étudié pour ses applications pharmacologiques.

Distribution modifier

Les mygales ont principalement élu domicile dans les régions tropicales et subtropicales du globe, le plus souvent dans les forêts profondes et humides.

Elles sont présentes en Amérique du Nord, en Amérique centrale, en Amérique du Sud (surtout en Amazonie), en Afrique (où elles sont plus petites), en Asie, en Europe (mygale maçonne, mygale affinis, etc.) et en Océanie[7].

Étude, élevage et adoption modifier

En France, le GEA (Groupe d’Études des Arachnides) est la seule association regroupant les passionnés d'arachnides (mygales, scorpions, etc.), avec pour objectifs leur étude et leur élevage, afin de mieux les connaître et d'améliorer leur protection.

La mygale dans les NAC (Nouveaux animaux de compagnie) modifier

Les mygales sont des espèces qui figurent dans la liste des NAC, parmi les serpents et autres animaux de plus en plus demandés à l'adoption[10].

Il est très difficile de s'occuper d'une mygale. Les amateurs doivent respecter des règles strictes : la température doit être maintenue entre 26 et 32 °C, selon le moment dans la journée et dans l'année, et l'hygrométrie doit rester aux environs de 70 %[11]. Il faut, de plus, être titulaire d'un certificat de capacité délivré par la DDPP/DDETSPP (selon le département). Le venin n'est pas le seul danger de ces animaux, il faut également considérer la présence de soies urticantes (en) et allergisantes que l'animal peut projeter s'il se sent en danger (Theraphosidae du continent américain).

Mygale en gastronomie modifier

La mygale frite est une spécialité du village de Skun, au Cambodge.

Liste des familles modifier

 
Avicularia metallica, une mygale

et le genre fossile n'appartenant à aucune famille :

 
Psalmopoeus irminia

Le cladogramme préféré d'Optova et al. (2020) est[12] :

Mygalomorphae
Atypoidea

Hexurellidae




Mecicobothriidae




Atypidae




Megahexuridae



Antrodiaetidae






Avicularioidea

Ischnothelidae




Microhexuridae





Hexathelidae



Euagridae





Porrhothelidae




Macrothelidae


Bipectina

Paratropididae






Stasimopidae


Clade à Venin

Atracidae



Actinopodidae




Domiothelina

Halonoproctidae




Migidae




Idiopidae




Ctenizidae



Euctenizidae







Crassitarsae
Theraphosoidina

Bemmeridae




Barychelidae



Theraphosidae




"Nemesioidina"

Nemesiidae




Pycnothelidae





Dipluridae



Cyrtaucheniidae





Anamidae




Entypesidae



Microstigmatidae
















Quelques espèces notables modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier

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Notes et références modifier

  1. The World Spider Catalog, Version 11.0
  2. « Encyclopédie Larousse en ligne - mygale », sur Larousse.fr (consulté le ).
  3. Costa FG, Pérez-Miles F (2002) Reproductive biology of Uruguayan therphosids (Araneae, Theraphosidae)
  4. Valentina Silva & al. Giant steps: adhesion and locomotion in theraphosid tarantulas (2021) p. 179
  5. Licence Biologie, cours de "Diversité et Évolution du monde vivant"
  6. Encyclopédie Larousse, article "Mygale".
  7. a et b Livre "Le grand spectacle du monde animal, sauvages ! La mygale", Time Life Ed.
  8. (en) Lucas SM, Da Silva PI Jr, Bertani R, Costa Cardoso JL. Mygalomorph spider bites: a report on 91 cases in the state of Sao Paulo, Brazil. Toxicon 1994; 32: 1211–1215.
  9. (en) Wilson DC, King LE, Jr. Spiders and spider bites. Dermatol Clin 1990; 8: 277–286.
  10. Mon quotidien
  11. « Animaux de terrarium, mygales »
  12. (en) Vera Opatova, Chris A. Hamilton, Marshal Hedin, Lauren Montes De Oca, Jiři Král et Jason E. Bond, « Phylogenetic Systematics and Evolution of the Spider Infraorder Mygalomorphae Using Genomic Scale Data », Systematic Biology, vol. 69, no 4,‎ , p. 671–707 (PMID 31841157, DOI 10.1093/sysbio/syz064  , lire en ligne)