Lugdunum (musée)

musée archéologique de Lyon

Lugdunum
Façade du musée côté amphithéâtre
Informations générales
Nom local
Musée gallo-romain de Fourvière
Musée de la Civilisation romaine
Type
Ouverture
novembre 1975
Visiteurs par an
160 000 (2023)
Site web
Bâtiment
Architecte
Protection
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
17 rue Cléberg
69005 Lyon
Coordonnées
Carte

Lugdunum[n 1], anciennement musée gallo-romain de Fourvière et musée de la Civilisation romaine[n 2], est un musée archéologique situé à Lyon, en France. Il comprend un espace muséal couvert et depuis novembre 2017 les théâtres romains sur la colline de Fourvière, située autrefois au cœur de la cité romaine de Lugdunum. Il est géré par la Métropole de Lyon. Le musée accueille régulièrement des expositions temporaires.

La présentation des collections antiques : une longue histoire modifier

Lyon et Lugdunum, contexte historique modifier

Lugdunum (Lyon), capitale de la province Lyonnaise, était une cité gallo-romaine importante et prospère qui a laissé de nombreux vestiges découverts au fil des siècles à l'occasion de chantiers de construction ou dans le cadre d'investigations systématiques, d'abord présentés au Musée des Beaux-Arts et dans un autre lieu appelé « Antiquarium ».

Le musée gallo-romain de Fourvière modifier

Envisagé dès les années 1930, le musée actuel est construit en 1971 par l’architecte Bernard Zehrfuss et inauguré le 15 novembre 1975[n 3]. Le bâtiment est inscrit en bordure du site antique, enterré dans le versant de la colline. Intérieurement, il est constitué d'une rampe en béton brut descendant en spirale et se ramifiant vers des paliers destinés à l'exposition des collections du musée sur 4 000 m2. Le 8 novembre 2017, le musée est renommé Lugdunum[1].

L'évocation de la ville antique modifier

 
Maquette du site antique vu vers le nord-ouest. Au premier plan, le quartier des Canabae, imaginé sur une île. À l'arrière-plan, la ville haute, le théâtre et l'odéon côte à côte, le cirque supposé à l'extérieur. À droite, l'amphithéâtre et le sanctuaire fédéral.

Le musée est aménagé de façon à offrir des vues sur les vestiges encore visibles du Théâtre et de l’Odéon. Il rassemble les découvertes faites sur le site antique de Lyon, de la région, voire d'ailleurs pour certaines pièces. On trouve notamment des pierres gravées, des statues, des bijoux, des objets de la vie courante, etc.

Un plan en relief de l'ancienne Lugdunum montre la ville, selon les connaissances archéologiques de 1975 et les théories d'Amable Audin, aménagée essentiellement sur la colline de Fourvière et dominant l'île qui deviendra l'actuelle presqu'île. Cette maquette a été remplacée en 2015 par une autre dotée d'une animation lumineuse projetant l'historique de la cité sur une maquette du relief de la colline de Fourvière.

Des maquettes reconstituent les principaux monuments : temple capitolin, théâtre antique et odéon. L’hippodrome est évoqué par une mosaïque représentant dans les détails les courses de char qui y avaient lieu. Cette mosaïque a été découverte en 1806 dans le quartier d'Ainay et elle est une des très rares représentations antiques connues de courses hippiques.

Les fragments de décoration de l’Autel de Rome et Auguste proviennent du Sanctuaire fédéral des Trois Gaules

Les collections modifier

Le musée consacre une large place à l'artisanat gallo-romain : céramique, mosaïques mais aussi art du métal et verrerie.

Un four de potier évoque une activité essentielle pour la vie quotidienne et le commerce. Des entraves métalliques pour esclaves rappellent que les activités industrieuses reposaient sur l’exploitation d’une main d’œuvre servile. Balances et poids affirment la vocation commerciale de Lyon entre Rhône et Saône.

Le musée contient également des objets de l'époque celte, antérieure à l'occupation romaine.

Épigraphie, stèles et autels modifier

Parmi les pièces les plus remarquables du musée, il faut mentionner la Table claudienne, une plaque de bronze qui transcrit un discours de l'empereur Claude prononcé en 48 devant le Sénat romain. Le musée conserve aussi l'exceptionnel Calendrier de Coligny, un calendrier gaulois comportant une des rares transcriptions écrites de la langue gauloise.

Sont aussi présentés plusieurs autels tauroboliques dont l’un est dédié en 160 pour le rétablissement de la santé de l’empereur Antonin le Pieux, qui a donné lieu à l'identification des vestiges lyonnais connus sous le nom de Sanctuaire de Cybèle, interprétation revue à la fin du XXe siècle.

Les mosaïques modifier

De nombreuses mosaïques de grandes dimensions ont été retrouvées sur le site antique, avec des décors variés. À côté de motifs légers comme Dionysos sur une panthère ou Hercule ivre, une scène plus morale évoque le lutte de l’amour (éros) contre l’instinct (Pan).

Des pans de revêtement mural remarquablement conservés donnent une idée de la décoration peinte.

Les sarcophages modifier

Plusieurs grands sarcophages sont exposés, dont le sarcophage du triomphe de Bacchus et le sarcophage de Balazuc, un sarcophage paléochrétien du IVe siècle.

Les trésors modifier

Les monnaies modifier

Le musée conserve 2410 monnaies et 79 moules monétaires[2]. La plupart ont une provenance archéologique plus ou moins ancienne.

Les plus gros ensembles proviennent des fouilles réalisées au Clos du Verbe Incarné, à la rue des Farges et sur le quartier de Vaise. Les trésors de Vaise et Adolphe Max représentent également une part importante, totalisant à eux seuls 263 monnaies d'argent et de billon.

Quelques perles numismatiques sont présentes dans les collections. On peut citer un bronze au nom de Lucius Munatius Plancus[3], première monnaie frappée à Lyon connue à 4 exemplaires, deux aurei de Quintus Cornuficius, un sesterce de Néron au Portus[4] en état fleur de coin et un aureus de Gordien III monté en médaillon.

Pour le moment, seule une petite partie du médaillier est présentée :

  • une vitrine consacrée à la production de l'atelier monétaire lyonnais avec 139 monnaies et 4 moules monétaires s'étalant de la fin du Ier siècle av. J.-C. jusqu'au IVe siècle apr. J.-C. Cette vitrine a été composée pour l'ouverture du musée en 1975 avec des monnaies sans provenance archéologique.
  • le trésor de Vaise avec ses 81 monnaies d'argent et son aureus de Gordien III monté en médaillon.
  • les 12 deniers de la bourse d'un légionnaire dont les restes ont été découverts en 1949 au 10 rue des Fantasques. Retrouvé avec toute sa panoplie militaire, le corps de ce soldat a été jeté au fond d'un puits probablement après la bataille de Lyon.

Expositions modifier

Depuis la création de l'espace muséal en 1975 de nombreuses expositions temporaires ont été organisées au sein du musée.

De 2014 à aujourd'hui modifier

  • Ma maison à Lugdunum[5] du 05/06/2014 au 05/01/2015

Les fouilles archéologiques conduites sur la colline de Fourvière au cours de l'année 2010 ont livré des résultats intéressant permettant de documenter l'occupation humaine de la zone et son quartier urbain entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle apr. J.-C. L'exposition permettait de rendre compte de ces découvertes et sur la base des vestiges mis au jour envisageait la maison romaine sous ses différents aspects architectural (technique de construction, élévation, décoration) et la répartition de ses espaces en lien avec les activités domestiques et artisanale.

  • Bernard Zehrfuss architecte de la spirale du temps[6] du 15/11/2015 au 14/02/2016

Pour les 40 ans de la construction du musée, la programmation rendait hommage à son architecte Bernard Zehrfuss et à son œuvre en présentant de nombreux documents originaux, parmi lesquels des plans et des maquettes.

  • ARCHÉOTERRA[7] du 13/07/2016 au 08/01/2017

L'exposition ARCHÉOTERRA était consacrée à la terre crue. Ce matériau de construction ancestral ayant servi à l'édification de nombreuses structures parfois monumentales sur des chronologies très larges et dans divers endroits du monde était envisagé pour ses possibilités techniques (procédés de mise en forme et techniques de construction), mais aussi sous l'angle de la conservation, de la restauration et de la mise en valeur de ces réalisations architecturales.

  • AQUA L'invention des Romains[8] du 08/11/2017 au 13/05/2018

L'exposition AQUA, l'invention des Romains était consacrée à l'eau, ressource naturelle vitale, et aux différentes techniques et inventions romaines pour en garantir l'accès et la redistribution à la population. Appliqué à la réalité archéologique de Lugdunum, le discours de l'exposition, à partir de différents supports (maquettes, vestiges archéologiques et vidéos) retraçait le parcours de l'eau pour acheminer la ville et les défis techniques mis en œuvre pour fournir la cité en quantité suffisante.

  • L'esprit des ruines[9] du 01/12/2018 au 03/03/2019

L'exposition proposait un discours construit et poétique autour de la notion de ruines et confrontait différentes démarches artistiques pour les appréhender, en mettant en dialogue des gravures de Piranèse et les photographies de Ferrante Ferranti.

  • LUDIQUE - Jouer dans l'Antiquité[10] du 20/06/2019 au 01/12/2019

L'exposition présentée à Lyon, d'après l’exposition originale "Veni, Vidi, Ludique" du Musée romain de Nyon (Suisse), sous la direction de Véronique Dasen, professeure d’archéologie classique à l’Université de Fribourg, PI du projet ERC Locus Ludi. the Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity[11] en collaboration avec le Musée suisse du jeu de la Tour-de-Peilz, revient sur l'omniprésence du jeu dans l'Antiquité. À partir de plus de 300 objets archéologiques et ethnologiques, l'exposition présente les recherches récentes autour de ces pratiques ludiques en questionnant leurs valeurs sociales (éducation, rites de passages, pratiques divinatoires ou funéraires, etc.) dans l'Antiquité et en mettant en regard ce riche patrimoine avec celui des sociétés rurales contemporaines de l'Afrique du Nord et du Sahara.

  • Une salade, César ? La cuisine romaine de la taverne au banquet du 19/05/2021 au 04/07/2021
  • ENQUÊTE DE POUVOIR de Rome à Lugdunum du 06/10/2021 au 27/02/2022
  • Les aventures de Brickius Maximus - L'expo en briques Lego® du 06/10/2023 au 09/06/2024

Conservateurs modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. de son nom officiel "Lugdunum Musée et théâtres romains"
  2. Ne pas confondre avec le musée de la civilisation romaine de Rome.
  3. Voir la plaque inaugurale du musée présentée dans l'article.

Références modifier

  1. Lugdunum, musée et théâtres romains, dossier de presse, métropole du Grand Lyon, 7 novembre 2017, p. 9.
  2. Comptage personnel.
  3. « Fiche Flora du bronze de Lucius Munatius Plancus à Lugdunum Musée et théâtres romains », (consulté le )
  4. « Fiche Flora du sesterce de Néron au Portus à Lugdunum Musée et théâtres romains », (consulté le )
  5. « Ma maison à Lugdunum », exposition du 05 juin 2014 au 05 janvier 2015, sur lugdunum.grandlyon.com (consulté le ).
  6. « Bernard Zehrfuss architecte de la spirale du temps », sur lugdunum.grandlyon.com (consulté le ).
  7. « Archéoterra », exposition du 13/07/2016 au 08 janvier 2017, sur lugdunum.grandlyon.com (consulté en ).
  8. « Aqua, l'invention des Romains », exposition du 08 nov. 2017 au 13 mai 2018, sur lugdunum.grandlyon.com (consulté le ).
  9. « L'esprit des ruines », exposition du 01 déc. 2018 au 03 mars 2019, sur lugdunum.grandlyon.com (consulté le ).
  10. Véronique Dasen (dir.), « Ludique ! Jouer dans l’Antiquité », exposition du 20 juin au 1er déc. 2019, Lyon Lugdunum, Musée et théâtres romains, sur lugdunum.grandlyon.com (consulté en ).
  11. « ERC Locus Ludi (741520) », sur locusludi.ch (consulté le ).
  12. a et b [Vauthey, Vauthey & Vertet] M. Vauthey, P. Vauthey et H. Vertet, « Congrès et manifestations » (compte-rendu), Revue archéologique du Centre de la France, vol. 8, no 1,‎ , p. 77-81 (lire en ligne [sur persee]), p. 79.
  13. [Vertet, Lasfargues et Lasfargues 1972] Hugues Vertet, André Lasfargues et Jacques Lasfargues, « Remarques sur les filiales des ateliers de la vallée du Po à Lyon et dans la vallée de l'Allier », Actes du « Convegno Internazionale sui problemi della ceramica romana di Ravenna, della valle Padana e dell'alto Adriatico » (Ravenne, 10-12 mai 1969), Bologne,‎ (lire en ligne [sur lezoux.com]).

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • Dietwulf Baatz et Michel Feugère, « Éléments d'une catapulte romaine trouvée à Lyon », Gallia, CNRS, vol. 39, no 2,‎ , p. 201-210 (lire en ligne [sur persee]).
  • Patrice Béghain, « Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière », dans Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Éditions Stéphane Bachès, , p. 887-888.
  • Stéphanie Boucher et Suzanne Tassinari, Musée de la civilisation gallo-romaine à Lyon : Bronze antiques, t. I : Inscriptions, statuaire, vaisselle, Lyon, Diffusion de Boccard, , 155 p.
  • Henri Lavagne, « Un portrait de l'impératrice Sabine provenant de la collection de Peiresc, retrouvé à Lyon », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, vol. 84,‎ , p. 31-63 (lire en ligne [sur persee]).
  • Anne-Catherine Le Mer et Claire Chomer, Carte archéologique de la Gaule, Lyon 69/2, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres / Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche / Ministère de la culture et de la communication etc., , 883 p. (ISBN 978-2-87754-099-5 et 2-87754-099-5).

Liens externes modifier