Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges

musée de Saint-Dié-des-Vosges, France

Le musée Pierre-Noël est un musée d'art et d'histoire situé à Saint-Dié-des-Vosges. Labellisé musée de France[1], il porte le nom de Pierre Noël, maire de la ville de 1965 à 1977. Une inscription gravée sur la partie moderne du bâtiment rappelle sa vocation initiale, « musée de la vie dans les Hautes-Vosges », mais les collections font désormais une large place à l'art contemporain[2],[3].

Musée Pierre-Noël
Logo du Musée Pierre-Noël
L'entrée du musée.
Informations générales
Type
Ouverture
mars 1977
Dirigeant
Elsa Thouvenot, directrice du pôle « Musées et patrimoine »
Surface
2 400 m2
Visiteurs par an
16 827 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Collections
Collections
Archéologie, XXe - Le Corbusier, Art moderne, Ornithologie, Jules Ferry, Ethnographie régionale, Collection militaire.
Nombre d'objets
plus de 45 000 œuvres
Label
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
Entrée : place Georges Trimouille, 88100 Saint-Dié-des-Vosges
Coordonnées
Carte

Histoire modifier

 
Poterne et mur du quartier canonial.

Depuis la construction du musée en 1977, la colonnade de l'ancien palais épiscopal construit sur le flanc nord de la cathédrale par l'architecte Jean-Michel Carbonnar en 1782 permet d'accéder à ce nouvel espace.

La partie médiévale se trouve du côté de la rue Saint-Charles, à droite de l'entrée principale. On y découvre un escalier couvert, dernier vestige des murailles élevées jadis pour consolider le terrain du quartier des églises créé sur le Mont et qui permettait notamment d'accéder à un bras de la Meurthe, détourné depuis lors. Une brèche dans ce mur fut pratiquée en 1781 au moment de l'édification du palais épiscopal.

Le vaste bâtiment moderne ouvert au public en 1977 intègre cet ancien escalier, classé monument historique comme la colonnade.

Ce nouvel édifice, réalisé entre 1973 et 1976, est l'œuvre d'Aldo Travaglini, un architecte arrivé à Saint-Dié en 1947. À l'extérieur, les trois panneaux en faux-relief (Promenade dans un parc, Le Banquet et Le mouvement vers la connaissance) ont été conçus par Françoise Malaprade.

Albert Ronsin a dirigé le Musée et la Bibliothèque de 1960 à 1990, tout en rédigeant une série d'ouvrages consacrés à l'histoire de la ville.

La ville de Saint-Dié dédia à François Cholé la salle de spectacles du Musée Pierre Noël, inaugurée le 14 février 1997.

En 2018 a été annoncé un projet d'extension du musée consécutivement au déménagement de la médiathèque Victor-Hugo attenante au musée[4].

Collections et parcours de visite permanent modifier

Section 1 - niveau 0 - Archéologie gallo-romaine modifier

 
Stèle du « Maître de forge ».

Dans la salle Marcelle-et-Georges-Tronquart, on découvre des traces d’activité dans la région de Saint-Dié dès la fin du néolithique (lames, grattoirs, pointes de flèches), mais les pièces de grande taille datent plutôt du début du premier millénaire, comme cette stèle funéraire en grès rose de 700 kg (Ier et IIe siècles), sur laquelle une torche allumée entre deux personnages semble suggérer l’immortalité. La plus connue est sans doute celle du « Maître de forge » (200 apr. J.-C.) où la femme du forgeron y tient un gobelet et un flacon. Elle contient des stèles-maisons, comme celle dédiée aux Dieux Mânes du Caranta (Ier et IIe siècles) qui a l’aspect extérieur d’une maison gauloise et pèse environ une tonne.

Au centre de la section archéologique, une maquette réalisée en 1980 représente le Camp celtique de la Bure, un site tout proche de Saint-Dié, d’où proviennent quelques-uns des objets exposés, par exemple la stèle en grès rose, dite du « Maître de forge » (une copie de cette œuvre d'art naïf du IIIe siècle a été installée sur le site du camp). Réalisée par Georges Trimouille (après avoir été s'initier à ce travail pénible et délicat à l'atelier du musée des monuments Français à Paris) et aidé de M. Renaud, ancien contremaître à l'usine Larger. À l'époque, Georges Trimouille était président de la Société philomatique vosgienne. Il a participé grandement aux fouilles, dans les années 1960 à 1974, avec Jacques Cadiot qui y consacrait tous ses dimanches.

Section 2 - niveau 0 - XX e siècle - Le Corbusier[5] modifier

Lorsque le moment arriva de reconstruire la ville après le dynamitage de 1944, un projet audacieux de l'architecte Le Corbusier fut envisagé. Très en avance sur son temps, donnant la priorité aux espaces verts et aux piétons, celui-ci proposa une vision globale de la ville du futur, que ses opposants jugèrent trop collectiviste. Ses idées ne furent donc pas retenues.

Dans la continuité du parcours, toujours au niveau 0, la section s’organise autour d’une grande maquette de la ville telle que Le Corbusier l’avait imaginée au moment de la reconstruction.

Cette présentation en trois dimensions est complétée par des plans, plans-masse, perspectives et photos diverses, notamment celles liés au seul projet effectivement réalisé par l’architecte-urbaniste à Saint-Dié-des-Vosges, l’usine Claude-et-Duval, une bonnèterie qui est aussi le seul bâtiment industriel dans une œuvre abondante par ailleurs.

Section 3 - niveau 1 (Mezzanine) - Art moderne modifier

Lorsque le visiteur emprunte l'escalier menant jusqu'en haut de la mezzanine, il y découvre la collection d'art moderne du musée. Cette section est composée d'œuvres de Claire et Yvan Goll, mais également l'œuvre emblématique du musée qui est le Charlot Cubiste[6] de Fernand Léger (1881-1955)[7] : « Pièce phare du musée Pierre-Noël de Saint-Dié[6] ».

Section 4 - niveau 1 - Ornithologie modifier

La salle Gaston-Laurent, qui met en scène de nombreux animaux naturalisés, fait la part belle à l'ornithologie. Les espèces locales sont certes valorisées, mais la collection offre également un large panorama des oiseaux d'Europe – de la toundra aux abords de la Méditerranée.

On remarque quelques beaux spécimens, comme l'aigle royal, le gypaète barbu, le balbuzard, le pygargue à queue blanche, le harle huppé, le chevalier combattant ou la chouette lapone.

Des vitrines spécifiques sont dédiées à l'outarde barbue (l'un des oiseaux volants les plus lourds au monde, mais aujourd’hui éteint dans le Massif des Vosges et en France), et surtout au Grand Tétras[8], également appelé « grand coq de bruyère », une espèce sensible et farouche dont le mâle peut peser jusqu’à 5 kg et atteindre une envergure de plus d’un mètre. C’est aussi une espèce menacée : il ne subsisterait que 160 mâles environ dans le Massif vosgien.

Les mammifères de la région ne sont pas absents : chamois, cerfs, chevreuils ou blaireaux. À noter en particulier le lynx, un animal protégé dont la réintroduction dans les Vosges en 1983 ne manqua pas de déclencher quelques polémiques.

Section 5 - Niveau 1 - Collection Jules Ferry modifier

 
Portrait de Jules Ferry par Léon Bonnat (1888).

Cette section rassemble, à la suite du don de Fresnette Pisani-Ferry[9], de nombreux souvenirs, meubles et objets ayant appartenu à Jules Ferry et à sa famille. Une touche d’exotisme est apportée au mobilier classique par les cadeaux reçus au cours de sa carrière de diplomate (tapis, selle de chameau…).

Des articles de presse, des affiches, des caricatures et des portraits — tel celui exécuté par Léon Bonnat en 1888[10] —, complètent l'ensemble.

Le recueil des lois de 1881 sur la gratuité de l’enseignement primaire est exposé dans une vitrine et, plus concrètement, une salle de classe de cette époque, avec tous ses accessoires (tableaux, cartes géographiques, livres et cahiers…), a été mise en scène.

Section 6 - Niveau 1 - Ethnographie régionale modifier

 
L'épicerie de Léa.

Ainsi que l'appellation « Musée de la Vie dans les Hautes-Vosges » l'annonce, il s'agit avant tout de faire découvrir au visiteur une région riche en traditions, tout particulièrement à travers les métiers d'antan : la vie à la ferme, la fenaison, le perçage de tuyaux de fontaine, le ferrage des bœufs, la chasse, la scierie (hauts-fers), le schlittage (transport du bois à l'aide de schlittes, le flottage du bois, le tissage de stores, le blanchiment sur pré ou la fabrication du fromage.

Une épicerie-mercerie de village, l'épicerie de Léa[11] de la famille Sonrel, et un atelier de cordonnier (réels) ont été entièrement reconstitués ici.

La nature est toujours présente, et toutes les espèces d'arbres de la région sont évoquées.

Section 7 - Collection militaire modifier

 
Shako de Jäger bavarois.

Des dizaines de vitrines rappellent — si besoin était — que Saint-Dié-des-Vosges et sa région furent le théâtre de grandes batailles. On y découvre nombre d'uniformes[12], d'armes, de munitions, de décorations, d’artisanat de guerre, de soldats de plomb, d’affiches et de documents divers. Les périodes couvertes sont surtout 1860-1945 pour l'armée allemande et 1800-1960 pour l'armée française, mais quelques sabres et objets rappellent aussi les guerres napoléoniennes.

À titre d’exemple, voici le shako, une coiffure distinctive des chasseurs à pied portée par l’armée prussienne depuis 1807 et qui sera supplantée par le casque à pointe en 1842.

Une grande vitrine est consacrée à René Fonck, l'« as des as » de l'aviation de la Première Guerre mondiale né dans la commune voisine de Saulcy-sur-Meurthe où il est enterré. Ce visionnaire, membre de la célèbre Escadrille des Cigognes aux côtés de Georges Guynemer, aurait abattu 75 avions ennemis entre 1916 et 1918. Sa carrière et cette épopée sont illustrées ici et l'on remarque notamment cette hélice d’avion civil en sapin de 1910, fabriquée dans l’atelier de construction d’avions ouvert à Saint-Dié en 1909.

Expositions temporaires modifier

16.09.2023 - 07.01.2024 : « Manessier, peintre des passions et des alléluias. »[13],[14]


Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. « Musée Pierre-Noël », sur Museums-PASS-Musées (consulté le ).
  2. « Musée Pierre Noël, musée de la vie dans les Hautes-Vosges – Kulturadressen der Großregion – www.plurio.net », sur www.plurio.net (consulté le ).
  3. « Les collections des cartes et guides touristiques de la Boutique Michelin Voyage », sur michelin.fr via Internet Archive (consulté le ).
  4. Louis Robert, « Saint-Dié-des-Vosges Culture. Le musée Pierre-Noël va s’agrandir », Vosges Matin,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Les collections - Communauté d'Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges », sur www.ca-saintdie.fr (consulté le )
  6. a et b « Saint-Dié-des-Vosges. Un charlot pas comme les autres », sur www.republicain-lorrain.fr (consulté le )
  7. « Charlot cubiste », sur Centre Pompidou (consulté le )
  8. « Le Grand Tétras ou Coq de Bruyères - Musées Grand-Est », sur Musées Grand-Est (consulté le ).
  9. "40 J Archives de la famille Ferry (1813-1981), consulté le 20 juin 2020.
  10. « Portrait de Jules Ferry - Musées Grand-Est », sur Musées Grand-Est (consulté le ).
  11. « Épicerie de Léa - Musées Grand-Est », sur Musées Grand-Est (consulté le ).
  12. « Chasseur à pied 20ᵉ BCP - Musées Grand-Est », sur Musées Grand-Est (consulté le ).
  13. « Actualités - Communauté d'Agglomération de Saint-Dié-des-Vosges », sur www.ca-saintdie.fr (consulté le )
  14. « Alfred Manessier, peintre des Passions et des Alléluias : Exposition - Peinture à Saint-Dié-des-Vosges », sur www.vosgesmatin.fr (consulté le )

Bibliographie et sources modifier

  • Association des Amis de la Bibliothèque et du Musée
  • Sylviane Cousin, Claude Royer, François Sigaut, introduction de Jean Cuisenier, Le guide du patrimoine rural : 400 musées et collections d'agriculture, Besançon, Les guides de la manufacture, , 382 p. (ISBN 2-7377-0237-2)
    400 musées, écomusées, collections d’agriculture présentés par l’association française des musées d’agriculture : Deuxième édition revue et actualisée. Ouvrage publié avec le concours de la Direction des Musées de France (D.M.F.) : 13. Lorraine, Musée de Saint-Dié p. 226 ; Ferme-musée Le Moho de Soyotte p.227
  • Marc Heilig, Le Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges, archeographe, 2003. https://archeographe.net/Le-Musee-Pierre-Noelde-Saint-Die

Liens externes modifier

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