La Muiron est la frégate que Napoléon empruntera le , pour rentrer en France, après la Campagne d'Égypte, abandonnant au général Kléber une armée diminuée et malade. Elle fut nommée ainsi en hommage au sacrifice du colonel Jean-Baptiste Muiron, qui se jeta devant Bonaparte, le couvrant de son corps pour le protéger, lors de la bataille du Pont d'Arcole[1].

Maquette au 1/72 du Musée national de la Marine.

Histoire modifier

La prise de la Muiron modifier

La Muiron, frégate de 44 canons, est mise en chantier à Venise à partir de 1789 sous les ordres de Andrea Chiribini et de Andrea Calvin. Elle est en construction lorsque Napoléon prend l'Arsenal de Venise, le . Elle est achevée en 1797 par Pierre-Alexandre Forfait, envoyé sur place à la demande de Napoléon pour diriger l'arsenal[2]. Napoléon, qui avait besoin de bâtiments prit alors possession de ce navire, et le fait armer. En mai 1798, il prend la mer pour la première fois dans l'escadre qui transporte le corps expéditionnaire, en Égypte[3].

La fuite d'Égypte modifier

 
Bonaparte arrivant à Fréjus le 9 octobre 1799 sur la Muiron.

En 1799, Bonaparte doit abandonner en Égypte une armée malade et à bout de force. La Muiron fait partie d'un convoi de deux frégates, la Muiron et la Carrère, et deux chébecs. Le 23 août, il monte à son bord, à Alexandrie, pour rentrer en France. Après avoir réussi à éviter la redoutable flotte anglaise, organisée par l'amiral Nelson, qui l'attendait en Méditerranée, le navire, sous le commandement du capitaine de vaisseau Honoré Ganteaume, parvint à rejoindre la rade de Fréjus/Saint-Raphaël. En 1801, elle participe à la bataille d'Algésiras.

La Muiron, un monument historique modifier

Dans une lettre au Ministre de la Marine, Napoléon écrit :

« Je désire que la Muiron sur laquelle je suis revenu d'Égypte, soit gardée comme un monument et placée de manière à ce qu'elle se conserve, s'il est possible, plusieurs centaines d'années...  »

On ancre alors la Muiron dans le port de Toulon, et l'on ajoute, en lettres d'or, sur la coque : « La Muiron, prise en 1797 dans l'Arsenal de Venise par le conquérant de l'Italie. Elle ramena d'Égypte en 1799 le sauveur de la France ».

Le souhait de Napoléon ne sera pas respecté à sa chute et la Muiron est disposée en ponton amiral à Toulon en 1807 et elle est dépecée en 1850[4].

Reproduction de La Muiron modifier

En 1803, Napoléon en fit exécuter une maquette qu'il plaça en juillet 1805 dans son Cabinet de travail, à la Malmaison. Ce modèle est aujourd'hui exposé au Musée de la Marine de Paris. Ce modèle est racheté par le général Gourgaud lors de la vente des biens du château en 1815[5]. Le flanc à tribord du modèle peut être ouvert, ce qui permet de voir l'arrimage de futailles d'eau, de câbles d'ancre et d'outils en cours. Le doublage en cuivre ordonné par Napoléon, est de couleur verte censée représenter son oxydation. Le modèle est entièrement grée, les voiles sont déployées et les canons sont en bronze. L'échelle du modèle est de 1/72. Les matériaux utilisés sont : le bois, le buis, les fibres végétales, le fer, l'alliage cuivreux, le mica et le verre. il mesure 72 cm x 35 cm. Le modèle de la Muiron a été exposé lors des expositions suivantes :

- Napoléon, Grand palais, 1969

- Salon international des musées et des expositions, Grand palais, 1988

- L'Égypte, une aventure savante, Muséum d'histoire naturelle, Paris, 1998

- Napoléon et la mer, un rêve d'Empire, Musée national de la Marine, Paris, 2004

- Nelson et Napoléon, National Maritime Museum, Greenwitch, 2005

- Napoléon et la Corse, musée de la Corse, Corsica, 2009

- Maquettes de la Marine impériale, collections du musée de la Marine, Grand Trianon, Versailles, 2014

Notes et références modifier

  1. Hélène Tromparent-de-Seyne, Jérémie Benoït, Maquettes de la Marine impériale : collection du musée de la Marine à Trianon, Paris : Snoeck ; Musée de la Marine, 2014, p. 74
  2. Dossier d'œuvre du Musée national de la Marine 17 MG 7
  3. Hélène Tromparent-de-Seyne, Jérémie Benoït, Maquettes de la Marine impériale : collection du musée de la Marine à Trianon, Paris : Snoeck ; Musée de la Marine, 2014
  4. Alain Demerliac, La Marine du Consulat et du Premier Empire : nomenclature des navires français de 1800 à 1815, Nice : ANCRE, 2003, p. 22
  5. Luc-Marie Bayle, Jacques Mordal, La Muiron, petite frégate d'un grand destin, in La marine en bois, Fayard, 1978, p. 125

Bibliographie modifier

  • Jean-Marcel Humbert, Bruno Ponsonnet, Napoléon et la mer, un rêve d'Empire, Paris : Seuil ; Musée national de la Marine, 2004
  • Luc-Marie Bayle, Jacques Mordal, La marine en bois, Paris : Fayard, 1978

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Lien externe modifier

  • Nicolas Mioque, « Le Muiron », sur troisponts.wordpress.com.