Mouvement pour la justice et l'égalité

groupe politico-militaire soudanais

Mouvement pour la justice et l'égalité
Image illustrative de l’article Mouvement pour la justice et l'égalité

Idéologie Islamisme
Fédéralisme
Statut Actif
Fondation
Date de formation 2000
Pays d'origine Soudan
Actions
Zone d'opération Soudan, Tchad, Libye
Organisation
Chefs principaux Khalil Ibrahim (en)
Djibril Ibrahim (en)
Guerre du Darfour
Conflit au Kordofan du Sud
Deuxième guerre civile libyenne

Le Mouvement pour la justice et l'égalité (arabe : حركة العدل والمساواة, Ḥarakat al-ʿAdl wal-musāwāh ) ou encore en anglais Justice and Equality Movement (JEM) est un groupe rebelle engagé dans le conflit au Darfour, au Soudan. Il se mue ensuite en mouvement politique pacifique pendant la transition démocratique soudanaise.

Son dirigeant est Khalil Ibrahim (en), jusqu'à sa mort en 2011, et ses troupes sont essentiellement des combattants des Zaghawa du clan Kobé[1],[2].

Comme d'autres mouvements militaires tel l'Armée de libération du Soudan, le MJE se bat contre les miliciens janjawid proches du gouvernement.

À la mort de Khalil Ibrahim en 2011, son frère Djibril (en), prend la tête du mouvement.

Histoire modifier

Le MJE a une idéologie islamiste. Il est probablement lié à Hassan al-Tourabi, bien que les intéressés le contestent.

Le , le MJE et l'Armée de libération du Soudan ainsi que d'autres petits groupes opposés au gouvernement de Khartoum ont formé une Alliance des Forces révolutionnaires du Soudan occidental.

Au fil des années, principalement depuis 2006, les Zaghawas tchadiens deviennent majoritaires en son sein et le mouvement se lie de près à l'entourage du président Idriss Déby, devenant supplétif de l'armée tchadienne, collaborant avec ses anciens ennemis, les hommes de Mahamat Nour, et ne menant quasiment plus d'actions au Soudan.

Le , le groupe lance une attaque sur Khartoum, l'opération Bras long[3],[4].

Le , le mouvement a exécuté cinq otages chinois sur les neuf qu'il avait enlevés le [5].

Khalil Ibrahim est tué en 2011 et son frère Djibril (en), prend la tête du MJE.

En , le MJE et deux autres groupes armés, l'Armée de libération du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan - Nord signent un accord, dit « accord de Djouba », avec le Conseil de souveraineté qui fait fonction de chef de l'État soudanais après le coup d'État de 2019. Le MJE s'engage à participer à la transition démocratique au Soudan de manière pacifique. Le MJE obtient plusieurs places au gouvernement, au parlement national, dans les parlements régionaux et Djibril Ibrahim est nommé ministre des Finances du gouvernement[6],[7].

En , alors que la situation politique est tendue, Minni Minnawi, le chef de l'Armée de libération du Soudan (ALS-MM) et Djibril Ibrahim critiquent la répartition des postes au sein des institutions de la transition (Conseil de souveraineté, gouvernement) qu'ils estiment en leur défaveur et demandent une modification de cette répartition. Les deux groupes forment alors une nouvelle alliance politique dite « Forces de la liberté et du changement 2 »[7].

La lutte pour le pouvoir central entre l'armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) entre dans une phase armée à partir d'. En , le MJE annonce qu'il va participer aux combats aux côtés de l'armée soudanaise. Avec l'ALS-MM et le MJE dénoncent des exactions commises par les FSR et des « crimes contre l'humanité »[8].

En Libye modifier

Le MJE est aujourd'hui implanté dans le sud de la Libye et un de ses responsables est Ibrahim Al-Bagdadi[9] et avec l'implication de Yahya Omda, « Artillery Chief of Staff » du MJE[10]. Ce groupe est réputé servir de mercenaire à l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar[9].

Des commandants qui ont quitté le MJE se sont aussi impliqués dans le conflit libyen, comme Abdallah Jana, qui est entré en Libye en 2016 avec 13 véhicules mais en disposerait de près de 70 en , ou encore Abdallah Banda, qui aurait facilité les contacts entre les groupes armés libyens et darfouri[10].

Toutefois, après que des combattants du MJE ont tué six membres de l'ANL près de l'oasis d'al-Jaghboub le , cette dernière répliqua par l'opération Colère du Désert cinq jours plus tard. Cette opération consista en des frappes aériennes sur de supposés combattants rebelles tchadiens et soudanais dans l'oasis de Rabiana, à 150 km à l'ouest de Koufra[11]. Cette zone avait déjà été le théâtre de combats en entre le MJE et une milice de Koufra, Subul al-Salam[11].

Anciens logos modifier

Notes et références modifier

  1. Roland Marchal, « Tchad/Darfour : vers un système de conflits », Politique africaine, vol. 2, no 102,‎ , p. 135-154 (lire en ligne)
  2. Raphaëlle Chevrillon-Guibert, Des commerçants au cœur de l’expérience islamiste au Soudan : Rapports de/au pouvoir et recompositions des communautés darfouriennes zaghawa à l’aune des alliances du mouvement islamique soudanais (1950-2011) (thèse de doctorat en sciences politiques), , 643 p. (lire en ligne)
  3. Amnesty : La crise du Darfour gagne la capitale soudanaise
  4. Sudan Tribune : La bataille d'Omdourman
  5. : Soudan: cinq des otages chinois tués par leurs ravisseurs, Lapresse, 27 octobre 2008
  6. (en) Denis Dumo, « Sudan signs peace deal with key rebel groups, some hold out », Reuters,
  7. a et b Florence Morice, « Soudan: les dissensions s'accentuent au sein des forces de la transition », RFI,
  8. Gaëlle Laleix, « Guerre au Soudan: deux groupes armés du Darfour annoncent leur ralliement à l’armée du général al-Burhan », Radio France internationale, .
  9. a et b (en) Thomas Howes-Ward, « Libya’s Foreign Militias », Carnegie Endowment for International Peace,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b Panel of Experts on Libya, « Final report of the Panel of Experts on Libya established pursuant to resolution 1973 (2011) », sur Organisation des Nations unies, (consulté le ).
  11. a et b (en) Andrew McGregor, « Salafists, Mercenaries and Body Snatchers: The War for Libya’s South », Terrorism Monitor, vol. 16, no 7,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Lien externe modifier