Nirmal Hriday

bâtiment en Inde
(Redirigé depuis Mouroir de Kalighat)

Nirmal Hriday (Cœur pur en langue bengalie), souvent appelé le mouroir de Kalighat en francophonie, est un centre pour vagabonds et indigents moribonds fondé en 1952 par Mère Teresa à Kolkata (Calcutta) en Inde, dans le quartier de Kalighat. Le bâtiment était un abri pour pèlerins (Dharamshala) jouxtant le temple hindou dédié à Kâlî, déesse hindoue du temps et du changement.

La salle des hommes à Nirmal Hriday, la « Maison du Cœur Pur »

Fondation modifier

 
Mère Teresa, fondatrice de Nirmal Hriday
 
Façade de Nirmal Hriday

Mère Teresa a ouvert ce home le , à côté du célèbre temple de Kalighat, à Kalighat, un quartier sud de la ville de Calcutta. Avec l'aide de responsables indiens, elle transforme un dharamshala en un hospice gratuit pour les pauvres, alors même que les Missionnaires de la Charité n'ont pas encore de couvent et qu'elles ont à peine commencé leur formation. Dès sa fondation, l'hospice affiche complet[1].

La maison est nommée Nirmal Hriday, ce qui en bengalî signifie « cœur pur », nom qui plaît à la communauté indienne locale. Avec le temps, l'expression descriptive « Foyer du moribond abandonné » est utilisée, traduction de la petite plaque qui figure à l'entrée du local : Home for Dying Destitutes[2].

Souvent, Mère Teresa fit référence à Nirmal Hriday comme du « trésor » de sa congrégation, qui considère les indésirables comme « le Christ sous un déguisement désolant » et qui lui permettent de « mettre son amour en acte[3] ». C'est pourquoi elle choisit Nirmal Hriday comme lieu de rencontre avec le pape Jean-Paul II lorsqu'il visita Calcutta, en 1986, qui dira que ce lieu témoigne du "primat de l'amour"[4].

Accompagnement des malades modifier

Accompagnement médical modifier

Les personnes mourantes les plus démunies de Calcutta peuvent être portées à la maison des Missionnaires de la Charité pour y recevoir gratuitement des soins médicaux et avoir la possibilité de mourir dans la dignité, même si les soins procurés restent rudimentaires d'un point de vue médical[5]. L'accent est mis sur l'accompagnement psychologique, avec un suivi personnalisé de chacun des patients, rendu possible par des bénévoles venus du monde entier, qui viennent compléter les équipes permanentes indiennes de professionnels de la santé[6].

Accompagnement spirituel modifier

En plus de l'accompagnement médical, l'hospice se distingue dès son origine par l'accompagnement spirituel qu'il propose aux patients. Sans qu'il y ait de prosélytisme agressif, les moribonds sont invités à se repentir et à demander pardon pour le mal qu'ils auraient fait[7]. Dans le respect des croyances de chacun, une règle en vigueur à l'hospice exige que chaque interne reçoive les derniers secours ou les derniers honneurs qu'il désire : ainsi, la majorité des patients, de religion hindoue, sont incinérés et leurs cendres répandues dans le Gange[8].

Éthique modifier

Comme tous les centres tenus par les Missionnaires de la Charité, amour et aide sont prodigués à tous sans distinction de race ou de religion. L'éthique de l'hospice de Kalighat est rappelé par une phrase affichée sur le toit de « Nirmal Hriday » qui reprend le cri de Jésus de Nazareth sur la croix : « I thirst » (J'ai soif). Il s'inspire de la spiritualité de Mère Teresa qui puisait dans la confiance et l'abandon au Christ, sans théoriser mais en liant intimement action et contemplation[9].

Bibliographie modifier

  • Mère Teresa : Les écrits intimes de la « Sainte de Calcutta ». Textes édités et commentés par Brian Kolodiejchuk MC - Traduit de l'anglais par Cécile Deniard et Delphine Rivet, Éditions Lethielleux, Paris, , 444 pages (ISBN 978-2-283-61035-0)
  • Volontaires chez Mère Teresa. Témoignages rassemblés par Xavier Zunigo (Auteur), et Jacques Maître (Postface), Éditeur Bélin, Paris, , 170 pages (ISBN 978-2701137124)

Notes et références modifier

  1. José Luis González-Balado (trad. de l'anglais), J'ai pris Jésus au mot, Paris/Montréal, Médiaspaul, coll. « Numéro 28 de Collection Maranatha », , 199 p. (ISBN 2-7122-0444-1), p. 183
  2. José Luis Gonzales-Balado traduit par Armand Duval (trad. de l'espagnol), Bienheureuse Teresa de Calcutta, Paris, Mediaspaul Editions, , 189 p. (ISBN 2-7122-0873-0), p. 97
  3. Brian Kolodiejchuk (trad. de l'anglais par Cécile Deniard et Delphine Rivet), Discours prononcé par Mère Teresa au Synode des Évêques à Rome (1980) cité dans Viens, sois ma lumière : les écrits intimes de « la sainte de Calcutta », Paris, Lethielleux, , 446 p. (ISBN 978-2-283-61035-0), p. 174
  4. (en) Allocution du Pape Jean Paul II lors de sa rencontre avec Mère Teresa à l'ashram de Nirmal Hriday, Calcutta (Inde), le 3 février 1986, Site officiel du Vatican, consulté le 15-01-2016.
  5. Sanal Edamaruku, « L'Inde n'a aucune raison d'être reconnaissante envers Mère Teresa », Rationalist International,‎ (lire en ligne)
  6. Mani Singh, « Des bénévoles du monde entier poursuivent l’œuvre de mère Teresa », Aujourd'hui l'Inde,‎ (lire en ligne)
  7. José Luis González-Balado (trad. de l'anglais), J'ai pris Jésus au mot, Paris/Montréal, Médiaspaul, coll. « Numéro 28 de Collection Maranatha », , 199 p. (ISBN 2-7122-0444-1), p.16.
  8. José Luis Gonzales-Balado traduit par Armand Duval (trad. de l'espagnol), Bienheureuse Teresa de Calcutta, Paris, Mediaspaul Editions, , 189 p. (ISBN 2-7122-0873-0), p.98.
  9. Bernard Jouanno, « Un crayon dans la main de Dieu », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le )