Slimane ben Mohammed

sultan du Maroc de 1792 à 1822
(Redirigé depuis Moulay Slimane)

Slimane ben Mohammed
مولاي سليمان
ⵎⵓⵍⴰⵢ ⵙⵍⵉⵎⴰⵏ
Illustration.
Portrait de Moulay Slimane
Titre
Sultan du Maroc
(A fès) –
(30 ans, 5 mois et 26 jours)
Prédécesseur Moulay Yazid
Successeur Moulay Abderrahmane
Biographie
Dynastie Alaouite
Nom de naissance Slimane ben Mohammed Alaoui[réf. nécessaire]
Date de naissance [réf. nécessaire]
Date de décès (à 62 ans)
Père Mohammed III
Fratrie Moulay Yazid
Conjoint Aicha bint Cheikh Reid de Sirte[1]
Enfants Moulay Abderrahmane ben Slimane[2]
Lalla Halima bint Slimane[3]
Moulay Ibrahim ben Slimane[4]
Lalla Fatima Zahra bint Slimane[5]
Profession Souverain
Religion Islam Sunnite
Monarques du Maroc

Slimane ben Mohammed, Moulay Slimane ou Moulay Souleymane (en arabe : مولاي سليمان, en amazighe : ⵎⵓⵍⴰⵢ ⵙⵍⵉⵎⴰⵏ), né le [réf. nécessaire] et mort à Fès, est un sultan du Maroc. Il a régné du 23 février 1792 à sa mort[6].

Mosquée Moulay Slimane construite en 1812 par le sultan éponyme à Rabat

Biographie modifier

Moulay Slimane était un des cinq fils du sultan Mohammed ben Abdallah qui se battit pour le contrôle du royaume. Il sortit victorieux de la guerre civile qui l'opposa à ses frères en 1795. Il appartenait à la dynastie alaouite et sa mère, une épouse de son père, était issue de la tribu des Ahlaf[7].

Son règne est difficile et chaotique en raison des antagonismes entre tribus qu'il ne parvient pas à apaiser, teinté d'un fort clivage arabo-berbère, comme le démontrent les 2 grandes révoltes qui ont marqué son règne. À Marrakech, il refait construire la mosquée Ali Ben Youssef, sans laisser la moindre trace ou vestige de l'ancienne mosquée almoravide du même nom qui datait du début du XIIe siècle.

Moulay Slimane continua le travail de centralisation et d'expansion du royaume entrepris par son père, et fait marquant, il mit fin aux actes de piraterie qui avaient lieu le long des côtes du Maroc. En raison du conflit qui opposait, depuis longtemps déjà le Maroc à l'Espagne et au Portugal, Moulay Slimane cessa tout commerce avec l'Europe. Cependant, il continua le rapprochement diplomatique que son père avait entamé avec les États-Unis. Et vers 1797, il récupère Oujda aux mains des ottomans depuis 1792.

Son règne est marqué par deux révoltes d'importance, celle de 1811, où un clivage arabo-berbère est très visible. Cette année-là, les troupes Makhzen affrontent une coalition de Berbères du Moyen-Atlas menée par la tribu des Aït Oumalou[8].

En 1818, il doit faire face à une révolte pan-confrérique, exaspérée par sa politique rigoriste et qui a l'originalité d'être transethnique, mêlant Arabes et Berbères. Cette coalition écrase les troupes du sultan à la bataille d'El Kbab, à la fin de laquelle il est fait prisonnier pendant 4 jours. Il est libéré peu après, alors que le conflit prend peu à peu une allure de guerre confessionnelle contre le wahhabisme du sultan, conflit qui aboutit à la prise de Fès par les révoltés en 1820. Après deux ans de lutte il est à nouveau capturé et meurt en 1822. Il est remplacé par son neveu Moulay Abd al-Rahman Ben Hisham[8].

Son règne est marqué par des efforts pour consolider l'autorité centrale du Maroc et renforcer l'orthodoxie religieuse. Il s'emploie à unifier les tribus marocaines et à réformer l'administration du pays, en s'appuyant sur les oulémas (savants religieux) et en promouvant l'éducation islamique[9].

Moulay Soulayman met en œuvre une politique de réislamisation du pays, en réaction aux influences étrangères et aux pratiques jugées contraires à l'islam. Il encourage la construction de mosquées, d'écoles coraniques et d'institutions religieuses pour promouvoir l'étude et la pratique de l'islam[10].

Lutte contre l'Islam confrérique modifier

Un des deux axes de sa politique est la lutte contre l'Islam confrérique, d'inspiration soufie. Moulay Slimane est en effet un adepte du wahabbisme[11], une vision puritaine de l'Islam, née de la prédication de Muhammed Ibn al Wahabb, un théologien originaire du Nejd. Cette politique consiste essentiellement à freiner ou gêner autant que possible les pèlerinages sur les tombes des Saints. Il déclare à ce sujet en 1815 : « La voie droite n'implique pas de nombreuses bannières, des réunions nocturnes où se coudoient femmes et enfants, la déformation des règles de droit divin par les innovations, les nouveautés, la danse rythmée des battements de mains ainsi que d'autres pratiques toutes entachées de vices et de bassesse[11]. » Cette attitude intransigeante contribue à mobiliser les forces politiques qui lui sont hostiles et catalysent la révolte de 1818, menée par trois grands leaders soufis (Bu Bakr Amhawsh, Moulay Larbi et Sidi al-Hâjj Larbi).

Rapport avec les Européens modifier

Un autre axe de sa politique est de limiter autant que possible les échanges commerciaux avec l'Occident allant même jusqu'à déclarer que « le plus beau jour de sa vie sera celui où l'argent des douanes ne lui rapportera plus rien ». Le contexte de son début de règne, marqué par le Blocus continental opéré par Napoléon et la politique d'encerclement maritime de la Grande-Bretagne, favorise cette tendance[11].

Ce dernier considère en effet que le commerce avec les infidèles (les Européens) contribue à une perte de force vive et constitue une source de corruption. En accord avec le point de vue des Oulémas, il interdit dès 1814 l'exportation de céréales, de viandes, d'huiles et de peaux[12]. En 1815, il relève les barrières tarifaires de l'Empire chérifien à 50% ad valorem[12]. Cette politique a pour effet d'assécher les échanges marchands avec l'Europe, politique dont son successeur prendra l'exact contrepied en recherchant à stimuler autant que possible les échanges avec les Européens.

Théologie modifier

"An-Nâsiri dit: Le Sultan Al moulay Souleymân (cad Moulay Slimane), qu’Allah le bénisse, partageait ce point de vue, raison pour laquelle il a écrit son livre parlant des soufites dans lequel il a mis en garde contre ceux qui réfutent la Sunna et supportent l’innovation, comme il a expliqué la manière de visiter les Awliyâ (vertueux) et mis en garde contre l’exagération du bas peuple sur cela, et donné des conseils aux musulmans.

Il dit aussi qu’Al-Mawlâ Souleymân avait écrit un sermon exhortant à l’unicité d’Allah et condamnant les innovations, et qu’il a ordonné de le distribuer dans toutes les mosquées de vendredi, et ordonné la fermeture des coins de prières des Soufïtes."

Le professeur Mohammad Kamal Joumouah relève de l’Encyclopédie Islamique que Al-Mawlâ Souleymân s’était beaucoup soucié après l'an 1810 du Wahhabisme ou de l’appel Salafite tenu par Cheikh Mohammad ibn Abdil-Wahhâb, ce qui faisait des positions dures contre les soufies[13],[14].

Moulay Soulayman a joué un rôle important dans la promotion de l'islam au Maroc et dans l'affirmation de son identité religieuse. Il a également contribué à la formation d'une élite religieuse marocaine et au développement de l'éducation islamique. Son règne est souvent considéré comme un tournant dans l'histoire du Maroc, qui se réoriente vers une version plus orthodoxe et conservatrice de l'islam[14].


Notes et références modifier

  1. Revue de l'Orient, Delavigne., (lire en ligne), p. 446-447
  2. « AbdulRahman Al Hassan », sur geni_family_tree (consulté le )
  3. « Halima Al Hassan », sur geni_family_tree (consulté le )
  4. Bahija Simou, Les reformes militaires au Maroc de 1844 à 1912, Royaume du Maroc, Université de Mohammed V, Faculté des lettres et des sciences humaines, (ISBN 978-9981-825-57-4, lire en ligne), p. 48
  5. « Fatimah Zohra Al Hassan », sur geni_family_tree (consulté le )
  6. « La douane marocaine à travers l'histoire », sur www.douane.gov.ma (consulté le )
  7. Ahmed ben Khâled Ennâsiri (trad. Eugène Fumet), [« Le livre de la recherche approfondie des événements des dynasties de l'extrême Magrib »] : vol. IX : Chronique de la dynastie alaouie au Maroc [« Kitâb Elistiqsâ li-Akhbâri doual Elmâgrib Elaqsâ »], Ernest Leroux (lire en ligne), p. 362
  8. a et b Rivet 2012, p. 261.
  9. Alami, A., Histoire du Maroc. Casablanca: Editions Le Fennec, Casablanca, Editions Le Fennec, p. 144
  10. (ar) Benchekroun, T., Histoire du Maroc: Des origines à nos jours., Casablanca:, Editions Eddif.,
  11. a b et c Rivet 2012, p. 260.
  12. a et b Rivet 2012, p. 268.
  13. « Erreur Historique wahabisme page 28 »
  14. a et b Karam, Les sultans alaouites et les relations internationales, , p. 97.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier