Morane-Saulnier MS.760 Paris

avion militaire

Morane-Saulnier MS.760 Paris
Vue de l'avion.

Constructeur Morane-Saulnier
Rôle Avion de liaison
Premier vol
Date de retrait (en France), 2007 (en Argentine)
Nombre construits 157
Équipage
1 pilote, 3 passagers
Motorisation
Moteur Turbomeca Marboré
Nombre 2
Type Turboréacteur
Dimensions
Envergure 10,24 m
Longueur 10,15 m
Hauteur 2,60 m
Surface alaire 18,00 m2
Masses
À vide 2 070 kg
Maximale 3 902 kg
Performances
Vitesse maximale 695 km/h
Plafond 12 000 m
Rayon d'action 1 740 km

Le Morane-Saulnier MS.760 « Paris » est un avion à réaction quadriplace construit par Morane-Saulnier, sous la direction de l'ingénieur Paul-René Gauthier[1], destiné principalement à des missions de liaison ou de transport léger. Apparu à la fin des années 1950, il a été construit à 157 exemplaires dont une bonne partie étaient toujours en service à la fin des années 1980. Un certain nombre d'avions ont été vendus à l'exportation ou à des opérateurs civils. Il est considéré comme l'un des tout premiers very light jet.

Morane-Saulnier MS 760 aux 100 ans de l'aviation à Mérignac en 2010.
MS 760
MS 760
MS 760

Historique modifier

Le , Morane-Saulnier fit voler son prototype du MS 755 "Fleuret", un biplace d'entraînement à réaction, mais l’État Français choisit son concurrent le « Fouga Magister »[2].

La firme ne baissa pourtant pas les bras et proposa le « Fleuret II » baptisé plus tard MS 760 "Paris", appareil quadriplace de liaison rapide en modifiant le prototype no 2 du MS 755.

Le premier vol du prototype 01 a lieu le piloté par Jean Cliquet et Remy Raymond depuis le terrain de Melun-Villaroche. Après ce vol de vingt-cinq minutes le pilote redécolle pour ramener l'avion au terrain de Morane-Saunier à Villacoublay estimant qu'il n'y avait pas besoin d'une piste en dur pour la suite des essais[3].

Après deux mois d'essais et une quarantaine d'heures de vol, le prototype Fleuret II, rebaptisé "Paris" effectue des vols de démonstration.

  • Le 23 septembre 1954 Jean Cliquet embarque Diomède Catroux secrétaire d'état à l'Air, son directeur de cabinet et son aide de camp pour la base de Bitburg près de Trèves. L'aller est réalisé en 40 minutes et le retour en 33 minutes soit une moyenne de 550 km/h[4].
  • Le lendemain Jean Cliquet, l'ingénieur d'essais Fontaine et le mécanicien Rémy Raymond décollent à 6h25 de Villacoublay, ravitaillent en 28 minutes à Marignane et se posent à Alger à 9h53. Après un nouveau ravitaillement express en 33 minutes l'avion repart pour Marignane pour un nouveau ravitaillement en 26 minutes et rejoint Villacoublay à 13h27 ayant parcouru 2770 kilomètres en 5h09 de vol soit une moyenne de 538 km/h[5].

Deux autres prototypes seront construits en 1954, les MS-760 02 et 03.

Cet avion était construit sur le site de l'usine Morane-Saulnier situé sur l'aéroport de Tarbes[6].

L’Armée de l’Air est rapidement intéressée et passe commande, dès 1955, de 26 exemplaires du « Paris » (en plus du prototype no 3) comme appareil de liaison.

La Marine nationale en fait autant en 1956, avec 14 exemplaires. Le Centre des Essais en Vol (CEV) en commande également 9 exemplaires.

La Fuerza Aérea Argentina commandera à la fin 1957, 48 MS-760 dont 36 seront assemblés localement. Elle l'emploie pour des missions de bombardements lors de la révolte de la marine argentine en 1963.

Le prototype du Paris II, un Paris I transformé, effectue son premier vol en 1960[7].

Il a été utilisé pendant 48 ans par l'Argentine, 45 ans par l'Armée de l'Air française et 38 ans par la Marine nationale française.

Quinze Paris ont été achetés neufs par des utilisateurs privés, ils étaient une cinquantaine sur les registres civils fin 2017[8], un seul volant en France en 2010.

Parmi les clients, la compagnie pétrolière italienne nationalisée ENI (connue sous la marque commerciale Agip) avait acheté au début des années 1960 deux MS 760 Paris pour assurer le transport des hauts responsables de la société lors de leurs voyages d'affaires et transactions à l'étranger.

Sur le territoire français, trois MS-760 Paris ont récemment[Quand ?] été acquis par la société privée Aero Passion implantée sur l'aérodrome de Dole-Tavaux dans le département du Jura. Cette dernière visant à préserver l'héritage de l'aviation, cette acquisition s'inscrivant dans la philosophie de la structure. Ces aéronefs en état de vol seront utilisés à des fins privées.

Crash de l'avion d'Enrico Mattei modifier

Le PDG de l'ENI, Enrico Mattei mourut le lors du crash de son MS 760 alors que l'appareil était en phase d'approche de l'aéroport de Milan-Linate, en compagnie du pilote (ancien as de l'aviation mussolinienne) Irnerio Bertuzzi et du journaliste américain Fred Mac Hale.

La façon dont fut menée l'enquête suscita bien des interrogations à l'époque (notamment à travers le film enquête de Francesco Rosi "l'affaire Mattei" qui fut primé au festival de Cannes) et la possibilité d'une action criminelle, commanditée par les "majors companies" pétrolières anglo-américaines, avec lesquelles Mattei était en rivalité commerciale fut évoquée avec insistance.

À la fin des années 1990, l'enquête fut rouverte : des débris de l'avion exhumés sur le lieu du crash (village de Bascapé), et analysés avec des procédés de police scientifique modernes. Ils portaient des traces d'explosif et l'enquête conclut à une action criminelle (vraisemblablement une bombe déclenchée par l'ouverture des trappes de train d'atterrissage ) sans toutefois pouvoir en désigner les auteurs.

Variantes modifier

  • MS.760 Paris I : version initiale avec réacteurs Marboré II de 400 kgp
  • MS.760B Paris II : réacteurs Marboré VI de 480 kgp, réservoirs en bout d'ailes, air climatisé, compartiment à bagages agrandi
  • MS.760C Paris III : version allongée avec 6 places (1 prototype)
  • MS.760 Paris IR et IIR : désignation des avions brésiliens rachetés par la France

Utilisateurs modifier

Renouveau modifier

Le , la société américaine JetSet, basée en Floride, a acquis le certificat de type qui appartenait à Daher-Socata

Outre cet achat, la société a acheté l'outillage, qui a été rapatrié en Floride.

Cette société a acheté environ 40 cellules réformées des armées de l'air du Brésil, de l'Argentine et de la France, afin de proposer un very light jet aux particuliers, pour un prix d'environ 500 000 $.

Si ce renouveau trouve son marché, la société envisage de construire de nouvelles cellules avec une nouvelle motorisation[9],[10].

Dans la culture populaire modifier

Notes et références modifier

  1. Arts&Métiers Mag - Dossier sur Paul-René Gauthier - Octobre 2011
  2. Jacques Noettinger, Histoire de l'aéronautique française, L'épopée 1940-1960, Paris, France-Empire, , 342 p., p. 201
  3. Jacques Noettinger, Histoire de l'aéronautique française, L'épopée 1940-1960, Paris, France-Empire, , 342 p., p. 202
  4. Jacques Noettinger, Histoire de l'aéronautique française, L'épopée 1940-1960, Paris, France-Empire, , 342 p., p. 203
  5. Jacques Noettinger, Histoire de l'aéronautique française, L'épopée 1940-1960, Paris, France-Empire, , 342 p., p. 204
  6. « Histoire de l'usine Daher-SOCATA », sur loucrup65.fr (consulté le ).
  7. « Morane Saulnier MS-760 "Paris" (Les rescapés) », sur tonsite.biz via Wikiwix (consulté le ).
  8. « LE MORANE SAULNIER MS-760 PARIS », sur Forties-Factory (consulté le ).
  9. « Site officiel de la société » (consulté le )
  10. Gil Roy, « Relance du MS760 Paris », aerobuzz.fr, (consulté le )
  11. Escadrille des Cigognes, Dargaud, 1964, page 23.

Bibliographie modifier

  • Pierre Gaillard et Pierre Parvaud, « Du Fleuret au Paris », Le Fana de l'Aviation, no 241,‎ , p. 14-25.
  • (en) David Donald et Jon Lake, The Encyclopedia of World Military Aircraft, NY, NY, Barnes & Noble, , 443 p. (ISBN 0-7607-2208-0)

Voir aussi modifier

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Développement lié

Aéronefs comparables

Lien interne modifier

Liens externes modifier