Monastère de Tallaght

Le monastère de Tallaght (en latin, Monasterium Tamlactense[1]) est un ancien monastère chrétien fondé au VIIIe siècle par Máel Ruain, à Tallaght, à quelques kilomètres au sud-ouest de l'actuelle Dublin, en Irlande. Il disparaît lors de la dissolution des monastères mais une présence chrétienne, anglicane et catholique, se maintient sur le site jusqu'à nos jours.

Monastère de Tallaght
L'église St Maelruain de l'église d'Irlande occupe aujourd'hui le site historique du monastère médiéval
L'église St Maelruain de l'église d'Irlande occupe aujourd'hui le site historique du monastère médiéval

Ordre culdee, règle de l'abbaye de Saint-Arnould
Fondation 769
Fermeture XVIe siècle (Dissolution des monastères)
Diocèse Archidiocèse de Dublin
Fondateur Máel Ruain
Dédicataire Saint Michel
Personnes liées Oengus de Tallaght, Máel Dithruib, Cellach mac Dúnchada
Localisation
Pays Irlande
Comté Dublin Sud
Commune Tallaght
Coordonnées 53° 17′ 21″ nord, 6° 21′ 56″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Dublin
(Voir situation sur carte : Dublin)
Monastère de Tallaght
Géolocalisation sur la carte : Irlande
(Voir situation sur carte : Irlande)
Monastère de Tallaght

Fondation

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Le monastère de Tallaght est fondé en 769 par Máel Ruain, un des principaux acteurs du monachisme culdee en Irlande. Le monastère comprend des tours rondes faisant office de clochers et/ou de dépôt pour les reliques que Mael Ruian aurait rapporté avec lui, supposément des reliques des saints Paul et Pierre et des cheveux de la Vierge Marie[2].

Le mot tallaght est une variante du mot irlandais Tamlachta, qui tire son origine de la combinaison des mots tam (peste) et lecht (monument en pierre). Le nom rappelle une hypothétique peste qui aurait eu lieu en Irlande en 2820 AM et aurait tué 9 000 personnes dans la colonie de Parthálon en une semaine. Tous ces morts aurait été enterrés dans une fosse commune recouverte de pierres dont découlerait le toponyme. L'existence d'anciens tumuli dans les environs est parfois présentée comme une preuve de la véracité de cette légende, bien que les archéologues n'aient découvert aucune fosse commune[3],[4].

La communauté

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Les compagnons de Máel Ruin à Tallaght comprenaient Oengus et Máel Dithruib, deux figures importante du mouvement Culdee. Les noms de quatre autres moines sont connus : Airennan, Eochaid, Joseph et Dichull. Ils sont tous désormais considérés comme saints dans la tradition catholique irlandaise[3],[5].

Centre intellectuel

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Tallaght est devenu un centre d'apprentissage au IXe siècle. Deux des œuvres majeures produites à Tallaght sont des martyrologes, celui de Máel Ruain (le martyrologe de Tallaght) et celui d'Oengus (Félire Óengusso)[2]. La vie au monastère a été relatée dans un texte appelé Mémoires de Tallaght, probablement achevé en 840 de notre ère[6].

Le Missel de Stowe a également été rédigé à Tallaght. Il s'agit d'un ouvrage soulignant l'importance de la communauté opposé à l'individualisme[7]. Après la mort de Máel Ruain, le Missel de Stowe fut emporté par Máel Dithruib au monastère de Terryglass[8].

Vie quotidienne

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La règle du monastère est similaire et probablement basée sur celle établie à l'abbaye de Saint-Arnould à Metz sous l'évêque Chrodegang. La nourriture doit être de pauvre qualité et consommée en quantité très modérées pour éviter la gourmandise, de même pour les boissons. L'auteur du Mémoire de Tallaght nous a laissé cette description :

Not a drop of beer was drunk in Tallaght in Maelruain’s [sic] lifetime. When his monks used to go anywhere else, they used not to drink a drop of beer in Tir Cualann, whomsoever they might happen to meet. However, when they went a long distance, in that case they were allowed to drink. Nor a morsel of meat was eaten in Tallaght in his lifetime [unless] it were a deer or a wild swine. What meat there was [at Tallaght was served to] the guests[6].

La vie quotidienne au monastère comprend la messe, la prière et des travaux tels que le jardinage et les métiers répondant aux besoins pratiques de la communauté. Ceux qui savent lire et écrire travaillent au scriptorium, composant et copiant des manuscrits[2].

Histoire

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Le site d'implantation fut donné à Máel Ruain « en l'honneur de Dieu et de Saint Michel » par Cellach mac Dúnchada de Ui Donnchada, petit-fils de Donogh roi de Leinster. Le monastère résiste en 811 à une attaque des Vikings et a se maintient, sous une forme assez modeste, jusqu'à l'invasion anglo-normande de 1169[9].

À la suite des troubles de cette période, le pape Alexandre III publie une bulle le 20 avril 1179, par laquelle Tallaght, ainsi que ses chapelles secondaires de Killohan et St. Bride's, sont unies à l'archidiocèse de Dublin. En 1223 l'archevêque Henry de Loundres rattache le doyenné de Tallaght à la cathédrale Saint-Patrick de Dublin. La ville de Tallaght se développe progressivement autour du monastère et l'archevêque de Dublin, nommé par les Anglais, y construit y restaure un palais. En 1324, le palais est fortifié pour protéger les Anglais de Tallaght des maraudeurs du clan O'Byrne. Ce besoin de protection est également visiblement dans la construction d'un château anglo-normand, Belgard, juste à l'est du monastère. En 1324, Alexander de Bicknor construit ou restaure un manoir archiépiscopal à Tallaght, fortifié à son tour pour protéger les Anglais de Dublin des attaques des O'Byrnes[3],[9],[10].

 
Bénitier en granit conservé

Lors de la dissolution des monastères au XVIe siècle, les archevêques protestants prennent la direction de Tallaght. Le monastère, détérioré au XVIIe siècle, est démoli par l'archevêque anglican en 1729 pour le remplacer par une résidence archiépiscopale. La tour est tout ce qui reste du château[9]. Le château est toutefois vendu en 1812 aux Dominicains, qui y édifient un noviciat catholique et une église[3]. Un centre de retraite dominicain se trouve aujourd'hui encore sur le site[11].

Seuls deux vestiges de l'ancien monastère sont visibles aujourd'hui, tous deux grossièrement sculptés dans du granit. Il s'agit d'un immense bénitier et d'une croix appelée Croix de Saint Máelruain. L'église Saint-Máelruain de l'église anglicane d'Irlande est construite sur le site en 1829. L'église, ainsi que le centre de retraite dominicain établissent à Tallaght une continuité du culte chrétien depuis près de 1 300 ans[12].

Références

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  1. 20. Mai, heiligenlexikon.de
  2. a b et c Naas, « Hopkins's Ireland: Early Christian Monasteries », Gerard Manley Hopkins Society (consulté le )
  3. a b c et d « Monastery of Tallaght », Catholic Answers (consulté le )
  4. M. F. Cusack, The Student's Manual of Irish History, London, (lire en ligne), « tallaght o'brians. », 6
  5. Caroline Wyndham-Quin, Memorials of Adare Manor, Oxford, (lire en ligne), « oengus ulster ulsterman tallaght. », 205
  6. a et b Gwynn et Purton, « The Monastery of Tallaght », Proceedings of the Royal Irish Academy, vol. 29,‎ , p. 120–122 (lire en ligne, consulté le )
  7. Michael Wood, The Liturgy of Saint John the Divine, Edinburgh, Kellbride, (ISBN 9781326455392, lire en ligne)
  8. Bieler, « Insular palaeography, present state and problems », Scriptorium, vol. 3, no 2,‎ , p. 277 (DOI 10.3406/scrip.1949.2241, lire en ligne, consulté le )
  9. a b et c Karl Whitney, Hidden City: Adventures and Explorations in Dublin, UK, Penguin, (ISBN 9781844883134, lire en ligne)
  10. « Notes of Works », Irish Builder and Engineer, vol. 33,‎ , p. 275 (lire en ligne, consulté le )
  11. Trish Clark, Good Night and God Bless: A Guide to Convent and Monastery Accommodation, France, United Kingdom, Ireland, Mahawa, NJ, Hidden Spring, (ISBN 9781587680571, lire en ligne), p. 276
  12. « Our Villages: Tallaght, History », South Dublin History (consulté le )